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Le sacerdoce, don de grâce

Audience du 1er juillet, pour le lancement de l'année sacerdotale: le rôle du prêtre n'est pas de construire une société nouvelle, mais d'annoncer la parole de Dieu (1er/7/2009)

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A l'occasion du lancement de l'année sacerdotale, le saint-Père a abandonné provisoirement les catéchèses sur les Pères de l'Eglise, pour adresser aux prêtres une réflexion sur le sens de leur mission.
Et il leur dit très clairement que leur rôle n'est pas de construire une société nouvelle, mais d'annoncer la parole de Dieu:
"Après le Concile Vatican II, il s'est produit ici et là l'impression que dans la mission des prêtres dans notre temps, il y avait quelque chose de plus urgent ; certains pensaient qu'on devait en premier lieu construire une société différente. La page évangélique, que nous avons écoutée au début, rappelle au contraire les deux éléments essentiels du ministère sacerdotal. Jésus envoie, dans ce temps et aujourd'hui, les Apôtres pour annoncer l'Évangile et leur donne le pouvoir de chasser les esprits mauvais. « Annonce » et « pouvoir », c'est-à-dire « parole » et « sacrement » sont par conséquent les deux colonnes porteuses du service sacerdotal, au-delà de ses multiples configurations possibles."

Sans rien imposer par la force, puisqu'il admet "de multiples configurations possibles" de leur mission, il explique, il recadre et il encourage, en appelant une fois encore à ce nécessaire "renouveau intérieur" qui a été le thème de principal de ses récents messages et homélies.

Texte en italien.
Ma traduction.

Chers frères et soeurs,

avec la célébration des Premières Vêpres de la solennité des saints apôtres Pierre et Paul dans la Basilique de Saint Paul hors les Murs s'est achevée, comme vous le savez, le 28 juin, l'Année Pauline, en souvenir du second millénaire de la naissance de l'Apôtre des gentils.
Rendons grâce au Seigneur pour les fruits spirituels, que cette importante initiative a apportés dans de nombreuses communautés chrétiennes. Comme précieux héritage de l'Année Pauline, nous pouvons recueillir l'invitation de l'Apôtre à approfondir la connaissance du mystère du Christ, afin qu'il soit le coeur et le centre de notre existence personnelle et communautaire. Telle est en effet la condition indispensable pour un vrai renouveau spirituel et ecclésial.
Comme j'ai pu le souligner déjà durant la première Célébration eucharistique dans la Chapelle Sixtine après mon élection comme successeur de l'apôtre Pierre, c'est vraiment de la pleine communion avec le Christ que « jaillit tout autre élément de la vie de l'Église, en premier lieu la communion entre tous les fidèles, l'engagement dans l'annonce et le témoignage de l'Évangile, l'ardeur de la charité envers tous, spécialement envers les pauvres et les petits » . Cela vaut en premier lieu pour les prêtres. C'est pourquoi, nous remercions la Providence de Dieu qui nous offre aujourd'hui la possibilité de célébrer l'Année Sacerdotale. Je souhaite de tout coeur qu'elle constitue pour chaque prêtre une opportunité de renouveau intérieur et par suite, d'une nouvelle vigueur dans l'engagement pour sa mission.

De même que durant l'Année Pauline, notre référence constante a été Saint Paul, ainsi, les mois à venir, nous regarderons en premier lieu Saint Jean-Marie Vianney, le saint Curé d'Ars, en nous rappelant le 150ème anniversaire de sa mort. Dans la lettre [68 KB] que pour cette occasion j'ai écrit aux prêtres, j'ai voulu souligner ce qui resplendit le plus dans l'existence de cet humble ministre de l'autel : « sa totale identification avec son ministère ». Il aimait dire qu'« un bon pasteur, un pasteur selon le coeur de Dieu, est le plus grand trésor que le bon Dieu puisse accorder à une paroisse et un des dons les plus précieux de la miséricorde divine ». Et, tout en réussissant à peine à réaliser la grandeur du don et du devoir confiés à une pauvre créature humaine, il soupirait : « Oh comme le prêtre est grand ! … S'il le comprenait, il mourrait… Dieu lui obéit : il prononce deux mots et Notre Seigneur descend du ciel à sa voix et s'enferme dans une petite hostie ».

En vérité, c'est justement en considérant le binôme « identité-mission », que chaque prêtre peut mieux ressentir la nécessité de cette identification progressive avec le Christ, qui lui garantit la fidélité et la fécondité du témoignage évangélique. Le titre même de l'Année Sacerdotale - Fidélité du Christ, fidélité du prêtre - met en évidence que le don de la grâce divine précède toute réponse humaine possible et toute réalisation pastorale, et ainsi, dans la vie du prêtre, l'annonce missionnaire et le culte ne sont jamais séparables, de même que ne sont jamais séparés l'identité ontologico-sacramentelle et la mission évangélisatrice. Du reste, la finalité de la mission de chaque prêtre, est, pourrions-nous dire, « cultuelle » : afin que tous les hommes puissent s'offrir à Dieu comme hostie vivante, sainte et à lui agréable (cf Rm 12.1), qui dans la création même, dans les hommes, devienne culte, éloge du Créateur, recevant de lui cette charité qu'ils sont appelés à se dispenser abondamment les uns aux autres.
On le percevait clairement dans les débuts du christianisme. Saint Jean Chrisostome disait, par exemple, que le sacrement de l'autel et le « sacrement du frère » ou, comme il dit « sacrement du pauvre » constituent deux aspects du même mystère. L'amour pour le prochain, l'attention à la justice et aux pauvres ne sont pas tant des thèmes d'une morale sociale, que l'expression d'une conception sacramentelle de la moralité chrétienne, parce que, à travers le ministère des prêtres, s'accomplit le sacrifice spirituel de tous les fidèles, en union avec celui du Christ, unique Médiateur: sacrifice que les prêtres offrent sans effusion de sang, de manière sacramentelle dans l'attente du retour du Seigneur. C'est là la principale dimension, essentiellement missionnaire et dynamique, de l'identité et du ministère sacerdotal : à travers l'annonce de l'Évangile, ils engendrent la foi chez ceux qui ne croient pas encore, afin qu'ils puissent unir au sacrifice du Christ leur propre sacrifice, qui se traduit dans l'amour pour Dieu et pour le prochain .

Chers frères et soeurs, face aux nombreuses incertitudes et difficultés aussi dans l'exercice du ministère sacerdotal, il est urgent de retrouver un jugement clair et sans équivoque sur le primat absolu de la grâce divine, en se rappelant ce qu'écrit Saint Thomas d'Aquin : « Le plus petit don de la grâce dépasse le bien naturel de tout l'univers » (Summa Theologiae, III, q. 113, à 9, à 2). La mission de chaque prêtre dépendra, par conséquent, même et surtout de la conscience de la réalité sacramentelle de son « nouvel être ». De la certitude de son identité, non pas artificiellement construite mais gratuitement et divinement offerte et accueillie, dépend l'enthousiasme toujours renouvelé du prêtre pour sa mission. Ce que j'ai écrit dans l'Encyclique Deus caritas est vaut aussi pour les prêtres : « Au début de l'"être chrétien" il n'y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais plutôt la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et avec cela la direction décisive » (n. 1).

Ayant reçu un si extraordinaire don de grâce par leur « consécration », les prêtres deviennent des témoins permanents de leur rencontre avec le Christ. Partant de cette conscience intérieure, ils peuvent accomplir pleinement leur « mission », au moyen de l'annonce de la Parole et de l'administration des Sacrements. Après le Concile Vatican II, il s'est produit ici et là l'impression que dans la mission des prêtres dans notre temps, il y avait quelque chose de plus urgent ; certains pensaient qu'on devait en premier lieu construire une société différente. La page évangélique, que nous avons écoutée au début, rappelle au contraire les deux éléments essentiels du ministère sacerdotal. Jésus envoie, dans ce temps et aujourd'hui, les Apôtres pour annoncer l'Évangile et leur donne le pouvoir de chasser les esprits mauvais. « Annonce » et « pouvoir », c'est-à-dire « parole » et « sacrement » sont par conséquent les deux colonnes fondamentales du service sacerdotal, au-delà de ses multiples configurations possibles.

Lorsqu'on ne tient pas compte du « diptyque » consécration-mission, il devient vraiment difficile de comprendre l'identité du prêtre et de son ministère dans l'Église.
Qui est en effet le prêtre, sinon un homme converti et renouvelé par l'Esprit, qui vit du rapport personnel avec le Christ, en faisant constamment siens les critères évangéliques? Qui est le prêtre sinon un homme d'unité et de vérité, conscient de ses limites et, dans le même temps, de l'extraordinaire grandeur de la vocation reçue, celle de concourir à dilater le Règne de Dieu jusqu'aux extrêmes frontières de la terre ?
Oui ! Le prêtre est un homme tout au Seigneur, puisque c'est Dieu lui-même à l'appeler et à le constituer dans son service apostolique. Et c'est vraiment en étant tout au Seigneur, qu'il est tout aux hommes, pour les hommes.
Durant cette Année Sacerdotale, qui se prolongera jusqu'à la solennité prochaine du Sacré Coeur de Jésus, prions pour tous les prêtres. Que se multiplient dans les diocèses, dans les paroisses, dans les communautés religieuses, spécialement celles monastiques, dans les associations et dans les mouvements, dans les diverses associations pastorales présentes dans le monde entier, initiatives de prière et, en particulier, d'adoration eucharistique, pour la sanctification du clergé et des vocations sacerdotales, répondant à l'invitation de Jésus à prier « le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson» (Mat 9.38). La prière est le premier engagement, la vraie sanctification des prêtres, et l'âme de l'authentique « pastorale de la vocation ».
La pénurie numérique des ordinations sacerdotales dans certains Pays, non seulement ne doit pas décourager, mais elle doit pousser à multiplier les espaces de silence et d'écoute de la Parole, à mieux soigner la direction spirituelle et le sacrement de la confession, afin que la voix de Dieu, qui toujours continue à appeler et à confirmer, puisse être écoutée et suivie promptement par de nombreux jeunes.

Celui qui prie n'a pas peur; celui qui prie n'est pas jamais seul; celui qui prie se sauve !

Un modèle d'une existence faite de prière est sans aucun doute Saint Jean-Marie Vianney.
Que Marie, Mère de l'Église, aide tous les prêtres à en suivre l'exemple pour être, comme lui, témoins du Christ et apôtres de l'Évangile.

Vêpres conclusives de l'année Pauline LE commentaire de l'encyclique