La réforme de la réforme (4)
Les explications d'Andrea Tornielli, à l'origine des rumeurs. Certes, ce n'est pas la voix du pape! Mais cela explique très bien certaines "mises au point" récentes mal interprétées (29/8/2009)
On se rappelle que le thème de la "réforme de la réforme" a fait couler beaucoup d'encre, récemment, dans les milieux concernés.
Il en a été pas mal question ici, et notamment dans cet article: La réforme de la réforme (3) .
Hier encore, dans son interviewe à l'Osservatore Romano, le cardinal Bertone s'était exprimé (très prudemment, de façon plutôt elliptique, comme un diplomate, ou je dirais ... un jésuite) en ces termes:
Les autres élucubrations et rumeurs sur de présumés documents de marche-arrière sont pure invention selon un cliché standardisé et obstinément reproposé.
Je n'étais pas certaine du tout de l'interprétation qu'on pouvait en faire (ayant tellement l'habitude de lire les accusations de retour vers le passé du Pontificat, très souvent illustrés, pour faire "couleur locale" d'un portrait de Benoît XVI joliment coiffé de son "camauro").
J'ai donc choisi de ne pas relever, mais certains se sont empressés d'y voir une mise au point du Secrétaire d'Etat.
Voire... Ce dernier se hâtait d'ailleurs d'enchaîner sur les exigences du concile Vatican II constamment promues avec intelligence et profondeur de pensée par le Pape, donnant ainsi un tout autre éclairage (plus ample) à sa remarque...
Andrea Tornielli a été à l'origine de cette énième polémique (peu grave, Dieu merci, mais qui ne demande qu'à faire des petits.)
Il est juste qu'il puisse s'expliquer. Il le fait ici sur son blog, et ce qu'il dit confirme en tout point ce que j'avais écrit.
Je le crois entièrement. Remarquons au passage quel panier de crabes est le milieu des vaticanistes...
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Article original ici: http://blog.ilgiornale.it/tornielli/...
Ma traduction:
La « réforme de la réforme » et les démentis qui ne démentent pas
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Chers amis, je reviens sur l'argument du billet que j'avais consacré le 22 août dernier aux questions discutées en assemblée plénière par la Congrégation du culte divin concernant la récupération d'un plus grand sens de la sacralité dans la liturgie.
Comme vous le savez et comme cela a été rappelé, dans l'après-midi de lundi 24 août par le sous-directeur de la Salle de presse du Saint Siège, le père Ciro Benedettini (que j'estime beaucoup) a répandu à travers Radio Vatican une déclaration verbale concernant le thème de mon article.
Voici ses paroles, extrêmement mesurées et étudiées : « Pour l'instant il n'existe pas de proposition institutionnelle concernant une modification des livres liturgiques actuellement en usage ».
Ce présumé démenti a fait le tour des blogs : plus d'un n'a pu cacher une pincée de satisfaction pour le fait que "le soussigné se soit pris une châtaigne".
En outre, dans une interviewe concédée hier à l'Osservatore Romano, le cardinal Secrétaire d'État Tarcisio Bertone a fait allusion aux reconstructions fantaisistes sur des documents « de marche-arrière » par rapport au Concile, propos que l'agence Zénit a promptement relié à mon article.
Je voudrais vous dire que le démenti du père Benedettini, plus que par mon article, a été provoqué par sa reprise dans beaucoup de blogs (après l'affaire Williamson, les blogs et les sites Internet sont maintenant constamment surveillés par le Saint Siège) qui donnaient pour imminente la « réforme de la réforme » et des modifications de la messe dans un sens plus traditionnel (ou « de marche-arrière », selon l'expression employée par le cardinal Bertone).
Avant tout, dans mon article, je n'ai jamais parlé de réformes imminentes ou de documents déjà préparés, et au final je disais clairement qu'il s'agissait du début d'un travail. Un travail long, qui ne veut pas faire descendre les choses d'en haut par imposition, mais impliquer les épiscopats. Je parlais du vote fait par l'assemblée plénière de la Congrégation, du fait que le cardinal Canizares en a présenté les résultats au Pape, du fait qu'on a commencé à étudier, non pas « des propositions institutionnelles de modification des livres de liturgiques » mais plutôt d'indications plus précises et rigoureuses concernant les modalités de célébrer avec les livres existants et dans certains cas tout juste publiés.
Tout cela pour vous dire de ne pas croire ceux qui aujourd'hui écrivent que rien n'est en cours, que le Pape et la Congrégation du culte ne pensent à rien, que la « réforme de la réforme » et la récupération d'une plus grande sacralité de la liturgie est une fausse nouvelle publiée par le soussigné.
Depuis que je suis vaticaniste j'ai commis beaucoup d'erreurs et j'en commettrai encore beaucoup, mais l'article en question, croyez moi, n'est pas parmi elles.
Du reste, le fait que « pour le moment » il n'existe pas de « propositions institutionnelles » de réforme ne dément pas le fait qu'aujourd'hui déjà, il existe des propositions à l'étude pas encore devenues « institutionnelles ».
Et il suffit de lire ce qu'en son temps a écrit le cardinal Ratzinger et ce qu'a écrit Papa Benedetto dans la lettre d'accompagnement au motu proprio Summorum Pontificum pour se rendre compte à quel point ce thème lui tient à coeur.
