Accattoli: un avis différent

Le journaliste italien défend le Pape... mais avec une touche personnelle (5/2/2009)


Chez les vaticanistes "favorables" au Pape, il semble que se dessine une forte conviction en faveur de la thèse d'une grave erreur de la part du Vatican.
Cela va de la simple dénonciation de la nullité de leur Communication (John Allen), au soupçon de complot, avec relais au sein de la curie, de la part de prélats hostiles (Tornielli, Rodari).
Sandro Magister y consacre son billet hebdomadaire sous le titre: Au Vatican un double désastre: de gouvernement et de communication (http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/214368?fr=y )

A ce concert un peu trop excessif, puisqu'en voulant peut-être dédouaner le Pape, on apporte des arguments à la thèse d'une Eglise divisée, déchirée, avec un pape isolé, presque mis à l'écart (du miel pour ses ennemis), Luigi Accattoli, que je n'avais pas lu depuis longtemps apporte son commentaire plus personnel, plus nuancé, désireux d'arrondir les angles, de réconcilier finalement. C'est le commentaire d'une certaine sagesse, née d'une longue fréquentation des milieux concernés.
D'abord, bien que réputé représenter un catholicisme libéral, il soutient le Pape et applaudit des deux mains à sa décision. Il balaie la théorie du complot un peu trop vite pour être convaincant sur ce point, et il comprend les réactions des juifs et des "allemands", mais à ces détails (importants) près, c'est un des meilleurs articles de journaliste connu que j'ai pu lire.


http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=1036

Sur l'épisode des lefebvristes - levée de l'excommunication, polémiques sur la négation du Shoah, perspectives de dialogue avec la Fraternité - je partage les décisions du pape. Je trouve ridicule l'idée de complot curial pour s'opposer à lui, il me semble par contre évident qu'il y a eu des erreurs d'instruction, d'exécution et d'accompagnement des décisions papales. Je trouve exagéré l'écho médiatique sur l'aspect spécifique de négation de la Shoah mais je trouve qu'il a apporté des acquisitions non négligeables ( ??). Je ne considère pas que Benoît doive dire autre chose pour l'instant. Je pense que toute personne de bonne volonté qui a à coeur le sort du nom de chrétien ferait bien de soutenir le pape dans son intention de miséricorde et de réconciliation. Je suis sûr que la discussion avec la composante modérée de la Fraternité lefebvriste doit être prise sérieusement en considération même par les tièdes comme moi.

J'avais considéré opportune en son temps la libéralisation de l'ancien missel et je trouve juste aujourd'hui la rémission de l'excommunication. J'ai déjà écrit que je faisais la fête à chaque fois qu'une censure tombe. Il me semble évident qu'un pape s'emploie - et je considère qu'il le fait aussi au nom de son prédécesseur - pour "recoudre" un schisme. Il me paraît animé aussi de la conviction que les questions en jeu avec les traditionalistes sont importantes pour la communion catholique toute entière, qui risque de ne pas les percevoir parce qu'elle pense qu'elles sont l'apanage de milieux réactionnaires.
Ratzinger ressent cette erreur de perception et voudrait que la récupération d'une plus grande rigueur liturgique, d'une attention plus vive à la doctrine, d'un amour substantiel de la grande tradition catholique ne reste pas l'otage d'une composante isolée mais puisse impliquer des milieux plus large.
Il dédouane les traditionalistes aussi pour encourager la majorité des baptisés à professer un amour naturel de la tradition sans craindre d'être inscrit d'office au club des nostalgiques.
Pour cela aussi, je l'applaudis.
Je ne crois pas que y il ait eu complot ni en dehors, ni dans l'Église, tramé pour faire achopper le pape sur le négationnisme. J'estime que les positions des évêques Williamson et Tissier de Mallerais sur les juifs, le Concile, la nouvelle liturgie, l'oeuvre théologique de Ratzinger qu'ils accusent d'hérésie (voir les derniers post) sont un problème objectif, non créé par les media. Il est inévitable que des scandales se produisent. Employons-nous à tirer du mal un bien.
Je considère comme la pire erreur - ce n'est pas nouveau - dans la procédure curiale le fait de n'avoir pas impliqué dans l'instruction le Conseil pour l'unité des chrétiens et tous ceux qui y avaient un titre. Je comprends que les juifs et les allemands (Merkel, Lehmann, Kasper) disent plus que les autres : si j'étais juif ou allemand je ferais pareil. Mais le pape en a dit assez.
Quelque chose de plus - je pense - devrait être dit par les conférences épiscopales directement impliquées dans la dispute lefebvriste, et les membres de la Fraternité eux-mêmes, pas sur la question juive - où les mots ont été convaincants, y compris ceux venus de la Fraternité - mais sur la disponibilité à une réelle confrontation en vue de la réconciliation pour laquelle Benoît s'emploie et s'expose.



Accattoli a consacré une série de post à "l'affaire" depuis le 23 janvier.
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http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=1002 : Fellay demande pardon au Pape et au monde
http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=1003: Le papa de Lefebvre est mort dans un camp allemand
http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=1004 : Williamson parle, parle
http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=1005 : la parabole de l'évêque Willianson et du Pape hérétique
http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=1006 : "Comme hérétique, Ratzinger dépasse Luther" (d'un article paru dans Rivarol en 2007)
http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=1007 : Tissier de Mallerais demande l'annulation de Vatican II
http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=1014 : Williamson veut éliminer le missel de Pie XII


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