Complot contre le Pape?

Oui, sans doute! Et le Vatican lui-même y croit. Deux articles de Paolo Rodari. (4/2/2009)



Aucune des réactions qui sont évoquées ici ne peut surprendre.
Concernant le "complot", je n'avais eu accès à aucun "dossier", mais je m'en doutais un peu... sans grand mérite: Le Pape n'ira pas en Israël? Tant mieux! . Les ficelles étaient si grosses.
Fiammetta Venner ne m'est pas inconnue, pas plus que Caroline Fourest. J'avais d'ailleurs été très étonnée de l'omniprésence de cette dernière dans les medias, au moment de la venue du pape en France: et elle était systématiquement interrogée comme "spécialiste", puisque venant tout juste de publier fort opportunément son livre:
"Les nouveaux soldats du Pape": http://benoit-et-moi.fr/2008/...

En ce qui concerne le cardinal Schönborn, si ce qui est dit est correctement rapporté, eh bien... il m'a déjà laissée perplexe (Blasphème à Vienne et faux pas du cardinal http://benoit-et-moi.fr/2008-II/... )
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Articles en italien sur le site de Paolo Rodari (dont on ne dira jamais assez à quel point il est fiable et bien informé).
Ma traduction:



Le dossier Williamson

http://www.paolorodari.com/...il-dossier-segreto-...

On l'appelle le « dossier Richard Williamson » et il tourne depuis quelques jours dans les "sacri palazzi" du Vatican. Quelques pages fournies, qui veulent expliquer dans les moindres détails comment il a pu arriver que la nouvelle de la révocation de l'excommunication des quatre évêques lefebvristes signée par la Congrégation des évêques le 21 janvier dernier et rendue publique le 24, se soit transformée en un boomerang pour le Pape Benoît XVI à cause des déclarations négationnistes sur l'Holocauste prononcées par un des quatre prélats, précisément Williamson.
Le dossier, qui fait en ce moment le tour des hautes sphères de la curie romaine et que Il Riformista a réussi à se procurer, rapporte des dates et des faits et en arrive à supposer que, derrière le choix de la TV publique suédoise SVT de diffuser le 21 janvier une interview du prélat britannique qui a suscité tant de réactions négatives, il y avait une mise en scène occulte visant à discréditer Benoît XVI. Une mise en scène qui a oeuvré hors des murs du Vatican, grâce aussi à l'aide de quelques uns de l'intérieur, mécontents des ouvertures du Pontife vers les schismatiques traditionalistes.
En résumé, le dossier tente d'expliquer comment il a pu arriver qu'un acte de « paternelle miséricorde » - ainsi qu'une note de la Salle de presse du Vatican a présenté le 24 janvier le décret de révocation de l'excommunication voulu par Ratzinger et signé par le cardinal Giovanni Battista Re - et qui ne signifie absolument pas la réintégration des lefebvristes à la pleine communion avec Rome, mais plutôt un incipit pour d'éventuels progrès dans ce domaine - ait pu être interprété de toutes parts comme une décision par laquelle le Pape réadmettait dans l'Église catholique un groupe de fidèles antisémites et de négationnistes de la Shoah.

Le dossier parle de dates. Avant tout celle du 1er novembre. Ce jour-là, en effet, le journaliste Ali Fegan de la télévision suédoise, interviewa Williamson. Il lui demanda des éclaircissements concernant plusieurs déclarations négationnistes sur la Shoah, qu'il avait faites des années auparavant au Canada. Et le prélat répondit, comme tout le monde le sait, que « Les chambres à gaz n'ont jamais existé » et que les juifs tués ne furent pas plus de 300.000. Paroles déplorables - le dossier ne le cache pas - mais là n'est pas le problème.
Ce que le dossier veut montrer, c’est que télévision suédoise, influencée par un "souffleur", a voulu arracher à Williamson les déclarations que nous connaissons sur la Shoah de façon à les employer au moment opportun c'est-à-dire trois jours avant la sortie de la nouvelle de la révocation de l'excommunication, rendue publique le 21 janvier, le jour même où le décret de révocation parvenait à Econe sur le bureau du supérieur général de la Fraternité Saint Pie X (FSPX) Mgr Bernard Fellay.

La dossier suppose que la personne qui a suggéré à Fegan d'interroger Williamson sur l'Holocauste (en lui rappelant que le prélat en avait déjà parlé des années avant au Canada) est une journaliste française, Fiammetta Venner.
Qui est-elle ? C'est une activiste connue du mouvement homosexuel français, et aussi de celui favorable à l'avortement et à la laïcité. C'est une intervenante habituée des rencontres sur la laïcité du Grand Orient de France.
La Venner, qui en septembre dernier, en concomitance avec le voyage du Pape en France avait envoyé à la presse un volume cosigné avec sa compagne Caroline Fourest et significativement intitulé « Les Nouveaux Soldats du pape. Légion du Christ, Opus Dei, traditionalistes », est intervenue dans le long documentaire consacré aux lefebvristes à la télé suédoise, à l'intérieur duquel a été également diffusée l'interviewe de Williamson.
Là, la journaliste - au-delà du Tibre les auteurs du dossier jurent que la chose n'est pas fortuite - a accusé la FSPX de connexions avec les milieux politiques de l'extrême droite française, ouvrant ainsi la voie aux accusations consécutives de fascisme et d'antisémitisme.
Donc, selon le dossier du Vatican, nous avons une interviewe enregistrée le 2 novembre, dans laquelle une partie, sur suggestion d'une journaliste française peu en accord avec le monde traditionaliste de son pays (surtout avec le monde lefebvriste), et consacrée aux thèses négationnistes sur l'Holocauste. Et ensuite nous avons un trou d'environ deux mois et demi. Autrement dit, nous avons la décision de la télé suédoise (peut-être soufflée par quelqu'un dans les murs du Vatican) qui attend jusqu'au 21 janvier pour diffuser une interviewe enregistrée le 2 novembre, c'est-à-dire jusqu'au jour exact où le cardinal Re signe le décret de révocation de l'excommunication aux quatre lefebvristes.
Simple coïncidence ? Peut-être, mais peut-être pas : donc, selon ce que suppose le dossier, ce serait en France, c'est-à-dire dans le pays où le « cancer » lefebvriste s'est le plus développé, ouvrant des blessures dans la société et dans l'Église pas encore cicatrisées aujourd'hui, qu'est née la volonté de discréditer Benoît XVI au moment où il prenait une des décisions les plus explosives de son pontificat. Une volonté de discréditer le Pape et, donc, de bloquer le processus déjà difficile de rapprochement avec les lefebvristes à l'Église.
Ces derniers jours, le journal allemand Der Spiegel a été jusqu'à supposer que les responsables des communautés juives les plus importantes du monde, et parmi celles-ci le « Conseil Central des juifs en Allemagne », « avaient été informés » auparavant des déclarations négationnistes de l'évêque mais ils n'avaient pas voulu manifester leur contrariété, afin d'intervenir contre le Pape seulement après, une fois le décret annoncé.
Le dossier du Vatican ne considère pas que l'argument de Der Spiegel est fondé ( ??), et il ne le cite pas, mais il met en lumière les aspects controversés d'un événement qui aujourd'hui, une semaine et demi après la signature de la révocation de l'excommunication, est encore loin d'être résolu.


Attaques du front allemand

http://www.paolorodari.com/...attacco-al-papa...

Le Pape attaqué par le front allemand : Angela Merkel et le cardinal Karl Lehmann exigent les excuses sur le cas Williamson
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Deux attaques aussi dures, le Pape Benoît XVI n'en avait pas encore reçues. Deux attaques arrivés hier de« son » Allemagne : la première ecclésiale, la seconde politique.
L'objet des attaques, comme c'est logique en ce moment, est l'« affaire lefebvriste » et, en particulier, le cas Richard Williamson, un des quatre prélats de la Fraternité Saint Pie X auxquels le Pontife, le 21 janvier dernier, avait révoqué l'excommunication dont les avait sanctionné en 1988 la Congrégation des évêques.
Williamson a été durement critiqué ces jours derniers pour avoir soutenu pendant une interview à une télé suédoise, des thèses négationnistes sur l'Holocauste.
Les deux attaques ont été explosives.
La première est venue du très puissant cardinal et évêque de Mayence, Karl Lehmann, ex président de la conférence épiscopale allemande. La seconde directement du chancelier allemand Angela Merkel.

Parmi les deux, sans aucun doute, au Vatican, celle qui fait le plus mal est celle du cardinal Lehmann: que Karl Lehmann ne soit pas un "porporato" aligné sur le Pape Ratzinger, on le savait depuis longtemps. Que Lehmann, dans l'épiscopat allemand, soit le chef de file d'une ligne ecclésiale qui, au primat pétrinien, préférerait une conduite de l'Église plus collégiale et « venant d'en bas », est tout aussi connu. Mais que celui-ci en arrive à demander à Ratzinger de s'excuser publiquement pour avoir levé l'excommunication à Williamson est une chose qu'au Saint-Siège, on considère comme inacceptable.
Et peu admettent les motivations de ceux qui soutiennent qu'on peut comprendre Lehmann: pour ces derniers, les attaques de ces jours derniers de la part de divers représentants des communautés juives, contre l'Église, contre Lehmann lui-même auraient été trop fortes pour ne pas provoquer une prise de position immédiate de la hiérarchie catholique. Au Vatican, on ne voit pas les choses ainsi : et en ce sens, les accusations adressées à Ratzinger il y a trois jours par un porporato qui, par rapport à Lehmann, est plus proche du Pontife, le cardinal archevêque de Vienne Christoph Schönborn, n'ont pas plu davantage.

Mais revenons à Lehmann. Le jour où ses collègues italiens - de la CEI - exprimaient leur plein appui au Pape concernant le choix de révoquer l'excommunication des lefebvristes, celui-ci, sur la radio publique « Suedwestrundfunk » disait qu’à présent, des excuses « à haut niveau » étaient nécessaires. Parce que la décision de Benoît XVI de réadmettre Williamson au sein de l'Église est « une catastrophe pour les survivants de l'Holocauste ». Et il a ajouté que le Pape « doit » rendre clair que la négation de l'Holocauste n'est pas une transgression pardonnable. Lehmann a aussi attaqué le responsable de la Commission Ecclesia Dei, le cardinal Darío Castrillon Hoyos qui a toujours soutenu ne pas avoir eu connaissance des affirmations négationnistes de Williamson. En résumé, Lehmann a demandé la démission de Castrillon Hoyos, expliquant que, compte tenu du fait qu'il avait agi par ignorance ou par négligence, le Vatican devait « tirer les conséquences vis-à-vis de celui qui est responsable ».

Peu d'heures après le "coup de poing" de Lehmann, voilà celui du Merkel. Le chancelier allemand a critiqué directement le Vatican et même le Pape, toutefois avec des accents moins violents que ceux de Lehmann. La Merkel a en effet dit hier, lors d'une rencontre avec plusieurs journalistes, que les « mises au point du Vatican » sur la révocation de l'excommunication à Williamson sont « insuffisantes ». Et encore : « Si une décision du Vatican fait émerger l'impression que l'Holocauste peut être nié, celle-ci doit être éclaircie. De la part du Vatican et du Pape, il doit être affirmé très clairement qu'il ne peut y avoir aucune négation » sur ce sujet.
Pour la Merkel, la décision sur Williamson « ne doit pas rester sans conséquences », parce que « ce n'est pas seulement une question qui concerne les communautés chrétiennes, catholiques et juives en Allemagne, mais le Pape et le Vatican devraient éclaircir sans ambiguïté qu'il ne peut y avoir aucune négation et qu'il doit toujours y avoir des relations positives avec la communauté juive dans son ensemble ».

Deux jours avant, une autre accusation très grave venant du front allemand était parvenue au Vatican.
Mais la chose singulière est qu'elle venait de l'« Allemagne de la curie ». C'est-à-dire un porporato allemand qui travaille au Vatican, le cardinal Walter Kasper, président de la commission Pontificale pour les rapports avec le judaïsme : celui-ci avait dit que sur la révocation de l'excommunication « il y a eu des erreurs de gestion de la curie ». Paroles très dures celles-la aussi, auxquelles au-delà du Tibre, certains considèrent que l'instant est arrivé de répliquer avec force. Et, hier soir, le porte-parole du Vatican, le père Lombardi a légitimement répliqué. En se référant à la Merkel il a dit que « la condamnation de déclarations négationnistes de la part du Pape ne pouvait pas être plus claire et dans le contexte, il était évident qu'elle se référait aussi aux positions de Williamson et à toutes les positions analogues ».


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