Introvigne: un modèle pour les lefebvristes?
Massimo Introvigne pense que le modèle imaginé par Benoît XVI pour faire revenir les anglicans dans le giron de Rome pourrait faire école (21/10/2009)
Le modèle de Benoît XVI pour les anglicans ... et pour les Lefebvristes?
Massimo Introvigne
http://www.cesnur.org/2009/mi_anglicani.htm
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La "Note d'information" de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi publiée le mardi 20 Octobre, "à propos des ordinariats personnels pour les anglicans qui entrent dans l'Eglise catholique" est une petite révolution dans l'approche de l'œcuménisme et s'insère pleinement dans le magistère de Benoît XVI.
Elle offre aussi un modèle pour le retour futur dans l'Eglise catholique d'autres groupes doctrinalement proches mais qui sont encore en divergence sur les plans disciplinaire et liturgique.
Résumé des épisodes précédents: après le Concile Oecuménique Vatican II, beaucoup de diocèses catholiques, et de nombreux experts en œcuménisme, ont découragé le retour de personnes isolées, protestants, orthodoxes, et même anglicans dans l'Eglise catholique. Accueillir aujourd'hui des personnes individuelles ou en groupes auraient provoqué la colère des responsables des Eglises chrétiennes ou communions séparées et rendu plus difficile demain le retour complet à Rome de ces réalités ( Un ancien billet du Père Scalese ).
Benoît XVI a toujours eu beaucoup de doutes quant à cette approche, la considérant comme typique d'une sorte d'ultra-oecuménisme, menaçant de tomber dans le relativisme.
Sur le plan théorique, ne pas encourager, voire même faire obstacle à ces conversions, implique l'idée qu'il est indifférent d'être catholique, protestant, anglican, et ainsi de suite.
Dans l'Encyclique "Caritas in veritate", le Pape a au contraire déclaré que la doctrine de la liberté religieuse proclamée par le Concile Vatican II "ne signifie pas l'indifférence religieuse et n'implique pas que toutes les religions sont égales".
Sur un plan pratique, Benoît XVI sait bien que l'union totale avec la majorité des dénominations séparées de Rome dans leur ensemble est un objectif si difficile qu'on peut le considérer comme humainement impossible.
Les anglicans - comme l'indique la Note - y ont mis du leur, d'abord en admettant les femmes à la prêtrise et à l'épiscopat, ensuite en accueillant, et même en célébrant des mariages homosexuels.
A ce point, le Pape a dit "basta": et la Note permet d'accueillir non seulement des anglicans individuels, mais aussi des groupes entiers très nombreux - les personnes concernées sont des centaines de milliers voire des millions - qui rejettent les femmes prêtres et les unions homosexuelles. Ces groupes - et c'est là la nouveauté - peuvent préserver leurs caractéristiques liturgiques et leurs pasteurs anglicans mariés, qui - restant mariées - seront ordonnés prêtres catholiques, même si seuls les hommes célibataires pourront devenir évêques.
En fait, pour l'Eglise catholique , le célibat des prêtres est une question purement disciplinaire, qui admet des exceptions, l'exclusion des femmes du sacerdoce est une question de dogme et ne tolère aucune exception.
La Note ne représente pas seulement la fin d'un "ultra-œcuménisme" relativiste, mais aussi un modèle pour accueillir dans l'Eglise catholique des groupes contenant un grand nombre de fidèles - par exemple des églises orthodoxes entières, et pourquoi pas, le traditionalisme Lefebvriste - qui pourront consever leurs particularités liturgiques et spirituelles et leurs évêques. A la condition, naturellement, d'adhérer pleinement à la doctrine catholique et de reconnaître l'autorité du Pape.
