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Benoît XVI et les medias

Le cardinal Bagnasco met les points sur les "i": il s'agit d'anticléricalisme. (4/10/2009)

Les présidents des Conférences épiscopales d'Europe se sont réunies à Paris du 1er au 4 octobre.
Leurs travaux ont été recouverts par le voile pudique d'une grande discrétion. Aucun écho dans les medias français, au moins à ma connaissance.
Le thème « Eglise et Etat, vingt ans après la chute du mur de Berlin » devait servir de fil conducteur (voir sur le site de la CEF).

Il est vraiment dommage que personne n'ait su ce qui se disait, car le cardinal Bagnasco, président de la CEI, a fait une intervention assez remarquable.

Le cardinal a dénoncé assez vigoureusement la dérive médiatique d'un anticléricalisme assumé, qui déforme sciemment les propos du Pape, et qui fait apparaître l'Eglise comme une Eglise des non, ennemie de la science, et indifférente aux besoins de l'homme, dans le seul but de l'exclure du débat publique.
Mais il l'a fait devant ses confrères, alors que le discours s'adressait aussi à eux, bien sûr, à leur frilosité et à leurs divisions, mais surtout... aux médias. Faute de couverture médiatique, justement, sa charge perd singulièrement de sa force.

Sur le même thème, le blog Fides et Forma (Contre le Pape: la stratégie de la tension ) s'était permis un peu plus de pugnacité.

Discours du Card. Bagnasco à la CEE


Les médias et le pape: une année difficile
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Je salue et je remercie le Cardinal Président et tous les frères dans l'épiscopat pour l'invitation à illustrer ce thème important: "Les médias et le pape: une année difficile."

Il s'agit d'un thème complexe et très important, compte tenu de l'importance assumée par les médias dans la société mondialisée d'aujourd'hui, et des risques associés à leur mauvaise utilisation, en particulier de nos jours, où «de façon de plus en plus marquée, la communication semble avoir quelquefois la prétention non seulement de représenter la réalité, mais de la déterminer, en raison de la puissance et du pouvoir de suggestion qu'elle possède »(Benoît XVI, Message pour la 42e Journée mondiale des communications, 24 Janvier 2008).
En se basant sur l'analyse de l'expérience italienne, qui offre un point d'observation privilégié à bien des égards, nous pouvons dire que, dans la première période, la représentation médiatique de la papauté de Benoît XVI a été dans l'ensemble adéquate et nettement positive.
Les perplexités de certains commentateurs, principalement liée à la projection sur le nouveau Pontife des stéréotypes pas toujours entièrement positifs se référant au cardinal Ratzinger (ndt: hum... que de circonlocutions, pour dire que le Pape a été la cible d'attaques répétées et indignes, dès avril 2005!) ou à son prétendu manque de capacité à communiquer, ont été très vite surmontés ou au moins redimensionnés par un jugement plus attentif au contenu de Magistère, et la reconnaissance de l'attrait particulier exercé par le Pape sur les foules en dépit de son style volontairement sobre, mettant l'accent sur les mots plutôt que sur les gestes.
Cette attraction a été alimentée par plusieurs manifestations importantes qui se sont imposées en termes médiatiques, tels que la visite à la Synagogue de Cologne, accomplie au cours du premier voyage en Allemagne, le 19 Août 2005, ou la visite au camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, faites au cours du voyage en Pologne le 28 Mai 2006, ou encore à la Mosquée bleue d'Istanbul, au cours du voyage Turquie, le 30 Novembre 2006, ou enfin la Lectio magistralis à l'Université de Ratisbonne le 12 Septembre 2006.

Outre ces événements d'impact notoire, l'attention des médias a été catalysée par les interventions de Benoît XVI sur ce qu'on appelle les «principes non négociables» et sur les racines chrétiennes de l'Europe, qui ont suscité un vaste débat public dans les principaux pays européens.

On a cependant accordé moins d'attention à certaines rencontres pleines de sens pour la vie ordinaire de l'Eglise, comme les visites aux paroisses de Rome, les entretiens avec des groupes, et les catéchèse du mercredi, qui, en réalité, sont souvent l'occasion d'une activités de prédication et de témoignage du Pape, mériterant d'être bien davantage soulignée et approfondie.

Il y a ici un risque, qui a émergé dès la deuxième année du pontificat et qui s'est accentué progressivement, d'une représentation réductrice des médias, tendant à minimiser le Pape comme témoin et prédicateur de l'Evangile et à sur-représenter le pape intellectuel et politique, à privilégier les interventions jugées potentiellement conflictuelles, plus utiles pour les gros titres, et à négliger les questions fondamentales qui révèlent les priorités de son pontificat.

Ces priorités notoires peuvent être brièvement rappelés.
La première est représenté par Dieu lui-même, par la relation avec Lui et par la foi en Lui dans le Christ Seigneur Jésus qui nous l'a révélé. Dans cette perspective, on peut parler d'une priorité, «christologique», qui se manifeste en particulier dans le livre Jésus de Nazareth, qui pousse le Pape Benoît XVI à réaffirmer fermement que Jésus-Christ est le chemin vers Dieu le Père, notre unique Sauveur, la véritable essence de la foi chrétienne.
L'Eglise doit rendre Dieu présent dans ce monde et donner aux gens l'accès à Dieu. Cette mission est assurée principalement par la prière personnelle et liturgique, et nécessite d'avoir à coeur l'unité des croyants: ce sont là, la prière et l'unité des croyants, les autres priorités de son pontificat, qui concernent tous, chacun selon leur propre responsabilité.
Une dernière priorité qu'il semble opportun de rappeler ici est la clarification d'un véritable concept de liberté, nécessaire à la vie de la personne et pour le bien de la société. À cet égard, Benoît XVI, rejetant toute conception de l'éthique se référant à ce qu'il décrit comme la «dictature du relativisme», souligne que la liberté de la personne est intrinsèquement relationnelle et ne peut pas exclure la responsabilité envers l'autre. La liberté n'est liberté, et on peut le constater, que si elle est en relation avec la valeur indisponible (i.e. dont on ne peut disposer) de chaque vie, de la paix, de la justice, de la solidarité et de tous les biens humains fondamentaux au respect desquels elle doit être éduquée.
Si on ignore, ou néglige ce cadre de priorités, dans lequel s'inscrivent les différentes actions du pape, il est difficile d'éviter les représentations partielles et trompeuses, les critiques idéologiques et préconçues, les lectures destinées à faire dire au Pape ce que de toute évidence il ne dit pas, jusqu'à alimenter des formes d'ostracisme étrangères au processus démocratique.
Certaines controverses récentes des médias tombent dans ce type de dérive, telles que celles résultant du célèbre discours de Ratisbonne, du Motu proprio permettant l'usage de la liturgie pré-conciliaire, ou de la remise de l'excommunication aux quatre évêques lefebvristes, ou des éclaircissements sur la nature du dialogue interreligieux, ou des considérations sur les limites de l'utilisation des préservatifs, durant le voyage en Afrique.
Dans tous ces cas, une présentation correcte aurait permis de surmonter les malentendus et de clarifier la portée réelle d'interventions qui, loin de justifier certaines critiques sévères qu'on a pu enregistrer, développaient de façon cohérente certaines orientations et priorités du pontificat mentionnés ci-dessus.
On a préféré au contraire une lecture partielle et souvent franchement erronée, qui conduit à se demander si chez certaines composantes de la culture et les médias on ne prend pas le chemin d'un anticléricalisme destiné à masquer le vrai visage de l'Eglise et à fausser le sens de son message, afin de le faire ressembler à un discours incohérent ou anachronique, l'Eglise apparaissant uniquement animée par la volonté "de construire des murs et de creuser des fossés", en particulier dans le domaine de l'éthique. Ce serait l'Eglise du «non», ennemie de l'homme, indifférente à leurs besoins, obscurantiste et contraire à la rationalité scientifique.

En réalité, indiquer le risque que le manque de respect inconditionnel de l'être humain peut avoir sur la dignité de l'homme n'est certainement pas un signe d'hostilité envers la science, ni de résistance obtuse à la modernité; c'est le devoir de l'Église que de le signaler, leur signalement est plutôt un symptôme de sollicitude et d'amitié: un ami ne peut pas ne pas signaler un danger.

L'essentiel de l'Eglise se résume dans le grand "oui" avec lequel elle répond à l'amour du Seigneur, le désignant à tous. C'est pourquoi elle parle principalement de Dieu et de la vie éternelle, c'est-à-dire destinée à n'avoir pas de fin. Elle parle d'espérance et de bonheur. Certains «non», qu'à un certain point, l'Église considère devoir dire, sont la conséquence précise d'une éthique du "oui", et encore plus profondément, d'une éthique de l'amour, au nom de laquelle on ne peut, dans le but d'obtenir un consensus aussi facile qu'éphémère, échanger, au détriment de qui que ce soit, le mal pour le bien.
Certains milieux souhaiteraient peut-être une Eglise qui soit ou bien passivement alignée avec l'opinion dominante qui s'autoproclame progressiste, ou bien simplement muette. Les lignes de démarcation claires, qui nécessitent parfois des choix déchirants pour la conscience, et presque toujours pas faciles, ne sont certes pas en harmonie avec un monde où la relativité (ou le relativisme) de l'éthique et de la morale soustrait le choix à la conscience, dans des limbes où tout est au delà du bien et du mal.

Toutefois, l'Eglise ne peut pas se soustraire à sa mission. Exprimer sa foi librement, participer au nom de l'Evangile au débat public, apporter sereinement sa propre contribution dans la formation des orientations politiques et législatives en acceptant toujours les décisions prises par la majorité, ne peut pas passer pour une menace pour l'Etat laïque.
L'Église ne veut imposer à personne sa morale "religieuse": elle proclame depuis toujours, et ne peut pas ne pas proclamer - en même temps que les principes typiquement religieux - les valeurs fondamentales qui définissent la personne et en assurent la dignité, sans alimenter les polémiques, mais en privilégiant toujours la méthode de la confrontation sereine et constructive et la recherche du bien commun.
Un rôle essentiel pour la connaissance et la diffusion de ces valeurs, rappelé avec une clarté exemplaire par le Magistère de Benoît XVI, revient aujourd'hui à la presse. On peut espérer que, dans l'exercice d'une tâche aussi délicate la raison l'emportera toujours, avec les critères d'une responsabilité déontologique qui si elle n'exclut pas la possibilité d'une critique fondée et constructive, trouve toutefois sa justification ultime dans la capacité de contribuer à la connaissance et à la recherche vérité.

Cardinal Angelo Bagnasco
Archevêque de Gênes
Président de la Conférence épiscopale italienne

(Source: Raffaella)

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