Homélie de la Célébration du Baptême de Jésus.
Le Saint-Père explique le sens du Baptême, en s'adressant aux parents des 13 nouveaux-nés qu'il a baptisés dans la Chapelle Sixtine (12/1/2009)
Voir aussi: Baptême du Seigneur
Texte original en italien: http://.../news_services/bulletin/news/...
Ma traduction.
Chers frères et soeurs !
Les mots que l'évangéliste Marc rapporte au début de son Évangile : « Tu es mon Fils bien-aimé : en toi j'ai placé ma complaisance(?) » (1.11) nous introduisent dans le coeur de la fête du Baptême du Seigneur de ce jour, avec laquelle se conclut le temps de Noël.
Le cycle de la solennité de Noël nous fait méditer sur la naissance de Jésus annoncée par les anges entourés de la splendeur lumineuse de Dieu ; le temps de Noël nous parle de l'étoile qui guide les Mages depuis l'Orient jusqu'à la maison de Bethléem, et il nous invite à regarder le ciel qui s'ouvre sur le Jourdain tandis que résonne la voix de Dieu. Ce sont tous des signes à travers lesquels le Seigneur ne se lasse pas de nous répéter : « Oui, Je suis ici. Je vous connais. Je vous aime. Il y a une route qui va de moi à vous. Et il y a une route qui depuis vous montre jusqu'à moi ».
Le Créateur a assumé en Jésus les dimensions d'un enfant, d'un être humain comme nous, pour pouvoir se faire voir et toucher. En même temps, en se faisant tout petit, Dieu a fait resplendir la lumière de sa grandeur. Parce que, justement en s'abaissant jusqu'à l'impuissance sans défense de l'amour, Il montre au contraire ce qu'est la vraie grandeur, ce qu'être Dieu veut dire.
Le sens de Noël, et plus généralement le sens de l'année liturgique, est bien celui de nous rapprocher de ces signes divins, pour les reconnaître imprimés dans les évènements de tous les jours, afin que notre coeur s'ouvre à l'amour de Dieu. Et si Noël et l'Epiphanie servent surtout à nous rendre capables de voir, à nous ouvrir les yeux et le coeur au mystère d'un Dieu qui vient demeurer avec nous, la fête du baptême de Jésus nous introduit, pourrions-nous dire, à la quotidienneté d'un rapport personnel avec Lui. En effet, au moyen de l'immersion dans les eaux du Jourdain, Jésus s'est uni à nous. Le Baptême est pour ainsi dire le pont qu'Il a construit entre lui et nous, la route par laquelle il se rend accessible à nous ; il est l'arc-en-ciel divin sur notre vie, la promesse du grand oui de Dieu, la porte de l'espoir et, en même temps, le signe qu'il nous indique le chemin à parcourir de manière active et joyeuse pour le rencontrer et nous sentir aimés de lui.
Chers amis, je suis vraiment heureux que cette année encore, en ce jour de fête, l'opportunité me soit donnée de baptiser des enfants. Sur eux, aujourd'hui, se pose la « complaisance » de Dieu. Depuis que le Fils unique du Père s'est fait baptiser, le ciel s’est réellement ouvert et continue à s'ouvrir, et nous pouvons confier toute nouvelle vie qui éclôt aux mains de Celui qui est plus puissant que les pouvoirs obscurs du mal.
Et cela comporte le Baptême : nous rendons à Dieu ce qui est venu de lui. L'enfant n'est pas la propriété des parents, mais il est confié par le Créateur à leur responsabilité, librement et de manière toujours renouvelée, afin qu'ils l'aident à être un fils libre de Dieu. Ce n'est que si les parents mûrissent cette conscience qu'ils réussissent à trouver le juste équilibre entre la prétention à pouvoir disposer de leurs enfants comme s'ils étaient une possession privée, les modelant sur la base de leurs idées et désirs, et l'attitude libertaire qui s'exprime en les laissant grandir dans une pleine autonomie, satisfaisant tous leurs désir et aspirations, considérant cela comme le moyen juste de cultiver leur personnalité.
Si, avec ce sacrement, le néo-baptisé devient fils adoptif de Dieu, objet de son amour infini qui le protège et le défend des forces obscures du malin, il faut lui enseigner à reconnaître Dieu comme son Père et à savoir s'en remettre à Lui avec une attitude de fils. Et par conséquent, lorsque, selon la tradition chrétienne comme nous le faisons aujourd'hui, on baptise les enfants en les introduisant dans la lumière de Dieu et de ses enseignements, on ne leur fait pas violence, mais on leur offre la richesse de la vie divine dans laquelle s'enracine la vraie liberté qu'il est celle des fils de Dieu ; une liberté qui devra être éduquée et formée avec le mûrissement des années, afin qu'ils deviennent capables de choix personnels responsables.
Chers parents, chers parrains et marraines, je vous salue tous avec affection et je m'unis à votre joie pour ces petits qui aujourd'hui renaissent à la vie éternelle.
Soyez conscients du don reçu et ne cessez pas de remercier le Seigneur qui, avec le sacrement de ce jour, introduit vos enfants dans une nouvelle famille, plus grande et plus stable, plus ouverte et plus nombreuse que la vôtre : je veux parler de la famille des croyants, de l'Église, une famille qui a Dieu pour Père et dans laquelle tous se reconnaissent frères en Jésus Christ. Vous, donc, aujourd'hui, confiez vos enfants à la bonté de Dieu, qui est puissance de lumière et d'amour; et eux aussi, parmi les difficultés de la vie, ils ne se sentiront jamais abandonnés, s'ils Lui restent unis. Préoccupez vous donc de les éduquer dans la foi, de leur enseigner à prier et à grandir comme le faisait Jésus et avec son aide, « en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et les hommes » (cf Lc 2.52).
Revenant à présent au passage de l'Evangile, nous cherchons à comprendre encore plus ce qui se produit aujourd'hui ici. Saint Marc raconte que, tandis que Jean Baptiste prêche sur les rives du fleuve Jourdain, proclamant l'urgence de la conversion en vue de la venue maintenant proche du Messie, voici que Jésus, mêlé aux gens, se présente pour être baptisé. Celui de Jean est certainement un baptême de pénitence, bien différent du sacrement que Jésus instituera. Dans cet instant, toutefois, on entrevoit déjà la mission du Rédempteur puisque, lorsqu'il sort de l'eau, une voix résonne du ciel et l'Esprit Saint descend sur lui(cf Mc 1.10) : le Père céleste le proclame son fils de prédilection et en atteste publiquement la mission salvifique universelle, qu'il accomplira pleinement avec sa mort en croix et sa résurrection. Seulement alors, avec le sacrifice pascal, la rémission des péchés sera rendue universelle et totale. Avec le Baptême nous ne nous plongeons pas simplement dans les eaux du Jourdain pour proclamer notre engagement de conversion, mais le sang rédempteur du Christ qui nous purifie et nous sauve se répand sur nous. C'est le Fils bien-aimé du Père, dans lequel Il a placé sa complaisance, qui nous rachète la dignité et la joie de nous appeler et d'être réellement des « fils » de Dieu.
Dans quelques instants, nous revivrons ce mystère évoqué par la solennité de ce jour ; les signes et les symboles du sacrement du Baptême nous aideront à comprendre ce que le Seigneur accomplit dans le coeur de nos petits, en les rendant « siens » pour toujours, demeure choisie de son Esprit et « pierres vivantes » pour la construction de l'édifice spirituel qui est l'Église.
Que la Vierge Marie, Mère de Jésus, le Fils aimé de Dieu, veille sur eux et sur leurs familles, les accompagne toujours, afin qu'ils puissent réaliser jusqu'au bout le projet de salut qui s'accomplit dans leurs vies avec le Baptême. Et nous, chers frères et soeurs, accompagnons-les avec notre prière ; prions pour les parents, les parrains et les marraines et pour leurs familles, afin qu'ils les aident à grandir dans la foi ; prions pour tous ceux ici présents, afin qu’en participant avec ferveur à cette célébration, nous rénovions les promesses de notre Baptême et rendions grâce au Seigneur pour sa constante assistance.
Amen !
