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Un pape qui dérange

Introduction du livre "Pour Benoît XVI" par Christophe Geoffroy, directeur de La Nef.
Et une chronique sur le même sujet, de Loïc Mérian:
Tout va bien

(12/6/2009)

Je viens tout juste de recevoir ce livre que j'avais cité ici, dont je commence la lecture.
J'ai suffisamment apprécié l'introduction pour me permettre de la reproduire.
Elle résume l'essentiel, qu'il est important de connaître, et surtout de diffuser.

Christophe Geoffroy dresse bien l'historique de ce que certains, dans la presse italienne ont appelé "le chemin de croix de Ratzinger", au moins pour le 1er trimestre 2009.
Car ceux qui me lisent savent que cela avait commencé bien avant, avec les menaces à peine voilées contre le processus en cours de béatification de Pie XII (en réalité, ça n'arrête pas, mais là, il y a eu un pic de fièvre inédit à ce jour). Simultanément avec les affaires évoquées ici, il y a eu aussi "l'affaire Wagner" du nom de ce prélat autrichien contraint de démissionner à à peine nommé évêque auxiliaire de Linz, pour avoir tenu des propos non politiquement corrects. Et, en même temps, la fronde de l'épiscopat autrichien.
Et juste après, le voyage en Terre-Sainte (dont les observateurs vraiment attentifs s'accordent à dire qu'il fut un magnifique succès, couronnant un acte de grand courage) a été l'occasion de nouvelles attaques inouïes de violence, des attaques personnelles, cette fois relevant de la diffamation grave (qui devraient être passibles des tribunaux civils), au prétexte que le Saint-Père aurait refusé de jouer le rôle qui lui avait été dévolu dans un scénario écrit d'avance. Un épisode tout frais, et une plaie encore mal refermée, pour moi.

Finalement, ce que dit ce texte, c'est que l'idéologie dominante refuse au Pape le droit de s'exprimer, par "une réaction de peur, peur de voir s'imposer une vérité que l'on refuse et que l'on combat avec acharnement : le discours de l'Église pour la vie, pour la famille, pour l'amour vrai, sa compassion pour les plus faibles et les plus pauvres, même s'il est exigeant, chacun sent bien qu'il est accessible à toute âme de bonne volonté et qu'il est seul capable de sauver l'homme de lui-même et de la dérive relativiste mortifère de nos sociétés".
Le Pape, on l'accepte quand il dénonce la pauvreté (en évitant de trop lui laisser la parole, car c'est une chasse-gardée de la gauche). On le plébiscite lorsqu'il parle de l'immigration, et que, déformant ses propos sur l'accueil, on lui fait dire qu'il faut ouvrir largement et sans contrepartie les portes des pays riches. On l'aime bien quand il manifeste sa peine après une catastrophe, et qu'il envoie un message de condoléance lu lors d'une cérémonie "oecuménique" (en réalité intereligieuse). On le tolère lorsqu'il fait des conférences savantes (une inoffensive marotte de savant) qu'il n'est pas nécessaire de lire, puisqu'on n'y trouvera pas le mot magique "préservatifs". On le critique plus ou moins âprement, mais pour la forme, car "on" s'en moque, lorsqu'on constate le faste qu'il entend redonner aux célébrations liturgiques.
Mais quand "il s'oppose, quasiment seul, avec un discours fort et cohérent, à la « culture de mort » qui cherche à étendre partout son hégémonie tyrannique", alors là, il faut le réduire au silence par tous les moyens.

Pour conclure: coïncidence étonnante, et petite satisfaction personnelle, Christophe Geoffroy évoque lui aussi le discours prononcée devant les parlementaires européens du PPE, dont j'ai parlé avant-hier!

Pour Benoît XVI

Christophe Geoffroy
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En quelques semaines, de janvier à mars 2009, le petit monde intello-médiatique s'est déchaîné comme jamais contre le pape et l'Église catholique.
Par un inquiétant phénomène de mimétisme, chacun y est allé de sa petite phrase assassine ou de son commentaire outragé, alors que la plupart ne savaient visiblement pas de quoi il retournait.
Tout a commencé avec la levée des excommunications, le 21 janvier, des quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X. La mesure en elle-même était déjà difficile à comprendre par un monde médiatique a priori hostile à une mouvance sans cesse qualifiée d'« intégriste ». Mais les scandaleux propos négationnistes de Mgr Williamson, l'un des quatre évêques, alimentèrent une invraisemblable polémique qui visa le pape lui-même, accusé de trop de faiblesse à l'égard des « intégristes », voire de complaisance envers le négationnisme. D'autres s'inquiétaient de voir là le signe d'une remise en cause du Concile Vatican II et de la réforme liturgique qui l'a suivi. Pas moins.
Il y eut ensuite le terrible drame de Recife, au Brésil, où une fillette de neuf ans, violée par son beau-père, a été poussée à l'avortement. Là, plus que Benoît XVI lui-même, c'est l'Église qui fut la cible principale du déchaînement médiatique, l'Église étant accusée d'être trop sévère, de manquer de compassion et, finalement, de trahir le message évangélique. Là encore, la plupart de ceux qui s'indignaient ne connaissaient rien à la complexité de l'affaire ni ne savaient la présence et le soutien des hommes d'Église à la famille de la malheureuse petite victime.
Enfin, la violence des attaques a atteint son paroxysme lorsque, dans l'avion qui le conduisait en Afrique, le 17 mars, Benoît XVI affirmait dans une réponse mûrement pesée, à un journaliste : « Si on n'y met pas l'âme, si on n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau [du sida] par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème. » Là, le pape a touché au tabou qui interdit de remettre en cause la sacro-sainte licence sexuelle de nos sociétés occidentales.

Ces trois affaires ont été à leur façon des cas d'école de désinformation. Mais pour mesurer son ampleur et pour y répondre de façon argumentée, encore faut-il connaître les faits réels et la position du pape et de l'Église. C'est l'objectif que nous nous sommes fixé dans ce livre.
En abordant, bien sûr, ces trois affaires: pour cela, nous avons repris une partie des articles que nous avons publiés dans La Nef en mars et avril 2009. Mais nous avons surtout élargi l'analyse, avec des contributions originales, aux différentes critiques qui reviennent régulièrement contre Benoît XVI.
Après sa remarquable conférence à Ratisbonne, le 12 septembre 2006, on se souvient du tollé qui l'a suivie et qui ne portait nullement sur son message que les commentateurs ne semblaient pas vraiment avoir saisi. Ainsi, nombre de nos contemporains ne comprennent pas son insistance à condamner le relativisme des démocraties occidentales, à défendre une conception élevée de la raison qui ne s'oppose pas à la foi, à rappeler qu'il existe une loi morale naturelle qui s'impose à tous, au point qu'il y a en politique des « points non négociables ». Cette notion est apparue à l'occasion de la publication, le 24 novembre 2002, par la Congrégation de la Doctrine de la Foi, dirigée alors par le cardinal Ratzinger, d'une « Note doctrinale à propos de questions sur l'engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique ». Cette Note évoquait « ces exigences éthiques fondamentales auxquelles on ne peut renoncer » : refus de l'avortement et de l'euthanasie, affirmation du droit à la vie depuis la conception jusqu'à la mort naturelle, avec le devoir de respecter l'embryon humain, défense de la famille stable, liberté d'éducation des enfants, protection sociale des mineurs, liberté religieuse, orientation de l'économie dans le sens du service de la personne, du bien commun, de la justice sociale, conformément aux principes de solidarité et de subsidiarité, recherche de la paix (cf. n. 4).
Depuis, Benoît XVI a rappelé qu'il existait « certains principes qui ne sont pas négociables », notamment dans son discours du 30 mars 2006 aux parlementaires du Parti populaire européen. Parmi ces principes, expliquait le pape, trois « apparaissent aujourd'hui de manière claire:

1. la protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle;
2. la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille - comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage - et sa défense contre des tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes d'union radicalement différentes qui, en réalité, lui portent préjudice et contribuent à sa déstabilisation, en obscurcissant son caractère spécifique et son rôle social irremplaçable;
3. la protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants.
Ces principes ne sont pas des vérités de foi, même s'ils reçoivent un éclairage et une confirmation supplémentaire de la foi; ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même et ils sont donc communs à toute l'humanité. L'action de l'Église en vue de leur promotion n'est donc pas à caractère confessionnel, mais elle vise toutes les personnes, sans distinction religieuse. »
La mise en avant de ces trois points non négociables ne signifie nullement que les autres points évoqués dans la Note doctrinale de 2002 ne sont plus à l'ordre du jour. Toujours est-il que cette notion de « points non négociables » a divisé le monde catholique lui-même - on l'a vu en France en 2007 et aux États-Unis l'année suivante à l'occasion de ces deux élections présidentielles - et a contribué à dresser une partie de l'opinion contre « l'intransigeance » de l'Eglise.
Bref, nous avons souhaité ici élargir la réflexion et répondre aux attaques les plus habituelles subies par le Saint-Père : est-il contre le Concile Vatican II et la nouvelle liturgie? Est-il un pape doctrinaire, favorable au « choc des civilisations » ? Que signifie son rejet du relativisme et sa défense de la loi naturelle? Etc. C'est finalement la cohérence de l'ensemble du Magistère que nous cherchons à défendre ici.

Quand on comprend cette cohérence, on comprend aussi que toutes ces « affaires » ne sont nullement dues, fondamentalement, à un « déficit de communication » du Saint-Siège - même s'il y a indubitablement des progrès à faire dans ce domaine -, mais résultent de l'opposition irréductible entre la vision de l'homme défendue par l'Église et celle de nos sociétés modernes.
Il ne faut pas se faire d'illusion, il faut être conscient de ce fossé, non pas pour cracher sur ce monde ni essayer de s'en séparer en s'isolant dans quelque lieu protégé qui ne peut finir qu'en ghetto, mais pour employer les armes idoines au combat qui concerne tous les chrétiens. Car ces derniers, même minoritaires - surtout parce qu'ils sont minoritaires à l'image du levain dans la pâte -, par leur présence, leur témoignage et leur action en phase avec l'enseignement de l'Église, peuvent seuls sauver ce monde devenu fou.
Si les attaques contre le pape ont atteint une telle violence, c'est parce qu'il s'oppose, quasiment seul, avec un discours fort et cohérent, à la « culture de mort » qui cherche à étendre partout son hégémonie tyrannique. C'est une réaction de peur, peur de voir s'imposer une vérité que l'on refuse et ue l'on combat avec acharnement : le discours de l'Église pour la vie, pour la famille, pour l'amour vrai, sa compassion pour les plus faibles et les plus pauvres, même s'il est exigeant, chacun sent bien qu'il est accessible à toute âme de bonne volonté et qu'il est seul capable de sauver l'homme de lui-même et de la dérive relativiste mortifère de nos sociétés.

En face, on s'acharne à nous persuader qu'il n'existe pas de nature humaine - et donc pas de loi naturelle qui s'impose à l'homme -, que la différence entre un homme et une femme relève fondamentalement du conditionnement social (théorie du gender), que le concept de famille est évolutif et laissé au choix de chacun, car tout se vaut.
Nous, chrétiens, savons que de telles dérives ne peuvent conduire qu'au malheur des hommes. Mais, nous répond-on, chacun n'est-il pas libre de sa vie? Personne, parmi ces apprentis-sorciers, ne s'interroge sur les conséquences pour le bien commun d'une telle vision de l'homme: l'absence de morale stable appuyée sur une norme transcendante qui conduit à une notion de « bien » fluctuante selon l'opinion et les majorités de circonstance, la destruction de la famille stable unissant pour la vie un homme et une femme, les atteintes à la vie elle-même contribuent à déstructurer et finalement détruire la société, à enfermer les hommes dans leur individualisme ou à se regrouper de façon communautaire et fermée, à casser la transmission sur laquelle s'appuie la civilisation, à générer la violence et finalement la mort, ce type de société n'engendrant plus suffisamment d'enfants pour assurer le renouvellement des générations.
La virulence qui se manifeste contre le pape et l'Église n'est pas prête de s'éteindre, car elle manifeste l'opposition irréductible entre l'anthropologie chrétienne - le fondement de la dignité de la personne humaine est d'être créée à l'image de Dieu, mais cette personne est elle-même un être déchu racheté par le Sang du Christ - et celle de l'idéologie dominante qui tend de plus en plus à ramener l'homme au rang d'un vulgaire animal.
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La Nef informe de la parution d'un blog de la rédaction.
Je viens d'y trouver, sur le même sujet, cet article daté du mois d'Avril et signé Loïc Mérian, qui résume en quelques lignes ce que je m'efforce laborieusement de transmettre à travers ces pages!
En substance: Le pape est attaqué, il est normal qu'il en soit ainsi.



Tout va bien

Le 27/04/2009, par Loïc Mérian
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Que de confusion dans ces différentes affaires médiatiques récentes !
On aura rarement assisté à un tel déchaînement qui illustre l’avertissement que Jésus lançait à ses disciples : « vous serez haïs de tous à cause de mon nom ».
On peut dire qu’actuellement nous vivons, et le pape en particulier, pleinement l’Évangile ! Que de confusion dans les esprits, confusion entretenue par les journalistes : hier ils se scandalisaient des paroles du pape contre l’avortement. Aujourd’hui ils se disent soulagés : « il ne condamne pas l’avortement thérapeutique » ! Ils travestissent la pensée du pape en permanence… si l’Église justifie des mesures de soins qui, en cas de danger pour la mère, peuvent indirectement entraîner la mort de son bébé, jamais elle n’approuvera ces avortements dits « thérapeutiques » qui, sous couvert de soins, visent à éliminer directement des enfants considérés comme anormaux par notre société eugénique !
Et que dire de ces tribunes offertes à des chrétiens qualifiés de « représentatifs » qui, à longueur de page, répètent en boucle : « j’ai honte de Mon église », « ce pape m’insupporte », « Vatican II, c’est sacré »…
Ajoutons-y les éternels reportages télévisés sur ces prêtres concubins qui sont « persécutés » par leur hiérarchie pour avoir voulu « vivre l’amour » sincèrement ! On a envie de leur répondre à tous : « mais si vous ne voulez pas vivre votre foi en Jésus-Christ dans l’Église catholique, ne vous en réclamez pas et ne venez pas faire la leçon à ceux qui en vivent ».
Chacun est libre d’adhérer ou pas au message de l’Église, chacun est libre de considérer, à tort, que ce message est impossible à vivre. Mais il faut ensuite être conséquent. Il suffirait d’ailleurs de ne poser qu’une question à ces personnes : croyez-vous que Jésus-Christ soit le Seul Sauveur et l’Église la seule voie ordinaire de salut ? Les réponses permettraient sans doute de constater que la plupart de ces personnes ne veulent pas de la réponse que l’Église annonce. Sans les juger, constatons qu’elles ont en réalité souvent déjà déserté l’Église… peut-être sans même le savoir. Dans ce tumulte, rendons grâce aux quelques évêques français et aux épiscopats – espagnol et italien tout particulièrement – qui ont publiquement, sans réserve ni distinguo subtil, soutenu le pape avec force et courage contre le déferlement de la haine.
Quant à ceux qui essayent gentiment d’expliquer ce déchaînement par des erreurs de « communication » du Saint-Père, croyant ainsi plaire à l’hydre médiatique, ils pourraient se demander si ce sont de semblables erreurs de « communication » qui ont conduit le Christ à son supplice.

(Chronique parue dans La Nef n°203 d'avril 2009)

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