Le mystérieux Pietro di Paoli

Peut-on poser la question: qui êtes-vous?
Il intervient dans le blog collectif que La Croix a ouvert pour permettre de "débattre" sur l'affaire Williamson (20/2/2009)


Je suis tombée sur ce blog collectif un peu par hasard, et encore plus par hasard sur les contributions de Pietro di Paoli.
Comme je connaissais le "nom", j'ai été intriguée.
Certes, le pseudo est l'usage sur Internet: moi-même, je ne donne pas directement mon patronyme (peu connu, je vous rassure, et par respect pour mon mari, à qui il appartient aussi), mais je ne laisse pas planer le doute sur un anonymat rendu nécessaire par une haute position au sein de la hiérarchie catholique; ici, le pseudo est insupportable.

Pietro di Paoli a publié anonymement deux fictions littéraires qui sont autant de violents réquisitoires contre le Pape. "Vatican 2035" et "L'Invité de Castelgandolfo".
Or, pour moi: Anonymat = lâcheté (et non pas liberté!).
On peut dire n'importe quoi, sous couvert d'anonymat.
Parmi ceux qui, en toute bonne foi, croient débattre avec "lui" (?) sur le site de la Croix (le journal, qui, paraît-il, ne hurle pas avec les loups, mais leur ouvre quand même largement ses colonnes pour le faire), combien savent qu'il a écrit ces deux livres, et surtout les ont lus?
Combien savent que, s'exprimant au nom de Hans Kung, il a écrit dans le deuxième des titres cités que le pape actuel - jamais cité par son nom, pas plus que son interlocuteur, mais c'est bien lui qui est représenté sur la couverture, de dos - avait fui Tubingen après 68 parce que des étudiants lui avaient renversé une poubelle sur la tête en le traitant de vieille baderne, et que cette humiliation serait la clé de son attitude conservatrice!! Alors qu'à ce moment, tout le monde sait que Joseph Ratzinger était un tout jeune et très brillant professeur de 39 ans, très aimé par ses étudiants!!!
Après avoir acheté, et lu, cette infamie, j'avais préparé une "réponse" musclée... mais j'ai renoncé à la publier, pour ne pas, selon l'expression consacrée, jeter de l'huile sur le feu, et parce qu'évidemment, j'étais incapable d'opposer des arguments théologiques: mais on voit bien que là aussi, c'est un argument commode pour ceux qui se posent en spécialistes: discréditer les autres pour incompétence.. Or, pas plus tard que cette semaine, dans sa catéchèse, le pape a fait siennes les recommandations de Bède: Aux savants, il rappelle deux devoirs essentiels: scruter les merveilles de la Parole de Dieu pour les présenter aux fidèles de manière attrayante; exposer les vérités dogmatiques en évitant les complications hérétiques et en s'en tenant à la "simplicité catholique", avec l'attitude des petits et des humbles, auxquels Dieu se complaît à révéler les mystères du Règne.


Pourquoi personne ne LUI pose t'il la question qui fâche: QUI ETES-VOUS?
Certes, écrire sous pseudo n'est pas un délit légal.
Sur certains sujets, c'est un délit moral. Surtout dans un tel journal.

Lire ici (y compris les commentaires, dont certains, plutôt bienvenus): http://vatican-integristes.blogs.la-croix.com...



Parabole ou fable?

Merci Williamson ! Sans ses déclarations abjectes, la décision de Benoît XVI n’aurait pas fait tant de bruit, et si elle avait fait moins de bruit, beaucoup de gens ne se seraient pas bougés comme ils viennent de le faire, partout, en France, en Allemagne, en Pologne, et même à la Curie. Au point que le pape ne peut rester sourd et insensible. Oui, il y a dans l’Église une opinion publique et son nom officiel est sensus fidei. Peut-être se souviendra-t-on à l’avenir, qu’il faut compter avec.

En effet, toutes les protestations de pieuse obéissance au Saint-Père n’y changeront rien, l’Esprit Saint souffle où il veut, et pas exclusivement au Vatican. Et le peuple des fidèles a protesté, gémi, parfois crié, et il a fallu que les évêques donnent des explications… embrouillées, parce que, eux non plus, n’aimaient guère se qui se passait.

On a découvert, comme dirait Joffrin (ndr:étrange référence..), que les cathos ne sont pas fachos, que les catholiques ne sont pas du tout antisémites, bien au contraire, que les catholiques toutes tendances confondues, des progressistes aux traditionalistes, sont attachés au Concile, avec des nuances d’interprétation, mais qu’ils y sont radicalement attachés. Tout cela, ce sont de bonnes nouvelles.
Malheureusement, elles ne lèvent pas l’inquiétude de fond sur le sens dans lequel se déroule ce pontificat. Car la levée de l’excommunication s’inscrit dans un paysage général qui n’est pas rassurant.

En effet, il n’y aurait guère d’importance à rouvrir les portes de l’Église catholique romaine aux évêques excommuniés, si cette voie de réconciliation se déployait tout azimut. Or, elle semble ne se déployer que dans une direction, celle prise par les tendances les plus conservatrices et réactionnaires. On se réjouirait plus franchement de la bienveillance paternelle avec laquelle le pape traite la souffrance des quatre excommuniés si l’on voyait la même bénignité s’exercer envers des théologiens « suspects ». On se réjouirait plus librement si le désarroi des personnes, divorcés remariés, homosexuels suscitait à Rome une réelle et miséricordieuse inquiétude. On se réjouirait plus sincèrement si le dialogue oecuménique marquait de spectaculaires avancées.

Pourquoi une centaine de milliers de personnes (0,01% des catholiques, et 0,12% des prêtres) s’opposant de façon constante et réitérée à l’autorité des papes et d’un concile mobilisent-elles ainsi l’attention du Saint-Père ? On peut à bon droit s’étonner.

Certes, le bon berger laisse quatre-vingt dix neuf brebis pour ramener la centième égarée. Mais prenons garde, une magnifique parabole peut cacher une méchante fable où le loup se grime en agneau pour mieux croquer le berger. L’esprit d’ouverture et de réconciliation est un bien, la naïveté serait une faute.

Pietro De Paoli


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