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Théologiquement correct

Ce billet du Père Scalese datant de février dernier me paraît bien répondre à la question posée hier par l'"oubli" dans les comptes rendu d'un passage de l'homélie du Pape: Censure? (12/6/2009)

La "censure" pratiquée sur l'homélie du Saint-Père m'a rappelé un intéressant billet écrit par le Père Scalese en février dernier, et qui s'intitulait "Theologically correct" ( il a une suite.., Theologically correct (2) )
Il s'agissait de considérations qui m'avaient paru sur le moment assez techniques autour de "L'Alliance": pourquoi est-on passé de "vieille alliance", puis "ancienne alliance" à "première alliance"? Et, parallèlement, de "nouvelle alliance" à "seconde alliance"?
A la lumière de l'homélie, et du fameux passage, je comprends mieux ce que veut dire "théologiquement correct". Et aussi pourquoi peut-être c'est justement CE passage qui a été disons... oublié dans les résumés. Car le Pape utilise bel et bien les dénominations non "théologiquement correctes".
Il cite une fois "l'ancienne alliance", et au moins 4 fois la "nouvelle alliance" (occurrences auxquelles on pourrait rajouter cette expression: "...se préoccupa de rappeler la dimension intérieure de l'alliance, et annonca qu'il en écrirait une nouvelle...".

Texte en italien ici: http://querculanus.blogspot.com/...
Ma traduction (j'ai eu un peu de mal avec les "Settanta"...):

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Theologically correct

mardi 10 février 2009
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Vous pensiez qu'il existait seulement le politically correct ; et pourtant, il existe aussi le theologically correct !
En voulez-vous un exemple?
Autrefois, nous avions coutume de dire : « vieux » et « nouveau testament » (tant qu'à faire une citation savante, rappelez vous Dante « Vous avez le nouveau et le vieux testament, et le pasteur de l'Église qui vous guide ; que ceci suffise à votre salut » - "Avete il novo e 'l vecchio testamento, e 'l pastor della Chiesa che vi guida; questo vi basti a vostro salvamento").
Ensuite, on nous fit remarquer que « vieux » était un tantinet irrespectueux ; et ainsi nous lui substituâmes « ancien » (pour autant, les deux adjectifs ne me semblent pas entièrement interchangeables). Ensuite on nous dit qu'il n'était pas bien d'employer le mot « testament » : ces ignorants de "soixante dix" (*), (quegli sprovveduti dei Settanta) qui à ce qu'il semble ne connaissaient bien ni l'hébreu ni le grec, lorsqu'ils traduisirent la Bible d'hébreu en grec, rendirent le terme berith (qui signifie « alliance ») avec diatheke (que signifie « disposition », « testament », « accord », « pacte ») ; lorsqu'ensuite on passa du grec au latin, parmi les différentes significations du mot diatheke, on choisit - tiens donc! précisément celle qui est erronée, « testament ».
Bon : revenons au concept originel d'« alliance » et ré-interprétons le tout à la lumière de cette catégorie ! Sauf qu'alors il convient de préciser que, dans le cas de l'alliance entre Dieu et l'homme, il s'agit d'une alliance un peu sui generis, où l'initiative est seulement de Dieu, les contractants ne sont pas au même niveau; aujourd'hui nous dirions : il s'agit d'une disposition « unilatérale » (un « testament » justement).
Sans parler non plus de l'embarras qu'on rencontre en interprétant des passages-clé du Nouveau Testament, où on joue sur le terme diatheke entendu dans le sens de « testament » : qu'on voie la lettre aux Galates (3 : 15-18) et celle aux Hébreux (9 : 16-17).

Eh bien, maintenant on ne peut même plus parler d'« ancienne alliance » : maintenant il faut dire « première alliance ».
Il s'agit d'une expression de plus en plus commune parmi les responsables. A présent, nous la trouvons aussi dans les interventions du magistère suprême de l'Église. Nous la rencontrons dans le Catéchisme de l'Église Catholique (n. 522) et, pour faire un exemple tiré de l'actualité, nous la retrouvons dans la déclaration du Pape au terme de l'audience générale du 28 janvier dernier (reprise de la note du Secrétariat d'État du 4 février suivant) : « Je renouvelle avec affection l'expression de ma pleine et indiscutable solidarité avec nos Frères destinataires de la Première Alliance » .
Que ce soit bien clair, il s'agit d'une expression irréprochable tant du point de vue historique, que du point de vue biblique. Historiquement, elle décrit l'ordre chronologique dans lequel les deux alliances se sont manifestées : d'abord, celle avec le peuple d'Israël à travers Moïse ; ensuite, celle avec l'humanité entière à travers Jésus-Christ (quoiqu'on pourrait discuter que l'alliance avec Moïse soit la première dans l'absolu : à part l'alliance avec Abraham, on oublie qu'encore avant, il y eut celle avec Noë). Bibliquement, l'expression est bien fondée : nous la trouvons telle quelle dans la lettre aux Hébreux (9 : 15). Entre parenthèses, il faut remarquer que dans les traductions modernes nous la rencontrons à plusieurs reprises dans ce contexte, quoique dans le texte original, il n'y ait pas le terme diatheke. Par exemple, dans la nouvelle traduction italienne de la CEI, elle est employée au & 8:7, & 9:1 (où on pourrait même supposer que l'auteur de la lettre ne pensait pas à la « première alliance », mais à la « première tente ») et & 9:18.
Si historiquement et bibliquement « première alliance » est une expression plus que légitime, vous direz : où est le problème ?
Le problème existe, et comment!
Je comprends qu'on veuille éviter tout motif de confrontation avec les Juifs ; mais ne s'aperçoit-on pas que quelquefois, on risque ainsi de dénaturarer notre foi ?
En disant que celle avec Israël fut la « première alliance », on suppose que celle avec tous les hommes est simplement la « deuxième », avec tout ce que ceci comporte (théo)logiquement : il s'agirait de deux alliances sur le même plan, parfaitement interchangeables (que chacun choisisse ce qui lui convient le mieux) ; les juifs peuvent se sauver en suivant la « première alliance », sans nul besoin d'accepter le Christ. Pour ne pas dire qu'on pourrait voir dans la « première », au-delà d'une priorité chronologique, également une supériorité ontologique.
Mais la chose la plus inquiétante est qu'on ne se rende pas compte qu'en voulant remplacer « ancienne alliance » par « première alliance », on trahit vraiment ce que cette lettre aux Hébreux affirme avec une extrême clarté : « En parlant d'alliance nouvelle, Dieu a déclaré la première obsolète - antiquata - (on remarque que la nouvelle traduction de la CEI a remplacé l'adjectif « obsolète » par « ancienne »); et ce qui devient ancien et vieilli, est près de disparaître » (8 : 13). On ne veut pas comprendre que la nouvelle alliance a remplacé l'ancienne, le Christ a pris la place de Moïse, le nouveau peuple de Dieu (l'Église) a remplacé Israël.
Mais aujourd'hui on ne peut plus le dire : on court le risque d'être taxé d'antisémitisme. (...)
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(*) Note sur les "70"

La Septante (LXX, latin : Septuaginta) est la version de la Bible hébraïque en langue grecque.
Selon la tradition, la traduction de la Torah aurait été réalisée par 72 (Septante-deux) traducteurs à Alexandrie, vers 270 av. J.-C., pour les Juifs qui y étaient alors relativement nombreux, à la demande de Ptolémée II.
Depuis les origines jusqu'à aujourd'hui, la Septante est l'Ancien Testament des chrétiens d'Orient. Elle est encore aujourd'hui la Bible de l'Église grecque orthodoxe.

Sources:
-> http://it.wikipedia.org/wiki/Septuaginta
-> http://fr.wikipedia.org/wiki/Septante
-> http://pascal.dupuy.perso.libertysurf.fr/Lexique/septante.htm

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