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St François, St Bonaventure, et Joseph R.

Un article de Paolo Rodari, écrit juste avant la visite à Viterbe et Bagnoregio (9/9/2009)

Rodari, comme d'habitude, avait fait un très bon travail de journaliste.
Article en italien ici: http://www.paolorodari.com/...
Ma traduction.
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[Je ne reproduis pas le dernier échange, assez incompréhensible par rapport à ce qui précède (et de toutes façons dépassant mes compétences théologiques), et concession probable à la personnalité interrogée; il ne sert sans doute qu'à justifier le titre de l'article (car Bonaventure était franciscain): l'itinéraire de Ratzinger vers Saint-François. ]

Le Pape à Viterbe ou l'itinéraire de Ratzinger vers Saint-François
6 septembre 2009
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Un voyage sur les traces de Saint Bonaventure. C'est la visite que le Pape accomplit le 6 septembre à Viterbe et Bagnoregio, la ville natale du saint dont la relique est vénérée dans la Cathédrale Saint Nicolas.
Benoît XVI n'a jamais caché son attirance pour la pensée de Saint Augustin et pour l'école agostinienne dont le franciscain saint Bonaventure de Bagnoregio est le plus insigne représentant.
Le Père Pietro Messa, président de l'École Supérieure d'Études Médiévales et Fransiscaines de l'Université Pontificale Antonianum de Rome, est parmi les plus grands experts italiens d'études franciscaines.
Il nous explique la signification de cette visite papale et, en même temps, les liens entre le pontificat ratzingérien et Saint Bonaventure.
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« La visite à Bagnoregio est comparable à celle du 22 avril 2007 à Pavie en l'honneur de Saint Augustin : toutes les deux désignent deux Docteurs de l'église, un de l'époque patristique et l'autre médiévale, qui eurent un rôle important dans la formation théologique du Pape lui-même.
Et ici il convient de mettre en évidence un fait important pour comprendre le magistère de Benoît XVI: d'habitude les Pontifes ont pris grand soin de distinguer leurs oeuvres personnelles, surtout avant l'élection à la papauté, de leurs discours ou écrits en tant que pontifes. L'exemple le plus emblématique est le pape Pie II qui disait à ses fidèles d'oublier ce que pensait Enea Silvio Piccolomini, c'est-à-dire lui-même avant l'élection au pontificat, et de ne suivre que ce qui était indiqué par le pape Pie ».

- Et pas Benoît XVI ?
- « Papa Ratzinger dans ses discours renvoie parfois à des oeuvres écrites par lui avant l'élection pontificale. Par exemple cela s'est produit le 7 juin 2008 dans le discours aux participants du symposium européen des professeurs d'université, où il cita le chapitre III de son ouvrage "Introduction au christianisme". Si l'on veut comprendre la pensée de Benoît XVI - y compris la dernière encyclique - il n'est pas possible de faire abstraction de sa formation passée ».

- Quel passage représente l'étude de Bonaventure dans l'itinéraire culturel de Benoît XVI ?
« À cette question il a répondu lui-même lorsque, devant se présenter à l'occasion de sa nomination comme membre de l'académie Pontificale des sciences, le 13 novembre de 2000, il prononca un discours dans lequel il dit (ndt: le texte en italien est disponible ici, sur le précieux site de Raffaella consacré aux écrits de Joseph Ratzinger, traduction peut-être à venir...) : "Mon travail post-doctoral fut centré sur Saint Bonaventure, un théologien franciscain du XIIIème siècle. Je découvris un aspect de la théologie de Saint Bonaventure, qui n'était pas basé, pour ce que j'en sais, sur la littérature précédente : sa relation avec une nouvelle idée de l'histoire conçue par Joachim de Flore au XIIème siècle. Joachim entendait l'histoire comme une progression depuis la période du Père (un temps difficile pour les êtres humains sous la loi), vers une seconde période de l'histoire, celle du Fils (avec une plus grande liberté, plus de franchise, plus de fraternité), jusqu'à une troisième période de l'histoire, la période définitive de l'histoire, le temps de l'Esprit Saint. Selon Joachim, cette dernière devait être le temps de la réconciliation universelle, de la réconciliation entre l'est et l'ouest, entre les chrétiens et les juifs, un temps sans loi (au sens paulinien), un temps de vraie fraternité dans le monde. L'idée intéressante que je découvris fut qu'un courant significatif de franciscains était convaincu que saint François d'Assise et l'ordre franciscain marquaient le début de cette troisième période de l'histoire, et eurent l'ambition de l'actualiser; Bonaventure maintint un dialogue critique avec ce courant".

- En ce qui concerne la formation de Benoît XVI, qui s'exprime aussi dans son pontificat, quel rôle revêt sa thèse sur la théologie de l'histoire de Saint Bonaventure ?
« Les éléments sont nombreux. Par exemple, si l'abbé Joachim de Flore, commentant le récit des noces de Cana dit que l'épouse est le symbole de l'Esprit Saint, rompant ainsi avec toute la tradition patristique, Bonaventure affirme péremptoirement la centralité du Christ. Si l'on pense au souci du Pape d'affirmer la centralité de Jésus de Nazareth, comme il l'a fait dans son livre, on ne peut que trouver des points de rencontre. Ainsi aussi, alors que le joachimisme voyait se profiler le dépassement de l'âge chrétien, on ne relève rien de cela chez Bonaventure; en considérant tout ceci, il n'est pas difficile penser à l'appel de Benoît XVI à lire l'histoire de l'Église dans l'optique de la réforme dans la continuité plutôt que de la rupture. Et on pourrait faire d'autres exemples ».

- Lesquels ?
« Mgr Amato (préfet de la congrégation pour la cause des saints, ndt) rappelle une conséquence durable que Bonaventure laissa dans la mentalité de Ratzinger, lequel n'aurait jamais accepté, comme contraire à la pensée eschatologique neotestamentaire, la thèse franciscaine selon laquelle il y aurait sur la terre l'avènement d'une ère finale des pauvres, précédant l'entrée de l'histoire dans l'éternité de Dieu. Encore avant la théologie de la libération, Ratzinger évaluait déjà de façon négative cette anticipation médiévale de l'eschatologie libérationiste ».

La main du Pape La réforme de la réforme du père Scalese