Intrigues contre Benoît XVI?
Passionnante série d'articles de l'Abbé Barthe, sur le site ESM. Et retour sur un livre étrange, mi-fiction, mi-pamphlet... (21/1/2009)
Le site ESM publie en ce moment une série d'articles passionnants issus du mensuel L'Homme Nouveau, sous la signature de l'Abbé Claude Barthe déjà évoqué dans ces pages.
Le premier article, qui s'inquiète - ou simplement le constate - que la "réforme de la réforme" initiée par Benoît XVI n'aille pas assez vite, entravée quelle est par "des résistances extrêmement puissantes et déterminées" s'intitule "Y a-t-il une opposition romaine au Pape Benoît XVI ?" (Lien)
La réponse est sans doute oui, et elle n'est pas que romaine, l'Abbé Barthe cite d'ailleurs pour commencer les circonstances du récent voyage en France:
« À l’étonnement des médias, qui ont inintelligemment annoncé un fiasco pour le voyage en France du Pape « intégriste », puis qui n’ont pas plus finement su analyser la portée de sa réussite, Benoît XVI a rassemblé autour de lui un catholicisme nouveau – fait de prêtres « identitaires », de fidèles majoritairement jeunes, de familles manifestement très pratiquantes –, dans lequel l’apport de toutes les « forces vives », communautés nouvelles, traditionalismes de toutes sensibilités, écoles catholiques renaissantes, scoutismes, était visiblement majoritaire. »
[C'est vrai, en ce qui concerne l'apparence, au moins, j'y étais. J'ajoute personnellement que le clergé de France non seulement n'a pas fait grand chose pour endiguer les commentaires qui annonçaient un fiasco, mais s'est employé à les susciter, répandant partout par anticipation l'image de la personnalité prétendument réservée et introvertie du Saint-Père, comme s'il avait dû être différent, et laissant complaisamment après coup encenser sa propre capacité de mobilisation... dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle est sujette à caution le reste du temps.]
Le second article, publié aujourd'hui est intitulé: Des personnages de haut rang prétendent déjà préparer un après-Benoît XVI. (lien)
Il commence ainsi:
« Un livre-manifeste - Confession d’un cardinal
Peu après l’élection de Benoît XVI, paraissait un livre-manifeste d’un cardinal anonyme n’ayant pas participé au conclave. Il est révélateur de l’état d’esprit de l’aile la plus libérale de la Curie.
Lors de la parution, l’an passé, chez Jean-Claude Lattès, du livre d’Olivier Le Gendre, Confession d’un cardinal , les observateurs avertis ont compris qu’il s’agissait d’une opération importante, commanditée par des personnages de haut rang qui prétendent déjà préparer un après-Benoît XVI, auquel ils voudraient imprimer une direction toute différente de celle de l’actuel pontificat. »
La suite ici: ....
Je dois me ranger au nombre des observateurs attentifs, car ayant lu ce livre au moment de sa parution, et voyant effectivement dans cet OVNI littéraire pédant un manifeste anti-Benoît XVI présenté sous la forme assez insupportable d'un pamphlet anonyme, je lui avais consacré un long dossier: "Confession d'un cardinal" (http://benoit-et-moi.fr/2007/... )
L'Abbé Barthe répond d'ailleurs en partie à certaines questions que je m'étais posées sur l'identité du mystérieux cardinal.
Je me permets de me citer, en reproduisant ici ce que j'appelais la surprise finale du livre:
(..) parvenue à la page 372, je découvre avec stupéfaction que le témoignage anonyme-fiction romanesque-pamphlet pourrait être le manifeste d'une sorte de think-tank catho-progressiste disposant même d'un site internet sous le nom "à clés" <sarepta-org>.
Un manifeste qui, sous des dehors prudents, ne laisse pas d'être inquiétant, allant jusqu'aux menaces plus ou moins implicites de putsch contre Benoît XVI, dont toutes les positions sont étrillées, en particulier la demande de reconnaissance des racines chrétiennes de l'Europe.
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Précisons que la page d'accueil du site en question reste très mystérieuse, ésotérique, au sens propre.
Mais le livre lui-même en fait la "pub".
Il serait donc intéressant de savoir ce qui se cache derrière cette façade volontairement presque vide, car elle apporte au moins la preuve que le livre est le porte-parole de quelque chose qui existe VRAIMENT.
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Golias, de son côté,propose un dossier sur ce livre, signé de l'accolyte italien de Christian Terras, Romano Libero..
Voir ici: http://www.golias.fr/spip.php?article1693
C'est surtout les commentaires qui valent la peine d'être lus.
Il y a ceux qui ne croient pas à la réalité de ce cardinal.
Par exemple: "Demain, si vous voulez je vous écris un livre sur les arcanes du pouvoir sarkosien en me faisant passer pour un de ses conseillers... trop facile de dire tout haut ce que l’on ne peut pas assumer, quel que soit notre position dans l’Eglise."
Ou: "C’est très beau, mais cela semble être de la fiction... Nous sommes beaucoup à espérer que cette personne existe vraiment".
Drôles, ou inquiétants, et en apparence perspicaces, mais ils sont finalement naïfs, car là n'est pas le problème.
Et il y a ceux (lecteurs de Golias!) qui voient dans le livre "sans doute l’oeuvre de l’Esprit Saint tant il contient de l’audace"!!
Dans la même veine inquiètante
Dans la même veine, si j'ose dire, il y a eu deux livres signés d'un certain Pietro de Paoli (un nom à clés), intitulés respectivement "Vatican 2035" (délires sur l'Eglise rêvée par le cardinal Martini?), et dernièrement, "La confession de Castelgandolfo" (celle de Hans Kung).
Le second, que j'ai sous les yeux, porte sur sa couverture un logo bleu estampillé "recommandé par La Croix", il a d'ailleurs reçu une critique élogieuse de ce journal.
Il relate sous une forme plus ou moins cryptée la rencontre entre le Saint-Père et Hans Kung à Castelgandolfo en septembre 2005.
Là encore, la subversion avance masquée derrière le paravent de la fiction littéraire ou du roman à clés (ce qui permet de dire n'importe quoi) pour étriller - avec une incroyable méchanceté! - Benoît XVI, qui n'est jamais cité par son nom, pas plus que son interlocuteur, constamment appelé "le théologien" - mais la couverture représente clairement Notre Pape, de dos, coiffé de la mitre.
L'Eglise divisée?
Dans certains milieux ecclésiastiques, et dans les milieux qui ont accès aux médias, il semble y avoir tout un monde d'affreux qui intriguent et s'agitent en coulisse derrière le Saint-Père.
(sur ce sujet, voir aussi un article de Maxime Introvigne que j'avais traduit: L'Eglise attaquée de l'intérieur, benoit-et-moi.fr/2007/... )
Je n'aimerais quand même pas que cela laisse l'impression d'une division définitive, au sein de l'Eglise catholique, qui n'en a certes pas besoin.
- D'abord parce que cela fait trop le jeu de ses ennemis.
- Ensuite parce que rien ne dit que cette aile "libérale" représente autre chose qu'elle même. En fait, et la preuve en a encore été donnée lors de la visite du Pape en France, comme cela a été rappelé plus haut, le modèle qu'elle propose est à bout de souffle, il a montré ses limites. Ses défenseurs vont inexorablement disparaître, par le simple jeu de la démographie. Et elle ne s'agite que par dépit, et parce qu'elle dispose de puissants relais médiatiques.
- Et surtout, l'élection de Joseph Ratzinger en 2005 a été si rapide que, comme l'avait fait remarquer le cardinal Biffi, archevêque émérite de Bologne, elle ne pouvait que signifier un large consensus, et j'ajoute personnellement, un consensus d'adhésion et de confiance, et non de compromis.
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