Réintégration des évêques lefebvristes (5)

L'éditorial de l'Osservatore Romano clôt pour moi la polémique. (25/1/2009)



Je viens d'entendre sur une radio un animateur énoncer "Le Vatican n'a pas encore accompli sa glasnost. A quand la transparence"?
Que répondre à cela?

J'ai décidé ne plus relayer la polémique - au moins pour le moment, je changerai peut-être d’avis si les choses vont trop loin - même si cela me coûte. De toutes façons c'est un travail de Sisyphe, et je ne m’en sens pas la force.
Laisser un espace à une telle marée de boue, c'est permettre à la polémique de rebondir à l'infini, en particulier sur Internet.
C'est aussi répondre aux ennemis sur le même ton qu'eux, et alimenter la haine réciproque.

Je me réserve bien sûr la possibilité de faire écho aux articles qui me plaisent, ou bien de traduire (sans commentaires) ce que je considère comme des documents.


Pour le moment, je laisse au directeur de l'Osservatore Romano, Gian Maria Vian, le soin d'expliquer dans son très bel éditorial du 25 janvier, le sens véritable de la clémence du Saint-Père - et la date choisie, 50ème anniversaire de l'annonce par Jean XXIII de la convocation du concile Vatican II.
A rapprocher du fameux discours à la Curie Romaine de décembre 2005.

Il n’y a rien à ajouter à cela.
Traduction:


Précédent

Suivant





Vatican II et le geste de paix du Pape

Il y a un demi siècle, le 25 janvier 1959, l'annonce de Vatican II de la part de Jean XXIII fut une surprise sensationnelle, qui du coup dépassa les frontières visibles de l'Église catholique.

Dès le lendemain l'archevêque de Milan - qui en 1963 devait devenir Paul VI - définissait le futur concile comme un "événement historique de première grandeur", c'est-à-dire "grand aujourd'hui, pour demain; grand pour les peuples et pour les coeurs humains; grand pour l'Église entière et pour toute l'humanité.

Le cardinal Montini - qui suivit les traces de son prédécesseur, faisant sien le concile et en assumant la direction, à la fois discrète et patiente mais aussi déterminée et ferme - vit tout de suite, et avec clarté, les perspectives historiques et religieuses de Vatican II. La plus vaste assemblée jamais célébrée dans l'histoire fut imaginée et ouverte par un Pape de 78 ans, un siècle après l'interruption de Vatican I (voulu par Pie IX presque au même âge), portant au jour avec courage une idée déjà proposée sous les pontificats de Pie XI et Pie XII.

Aux 7 années de préparation et de célébration du concile (1959-1965) suivirent les décennies de sa réception, non encore achevée - pensons à la période nécessaire pour l'application des décrets tridentins que remodelèrent le catholicisme - et qui fut l'argument, en 1985, d'une assemblée synodale voulue par Jean Paul II, qui vécut le concile comme jeune évêque. Une réception controversée et pas facile, par l'incidence des décisions conciliaires dans la vie de l'Église, dans la liturgie, dans la mission, dans les rapports avec les autres confessions chrétiennes, le judaïsme, les autres religions, avec l'affirmation de la liberté religieuse, dans l'attitude envers le monde.

Dernier Pape à avoir participé pleinement et avec passion - comme très jeune théologien - au concile, Benoît XVI a en 2005, tracé les lignes de l'interprétation catholique de Vatican II : un événement qui doit être lu non pas dans la logique d'une discontinuité qui, en faisant un absolu, l'isolerait de la tradition, mais dans celle de la réforme, qui l'ouvre au futur. Un concile qui, comme tous les autres, doit être livré à l'histoire, et non pas mythifié, inséparable de ses textes, qui précisément du point de vue historique ne peuvent pas être opposés à un prétendu "esprit" de Vatican II.
Les bons fruits de ce concile sont innombrables et parmi eux, il y a maintenant le geste de miséricorde envers les évêques excommuniés en 1988. Un geste qui aurait plu à Jean XXIII et à ses successeurs, et une offre limpide dont Benoît XVI, Pape de paix, a voulu faire coïncider la publication avec l'anniversaire de l'annonce de Vatican II, dans l'intention claire de voir assainie une fracture douloureuse. Une intention qui ne sera pas offusquée par d'inacceptables opinions négationnistes et attitudes envers le judaïsme de quelques membres des communautés auxquelles l'évêque de Rome tend la main.
A un demi siècle de l'annonce, Vatican II est vivant dans l'Église. De même que le concile reste dans les mains de chaque fidèle pour que soit plus clair et fort le témoignage dans le monde de ceux qui croient en le Christ.

g. m. v.

(©L'Osservatore Romano - 25 janvier 2009)


(C) benoit-et-moi.fr 2008 - Tous droits réservés

Imprimer cette page