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Un seul troupeau, un seul pasteur

Sur le site Fides et Forma, Francesco Colafemmina écrit un beau commentaire à propos du retour des fidèles de la TAC. Il a en particulier déniché une lettre écrite en 1986 par le Cardinal Ratzinger, où ce dernier explique clairement sa conception de l'oecuménisme. (25/10/2009)
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Vendredi 23 Octobre 2009
Un seul troupeau, un seul pasteur
Francis Colafemmina
Texte ici: http://fidesetforma.blogspot.com/...
(ma traduction)---
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La décision du Saint-Père d'accueillir au sein de l'Eglise catholique, plusieurs groupes anglicans en désaccord avec certaines décisions de la Communion anglicane (sacerdoce féminin, prêtres homosexuels), peut être lue selon un double registre.
Le lendemain de la communication aux médias de cet événement historique, les journaux étaient divisés entre une lecture «œcuménique» et un autre plus «traditionnelle», voire «traditionaliste».
D'un côté, on disait que le Pape voulait accepter ces anglicans «sans patrie», désormais orphelins de leur communion et en conflit direct avec elle en raison de ses terribles ouvertures sur le monde. Et il le faisait non seulement en écoutant les exigences de ce groupe d'anglicans (évêques, ministres et fidèles) mais aussi à la suite du dialogue œcuménique avec la Communion anglicane pour un rapprochement graduel.

De l'autre côté, cependant, cet acte de bonté paternelle de Sa Sainteté était interprétée comme un moyen d'unir l'Eglise catholique autour de la «tradition», intégrant ainsi de façon sélective des «groupes» tels que FSSPX ou la TAC (Communion anglicane traditionnelle), considérant uniquement leur respect pour la tradition.

A ce point, il conviendrait de considérer une troisième voie: le Pape ramène à la communion avec Rome, ces groupes de chrétiens qui reconnaissent la primauté pétrinienne et croient fermement dans les préceptes et l'enseignement de l'Eglise catholique. Quoi de plus simple?

En dépit de la rhétorique "oecuméniste" et des bobards du dialogue creux, il est clair que le Saint-Père poursuit ce qui a déjà été clairement exprimé lors de sa magnifique Homélie du 24 avril 2005, quand débuta le ministère de Pierre:


«Je voudrais encore souligner une chose: de l’image du pasteur et de celle du pêcheur émerge de manière très explicite l’appel à l’unité.«J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix: il y aura un seul troupeau et un seul pasteur» (Jn 10,16), dit Jésus à la fin du discours du bon pasteur. Le récit des 153 gros poissons se conclut avec la constatation joyeuse: «Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré» (Jn 21,11). Hélas, Seigneur bien-aimé, aujourd’hui le filet s’est déchiré, aurions-nous envie de dire avec tristesse! Mais non – nous ne devons pas être tristes! Réjouissons-nous de ta promesse, qui ne déçoit pas, et faisons tout ce qui est possible pour parcourir la route vers l’unité que tu as promise. Faisons mémoire d’elle comme des mendiants dans notre prière au Seigneur: oui Seigneur, souviens-toi de ce que tu as promis. Fais que nous ne soyons qu’un seul Pasteur et qu’un seul troupeau! Ne permets pas que ton filet se déchire et aide-nous à être des serviteurs de l’unité! ».

L'unité est poutant entendue en un sens qui échappe aux commentateurs et souvent aux fidèles eux-mêmes. Relisons ce qu'affirmait le Cardinal Ratzinger lui-même dans le lointain 1986:
(http://www.ratzinger.us...)

« Immédiatement après que le premier élan conciliaire soit retombé, avait émergé le contre-modèle de l'oecuménisme « de la base », qui visait à faire surgir l'unité d'en bas s'il n'était pas possible de la faire venir d'en haut. Dans cette conception, il était juste que l'«autorité» dans l'Église ne puisse rien accomplir qui n'ait préalablement mûri dans la vie de l'Eglise, comme intelligence et expérience de la foi. Là où, au contraire, aucune référence n'était faite à cette maturation, et où on affirmait une division de l'Église entre «Eglise de la base» et «Église ministérielle», il ne pouvait émerger aucune nouvelle unité significative. Un œcuménisme de base de cette nature ne crée finalement que des groupuscules, qui divisent la communauté, et même entre eux, ne réalisent pas une union plus profonde en dépit d'une propagande commune d'ampleur mondiale.
Pendant un certain laps de temps, il a semblé que les divisions traditionnelles des Eglises seraient surmontées à travers une nouvelle division, qui devrait dans l'avenir, opposer une partie des chrétiens «engagés» dans le sens progressiste et, d'autre part, les chrétiens «traditionnels», qui auraient les un et les autres fait des adeptes dans les différentes églises ayant existé jusque là. Dans cette optique naquit alors la résolution d'écarter entièrement les « autorités » de l'œcuménisme, car tout rapprochement, voire fusion sur ce plan n'aurait pu que renforcer l'aile traditionaliste du christianisme et aurait empêché la formation d'un christianisme nouveau et progressiste.

Aujourd'hui, ces idées ne sont pas encore complètement éteintes, mais il semble toutefois que le moment de leur floraison est maintenant derrière nous. Une vie chrétienne, qui se définit dans son essence, selon les critères «d'engagement», est trop instable dans ses frontières pour créer l'unité et construire solidement à long terme une vie chrétienne commune. Les gens persistent dans l'Eglise non pas parce qu'il y a des festivals et des groupes d'action communautaire, mais parce qu'ils espèrent trouver des réponses à des questions vitales indispensables. Ces réponses n'ont pas été conçues par les prêtres ou d'autres autorités, mais elles viennent d'une autorité plus grande et sont fidèlement administrées, au besoin, par les prêtres qui servent d'intermédiaires. Les hommes souffrent aussi aujourd'hui, peut-être encore plus qu'auparavant; la réponse qui sort de la tête du curé de la paroisse ou d'un groupe «militant» ne leur suffit pas . Aujourd'hui comme toujours, la religion pénètre profondément dans la vie des hommes pour y atteindre un point d'absolu et, à terme, seule une réponse qui vient de l'absolu sert. Là où les prêtres et les évêques n'apparaissent plus comme les médiateurs de ce qui est absolu pour eux aussi, mais ne proposent que leurs propres actions, c'est alors qu'ils deviennent une «Eglise ministérielle» et, en tant que telle, inutile.»

[Et il ajoutait:]

«Mais, les choses étant ce qu'elle sont, que devons-nous faire? En vue d'une réponse, la formule qu'Oscar Cullmann (théologien luthérien, ami de Paul VI, mort en 1999) a inventée pour qualifier l'ensemble du débat m'est d'une grande aide: l'unité à travers la pluralité, à travers la diversité.
Certes, la rupture fait du mal, surtout quand elle porte à l'inimitié et l'appauvrissement du témoignage chrétien. Mais si à cette rupture le venin et l'hostilité est progressivement soustrait, et si, dans l'acceptation réciproque de la diversité, il n'y a pas de réductionisme, mais plutôt la richesse nouvelle de l'écoute et de la compréhension, alors la rupture peut devenir une felix culpa, avant même qu'elle ne soit complètement guérie. "

Cette diversité «dans l'unité» affirmée par le Cardinal Ratzinger n'est toutefois pas une sorte de «relativisme» interne à l'unité ecclésiale, car elle se rapporte au contraire à la Vérité qu'est le Christ. Le Saint-Père de la même manière entend nous démontrer que la reéintégration de la communauté Lefebvriste, comme de la Communion anglicane traditionnelle sont des signes clairs qui tendent à harmoniser et enrichir l'Eglise à la lumière de la vérité du Christ. Réunir les membres du Corps mystique, c'est glorifier le Christ dans l'harmonie avec Lui.

D'un autre côté, cette idée d'œcuménisme catholique, compris comme retour à la vérité, comme accueil positif et joyeux (se rappeler les paroles de l'homélie ci-dessus!) de la brebis perdue, ne peut se faire que grâce au Vicaire du Christ et à son oeuvre de réconciliation dans l'amour, à son ministère paternel d'unité du peuple de Dieu

Terminées, donc, les décennies de discours pompeux et de rhétorique oecumeniste insipide, faits de mots, d'embrassades, de concélébration, basés sur des bonnes intentions, mais rarement sur des bases saines et authentiques. Disparus, tout simplement parce que toujours vécus comme une tentative de minimiser et de dénier les différences et les divisions qui existent encore, comme si en dénaturant sa propre identité, le dialogue et la recherche de l'unité étaient plus faciles.

Non. L'unité est justement le résultat d'une recherche, d'un parcours commun pour un nécessaire et volontaire retour à l'unité. Et cette unité ne peut être que dans l'Église catholique et en Pierre. Ce n'est pas l'Eglise catholique qui a nié l'unité des anglicans des protestants et des lefebvristes. L'Eglise catholique a été le sein dont ont émergé des réalités schismatiques, ou, plus simplement, dans le cas de la fraternité Saint-Pie X, une réalité fidèle à Pierre, qui a pourtant sapé l'unité en se livrant à l'acte schismatique d'ordination épiscopale sans mandat pontifical.

Comme l'a déclaré en 2006 l'archevêque John Hepworth de la Communion anglicane traditionnelle, à propos de l'ordination de prêtres femmes, « dans le même temps les grandes doctrines de la Création, de l'Incarnation et de la Rédemption sont niées. La vie sacramentelle de l'Église à travers laquelle Jésus apporte la grâce salvifique de la Rédemption à chacun de nous, devient objet de suspicion et d'incertitude. Mettre une femme prêtre dans un diocèse est toujours une rupture de la communion , parce que cela rend impossible l'acte authentique de communion ».
Si donc ce sont là les raisons « essentielles» du retour au catholicisme de la Communion traditionnelle anglicane, comment peut-on continuer à parler d'un vague «œcuménisme» incompréhensible et décontextualisé? Comment peut-on dire que les fidèles de la TAC seraient simplement des «égarés» de l'anglicanisme qui pour cette raison s'entasseraient aujourd'hui dans les rangs des catholiques presque comme c'est arrivé aux peuples des Balkans, dans les début du siècle dernier, lorsque des groupes ethniques étaient échangés entre un pays et l'autre de cette région troublée?

La réalité est autre. La Traditional Anglican Communion, de façon sereine et cohérente, a toujours fondé son approche de Pierre et de l'Eglise catholique sur les fondements de la Déclaration de Saint-Louis en 1977 : fidélité au dogme, fidélité à la morale, fidélité à la tradition. Principes déjà affirmées en tant que pierre angulaire du chemin oecuménique par le Pape Paul VI et le Primat anglican Ramsey en 1966 :
« Sont considérés comme le fondement des négociations entre l'Eglise Catholique Romaine et la Communion anglicane, l'Évangile et les antiques Traditions (avec un T majuscule) communs aux deux, car ils conduisent à cette unité dans la vérité pour laquelle le Christ a prié."

[L'article se termine par une citation de la bulle apostolique de Léon XIII, Apostolicae Curae, qui en 1896 réaffirmait la nullité des ordinations anglicanes . Evoquant le retour des ministres anglicans, le Pape écrivait: Certamente la madre chiesa li accoglierà con gioia specialissima e li abbraccerà con ogni bontà e con ogni cura, perché una più generosa forza d'animo li ha ricondotti al suo seno attraverso ardue difficoltà. Per tale forza, è impossibile dire quale lode sia loro riservata nelle assemblee dei fratelli per l'orbe cattolico, quale speranza e fiducia davanti a Cristo giudice, quali premi da lui nel regno celeste! ]

Avant de conclure:
....
Donc, merci à Sa Sainteté Benoît XVI pour ce grand don qu'il nous a fait, en accueillant dans l'Église tant de nouveaux frères et sœurs dans le Seigneur qu'avec joie, nous embrassons et auxquels nous souhaitons affectueusement la bienvenue!

Francesco Colafemmina

Paul et Wilma La semaine du Pape (18-25 octobre)