Actualités Images La voix du Pape Visiteurs Livres Sites reliés Lu ailleurs Index Recherche
Page d'accueil Actualités

Actualités


Pie XII vénérable Noël Statistiques du site Le Pape et les artistes Retour des anglicans République tchèque Un an déjà Le blog du P. Scalese Navigation Dernières entrées

Le Katechon

Mysterium iniquitatis. Passionnante réflexion "eschatologique" du Père Scalese à propos de l'affaire du Crucifix en Italie. Et si c'était vrai? (5/11/2009)

Le Père Scalese publie le commentaire d'un ami à l'arrêté de la cour de justice de Strasbourg, sur la présence des crucifix dans les lieux publics, en Italie (Le crucifix à l’école viole les droits de l’homme ).
Et il commente le commentaire, pour notre réflexion.
Comme souvent, il aborde des notions que j'ignorais.
Ici, le katechon (*) .
-----------------

Texte ici: http://querculanus.blogspot.com/....

"Le mystère de l'iniquité est déjà en place, mais il faut se débarasser de ceux qui jusqu'à présent, le retiennent".
Ce quelque chose ou quelqu'un, le katechon, justement, qui empêche la pleine manifestation de l'Antichrist est l'un des noeuds les plus énigmatiques des Ecritures. Dans le contexte historique actuel, la fonction de katechon est remplie par un article de la Constitution italienne, en particulier le septième, qui dit: "L'Etat et l'Eglise catholique sont, chacun dans son ordre propre, indépendants et souverains. Leurs rapports sont réglementés par les Pactes du Latran. Les modifications du traité acceptées par les deux parties, ne nécessitent pas de procédure de révision constitutionnelle". Ce n'est pas le contenu des Pactes qui comporte cette armure «constitutionnelle» , mais la forme concordataire des relations avec l'Eglise catholique (attention, l'Église, et pas l'État de la Cité du Vatican): aucun gouvernement de la République ne pourrait rompre unilatéralement les Pactes ou soumettre les rapports à l'Eglise à un régime différent de celui défini, avec le consentement des deux parties, par le concordat.
Aujourd'hui, la Cour européenne des Droits de l'Homme de Strasbourg se glisse - statuant sur la question nullement symbolique du crucifix - dans les relations entre notre pays et le Saint-Siège.

Il faut préciser que ce n'est pas une institution de l'Union européenne, à ne pas confondre avec la Cour de justice, qui elle, l'est.
La Cour européenne des droits de l'homme a été créé par la Convention européenne de protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, pour en assurer le respect.

Je me demande comment cette jungle de tribunaux, de traités et d'institutions supranationales pourra à l'avenir mettre en danger la solidité de l'article 7 et de notre
katékhon; si le principe passe, qu'une partie, même minime, du Concordat viole les droits de l'homme, eh bien, on se demande si l'enseignement de la religion catholique ne finira pas de la même façon. Que dire ensuite des relations économiques entre l'État et l'Église? Dans un monde où l'avortement pourrait bientôt devenir un droit humain et où la simple critique du mode de vie gay est un crime passible de la police, qui peut garantir que le Vatican en tant qu'institution, ne finira pas dans la ligne de mire? Pense seulement au dernier synode sur l'Afrique et demande-toi si les dirigeants de ce monde ont apprécié ... Tu vas me dire que c'est impossible: au fond, le Saint-Siège a de nombreux pays amis et jouit d'un prestige international considérable. Je te répondrai: au Congrès de Paris de 1856, les critiques des États pontificaux et du Royaume des Deux Siciles, son grand ami, ont anticipé de quelques années l'expédition des Mille et une prise de Porta Pia.
...

*************

Je remercie David pour la précision, on ne peut plus opportune, que la Cour européenne des Droits de l'Homme n'est pas une institution européenne. Je partage, en même temps, l'inquiètude pour « cette jungle de tribunaux, de traités et d'institutions supranationales, qui sont solidement entre les mains de puissances obscures et qui échappent à tout contrôle démocratique. Cette décision est juste un avant-goût de ce qui nous attend dans l'avenir, nos espaces de liberté sont progressivement réduits, sans nous en rendre compte, nous nous dirigeons progressivement vers un régime totalitaire.

Je partage également l'application du concept de katechon la réalité italienne. En effet, nous devons être reconnaissants à la Constitution italienne d'avoir garanti durant ces années à l'Église la pleine liberté de manoeuvre. Une laïcité positive opposée au jacobinisme existant dans les institutions européennes.

L'Europe se débarassera t'elle de ce katechon?
J'espère que non. Le soulèvement - je dirais presque à l'unanimité - de nos jours en Italie, me semble un bon signe.
Je sais bien qu'il ne faut pas se faire d'illusion: il est évident que cette réactions des deux partis ne signifie pas que les Italiens sont tous de bons catholiques. Mais peu importe. Même l'attachement seulement externe à ce symbole de notre foi est d'une importance fondamentale. Ne faisons pas l'erreur de tomber dans le fondamentalisme catholique, selon lequel seuls les praticiens sont de bons chrétiens. Il est important que le symbole reste suspendu sur les murs des écoles et des lieux publics, parce que de cette façon, il restera un gilet de sauvetage auquel s'aggriper dans les moments de péril.

Le Saint-Siège en danger? Tout est possible: l'histoire nous enseigne que la papauté a subi à travers les siècles, les épreuves les plus difficiles, mais en est toujours sortie vainqueur. Où sont aujourd'hui ces hommes puissants qui, dans le passé, se sont illusionnés de la supprimer? Le Siège Apostolique, au contraire, est toujours là, prêt à défier les puissant de service. Qui devraient apprendre quelque chose de l'histoire; mais je sais qu'ils ne le feront pas, puisqu'ils ne sont que des marionnettes d'un «mystère d'iniquité» qui les transcende.
-----------

(*) Note sur le katechon


Le Katechon est un concept biblique qui a par la suite été développé en une notion de philosophie politique.

On le trouve dans l'épître aux Thessaloniciens, dans un contexte eschatologique: le chrétien ne doit pas se comporter comme si le Temps du Seigneur pouvait intervenir le lendemain, puisque le Fils de la perdition (l'Antichrist de Jean, 1 et 2) doit être révélé avant. Paul ajoute ensuite que la révélation de l'antéchrist est subordonnée à la suppression de "quelque chose ou quelqu'un qui le retient et l'empêche d'être pleinement manifestée".
L'interprétation de ce passage a soulevé de nombreux problèmes, puisque Paul ne parle pas clairement.
On a donné les interprétations suivantes:
Le katechon serait:...

Le Nom de Dieu (ou la présence de Dieu)
Le Saint-Esprit
L'Église catholique (et le sacrifice perpétuel de l'Eucharistie)
Le Pape

...

Faisant une recherche sur le terme, j'ai trouvé ce passionnant exposé sur la théorie du katechon développée par le philosophe catholique allemand Carl Schmitt.

Source:
Dans sa Théologie politique (1922), la figure du katechon est celle qui, par son action politique ou par son exemple moral, arrête le flot du déclin, la satanisation totale de ce monde de l'en-deçà.
Catholique intransigeant, lecteur attentif du “Nouveau Testament”, Schmitt construit sa propre notion du katechon au départ de la Deuxième Lettre aux Thessaloniciens de Paul de Tarse. Le Katechon est la force (un homme, un Etat, un peuple-hegemon) qui arrêtera la progression de l'Antéchrist. Schmitt valorise cette figure, au contraire de certains théologiens de la haute antiquité qui jugeaient que la figure du katechon était une figure négative parce qu'elle retardait l'avènement du Christ, qui devait survenir immédiatement après la victoire complète de l'Antéchrist. Schmitt fonde justement sa propre théologie civile, après avoir constaté cette différence entre les théologiens qui attendent, impatients, la catastrophe finale comme horizon de l'advenance de la parousie, d'une part, et, ceux qui, par le truchement d'une Theologia Civilis tirée en droite ligne de la pratique impériale romaine, veulent pérenniser le combat contre les forces du déclin à l'œuvre sur la Terre, sans trop se soucier de l'avènement de la parousie. Les sociétés humaines, politiques, perdent progressivement leurs valeurs sous l'effet d'une érosion constante. Le katechon travaille à gommer les effets de cette érosion. Il lutte contre le mal absolu, qui, aux yeux de Schmitt et des schmittiens, est l'anomie (ou état d'une société caractérisée par une désintégration des normes qui règlent la conduite des hommes et assurent l'ordre social). Il restaure les valeurs, les maintient à bout de bras.
Finalement, Schmitt a été tenté de penser que le katechon n'existait pas encore, alors que l'anomie est bel et bien à l'œuvre dans le monde, mais que des “initiés” sont en train de forger une nouvelle Theologia Civilis, à l'écart des gesticulations des vecteurs du déclin. C'est de ces ateliers que surgira, un jour, le nouveau katechon historique, qui mènera une révolution anti-universaliste, contre ceux qui veulent à tout prix construire l'universalisme, arrêter le temps historique, biffer les valeurs, et sont, en ce sens, les serviteurs démoniaques et pervers de l'Antéchrist.





Le dialogue vu par Benoît XVI Rencontre avec les artistes: appel à Sa Sainteté