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Chrétiens et musulmans

Une "extra-ordinaire" réflexion du Père Scalese (5/8/2009)

Alors que les persécutions contre les chrétiens s'intensifient dans certaines régions du monde, dans la plus parfaite indifférence des médias français (9 morts au Pakistan la semaine dernière, c'est l'objet du dernier billet de Sandro Magister - Pakistan. Les pogroms de l'islam "pur" frappent les chrétiens), une extraordinaire réflexion du père Scalese sur l'islamisation de l'Europe (une Europe dont la grande faute est l'apostasie), et contre la théorie du "choc des civilisations" (idée repoussée avec force par le Pape, mais bien reçue par une certaine droite neocon dont il est question plus bas, et trouvant de nombreux relais, y compris à travers des fictions comme " La Mosquée de Notre-Dame de Paris").
J'imagine que si les commentaires étaient permis sur son blog (et sur mon site) l'ambiance pourrait évoquer le célèbre dessin de Caran d'Ache, à propos de l'affaire Dreyfus.

Caran d'Ache

"Ils en ont parlé"... Image du débat passionné qui pourrait suivre l'exposé de la théorie du père Scalese (et évidemment pas le "choc des civilisations"!)


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Il n'est pas question, pourtant, d'être d'accord ou pas d'accord, puisqu'il s'agit, au moins aujourd'hui, de spéculation intellectuelle (je ne me sens d'ailleurs absolument pas de défendre sa thèse), et que lui-même est évidemment conscient de rêver un peu.
Il nous lance un message qui peut sembler une provocation... Il ne dément le titre de son blog, senza peli sulla lingua....
Il nous invite en fait à réfléchir hors des schémas imposés par la pensée unique (think different, disait un slogan de pub des années 80).
De toutes façons, à une époque où on peut faire croire aux gens que la température de la planète pourrait augmenter de 10° d'ici 2100, pourquoi ne pourrait-on pas imaginer que les musulmans se convertiront au christianisme? Ce n'est pas plus étonnant.
Nous ne serons de toutes façons pas là pour le voir.
Le Père Scalese justifie en tout cas son rêve par cette phrase que je trouve magnifique, et qu'on n'entend hélas plus jamais: le Christianisme est l'unique vraie religion.

Texte ici: http://querculanus.blogspot.com/...
Ma traduction.

lundi 3 août 2009
Christianisme et Islam
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La semaine dernière au Nigeria ; ces jours-ci au Pakistan. Les violences des musulmans contre les chrétiens semblent se multiplier. On pourrait penser : pourquoi s'étonner ? Il en a toujours été ainsi, et il en sera toujours ainsi.

Je reviens sur le thème « Christianisme et Islam », parce que ceux qui me lisent régulièrement et se trouvent en général d'accord avec ce que j'écris, ont du mal à me suivre lorsque je commence à parler de l'Islam. Je peux même en comprendre le motif : ma position en la matière s'adapte difficilement aux schémas courants droite/gauche, progressiste/conservateur.
Selon ces schématisations expéditives qui sont - ou plutôt paraissent - de droite, il devrait s'agir du « choc de civilisation », que la propagande américaine martèle depuis des années. J'ai déjà dit en d'autres occasions que je ne me retrouve pas du tout dans cette droite sécularisée, postmoderne et neocon. Je préfère aller mon chemin, sans me soucier de la droite et de la gauche (qui sont des étiquettes entièrement dépassées) et en cherchant à regarder la réalité, pour autant que je le puisse, avec objectivité.

Même dans le cas présent, je ne peux pas fermer les yeux face à la réalité. Je ne peux pas nier qu'il y ait des chrétiens qui sont persécutés par les musulmans. Malheureusement, personnellement, je ne peux rien faire pour éviter ces tragédies, sinon prier pour les victimes et pour leurs bourreaux. Si les gouvernements et les organismes internationaux peuvent faire quelque chose de plus sur le plan diplomatique, tant mieux. Ce que je me refuse à faire, c'est de penser : 1) qu'il en a toujours été ainsi, et et qu'il en sera toujours ainsi ; 2) que « le choc de civilisation » est inévitable.

Avant tout, sur le plan historique, il n'est pas vrai qu'il en a toujours été ainsi. Il est vrai que l'Islam a conquis beaucoup de territoires de l'Asie et de l'Afrique précédemment chrétiens ; il est vrai qu'avant, les Arabes et ensuite les Turcs ont cherché à conquérir aussi l'Europe (y réussissant en partie) ; mais il n'est pas vrai qu'ils voulaient la mort ou la conversion forcée des chrétiens. L'Islam croit que la terre appartient à Allah, et donc doit lui être soumise. Quant aux peuples qui l'habitent, si ce sont des païens, ils doivent être convertis ; s'ils sont chrétiens ou juifs, ils peuvent continuer à professer leur religion (en payant un tribut). C'est pourquoi, dans mon précédent post j'écrivais que l'Islam « a toujours été plutôt tolérant ». Alors, comment les chrétiens ont-ils presque disparu des territoires arabes ? Non pas parce qu'ils ont été tués ou contraints à se convertir, mais simplement parce qu'eux-mêmes ont préféré se convertir plutôt que payer le tribut.
L'Europe méridionale par contre, qui elle aussi a été dominée par les arabes pendant plusieurs siècles, est restée chrétienne. Mais même en Moyen Orient, d'abord sous la domination arabe et ensuite sous celle turque, de florissantes et nombreuses communautés chrétiennes sont longtemps restées: orthodoxes byzantins, arméniens, maronites, chaldéens, etc. Pendant des siècles, musulmans, juifs et chrétiens ont cohabité, certes parmi mille tensions, mais sans s'exterminer mutuellement. C'est seulement à l'époque moderne, avec la fin de l'Empire Ottoman, qu'ont commencé les différents « nettoyages ethniques » : l'expulsion des Grecs du Ponto, le génocide des Arméniens, les guerres civiles au Liban, ce qui arrive aujourd'hui aux chrétiens en Terre Sainte et en Irak. Je le répète, ces phénomènes, n'appartiennent pas à la tradition de l'Islam. C'est justement pour cela que nous devons analyser ces phénomènes avec une extrême attention, pour chercher à les comprendre, avant de jeter la pierre et de partir pour une nouvelle croisade.

De mon côté, j'ai cherché une explication. Je ne prétends pas avoir raison : c'est seulement une tentative de comprendre ce qui se passe. Je suis prêt à accepter n'importe quelle explication alternative. Je disais dans mon post que, selon moi, le fanatisme islamique peut être expliqué « comme une forme de réaction à une supposée attaque, une forme d'autodéfense, sans doute irrationnelle mais compréhensible, de sa civilisation ». J'ai l'impression que l'Islam se sent assiégé par l'Occident ; il se rend compte de sa faiblesse, sait que le système de vie occidentale pourrait le renverser ; et donc il se défend, souvent en faisant recours à la violence (je répète que le « terrorisme » n'a rien à voir dans ce discours; c'est un phénomène différent, qui devrait être traité à part (ndt: c'est peut-être le seul point faibler de l'argumentation, car je ne ne suis personnellemnt pas sûre que le terrorisme soit un phénomène exogène).

Il faut aussi tenir compte d'un autre facteur, qui nous échappe souvent à nous occidentaux. En Occident, d'habitude, alors que nous avons l'impression que l'Islam avance inexorablement, nous avons une image de l'Église repliée sur elle-même, en profonde crise, et même dans quelques pays en voie d'extinction. Mais ce n'est pas la réalité de l'Église (et d'autres confessions chrétiennes) dans d'autres continents (particulièrement en Asie et en Afrique). Ici le Christianisme est une réalité extrêmement vivante, en pleine expansion. Il représente une sérieuse menace pour les religions traditionnelles, qui souvent se traînent, et apparaissent impréparées à affronter le défi de la modernité. Ceci explique les lois anti-conversions dans certains États et les violences diffuses contre des prêtres et des fidèles.

Ceci nous fait comprendre combien l'Islam (comme d'autres religions) n'est pas aussi fort qu'il pourrait paraître. Cela ne signifie pas qu'il n'existe pas un réel danger d'islamisation de l'Europe. Mais la faute, dans ce cas, n'est pas de l'Islam, mais de l'Europe. C'est l'Europe qui se suicide.
Prenez le problème ddémographique : si les européens ne font pas plus d'enfants, est-ce la faute des musulmans ? Il est evident que, tôt ou tard, la place des européens, entretemps disparus, sera prise par d'autres. Je comprends qu'une perspective de ce genre nous mette en agitation ; mais, à ce qu'il semble, elle ne modifie en rien nos habitudes. La chose ne m'étonne pas plus que cela. J'ai toujours été de l'avis qui la grande faute de l'Europe est l'apostasie ; et l'apostasie (« contester la vérité connue ») est un des péchés contre l'Esprit Saint, qui ne peuvent pas être pardonnés.

Devons-nous donc nous résigner à voir une Europe islamisée ? J'espère que non. Mon espoir (certains l'appelleront « illusion ») est que les musulmans deviennent chrétiens.
Habituellement on affirme que cela est impossible, parce que l'Islam est postérieur au Christianisme et prétend être la révélation définitive : devenir chrétien serait comme retourner en arrière (comme si un chrétien se faisait juif). C'est un raisonnement complètement abstrait qui ne tient pas compte d'un fait très simple : que le Christianisme est l'unique vraie religion. Les religions ne peuvent pas être jugées seulement sur un plan historique, selon lequel celle qui vient après est, en elle-même, meilleure que la précédente ; si nous croyons que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, inévitablement aussi, nous serons convaincus que tôt ou tard il sera reconnu et accueilli par tous les peuples. Comment alors s'explique l'Islam, qui est venu après la révélation chrétienne ? Nous pouvons l'interpréter selon deux modalités différentes, issues toutes les deux de la tradition : ou comme une « héresie » chrétienne (ainsi qu'elle était considérée au Moyen âge) ou comme un praeparatio evangelica (comme les philosophies païennes furent considérées par les premiers chrétiens). Dans l'un et dans l'autre cas, on ne peut pas exclure une conversion de l'Islam au Christianisme.

Je veux regarder le phénomène en cours des migrations avec le même oeil que les chrétiens regardèrent le phénomène des invasions barbares. Évidemment, à cette époque, beaucoup, liés à la civilisation romaine (comme nous le sommes aujourd'hui à la civilisation européenne), étaient terrorisée par l'arrivée des barbares, parce qu'ils pourraient détruire la civilisation romaine et la religion chrétienne. Mais certains, au contraire, avec clairvoyance, voyaient dans ce phénomène la main de la Providence. Je vous cite ce qu'écrivait l'historien Paolo Orosio, contemporain de Saint-Augustin, à la fin de son Histoire :

« Quamquam si, ob hoc solum Barbari Romanis finibus immissi forent, quod vulgo per Orientem et Occidentem ecclesiae Christi Hunnis et Suevis, Vandalis et Burgundionibus, diversisque et innumeris credentium populis replentur, laudanda et attollenda Dei misericordia videretur [= si même les barbares avaient été introduits dans le territoire romain seulement à cet effet, afin que partout, en Orient et en Occident, les églises du Christ se remplissent de huns, de Vandales et de Burgonds, et d'innombrables peuples différents, il semblerait qu'on doive louer et exalter la misericorde de Dieu] » (Historiae adversus paganos, VII, 41).

Il pouvait sembler absurde, à cette époque, de penser que les barbares pourraient un jour remplir les églises. Pourtant cela se produisit. Et c'est ainsi que naquit une nouvelle civilisation : l'Europe, la nôtre.
Qui nous empêche de nourrir aujourd'hui le même espoir ? Qui nous empêche d'espérer que nos églises, désertées par tant d'européens, puissent un jour se remplir d'arabes, de turcs et de persans, non pas parce qu'entretemps ces églises auront été converties en mosquées (comme cela se produisit, hélas, pour Sainte Sophie), mais parce que ces gens se seront convertis au Christ ?
Certains diront: Impossible ! Je ne serais pas si catégorique.
Jésus a dit : « Impossible aux hommes, mais pas à Dieu ! Parce que tout est possible à Dieu » (Marc 10:27).
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Voir aussi:

Cette Europe est destinée à mourir

Islam, foi et discipline

Sonnette d'alarme

Encyclique: les réserves du Père Scalese A première vue, c'est nul