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Présence catholique sur Internet

A propos d'un discours de Mgr Di Falco, président de la Commission épiscopale européenne pour les médias. (19/11/2009)

La semaine dernière, un symposium sur Internet, parrainé par la Commission pour le Conseil des médias des Conférences épiscopales européennes (CCEE) s'est déroulé au Vatican.
A cette occasion, Mgr Di Falco, président de la CEEM (Commission épiscopale européenne pour les médias ) a prononcé un discours, dont l'intégralité se trouve sur le site de Radio Vatican .
Il commence mal, à mon goût:

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La culture de l’Internet et la communication de l’Église. »
En entendant ce thème, les trois événements qui ont bousculé la vie de notre Église au cours de l’hiver dernier me sont revenus à l’esprit. Je veux parler de « l’affaire », c’est ainsi que les médias ont désignées ces événements, l’affaire Williamson, de celles de l’excommunication de Recife et des propos sur le préservatif dans l’avion menant le pape au Cameroun. Trois affaires qui ont secoué la planète internet. Elles ont été jugées emblématiques de la manière dont l'Église institutionnelle communique et dont les internautes – chrétiens ou non – réagissent. Elles ont révélé les forces et les faiblesses de la communication de l'Église dans le contexte d’une culture internet triomphante.
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Cela ne me gêne pas peu qu'un dignitaire ecclésiastique commence un exposé sur le sujet en se désolidarisant de l'Institution dont il fait partie, battant plus ou moins sa coulpe sur la poitrine de ses confrères (et même du Pape), et surtout en imputant les polémiques à des erreurs de communication du Vatican.
Le Suisse Romain en parlait sur son blog, observant avec justesse:

Trois affaires sur lesquelles la communication des évêques français a été vraiment déficiente puisque, sur la seule affaire brésilienne, on a vu des évêques français (Mgr Turini à Cahors, Mgr Daucourt à Nanterre, Mgr Stenger à Troyes,Mgr Deniau à Nevers, Mgr Patenôtre au nom de la Mission de France et Mgr Di Falco lui-même !) s'en prendre publiquement à leur collègue brésilien, sans avoir pris le soin auparavant de s'informer".
Comme quoi, chaque chrétien, chaque personne est un porte-parole de notre Eglise, et la crise de communication de l'Eglise n'est pas d'abord un problème technologique, mais le fait que peu de personnes, dont hélas des évêques, reprennent le message du Saint-Siège en étant avec le Saint Père.
Heureusement, il y a plein de sites et de blogs pour s'informer. Merci à eux!

On ne saurait mieux dire, et je partage cette opinion à 100%

J'ai lu l'intégralité du discours, et il n'y a d'ailleurs pas que l'introduction, qui me laisse perplexe. Dans les 5 pages, le nom de Benoît XVI n'est cité qu'une fois, autour de 2 uniques mots de "sa dernière encyclique": "vérité, et amour"; ils sont bien choisis, certes, mais... n'a t'il lu que cela?

Ailleurs, il écrit:

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Ce ne sont pas les jeunes qui ne viennent plus vers l'Église, c’est l'Église qui est loin de leur monde. En surfant sur le net, en allant sur n’importe quel site de rencontre comme Facebook, on se rend bien compte du besoin de communiquer, du besoin d’une rencontre et d’un dialogue authentiques. L’authenticité pour eux est signe de vérité. Nous devons donc promouvoir une présence chrétienne sur le web faite d’opérateurs, prêtres inclus, maîtrisant certes les techniques de communication, mais sachant aussi offrir des espaces pour la recherche, la rencontre, le dialogue, la prière.
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Authenticité, vraiment, dans l'univers du pseudo, du camouflage, du mensonge, du faux-semblant? Le bon Père, et c'est tout à son honneur, ne doit pas beaucoup fréquenter de forums..

C'est d'ailleurs exactement ce contre quoi s'élevait Don Di Meo dans l'article que j'ai traduit hier (un vent de folie...):
Il écrivait en effet:
Il n'est donc pas rare de tomber sur des gens (chrétiens engagés, prêtres, évêques et théologiens d'une certaine réputation) qui persistent à soutenir que l'Église a besoin d'un renouveau en douceur, capable de trouver grâce aux yeux du monde; une sorte de méthodologie de l'annonce chrétienne visant à une «pastorale» de plus en plus efficace pour atteindre le cœur de l'homme. La vérité que le monde veut s'entendre dire doit être libérée du cercle «dogmatique» dans lequel l'Eglise l'avait enfermée et devenir "accessible à tous", si on veut être entendu et accepté dans une vision "moderne" de la réalité.

Je crois que le Mgr Di Falco se fait de douces illusions sur la toute-puissance d'Internet pour communiquer la Vérité, comme tous ceux qui n'ont pas encore plongé les mains dans le cambouis. Il fait décidément partie de ces gens qui, dans le prolongement du Concile Vatican II, pensent que l'Eglise, si elle veut survivre, doit suivre le mouvement de la société (nous avons fait la même chose dans l'Education nationale, on voit le résultat). De là à admettre aussi le mouvement des moeurs (pour ne pas être ce qu'il nomme quelque part avec quelque mépris "le dernier des mohicans") il n'y a qu'un pas que certains n'hésiteront pas à franchir.

Il parle aussi de la nécessité "de voir comment nous pouvons aider les internautes à discerner les sites catholiques de ceux qui se réclament comme tels mais ne le sont pas toujours".
Pardon de penser à moi, mais je me demande où il me situerait, s'il me connaissait...

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Les médias réduisent souvent l'Église au pape et à quelques cardinaux. Raison de plus pour que les évêques et les prêtres laissent toute leur place aux laïcs sur le net. ... Seule la présence de chrétiens laïcs compétents et éclairés sur le net, s’exprimant en tant que chrétiens, pourra montrer qu’on ne peut réduire l'Église à sa hiérarchie et au pape.
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Comment reconnaître les "laïcs compétents", et les vrais sites catholiques?
Voici une piste:

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Un site internet chrétien doit s’occuper du monde et non se couper du monde. Il doit éviter la langue de bois, éviter d’être lui-même idéologue cherchant à imposer sa vérité. Un site doit être ouvert au dialogue et au débat tout en montrant qu’il ne transigera pas avec certains principes acceptés par tous et partout. ...
Le faux témoin du Christ cherche à exaspérer, cherche la provocation. Le vrai témoin du Christ, c’est sans le vouloir qu’il exaspère. Le site chrétien doit donc exaspérer sans provoquer. S’il vient à agacer, ce doit être comme on peut l’être soi-même lorsque notre conscience nous agace à nous pousser au bien et à éviter le mal. Le site chrétien se doit d’être un éveilleur de consciences en misant sur l’attrait de tout homme à la bonté, à la vérité, à la beauté.
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Là, je sens que j'ai tout faux. C'est Mgr di Falco qui le dit.
Je concède humblement qu'il a peut-être raison... mais peut-être pas, il me permettra d'en débattre.
Il y a encore d'autres choses agaçantes, dans ce long discours, par exemple quand il oppose, dans un artifice littéraire qui ne trompe personne ("un ami m'a dit...") la "communication" des évangélistes, à celle des catholiques. Etonnant de la part d'un évêque catholique! Comme si on pouvait comparer. Mais comme le dit le Père Scalese, "ailleurs, l'herbe est plus verte".
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Evidemment, on lui concèdera charitablement un peu d'indulgence: Mgr Di Falco, homme de medias (il rappelle qu'il a débuté comme journaliste: "J’ai commencé par écrire des articles dans un journal, puis j’ai été chroniqueur religieux pendant cinq ans sur RTL. Je dois d’ailleurs beaucoup aux journalistes de cette radio qui m’ont formé. Ce que j’ai appris à RTL m’a servi par la suite, y compris lorsque je prêche...") a quand même 67 ans; il n'appartient donc pas à la génération internet, et ce n'est pas facile, sauf à aligner les lieux communs et les termes techniques pour paraître branché, de remplir 5 pages sur un argument qu'on ne domine pas, et pour lequel on éprouve un mélange de crainte respectueuse et de sentiment d'exclusion.

Personnellement, et pour autant que mon avis ait de l'intérêt, je ne pense pas que l'avenir de l'évangélisation passe par Internet, royaume du mensonge et du faux-semblant, où, je l'ai déjà dit, les gens s'abritent derrière des pseudos pour se protéger ou pour déverser le poison du mensonge en toute impunité.
Rappelons-nous les réactions lorsque le Vatican a négocié avec Youtube, pour avoir un site dédié - alors que des initiatives privées comme celle d'un "ami inconnu" russe (http://benedictxvi.tv/), faisaient déjà aussi bien, ou mieux, parce qu'ils le faisaient avec amour, et depuis longtemps.
Ce site sur Youtube a t'il servi à quelque chose? (sans compter que, lorsqu'à titre personnel, j'ai posté des videos sur le Saint-Père, et que je les ai insérées dans mon site, mes visiteurs accédaient forcément à des pages d'horreur, qui utilisaient les même "mots-clé", raison pour laquelle, entre autres, j'ai cessé de poster).
Bref, ce n'est pas aussi simple. Il faudra qu'il y ait autre chose, ce n'est pas à moi de le trouver. Mon avis n'est d'ailleurs pas plus absurde que celui des spécialistes de l'environnement qui nous font peur avec des catastophes à l'horizon de 2100. La prévision est sans risque, ce n'est pas nous qui pourrons la vérifier.

Mgr Di Falco, se citant lui-même, dit que "les cathédrales du XXIe siècle seraient médiatiques".
Voire. Je comprends bien le sens qu'il donne au mot cathédrale, et je ne veux pas jouer sur les mots, mais ces cathédrales-là risquent d'être bien éphémères, en regard de celles du Moyen-Age qui 8 siècles après nous racontent encore la Parole de Dieu, "à travers le langage universel de la beauté" comme l'a dit Benoît XVI hier. Le support lui-même n'est pas pérenne, et j'en avais déjà parlé ici: qui sait, par exemple, ce qui restera de ces pages dans 10 ans, à la vitesse où la technologie évolue?

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Le Père Scalese a écrit un billet très intéressant sur le sujet.
Traduction en cours.

Le Pape et les artiste: réactions italiennes Rencontre avec les artistes, par Foto Felici