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Italie: l'heure d'Islam à l'école

Dossier, sur une affaire qui ne concerne pas seulement nos voisins, et qui pourrait bien s'inviter prochainement chez nous. Un article de Vittorio Messori, et un du Père Scalese (20/10/2009)

 

Pour situer la polémique

Cette dépêche de l'AFP, reproduite dans La Croix, hier:

Italie: l'Eglise contre l'enseignement de l'islam à l'école
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L'heure d'enseignement de la religion musulmane envisagée par le gouvernement "ne fait pas partie de notre culture", estime le président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Angelo Bagnasco, dans un entretien publié dimanche par le Corriere della Sera.
"L'heure (d'enseignement) de religion catholique se justifie par le fait qu'elle fait partie de notre histoire et de notre culture. La connaissance du fait religieux catholique est indispensable pour la compréhension de notre culture", explique le cardinal.
"Il ne ne me semble pas que l'heure de religion envisagée (par le gouvernement pour la religion musulmane) corresponde à cette motivation raisonnable et reconnue", affirme-t-il.

Le vice-ministre au Développement économique Adolfo Urso a proposé d'introduire dans les écoles publiques et privées une heure de religion musulmane, facultative et alternative à l'heure de religion catholique, pour éviter de laisser les élèves muslmans "dans les ghettos des écoles islamiques intégristes".
La proposition a été accueillie favorablement à gauche, notamment par l'ancien président du conseil Massimo d'Alema, qui a évoqué "une proposition difficile à mettre en oeuvre mais tout à fait raisonnable".
A droite, en revanche, si le président de la Chambre des députés Gianfranco Fini a parlé de "bon sens élémentaire qui va dans l'intérêt national de la cohésion sociale", la Ligue du Nord, le parti anti-immigrés allié de Silvio Berlusconi, a qualifié ce projet de "provocation".
...

Notons une fois de plus l'attitude de GianFranco Fini , qu'on ne peut décemment plus classer "à droite", et qui n'en finit pas der renier son passé "fasciste" (Notes explicatives )

Le site musulman Oumma.com relaie aujourd'hui la polémique avec une hostilité indéniable, rapportant à sa manière (qu'on ne peut certes lui reprocher, c'est de bonne guerre, si j'ose dire!) la dépêche de l'AFP, qui n'avait pas d'autre but:

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En Italie, le sermon de l’Eglise contre l’enseignement de l’islam à l’école
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Quand le gouvernement italien esquisse un premier pas vers l’enseignement de la religion musulmane à l’école, l’Eglise freine des quatre fers contre ce qu’elle considère être une hérésie politique par la voix du cardinal Angelo Bagnasco, président de la Conférence épiscopale italienne.
Pointant un doigt accusateur vers le vice-ministre au Développement économique Adolfo Urso, à l’origine de la proposition d’introduction d’une heure de religion musulmane dans les écoles publiques et privées, l’homme d’église dénonce dans les colonnes du quotidien Corriere della Sera une ineptie culturelle qui « ne fait pas partie de l’histoire italienne », se lançant dans une homélie moralisatrice en faveur de la connaissance exclusive du fait religieux catholique.
Au pays de la résidence papale, ce projet éducatif a pourtant réussi à faire consensus au-delà des clivages politiques traditionnels, la gauche évoquant "une proposition difficile à mettre en oeuvre mais tout à fait raisonnable", tandis que la droite, par l’intermédiaire du président de la Chambre des députés Gianfranco Fini souligne un "bon sens élémentaire qui va dans l’intérêt national de la cohésion sociale".

Criant à la provocation, seule la Ligue du Nord, le parti anti-immigrés allié de Silvio Berlusconi, a emboîté le pas à l’Autorité religieuse, à l’heure où les établissements scolaires comptent dans leurs rangs 184 000 élèves de confession musulmane.

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Vittorio Messori


Répondant à la polémique, le grand Messori a publié hier un article mémorable dans Il Corriere della Sera.
Mais il a élargi le propos, ce qui donne à sa réflexion une portée universelle.
Sur les méfaits du mythe rousseauiste du bon sauvage. Sur les catastrophes engendrées par un système éducatif basé sur l'utopie (je connais un tout petit peu). Sur l'immigration massive que nous connaissons. Sur l'Islam, dont il pense qu'il finira pas être absorbé par notre société dont l'absence de repères moraux est l'unique valeur fondatrice....

Sans agressivité, sans invectives, comme d'habitude.
Si seulement nos politiques pouvaient le lire!

Source: Raffaella.
Ma traduction:

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L'idée (désastreuse) de l'heure d'islam, et le danger de l'école coranique
Vittorio Messori

Revoilà une fois de plus la superstitieuse invocation: "Il faudrait une heure de ...."
Cette fois, cette nouvelle fois, il faudrait immédiatement mettre en place dans les écoles publiques "l'heure d'islam".
Il y a quelque chose de dramatique, mais aussi de grotesque, dans la parabole, vieille désormais de deux siècles, des fonctions que l'on rêve de confier à "l'école de l'Etat". Il y a là un mythe né - comme tant d'autres - des schémas idéologiques des jacobins et des girondins.
Ce n'est pas le sceptique Voltaire, mais le débordant de ferveur Rousseau, qui a été le maître de ces messieurs: on naît bons, le péché originel est un mythe désastreux, donnez aux enfants des maîtres appropriés, et vous aurez le règne de la bonté, de l'altruisme, de l'esprit civique.
De nouvelles difficultés se présentent? Mais où est le problème?
Il suffit d'insérer à l'école publique des " heures de.. " appropriées, qui éduquent au bien et au bon les nouveaux rejetons. Et tout s'arrangera.
Chez nous, le Coeur de De Amicis [ndt: allusion au célèbre ouvrage de l'écrivain italien de la seconde moitié du XIXe siècle Edmundo de Amicis, "Cuore", chef d'oeuvre de la littérature enfantine et grand succés éditorial , qui se présente comme le journal d'un écolier turinois à l'époque du Risorgimento, et exalte la confiance dans les effets de l'éducation. voir aussi ici ] est l'icône caricaturale de ces nouveaux temples d'une humanité façonnée par la raison et arrachée à la superstition.
Il arriva cependant que, précisément dans l'Occident laïquement éduqué, les idéologies meurtrières qui ont dévasté les deux siècles ayant suivi le triomphe de l'utopie rousseauiste aient trouvé des foules enthousiastes . Mais puisque les idéologues ont pour devise "si la réalité ne correspond pas à la théorie, tant pis pour la réalité", le mythe a continué d'agir.
Le sexe entre adolescents suscite-t'il des grossesses incongrues et encourage-t'il la violence? On a mis en place dans les écoles des "cours d'éducation sexuelle.
L'alcool et la drogue ravagent-ils les jeunes? Voici les experts des "cours contre les dépendances."
Voit-on un carnage avec les motos et les voitures? Immédiatement, voici les cours d'éducation à la sécurité routière.
La vie sociale devient-elle de plus en plus agitée? Voici quelques bons cours d'éducation civique.
On pourrait continuer ainsi, mais la réalité est claire: à chaque problème, sa réponse confiée à l'école. Avec pour résultat, rapporté par des pédagogues que de toute évidence on n'écoute pas, ou bien des effets insignifiants ou bien même d'aggraver la situation: l'instinct confus de rebellion des jeunes les pousse à expérimenter et à faire ce qui est condamné dans les sermons des adultes, en particulier des enseignants.
Transgresser le professeur donne autant de plaisir qu'autrefois transgresser le curé de la paroisse.

Et maintenant, c'est le tour de l'islam, dont la présence parmi nous, chaque jour croissante, est l'un de ces événements qui mériterait l'adjectif dévalorisé d'"historique".
Nous ne sommes pas en face d'une immigration, mais d'une de ces migrations qui ont lieu une ou deux fois en un millénaire.
Pour autant que mon avis ait de l'intérêt, je suis de ceux qui ont la conviction qu'à long terme, l'Occident se révélera être un piège mortel pour les islamistes. Nos valeurs et, plus encore, nos vices, corrompront et, finalement, feront imploser une foi dont le texte fondateur est incapable de faire face à la critique à laquelle ont été soumises Écritures judéo-chrétiennes.
Une foi qui en 1400 ans, n'a jamais réussi à sortir durablement de la zone autour des tropiques, étant une loi créé pour de lointaines organisations tribales. Une foi qui, dépourvue de clergé, et d'une organisation unitaire, mise dans l'impossibilité d'interpréter le Coran - à appliquer toujours et seulement à la lettre - est incapable d'affronter les défis de la modernité et doit s'enfermer derrière ses murs, essayant d'exorciser la peur par l'agressivité.
Et après cela: sandwichs au jambon, vins et liqueurs, minijupes et bikinis, promiscuité sexuelle, pornographie, avortement libre, "fierté" homosexuelle, jusqu'à la convivance avec les chiens et les chats, êtres impurs; tout ce dont est fait notre monde - pour le meilleur ou pour le pire - fera en sorte que ceux qui ont cru êtres conquérants se retrouveront conquis.

Mais cela, je l'ai dit, dans une perspective historique: pour y arriver, il se passera beaucoup de temps et nombreux seront les troubles, peut-être les drames.
Pour l'instant, que faire? Il est surprenant que ce soit justement la droite qui propose le pseudo-remède qui a toujours été cher aux gauches: dans les écoles, des cours sur l'Islam, "le bon, celui qui est politiquement correct" . L'idée n'a ni queue ni tête.

En bref: puisque, en dehors de cas particuliers, les élèves Musulmans sont encore peu nombreux dans chaque classe, on devrait les mettre tous ensemble dans une seule classe, au moins pour ces heures. Et là, on voit poindre les madrasas (ou médersas), l'école coranique, qui exige que les croyants en Allah soient seulement avec les autres croyants. Resserrés en communautés, aux bons soins de notre République, qui va leur faire la leçon? Et que leur enseignera-t'on ?
Les naïfs ou les imbéciles promoteurs de la proposition se bercent peut-être du mythe d'un «islam modéré», ils pensent qu'il y a des légions d'intellectuels musulmans "laïques, pluraliste, démocrates", prêts à concourir pour la médaille de l'islamiquement "correct "?
Ils ignorent que le musulman qui présenterait la religion musulmane comme une vérité parmi d'autres encourrait une fatwa de mort?
Ils ne savent pas que le relativisme et la neutralité religieuse sont les fruits de l'Europe des Lumières, mais des blasphèmes pour le croyant du Coran?
Ils ignorent que l'année islamique commence avec Mahomet et que le temps et le monde sont seulement de son Allah? Ils ne savent pas que la notion même d'"histoire des religions" est impensable pour ceux qui sont convaincus qu'il n'y a qu'une seule foi et les autres sont soit incomplètes soit fausses?
Les politiciens pensent-ils, alors, confier les «heures d'islam" à un non-musulman, faire expliquer le Coran - de manière "laïque et neutre" - par quelqu'un qui ne croit pas en la Parole éternelle et immuable de Dieu?

Si j'étais assureur, je ne signerai jamais une police d'assurance-vie pour un tel, improbable, introuvable, professeur. Si l'enseignement dans les "madrases de la République italienne" différait aussi peu que ce soit de celui des mosquées, l'explosion de violence serait inévitable. Et, comme c'est trop souvent le cas avec les promoteurs des "heures de...", les bonnes intentions produiraient des fruits désastreux.

© Copyright Corriere della sera, 19 Octobre 2009

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Le Père Scalese


Le Père Scalese descend à son tour dans l'arène, avec des arguments italiens, certes, mais qui pourraient peut-être nous servir très bientôt... Son leit-motive est: les principes du catholicisme font partie du patrimoine historique du peuple italien.
Il commence, selon son habitude, par dire combien il a peu de lumières sur la question. Et comme d'habitude, bien sûr, il s'avère qu'il la connaît très bien, sinon parfaitement.

Texte ici: http://querculanus.blogspot.com/...
Ma traduction:

L'heure d'islam dans les écoles:
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(....) Je voudrais seulement faire une petite réflexion, qui vient de mon expérience (durant de nombreuses années, j'ai enseigné la religion et j'ai vécu la transition de l'ancien au nouveau Concordat). Eh bien, j'ai lu dans la révision du Concordat du Latran de 1984 (*):

"La République italienne, reconnaissant la valeur de la culture religieuse et tenant compte du fait que les principes du catholicisme font partie du patrimoine historique du peuple italien, continuera à assurer, dans le cadre de la finalité de l'école, l'enseignement religieux catholique dans les établessemnts publis, non-universitaires de tous grades et tous niveaux. Dans le respect de la liberté de conscience et de la responsabilité éducative des parents, il est garanti à chacun le droit de choisir de profiter ou non de cet enseignement. Lors de l'inscription, les étudiants ou leurs parents exerceront ce droit, à la demande de l'autorité scolaire, sans que leur choix puisse donner lieu à aucune forme de discrimination" (Art. 9, § 2).

Il est évident que la République italienne, aurait pu disposer différemment: si elle avait voulu, elle aurait pu affirmer - ce que je sais - que, puisque le catholicisme est la religion de la majorité des Italiens, il est accordé à l'Église d'enseigner le catéchisme dans les écoles publiques tout en reconnaissant le droit des étudiants à ne pas profiter de cet enseignement. Non, le nouveau Concordat a fait un choix différent:

1. La République italienne continuera à assurer dans les écoles publiques l'enseignement de la religion catholique. Il ne s'agit pas d'un enseignement religieux générique mais de l'enseignement religieux catholique. Dans le même temps, cependant, il ne s'agit pas d'une forme de catéchèse, mais d'une éducation qui est conforme aux buts de l'école, c'est à dire un enseignement de type «culturel».

2. La raison pour laquelle la République italienne continuera à assurer cet enseignement est dû au fait qu'elle reconnaît la valeur de la culture religieuse et qu'elle prend acte que "les principes du catholicisme font partie du patrimoine historique du peuple italien."
Il n'y a pas d'autres raisons pour lesquelles l'Etat italien se donne la peine d'enseigner la religion catholique dans ses écoles: "les principes du catholicisme font partie du patrimoine historique du peuple italien."

Eh bien, je me demande à quel titre la religion islamique devrait être enseignée aux musulmans dans les écoles?
Les gens vont dire: parce que les musulmans ont le droit de connaître leur religion. OK, mais ce n'est pas la raison pour laquelle la religion catholique est enseignée dans les écoles publiques. Que chacun ait le droit de connaître et de pratiquer sa propre religion ne souffre aucune discussion: il est évident que les Musulmans peuvent bâtir leurs mosquées et créer leurs propres écoles, où ils pourront délivrer librement l'enseignement de l'Islam. Mais pourquoi cela devrait-il se faire dans les écoles publiques?

Je le répète: la seule raison pour laquelle l'Etat assure l'enseignement de la religion catholique dans ses écoles, est que «les principes du catholicisme font partie du patrimoine historique du peuple italien." Je ne suis pas au courant que les principes de l'Islam fassent partie du patrimoine historique du peuple italien.

Que la connaissance de l'islam fasse partie de la culture générale, c'est vrai. Non seulement les musulmans mais aussi les chrétiens, les juifs et les athées doivent connaître au moins les éléments essentiels de l'Islam. L'école, dans ses divers enseignements (y compris l'IRC, istruziona religiosa cristiana, ndt) devra fournir ces bases. Mais elle ne peut pas assumer la responsabilité d'un enseignement "confessionnel" de l'islam: ce n'est pas son rôle.

Si on veut agir différemment, c'est possible: je n'en remets pas en cause la légitimité. Mais à ce point, il faudra également revoir l'accord de 1984 avec le Saint Siège et permettre aussi à l'Eglise catholique de faire le catéchisme dans les écoles publiques.

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Note sur les accords de Latran


Accords du Latran (11 février 1929)
Accords passés au palais du Latran entre le Saint-Siège et le chef du gouvernement italien, Mussolini.
(source)

Cet acte diplomatique reconnaissait la plénitude de la souveraineté papale sur l'État du Vatican, accordait au Saint-Siège un dédommagement pour la perte des revenus temporels en 1871 et comportait un concordat religieux, qui donnait à l'Église italienne une position privilégiée, notamment en matière scolaire et matrimoniale. (la religion catholique était reconnue religion d'Etat).
Ratifié en 1947, par la Constitution républicaine, ce concordat a été modifié dans un sens laïque par un nouveau concordat signé le 18 février 1984.

Et en France?

Pour savoir où en est la France (où je ne serai pas du tout étonnée que le problème resurgisse bientôt... sous la même forme qu'en Italie), voici un dossier mis en ligne par un site dont le nom est tout un programme:
http://atheisme.free.fr/...
Mais peu importe que leurs convictions soient diamétralement opposées aux miennes et que leur principale crainte est le retour d'un créricalisme catholique influent... alors qu'évidemment, le danger est ailleurs!: il y a une chronologie indiscutable. On y rappelle en particulier qu'en Février 2002, Régis Debray avait remis au ministre de l'Education nationale, Jack Lang, son rapport sur "l'enseignement du fait religieux dans l'Ecole laïque".

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Images de la visite de François Fillon Le retour d'anglicans