Fuites et course au scoop

La lettre de Benoît XVI aux évêques commentée avant même d'être lue. (12/3/2009)


Communication (encore!)
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La lettre du Pape n'était pas encore publiée que déjà en circulaient des versions, sur le réseau. La course au scoop faisait rage. Il semble qu'en Italie, dont est partie la rumeur, elle oppose en ce moment assez violemment Il Foglio et Andrea Tornielli, chacun revendiquant l'exclusivité de la nouvelle. Une rumeur qui a un effet traînée de poudre, car les passages significatifs font déjà la Une de la presse du monde entier, qui déforme par anticipation (je viens d'entendre une "revue de presse" radiophonique assez inquiètante en ce sens).

J'ai moi-même cédé à la tentation en traduisant un peu précipitamment l'article de Tornielli (La lettre "humble et forte" de Benoît XVI ), publié sur son blog, et je dois faire mon mea culpa.

Car je partage le sentiment du Père Scalese, qui écrit sur son blog Senza Peli sulla lingua:
Je suis d'accord que l'information doit être opportune, mais je ne partage pas tout à fait cette course au scoop, cette manie de savoir tout et tout de suite : il ne suffit maintenant plus dêtre informé "en temps réel" ; maintenant il faut l'être en avance. Au-delà de tout cela, il ne me semble pas très correct de commenter un texte qui n'a pas encore été publié officiellement. Et puis, tout commentaire demande un minimum de réflexion. La lettre sera publiée aujourd'hui ; nous aurons temps d'en parler dans les jours qui suivent.

De son côté (et j'admet tout autant l'argument), le Père Lelièvre écrit sur le FC:
Cela n'aide pas du tout le Saint-Père, bien au contraire.
Pourquoi ne pas attendre la lettre qui sera publiée dans le texte officiel... au lieu de publier "une" traduction "d'une lettre", qui va engendrer des commentaires etc... et qui va encore faire du mal au Pape ?
Ne souffre-t-il déjà pas assez ainsi de cette situation ?

La dernière chose que je souhaiterais est de faire souffrir le Pape!
J'ai donc traduit trop hâtivement son article (La lettre "humble et forte" de Benoît XVI ) parce que je crois savoir que le Saint-Père apprécie Andrea Tornielli, dont il a même cité le nom dans une de ses homélies, à propos de Pie XII. Et surtout parce que l'aricle était beau, émouvant, et très favorable au Saint-Père. Andrea Tornielli était à l'évidence animé de bonnes attentions - à l'exception, peut-être, de la vanité professionnelle. Mais il aurait pu imaginer que son exclusivité journalistique allait tomber dans de mauvaises mains.
Tornielli est toujours à l'affût des "scoops", c'était déjà le cas lorsque le décret de levée des excommunications a été rendu public. Difficile de dire dans quelle mesure son indiscrétion a pu mettre le feu aux poudres.
Mais l'on voit à chaque fois le résultat de ces "fuites". On comprend parfaitement ce que voulait dire le Père Lombardi en observant qu'avant même leur sortie, tous les textes étaient déjà sur la place publique. Et après cela, on prétendra que "le Vatican" cultive le secret. Et on lui reprochera de ne pas savoir gérer sa communication.

Il reste à prier pour que ces nouvelles fuites ne créent pas encore une fois la confusion, générant une énième polémique. On saura cette fois sa provenance.

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Sur un sujet voisin, P de Plunkett publie sur son blog un billet intitulé
Nouvelle tempête pour l’Eglise catholique: Qui cherche à brouiller l’image du pontificat de Benoît XVI?

Il y pointe assez clairement un complot curial. Je ne sais pas ce qu'il en est réellement.
Mais on ne peut qu'être d'accord avec lui lorsqu'il écrit:


Le pape Benoît XVI, esprit d’une envergure exceptionnelle et grande âme pleine d’amour du prochain, est livré sans défense aux attaques des chiens de garde de la société matérialiste mercantile.
...
Faire autant de cadeaux aux polémistes cathophobes, n’est pas normal... Tout se passe comme s’il s’agissait d’amonceler les erreurs « conservatrices » afin de préparer dans l’avenir, par réaction, un « conclave d’ouverture » – selon la formule des amis du cardinal Martini. ... Le Monde peut titrer (12 mars) sur « le trouble des catholiques », et en donner pour exemple cette phrase du Pr Levillain, historien notoirement catholique : « Le pontificat de Benoît XVI est en train de devenir le pontificat tragique de l’incompréhension. »

Comment le pontificat de Josef Ratzinger, remarquable pédagogue – clair, simple, nuancé, profond – peut-il être rendu « incompréhensible », alors que cet homme explique si bien lorsqu’il a la parole ? Parce que cette parole est brouillée par les actes confus de personnages de Curie... Ce brouillage menace aussi de paralyser et de décrédibiliser la nouvelle évangélisation.


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