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Le maestro Bartolucci et la musique liturgique

Un magnifique entretien reproduit par la lettre "Paix Liturgique" avec le maître de choeur émérite de la Chapelle Sixtine (1/9/2009)

Mon amie Carlota attire mon attention sur une superbe interviewe de Mgr Domenico Bartolucci, maître de choeur émérite de la Chapelle Sixtine, 90 ans révolu, et en pleine forme, musicien reconnu et en quelque sorte réhabilité par Benoît XVI qui organisa en son honneur un concert mémorable (dirigé par lui) en juin 2006.

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Papa Ratzinger Forum, juin 2006

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Cette interviewe réalisée par les animateurs du site "Disputationes theologicae" est publiée dans la lettre de Paix liturgique.
Elle est aussi passionnante qu'attachante par la personnalité interrogée.
J'avais déjà consacré dans ces pages au moins deux entrées au "maestro".
C'est le moment de les relire.

-> En juin 2006, un premier article de Sandro Magister, dans une traduction inédite - à l'époque - de moi (le site n'a été disponible en français qu'en novembre de la même année): Musique nouvelle au Vatican -pas seulement au Secrétariat d'Etat (j'avais déjà intitulé mon article "La réforme de la réforme"!), mettant en parallèle la "réhabilitation" du Maestro Bartolucci, et le remplacement d'Angelo Sodano par Tarcisio bertone au secrétariat d'état. http://beatriceweb.eu/Blog06/...

-> Un second article de Sandro Magister datant de juillet 2006 , qui, à propos de la réforme de la liturgie, compare Benoît XVI à un Napoléon sans généraux: reproduisant ici la traduction du site http://www.scholasaintmaur.net/.

L'interviewe ci-dessous est le point d'orgue de cette réflexion sur le rôle du chant grégorien et de la polyphonie sacrée dans la liturgie, et une critique sans langue de bois des excès dans les célébrations post-conciliaires, pour lesquelles il fait preuve d'un humour ravageur et réjouissant.

Elle mériterait d'être citée en entier, mais je suis obligée de m'appliquer mes propres principes, je dois donc me contenter d'"extraits"!! , recommandant à mes lecteurs de la lire en entier sur le site Disputationes theologicae, auteur de la traduction.


Extraits (larges)


Introduction de Paix Liturgique:

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Nous remercions vivement les animateurs du site "Disputationes theologicae" dont nous reproduisons le passionnant entretien qu'il ont eu avec Mgr Domenico Bartolucci, maître émérite de la chapelle Sixtine, une personnalité experte en liturgie comme aucune autre, depuis les campagnes toscanes et leurs immanquables processions populaires accompagnées par la fanfare, jusqu’aux fastes et aux splendeurs de la « chapelle papale » dans les Palais apostoliques. Son verbe haut et ses expressions typiquement toscanes – malheureusement difficiles à rendre dans cette traduction française – comme les anecdotes dont il ponctue ses réponses, expriment mieux que de longs discours les convictions d’un homme d’Église qui a vécu dans la souffrance, avec elle, les tumultes des dernières décennies.

Q: Maître, la publication récente du Motu proprio Summorum Pontificum a apporté un vent d’air frais dans le panorama liturgique désolant qui nous entoure… en avez-vous profité vous-même pour célébrer la « messe de toujours » ?
R: A vrai dire, j’ai toujours célébré cette messe, de façon ininterrompue depuis mon ordination… En fait j’aurais même des difficultés à célébrer la messe du rite moderne, puisque je ne l’ai jamais dite

Q: Pour vous, elle n’a donc jamais été abolie ?
R: Ce sont les paroles mêmes du Saint Père, même si certains font mine de ne pas le comprendre, et même si beaucoup ont soutenu le contraire dans le passé.

Q: Pensez-vous que les fidèles soient moins enthousiasmés par la forme traditionnelle du rite, à cause de son aspect peu « participatif » ?
R: Allez, il ne faut pas dire de bêtises ! Moi j’ai connu la participation des fidèles autrefois, aussi bien à Rome, dans les basiliques, qu’à travers le Monde, et ici-même dans le « Mugello », dans cette paroisse, dans cette belle campagne autrefois peuplée de gens pleins de foi et de piété. Le dimanche à vêpres, le prêtre aurait pu se contenter d’entonner le « Deus in adjutorium meum intende », et puis se mettre à dormir sur la banquette jusqu’au capitule : les fidèles auraient continué tout seuls et les pères de famille auraient entonné, un par un, les antiennes !

Q: C’est donc pour vous une vaine polémique, par rapport à l’actuel style liturgique ?
R: Hélas, je ne sais pas si vous avez déjà assisté à des funérailles : Alléluias, applaudissements, des phrases loufoques, au point de se demander si ces gens ont déjà lu l’évangile : Notre-Seigneur lui-même pleure sur Lazare et sur la mort… Avec ce fade sentimentalisme, on ne respecte même pas la douleur d’une mère. J’aurais voulu vous montrer comment autrefois le peuple assistait à une messe des morts, avec quelle componction et quelle dévotion on entonnait le magnifique et terrible Dies Irae !

(..)

Q: Nous sommes bien d’accord avec vous, Monseigneur, mais il est vrai aussi qu’autrefois les gens n’y comprenaient rien…
R: Chers amis, n’avez-vous jamais lu saint Paul : « il n’est pas nécessaire de savoir plus que ce qui est nécessaire » : il faut aimer la connaissance ad sobrietatem. Avec cet état d’esprit, dans quelques années on prétendra comprendre la transsubstantiation comme on explique un théorème de mathématiques… Mais le prêtre lui-même ne peut comprendre entièrement un tel mystère !

Q: Alors comment en est-on parvenu à un tel effondrement de la liturgie ?
R: Ça a été une mode, tout le monde parlait, tout le monde « rénovait », tout le monde pontifiait, sur la base d’un sentimentalisme qui prétendait tout réformer, et on faisait taire habilement les voix qui s’élevaient en défense de la tradition bimillénaire de l’Église. On a inventé une sorte de « liturgie du peuple »… lorsque j’entendais ces ritournelles, je me souvenais des paroles de l’un de mes professeurs de séminaire, qui nous enseignait que « la liturgie est l’œuvre du clergé, mais elle est pour le peuple ». Il voulait dire par là qu’elle doit descendre de Dieu et non pas monter à partir de la base. Je dois pourtant reconnaître que cet air corrompu s’est maintenant raréfié : les nouvelles générations de prêtres sont peut-être meilleures que celles qui ont précédé ; les jeunes prêtres ne sont plus ces idéologues furieux doublés de modernistes iconoclastes : ils sont plein de bons sentiments, mais ils manquent de formation…

(..)

Q: Pour revenir sur la crise liturgique, vous, Monseigneur, êtes-vous favorable à un retour en arrière ?
R: Regardez : défendre le rite antique ne consiste pas à être passéiste, mais à être « de toujours ». Par exemple, c’est une erreur d’appeler la messe traditionnelle « messe de saint Pie V » ou « messe Tridentine », comme s’il s’agissait de la messe d’une époque particulière. Notre messe romaine est au contraire universelle, dans le temps et dans le lieu : une unique langue de l’Océanie à l’Arctique.

(..)
Prenons par exemple les innovations des années 70 : des chansonnettes laides et pourtant tellement en vogue dans les églises en 1968 sont aujourd’hui déjà des pièces de musée. Lorsqu’on renonce à la pérennité de la Tradition pour s’immerger dans le temps, on est aussi condamné à suivre les changements de modes.

(..)

Q: Maître, alors où en sommes-nous dans la restauration de la musique sacrée et de la liturgie ?
R: Je ne nie pas qu’il y ait quelque signes de reprise… mais je vois tout de même persister une sorte d’aveuglement, comme une certaine complaisance pour tout ce qui est vulgaire, grossier, de mauvais goût, et aussi pour ce qui est doctrinalement téméraire… Ne me demandez pas, je vous en prie, mon avis sur les « guitarades » et les chansonnettes qu’ils nous chantent encore pendant l’offertoire. Le problème liturgique est sérieux : il faut cesser d’écouter la voix de ceux qui n’aiment pas l’Église et qui s’opposent au Pape. Si on veut guérir un malade, il faut d’abord se souvenir que « le médecin timoré laisse la plaie s’infecter (il medico pietoso fa la piaga purulenta) »…

(Interview Pucci Cipriani, Stefano Carusi - Traduction française Matthieu Raffray)

La réforme de la réforme (4) Le « Ratzinger Schülerkreis »