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Une journée pas comme les autres

Celle du Saint-Père aux urgences à Aoste. Récit-synthèse de la presse italienne (20/7/2009)

Grâce à Raffaella, qui a fait un travail indispensable et fantastique, j'ai lu à peu près tous les articles que la presse italienne a consacrés à l'"accident" survenu au Pape.
Un petit incident, banal pour ceux qui ne sont concernés que par son aspect "sensationnel", mais grave pour ceux qui lui veulent du bien. Cette dernière catégorie est beaucoup plus nombreuse que ne le laisseraient supposer les réactions de France, y compris de sites catholiques...
Pour moi, le Saint-Père est avant tout Joseph Ratzinger, un homme exceptionnel. Pour les catholiques, dont je suis, il est bien sûr le Vicaire du Christ, et l'incarnation de quelqu'un de grand, mais de lointain - Pierre. Incarnation contient "chair". Personnellement, je ne suis pas un pur esprit, et cette incarnation me touche profondément. Dommage que que les catholiques "intellectuels" à la recherche d'une foi de plus en plus épurée (au point qu'elle est en voie de disparition) aient oublié cette dimension physique...

En croisant les sources dans la presse italienne (la plupart des articles "brodant" autour d'une base commune), on peut reconstituer de façon sûre ce qui s'est passée, durant cette nuit du 16 au 17 juillet dans le chalet des Combes d'Introd, et durant la journée du 17, aux urgences de l'hôpital d'Aoste.
Les insinuations malveillantes de Repubblica (qui risquent d'être reprises...), autour d'un "malaise" qui serait dû à un épisode d'hypertension, et/ou à l'altitude sont réduites en miettes une fois pour toutes. Je ne peux que m'indigner de cette forme scandaleuse du journalisme dit d'investigation, qui, au nom d'une prétendue transparence, se permet de faire un diagnostic médical à distance..
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- Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Saint-Père s'est levé, comme n'importe qui, et il s'est rendu à la salle de bains dans le noir - comme n'importe qui, aussi. Il est tombé, a cherché à se "ratrapper", et a aggravé son cas, retombant de tout son poids sur son poignet. Comme il n'est plus un jeune homme, ses os sont fragiles, et se sont "mal" brisés.
Constatant qu'il s'était fait mal, mais soucieux de ne pas inquiéter, et surtout ne pas réveiller son entourage, il s'est recouché.
Pas sûr qu'il se soit rendormi, car il a dû avoir mal, et surtout, beaucoup penser. On peut facilement imaginer que l'idée qu'il ne pourrait plus écrire pour un temps a tourné dans sa tête.
Le lendemain matin, il est descendu avec 10 mn de retard (il a dû avoir du mal à faire les petites choses du matin, se doucher, se raser, s'habiller) et après avoir célébré la messe comme d'habitude, au cours du petit-déjeuner, voyant que son poignet gonflait, il a raconté à son entourage ce qui lui était arrivé.

Gian Maria Vian, directeur de l'Osservatore Romano, interrogé sur le comportement si discret du pape, explique d'ailleurs:
« C'est son caractère. Je ne suis pas surpris qu'il n'ait prévenu personne de l'accident et soit retourné se coucher après le coup. C'est symptomatique de l'attitude d'une personne d'une extrême gentillesse. Ratzinger veut toujours déranger le moins possible. J'en suis le témoin direct, dans les séjours à l'étanger, dans les nonciatures: il tient à déranger un minimum....».

- Son médecin personnel (Patrizio Polisca, un cardiologue, qui vient tout juste de remplacer le docteur Buzzonnati, en retraite) est venu immédiatement, a diagnostiqué une fracture, et a conseillé d'aller à l'hôpital, afin de faire des examens.

- Le Saint-Père a été emmené en voiture aux urgences de l'hôpital d'Aoste. Il a donc fait le choix de se faire soigner dans un hôpital public de proximité, alors qu'il lui aurait été si facile de se faire transférer en hélicoptère à la clinique Gemelli de Rome, et que les rumeurs alarmistes commençaient déjà à se répandre parmi les journalistes à la recherche d'un scoop. Il y est arrivé "sur ses jambes", façon de prouver qu'il n'était pas malade, et il a décliné l'offre d'un fauteuil roulant (systématique, je le sais par expérience, lorsqu'il s'agit d'un problème d'orthopédie). Le personnel de l'hopital témoignera par la suite à quel point le choix du Saint-Père de se faire soigner sur place les a touchés.

Le personnel ne l'attendait pas vraiment, et s'est retrouvé stupéfait devant l'illustre patient, si discret et docile, certes facilement identifiable à ses vêtements blancs, mais soucieux de ne perturber en rien leur travail de routine. Un patient qui a tenu à attendre son tour, et a simplement demandé qu'on lui amène un bréviaire. Le chirurgien lui a expliqué ce qu'il allait lui faire, lui donnant le choix entre l'alternative "classique" (simplement un plâtre englobant tout l'avant-bras, y compris le coude), et la méthode hi-tech, décrite ci-dessous, et il a donné son accord pour la seconde.

Il est resté en tout 7 heures à l'hôpital, ayant dû de toutes façons attendre le délai d'usage après le petit-déjeuner avant de procéder à l'anesthésie locale, et se voir faire radio du thorax, TAC crânien (?) et électro-cardiogramme, ce qui a permis d'écarter toute suspiscion d'accident cardio vasculaire ou cérébral. On lui a réduit la fracture selon un procédé qui n'a pas nécessité l'usage d'un bistouri, et mis une sorte de coquille en résine, ce que l'on appelait un plâtre, qui lui immobilise l'avant-bras, mais pas le coude. Un attirail qu'il devrait garder un mois.

Citons le bulletin de l'hôpital:
L'intervention de « réduction et ostéosynthèse de la fracture» complexe a commencé à 13 heures, et a duré 35 minutes. Auparavant, le Pape avait été accueilli par le personnel des urgences, puis accompagné en radiologie, pour la visite rituelle pré-anesthésie.Le fait qu'il avait pris un petit-déjeuner a induit les médecins à attendre 3 heures, avant de commencer l'intervention. Le check-up complet auquel Benoît XVI a été soumis avant d'entrer en salle opératoire a exclus tout problème cardio-circulatoire.
Avec une sorte de foret chirugical, on a pratiqué deux trous dans lesquels sont enfilés deux fils de métal, qui ont mis les os du poignet en traction. Ceci a permis un excellent alignement, et une garantie de reprise à 100%. Pour nous, il s'agissait d'une opération de routine, que nous appelons "à ciel couvert", c'est-à-dire sans couper dans la chair. Pour immobiliser le poignet après l'intervention, on a utilisé un plâtre léger, en fibre. Les pointes des deux fils métalliques restent sous le plâtre, et seront ôtées dans une phase ultérieure".

7 heures apès son arrivée aux urgences, le Saint-Père, souriant, rentre dans son chalet, en voiture, après avoir salué un par un chacun des membres de l'équipe soignante.

Pendant ce temps, de nombreux témoignages de sympathie et d'affection lui sont arrivés, de l'Eglise (Bagnasco, Bertone), et de la classe politique italienne dans son ensemble (dont un message du Président de la République, et un du Maire de Rome), et aussi, comme il le dira 2 jours après au cours de l'Angelus de Romano Canavese, de simples fidèles.

Voilà le récit de cette journée. Tout s'est passé très simplement. Pas de malaise, pas de mystère. Un monsieur âgé, mais en bonne condition physique qui tombe, banalement, et se casse le poignet. Un homme extraordinaire, dans une situation ordinaire, qui se comporte comme on peut l'imaginer, avec délicatesse, discrétion, et courage. Il ne veut pas déranger, il s'excuse, puis il remercie. Et surtout, il nous a rappelé sa fragilité humaine - et à quel point il nous est cher.
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Une dernière remarque. Certains disent que, contraint à un repos forcé, Benoît XVI va s'ennuyer, dans son chalet de montagne.
Impossible et absurde. C'est le vide intérieur, qui engendre l'ennui, et pas l'absence de la frénésie d'activité que notre époque croit lui servir d'antidote. De ce point de vue, évidemment, le Saint-Père ne court aucun risque!

Vacances Bonnes vacances!