Relire Messori


Un article de 2005, déjà traduit dans ces pages, et troublant d'actualité: il y est question de la terrible "rage des clercs" et elle n'est pas que verbale. Et aussi de Hans Kung... (16/2/2009)


Vittorio Messori s'exprime peu, (loin de moi l'idée de le prendre pour le Messie), mais c'est rarement pour ne rien dire.
Revoici un article paru dans la presse espagnole au lendemain de l'élection de Benoît XVI: en regard de beaucoup de commentaires écrits à la hâte et devenus, avec le recul, de pures âneries (notamment ceux qui répétaient en boucle stupidement, en revenant toujours au Concile convoqué par Jean XXIII à 78 ans "Vous verrez, il nous surprendra"), son analyse n'a pas pris une ride.
Voir ici: Un pape post-moderne (benoit-et-moi.fr/2008-II/... )

Surtout, parlant de la genèse du livre fameux co-écrit avec le cardinal Ratzinger à Bressanone en 1985 et connu en France sous le titre "Entretiens sur la foi" (ou Rapport sur la foi), il écrit, et cela aide à comprendre le déchaînement actuel, et surtout à relativiser le dévouement chrétien des apôtres de la "libération":
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Avec ce livre (..) Ratzinger disait quelque chose qui paraissait alors réactionnaire et scandaleux. Il confirmait la foi de de toujours ; il disait que le Catholicisme doit s'adapter à l'esprit nouveau du Concile Vatican II, mais en même temps il ne doit pas renier la tradition.(...) Durant ces années, cela ne pouvait pas être dit. Il y a eu un grand vacarme : Ratzinger a été considéré comme un cardinal "restaurateur" (réactionnaire), et moi, le pauvre journaliste qui l'avait interviewé - non seulement sans le contredire, mais en étant en accord avec lui - j'ai été menacé de mort par des prêtres et des théologiens. C'est la fameuse "rage des clercs", qui, lorsqu'elle explose, est terrible. Je vivais à Milan, et pendant quelques mois j'ai eu d'aller me dissimuler, quand ces "théologiens" du dialogue m'ont agressé.


Autre passage réjouissant, et prophétique, si l'on considère les dernières déclarations (Hans Kung rêve du grand soir ) du "théologien dissident" élu par les medias , et qui aurait pu être écrit hier:


Hans Küng, le pauvre, essaye de se consoler en disant cela [que le pape nouvellement élu réserverait des surprises, ndr]. Ratzinger a été présenté comme un réactionnaire, mais c'est un Pape post-moderne, et là est l'équivoque. Küng et les siens, c'est-à-dire, les théologiens post-Vatican II, sont modernes, ils sont encore ancrés dans la modernité. Mais la modernité est finie, et ils ne l'ont pas compris.
Küng est resté coincé aux années soixante, tandis que Ratzinger a dépassé les mythes et les illusions de ces années, et est en contact avec le monde d'aujourd'hui. Le Pape surprendra seulement ceux qui ne le connaissent pas. Il est ouvert au dialogue ; seulement il veut le dialogue adéquat, en rappelant les bases du catholicisme. On ne peut pas dialoguer en se reniant soi-même. Les Catholiques ne doivent pas dialoguer en occultant leur doctrine, en demandant pardon pour leur passé... Le seul dialogue honnête est celui dans lequel l'interlocuteur ne se renie pas lui-même.


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