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Magister et les quatre ans de pontificat

Une très belle interviewe dans 'Il Sussidario' (20/4/2009)

Source: Raffaella
Ma traduction

Magister : quatre années au service de la rencontre entre Dieu et l'homme

Quatre années de pontificat sont difficilement résumables en peu de mots. Surtout un pontificat dense d'évènements, de contenus et, malheureusement, aussi de polémiques, comme celui de Benoît XVI. Sandro Magister, vaticaniste de l'Espresso, nous aide à donner à un regard global et profond sur ces quatre années à la tête de l'Église de la part de Joseph Ratzinger.

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Q: Magister, à plusieurs reprises, dans vos articles, vous avez fait remarquer la distance qui il y a entre le Pape réel et celui dont parlent les journaux. En quoi consiste cette différence ?
R: On parle souvent d'un Pape à la tête d'une Église du « non », qui prononce des interdits sur ce qui est aujourd'hui considéré comme les frontières de l'autodétermination de l'individu. De là toutes les polémiques anti-papales, dont la dernière sur les mots prononcés au sujet de la lutte contre le Sida. Des telles polémiques brouillent presque entièrement ce qui est l'originalité particulière et absolue de ce Pape, l'essence même du rôle qu'il entend accomplir.
Les accusations contre lui, y compris dans l'Église, se résument dans cette critique : un Pape qui prononce trop de 'non' sur la morale, mais qui est trop silencieux sur l'annonce évangélique Et là est vraiment le renversement de l'essence de ce pontificat.

Q: Quel est alors, en résumé, l'aspect essentiel de ce pontificat?
R: C'est un pontificat extraordinairement concentré sur l'annonce de l'Évangile, sur la transmission de la Parole de Dieu, et sur ce qu'il même a défini comme la priorité de sa mission de Pape: face à l'affaiblissement de la foi, qui est partout en danger, il est nécessaire d'amener Dieu à l'homme et d'accompagner l'homme à Dieu. Et pas n'importe quel Dieu - ce sont toujours ses mots - mais Dieu qui a parlé sur le Sinai et qui s'ensuite incarné en Jésus mort et ressuscité.
Les mots que je cite ici sont tirés d'un de ses textes les plus hors-norme, c'est-à-dire la lettre écrite le 10 Mars dernier aux évêques du monde entier, à la suite à des événements bien connus sur la révocation de l'excommunication aux évêques lefbvristes. Formellement, une lettre écrite pour clarifier les malentendus ; en réalité, l'occasion pour dire avec une extrême clarté les intentions de sa façon d'accomplir la mission de Pierre.

Q: Vous avez aussi parlé du Pape comme d'un grand «liturgo e omileta» (liturgiste, et auteur d'homélies).
R: Oui, c'est un grand annonceur de la parole de Dieu qui se fait acte, qui se fait contemporaine de l'homme d'aujourd'hui, célébrée dans le rite qui apporte au milieu de nous, de façon sacramentelle, la personne de Jésus, vrai Dieu et vrai homme. C'est là l'essence de son action.

Q: Si nous devions reparcourir ces quatre années de pontificat, quels sont, selon vous, les repères, du point de vue théologique, du message de Benoît XVI ?
R: Les points de référence pour un observateur extérieur qui voudrait aborder la figure de ce Pape sont facilement localisables. C'est un Pape qui a beaucoup écrit ; et surtout, ce qu'il écrit de sa main est ce qui éclaire le mieux sa personnalité, sa sensibilité, son projet. Dans l'ordre chronologique, avant tout le discours à la Curie romaine du 22 décembre 2005, où il trace la lecture correcte et la réalisation du Concile Vatican II.
En second lieu, la leçon de Ratisbonne, qui - je l'ai tout de suite fait remarquer - ne fut pas un incident, comme on l'a universellement écrit.

Q: Dans quel sens peut-on dire que ce ne fut pas un incident, vu les réactions qu'elle déchaîna?
R: Si on regarde les résultats sous l'angle des rapports entre Islam et le christianisme, il n'y il a pas le moindre doute que les pas qui ont été accomplis par Benoît XVI sur dans cette direction sont sans précédents.
C'est la première mise en œuvre d'un dialogue actif, qui en est naturellement à ses débuts, mais qui par ailleurs est parti de zéro. Et il a commencé non pas malgré la leçon de Ratisbonne, mais grâce à cette leçon. Là, Benoît XVI, comme il l'a souvent fait, a eu l'audace et le courage de dire des choses fortes, vraies, d'appeler les choses par leur nom.
Il a déterminé le point névralgique, le point qui rendait difficile la rencontre entre l'Islam et le christianisme. Une question que l'on peut synthétiser dans les trois termes : foi, raison, violence. Là où manque une rencontre fructueuse entre foi et raison, la violence a le champ libre. Donc l'antidote à la violence est de maintenir vivant le rapport entre foi et raison ; chose que le christianisme a fait avec peine, comme il l'a dit, et que l'Islam est encore lointain de faire. Le dialogue vrai naît de là, et de rien d'autre.

Q: A part Ratisbonne, quels sont les autres textes auxquels vous faisiez précédemment allusion ?
R: En plus de ce que je viens de dire, il y a naturellement le livre « Jésus de Nazareth » et l'encyclique. En ce qui concerne l'œuvre sur Jésus, le Pape écrit en ce moment le second volume - et il semble qu'il soit assez avancé - consacré à la passion et à la Résurrection. Le premier volume a eu un très grand succès éditorial, bien que ce soit un texte très "prenant". Il a permis entre autre d'établir un rapport direct entre l'auteur et le lecteur.
Benoît XVI montre là une grande capacité de communicateur.
Ensuite, l'encyclique sur l'espoir, peut-être encore plus représentative que la première, Deus caritas est ; cela aussi parce que la première est divisée en deux parties, dont la deuxième est issue des bureaux du Vatican, même si elle fut ensuite revue par le Pontife. Celle sur l'espoir, par contre, est totalement sienne, de la première ligne à la dernière, et elle n'est pas écrite dans le style habituel des encycliques. Un texte extraordinaire pour comprendre ce Pape. Après évidemment il y a beaucoup d'autres discours, comme par exemple le discours de Vérone ; et en dernier, comme je l'ai dit, la lettre à tous les évêques sur le cas des lefebvristes.

Q: Quel est le contenu de ce pontificat du point de vue pastoral, en référence surtout aux voyages et au contacte direct entre Benoît XVI et le peuple chrétien ?
R: Naturellement de ce point de vue son agenda n'est pas comparable à celui de Jean paul II ; lorsqu'il était encore en bonne santé, ses voyages étaient continuels, longs et imposants, même du point de vue de l'organisation. Ceux de Benoît XVI sont plus limités dans le nombre, et plus concentrés dans le temps et dans l'agenda même du voyage. De toute façon dans ces occasions il montre la capacité d'entrer fortement en contact direct avec les personnes qui le rencontrent. Ce furent des voyages qui ont rencontré des succès beaucoup plus grands que ce qui était prévu. Grandes messes festives, et surtout attention à ses paroles. Pensons au voyage en France : pendant l'homélie de la Messe sur la grande esplanade (des Invalides Ndt), devant 250 mille personnes, il y avait un silence et une attention impressionnants. Ce n'est pas un fait habituel ; cela ne se passait pas ainsi, même avec Jean Paul II. Et cela arrive aussi chaque dimanche Place Saint Pierre, bien qu'il ne soit pas un Pape qui dit des choses faciles, mais toujours très denses, prenantes et fortes ; et c'est justement pour cette raison que, selon moi, il est écouté avec une extrême attention. Même chez ceux qui ne sont pas catholiques, ou ont un rapport un peu détaché avec l'Église, il y a en tout cas un très grand respect et une admiration pour son message.

Q: Maintenant il s'apprête à l'important voyage en Terre Sainte : qu'attendons-nous d'un rendez-vous si important ?
R: Difficile de hasarder des prévisions. Ce qu'on peut pressentir, c'est que ce voyage, que le Pape a fortement voulu, n'a pas été prioritairement pensé en termes pour ainsi dire « illusoires », du point de vue d'une pacification politique dans cette terre martyrisée. Benoît XVI a en tête d'accomplir un pèlerinage religieux, dans le plein sens du terme. Il veut aller en Terre Sainte, sur les traces de Jésus ; et selon moi, les mots qu'il dira seront fortement centrés sur la parole de Dieu qui a pris substance et chair en ce lieu. Ceci reflète sa vision, c'est pourquoi c'est seulement d'ici, de la rencontre avec Dieu, que peut naître une possibilité de changement du coeur de l'homme, et donc aussi de paix.

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