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Foi et art moderne

Suite de la série d'articles sur les rapports entre l'Eglise et l'art, à propos de la prochaine rencontre du Pape avec le monde des artistes (23/9/2009)

Les autres articles


Qu'on ne me croie pas obsédée.
Le sujet m'intéresse beaucoup, c'est vrai, et j'ai hâte d'entendre le Saint-Père s'exprimer dessus, mais l'article que je traduis ici m'est tombé sous les yeux absolument par hasard, je veux dire que ce n'était pas en rapport avec une recherche sur ce thème (je recherchais sur le très intéressant blog Fides et Forma des articles de Francis Colafemmina) . Presque un signe, pour moi.
En plus d'illustrer à la perfection les questions soulevées dans les précédents articles , il traitait en passant du thème de la nudité chez Michel-Ange. Ou plus exactement de l'utilisation idéologique qui en est faite de nos jours, en opposition avec la figure de l'"artiste théologien" magistralement brossée par Timothy Verdon .

Pour en savoir plus sur l'exposition évoquée par F. Colafemmina, il faudrait prendre le temps de visiter le site du diocèse de Trapani, qui consacre plusieurs articles vraiment d'anthologie (pas forcément dans le bon sens!) au rapport entre art moderne et foi, et incidemment, à l'attitude des pasteurs, mais publie aussi des images éloquentes.
A noter cet extrait d'un article écrit par une critique d'art contemporain, dont le titre à lui seul résume la gravité du problème soulevé: L'oeuvre d'art qui fait scandale, est-ce un acte de foi?
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L'article traduit ci-dessous apporte un antidote bienvenu, et aussi un utile argumentaire contre ces errements.

Vendredi 13 Mars 2009
Si ça, c'est «un crucifix!
http://fidesetforma.blogspot.com/...
Francis Colafemmina
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Loin de vouloir ouvrir une polémique stérile, je voudrais attirer l'attention sur un événement admirable de ces derniers jours. Je veux parler de l'exposition qui s'est tenue à l'église Saint Albert de Trapani (Sicile,) au titre aussi exubérant que puéril "Across the cross" (voir ici).

Cette exposition s'insère dans un événement plus important, l'arrivée à Trapani, dans l'exposition parallèle "Fulget mysterium Crucis", d'un crucifix attribué à Michel-Ange (ndt: en réalité, l'authenticité s'est avérée plus que douteuse) et récemment acheté par l'Etat pour le chiffre absurde de 3,2 millions d'euros.
(voir ici la galerie-photos du Corriere della Sera )

Puisqu'il est question du crucifix de Michel-Ange, cela vaut la peine de dire un mot de plus sur ce «produit de série», comme l'a défini avec autorité un critique d'art.
L'attribution à Michel-Ange de cette objet est très douteuse et contestée par de nombreux universitaires.
Mais parfois, plus que les vues des universitaires, ce qui importe, c'est d'avoir la bouche pleine du nom d'un artiste immortel et d'une certaine idéologie qu'on veut lui attribuer. Je veux parler de l'idéologie du nu "Michel-Angélien" (ndt: on m'excusera ce néologisme pour traduire l'italien michelangiolesco) . C'est un fait désormais bien établi que l'exaltation de la nudité est un trait de Michel-Ange particulièrement apprécié par la critique, presque un trait de modernité vivante et de rébellion de l'artiste. C'est peut-être pour cette raison que le crucifix tellement aimé lui est attribué: en effet, ce travail montre un Christ nu. (2)
Mais je ne voudrais pas passer pour un moraliste hypocrite et puritain. Concentrons donc plutôt la réflexion sur la manière dont la sensibilité contemporaine se sent attirée par d'hypothétiques références naturistes dans l'art sacré. Un fait facilement vérifiable et détestable à la fois.

Se questo è un crocifisso

Mais revenons-en à la retentissante expo "Across the cross".
L'exposition présente des oeuvres contemporaines réalisées par différents artistes. Sur le site du diocèse de Trapani, on peut lire: "participent à l'exposition des artistes italiens et étrangers, chrétiens et non chrétiens, des athées et des agnostiques qui se sont mesurés au thème de la croix chacun de leur point de vue. ...."
[ndt: j'ai traduit d'autres précisions assez stupéfiantes sur le site du tourisme de Trapani (1)]

Donc, cette exposition présente des oeuvres d'artistes chrétiens et non chrétiens, des athées et des agnostiques, promouvant et faisant connaître l'indifférentisme religieux en face d'un thème comme la croix chrétienne.
La question est: ce genre de manifestations provinciales qui voudraient se faire passer pour des expériences culturelles majeures est-il compatible avec une culture catholique vivante et réelle?

Personnellement, je ne crois pas. Et je voudrais ajouter que ces événements où exposent des artistes de niveaux différents mais tous unis par l'adhésion à l'art contemporain, sont clairement en contradiction avec la conception chrétienne de l'art.

L'art contemporain est en effet un art subjectif et puissamment informel. Il renonce à la forme ou bien il la retravaille jusqu'à ce qu'elle devienne méconnaissable, en un jeu évident où l'artiste créateur fait passer son propre langage de communication avant celui, interprétatif, du public. Il n'y a pas la possibilité typique de l'art figuratif classique de greffer sa propre personnalité artistique sur un langage formel commun, et compris par tous (quoiqu'aux différents degrés de lecture d'une oeuvre). Au contraire, l'artiste contemporain est créateur, lecteur et interprète unique et sélectionné de son œuvre. Par ailleurs, la particularité de l'art contemporain (à savoir l'absence d'un langage formel commun) est en contradiction évidente avec l'objectivité communicative et l'universalité du langage chrétien. Pour cela et pour d'autres raisons, je crois que l'incompatibilité de l'art contemporain avec le catholicisme est évidente et même inquiétante.

Ce qui me surprend, cependant, c'est que ces rélexions - disons-le plutôt banale -, ne sont jamais mises en avant par les pasteurs de l'Eglise contre l'entreprise d'initiatives culturelles sui generis comme celle de Trapani. Bien au contraire, les évêques et les curés se font propagateurs actifs de cette insertion obscène de l'art contemporain dans la sacralité "catholique" (=universelle) de l'Eglise. Pourquoi le font-ils?
Peut-être (c'est la réponse la moins dure) parce que l'art contemporain est à la mode et permet également aux ignorants de se mettre en valeur, par des interprétations imaginatives et bizarres de gribouillages et d'obscénités. Et cela est considéré par certains pasteurs comme une bonne chose qui "réunit", qui rend l'Eglise agréable et moderne. Ce qui signifie qu'au lieu de "réunir" avec le message du Christ ils préfèrent "réunir" avec des balivernes

Mais la réponse la plus inquiètante, c'est que beaucoup de pasteurs et de prêtres croient vraiment à l'art contemporain. Parce qu'ils ont abandonné et rejeté le «formalisme» pour passer à un inquiétant "spiritualisme" à tendance ésotérique, qui s'adapte mieux aux œuvres d'art contemporain. En outre, comme nous l'indique le communiqué du diocèse de Trapani, les artistes contemporains " se sont mesurés chacun de leur point de vue» sur le thème de la croix.
Le relativisme artistique n'est donc plus nuance interprétative ou figurative d'un fait objectif comme la croix du Christ, mais l'interprétation de la Croix-même.
Une véritable hérésie [dénoncée par Pie X dans son encyclique Pascendi Dominici Gregis]
(..)

Saint Pie X nous a averti, par la théologie, que la tentative de réduire le dogme ou la manifestation objective de la foi chrétienne à des symboles est une façon très dangereuse pour détruire de l'intérieur la religion chrétienne. Appliquant cette méthode à l'art, le remplacement de l'objectivité du signe en un symbole sujet à des interprétations multiples est une pratique similaire analogue de destruction de la religion chrétienne.

Cette tentative commencée il y a plus d'un siècle est maintenant une réalité arrivée à maturité qui, apparemment, fait sentir ses effets non seulement dans le troupeau du Christ, mais surtout auprès de ses pasteurs.

Notes

(1) Lu sur le site de l'office du tourisme de Trapani:
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Parmi les œuvres présentées, «Le chaman» de 1989, par George Dick Young, jeune communiste de l'ex RDA, qui quelque temps après la chute du mur, prend un morceau de carton et y colle une page d'une édition de la Bible de 1700, termine avec un trait de couleur rouge et blanc - les couleurs qui représentent le sang et l'eau - et à l'encre, trace une petite croix dansante. Le Christ comme le chaman qui, dans la culture africaine, évoque le retour des dieux, représente celui qui invoque la présence de Dieu sur la terre.
...
Particulier aussi, le dessin au crayon sur papier par l'artiste milanais Marco Papa. Dans la cathédrale de Montréal, le Christ "Pantocrator" fait entrer Adam dans le jardin d'Éden au pas de danse. Le crucifix de Marco Papa danse sans la croix: c'est le nouvel Adam qui rentre en dansant dans le paradis, anticipant la résurrection. La danse dans la tradition anthropologique, c'est la communion et la réciprocité. Marco Papa a eu l'inspiration de son œuvre la plus importante dans la rencontre avec l'acteur Gene Anthony Ray, qui jouait dans la célèbre série télévisée «Saranno Famosi». Marco Papa a vécu avec l'acteur dans la dernière période de sa vie où, abandonné par tous, il a fini ses jours, seul, tué par le sida.
.......
Commentaire personnel:
Sans commentaire, justement. Ou plutôt, si: avec le cardinal Schönborn, l'exemple vient de très haut.

(2) A propos du Christ nu de Michel-Ange:
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Je me souviens parfaitement qu'il avait été présenté au Saint-Père, qui a admiré l'objet, évidemment. Je n'en avais pas parlé, car j'éprouvais une certaine réticence, et même, je l'avoue, une certaine gêne devant l'image de ce Christ dénudé. Eh oui...
Pour se convaincre de la légitimité de mes... disons, scupules, on lira cet article d'un blogueur canadien:
Extrait:

«  Voici, à ma connaissance, le premier crucifix où Jésus est représenté nu.
(..)
Si vous cliquez sur l'image pour zoomer (ndr: il y a une image, que l'on peut voir en vignette, et en grand format) sans doute ne remarquerez-vous pas -parce que vous avez été éduqué à ne pas remarquer- que ce Jésus -qui est en principe un Juif- n'est pas circoncis comme tout Juif l'était et l'est encore quelques temps après sa naissance. (..)
Ce beau dieu grec sur la croix est le Christ, le dieu des Chrétiens, pas du tout Jésus, le fiévreux prophète juif dont il fallait éventuellement faire disparaître le peuple d'origine pour faire oublier les origines non romaines de la religion chrétienne (c'est je crois l'une des origines de l'antisémitisme occidental qui a culminé dans le nazisme).
L'opération aurait peut-être réussi si Michel-Ange (poussé sans doute par son amour des garçons et des nudités masculines) avait obéi au mot d'ordre millénaire de ne pas représenter Jésus nu sur la croix mais toujours avec un pagne ou un caleçon(??)  ».

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