Une mosquée improvisée Place du Dôme à Milan

Le conflit israélo-palestinien s'invite en Europe et défie la chrétienté, sous l'oeil indifférent des medias. Article sidérant de Michele Brambilla, dans Il Giornale (5/1/2009)



Après les raids israéliens sur Gaza, la France a connu une très violente manifestation samedi boulevard Haussmann. Elle a été médiatisée (enfin, pas trop...) car vu l'endroit, il était difficile de ne pas en parler.
Mais ce qui s'est passé samedi en Italie, même moins violent, me paraît pire...

Article original en italien sur le site de Raffaella, et sur Il Giornale.
Ma traduction




Ce silence sur la mosquée place du Dôme
Michele Brambilla

Regardez la photo ci-dessus: elle est de samedi après-midi. Mille, peut-être deux mille musulmans ont occupé la place du Dôme à Milan pour protester contre les raids israéliens à Gaza, ont brûlé des drapeaux avec l'étoile de David et ont ensuite prié tournés vers la Mecque. Le parvis lui-même a été occupé. Le Dôme a dû fermer.

Si un chrétien, en admettant qu'il en reste encore en circulation, avait voulu entrer dans le cathédrale pour prier, ou pour participer à la messe, il aurait dû y renoncer. La même chose s'est passée à Bologne, Piazza Maggiore, devant San Petronio
Dans d'autres villes d'Italie et d'Europe, beaucoup de places et beaucoup de parvis d'églises se sont transformés en mosquées improvisées en plein air.
Regardez bien et prenez conscience de ce fait: c’est la première fois que cela arrive.
Mais pourquoi les musulmans, pour protester contre la guerre en Palestine, ont-ils choisi les lieux-symboles de la chrétienté ? Pourquoi pas devant un consulat israélien ? Ou américain ? Pourquoi pour la prière, plutôt qu'une mosquée - il y en a maintenant beaucoup - ont-ils choisi la cathédrale, comme à Milan, ou la basilique la plus importante comme à Bologne ?

Questions auxquelles on peut donner deux réponses.

La première éliminerait toute arrière-pensée: ils sont allés devant le Dôme et devant San Petronio parce que ce sont les places principales de Milan et de Bologne. Selon des interprétations encore plus bienveillantes, ils ont même voulu chercher une solidarité idéale avec les chrétiens, en priant l'unique Dieu : au fond, a observé quelqu'un, sur la façade du Dôme il y a écrit Mariae Nascenti, et s'il y il a un culte qui unit les catholiques et les musulmans c'est bien le culte marial. La prière de masse serait donc un acte de piétié, une demande de charité dans un instant de souffrance pour le peuple arabe.
Mais il y il y a une autre clé interprétative possible, qui est celle d'une occupation symbolique. D'un acte d'arrogance et même de violence : à Milan, les manifestants - emmenés par l'imam du boulevard Jenner, déjà condamné pour terrorisme - sont arrivés au pas de course, en semant la peur, en évacuant de force la place, en l'occupant sans aucune permission, en forçant même le Dôme à fermer.
Où sont donc, au vu des modalités et des faits, le respect et la solidarité avec les chrétiens ? Il semble presque que, avec cette action peut-être coordonnée dans les diverses villes, le monde islamique ait voulu lancer un signal : vos lieux de prière traditionnels deviennent maintenant les nôtres. Là où auparavant vous priiez, maintenant nous prions. Pour le fidèle musulman les lieux, les signes, les symboles ont une valeur bien plus profonde de ce que nous occidentaux, désormais largement sécularisés, nous leur attribuons.

Il se peut que cette hypothèse d'une occupation symbolique soit une tendance exagérée à s'alarmer.
Il reste le fait qu'on ne voit pas ce que le Duomo et San Petronio ont à voir avec les raids israéliens ; et que jamais la prière collective ne s'était tenue sur les parvis des églises catholiques. (Nous ne voulons ne pas imaginer ce qu'aurait écrit Oriana Fallaci. Elle aurait parlé au minimum de vandalisme, d'outrage. Lorsqu'elle commença à soutenir ses thèses, on la fit passer pour une folle. Maintenant ils sont nombreux, au contraire, à craindre qu'elle n'ait eu raison).
Mais la vraie nouvelle, celle qui nous a induits - deux jours après - « à ouvrir » le journal avec la photo que vous avez vue en première page, c'est la distraction, l'indifférence, le déprimant silence qui a accompagné les invasions de la place du Dôme et de la place Majeure. Les soldes valent bien plus, dans notre système médiatique, qu'un Dôme transformé en mosquée.
Et c'est de cela que nous avons peur. Pas des musulmans, dont l'agressivité dans le monde entier est probablement plutôt une marque de faiblesse et de déclin. Nous avons peur de l'inertie, de la lâcheté, des contorsions mentales d'un Occident qui souffre d'infinis complexes et de sentiment de culpabilité. D'un monde qui, pour ne pas offenser les musulmans, raye les crèches, les références à Jésus dans les chansons de Noël et le jambon à la cantine de l'école : mais qui n'a aucune réaction si le Duomo est contraint de fermer.

Qu'aurions-nous lu sur nos journaux si quatre catholiques traditionalistes étaient allés à prier devant la mosquée de S.. ? C'est le néant de l'Occident qui effraye. Le vide d'inspiration, de valeurs et d'idéaux qui laissent le terrain libre à ceux qui, au contraire, se nourrissent d'une pensée forte et d'un esprit de conquête. Nous nous fichons pas mal de renoncer à la crèche parce que nous ne croyons plus à Noël, de même que ne croyons plus en rien : ni dans une philosophie qui ne soit pas celle de jouir de la vie, ni dans une morale qui ne soit pas selon notre moi. L'Occident se tait, face à l'avancée de l'islam, parce qu'il n'a rien à dire: l'Église elle-même semble souvent renoncer, par peur qui sait de quoi, à être elle-même.

Il y en a qui disent que c'est justement ce rien qui nous sauvera de l'islam. Que les musulmans seront à la fin vaincus, moins par ce qui reste de nos valeurs, que par l'effet contagieux de nos vices. Il est probable que cela finira ainsi. Mais pas avant un choc qui sera tout sauf bref et indolore.



© Copyright Il Giornale, 5 janvier 2009


(C) benoit-et-moi.fr 2008 - Tous droits réservés

Imprimer cette page