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Le traité de Lisbonne: c'est quoi, au juste?

Après la nomination du nouveau président de l'UE, Monsieur Van Rompuy: mais qu'est-ce qui se cache derrière tout cela? Traduction d'un article très informatif d'un site italien (Paolo Barnard) 29/11/2009.

L'Europe

Source: Larousse (avant 2004...)

 



J'ai consacré un article à la nomination du nouveau président de l'UE, le belge Van Rompuy (Van Rompuy: qui c'est, celui-là?), parce que le sujet m'intéressait.
Cela peut paraître éloigné du propos de ce site, mais le Saint-Père a dénoncé dans ses encycliques le pouvoir de la technocratie comme la pire des conséquences de la fin de idéologies.
Et puis, les racines chrétiennes de l'Europe sont un thème majeur de sa prédication.
Alors que cette Europe du traité de Lisbonne, au contraire, ne veut rien devoir à son héritage chrétien.

La nomination opérée dans la plus grande discrétion (opacité?) médiatique avait de quoi intriguer: une discrétion pas absolue, malgré tout, car à l'ère d'Internet, il est évidemment impossible de la part des grands medias de faire l'impasse totale sur un sujet, et celui qui veut savoir finit toujours par savoir; mais on peut dire que cela s'est fait au nez et à la barbe de "l'homme de la rue" (dont je suis, tout en essayant de ne pas en être!), alors que le prétendu réchauffement de la planète, ou les actes de pédophilie commis par des prêtres ne peuvent vraiment plus être ignorés par personne.
Ceux qui ont eu la curiosité de lire les articles sur le sujet, ont dû être absolument convaincus que Monsieur Van Rompuy était un être falot, dénué de tout "charisme". Quand on sait le sens qu'il faut attribuer à ce terme selon les medias (Obama = charisme, Benoît XVI = sans_charisme), je me méfie. Je ne prétends pas juger un homme dont j'ignore tout, et qu'on nous a présenté (là encore, méfiance!) comme "un catholique fervent". Comme les deux François, - eux aussi sans charisme, Fillon et Bayrou - peut-être?
Quoi qu'il en soit, mon modeste article, traduit d'un site italien, a suscité quelques réactions de Belgique.
Mes ami(e)s belges réagissaient dans un esprit "national", qui critiquant, qui prenant la défense. Ce que je comprends parfaitement, mais qui prouve que l'"être" européen n'existe pas encore dans les faits (je suis consciente de faire des statistiques sur un très petit échantillon).

Puisqu'on nous rabat les oreilles avec cette idée, la personnalité du nouveau président de l'UE importe peu.

Par contre, l'ombre qui entoure sa nomination doit nous interpeler.
L'Union européenne, le traité de Lisbonne, c'est quoi, au juste?
Cet article, lu un jour à partir d'une réflexion du Père Scalese (traduit ici: Le traité de Lisbonne ) , répond à certaines questions que les ignorants comme moi se posent. "Lisbonne pour les nuls", en somme.
Je voulais le traduire tout de suite, je n'en ai pas eu le temps, mais aujourd'hui, le moment est venu.
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Texte en italien: http://www.paolobarnard.info/. .

Pour ceux qui veulent légitimement savoir qui est l'auteur de l'article, Paolo Barnard, lire ici.
Je soupçonne que nous ne sommes pas de la même chapelle, mais ce qu'il nous apprend n'en est pas moins passionnant..

Lisbonne: "apri gli occhi"

Le traité de Lisbonne.
C'est bien autre chose que le "Cavaliere".
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Alors que tout le monde a les yeux fixés d'un côté, de l'autre se joue notre destin, mais il n'y a personne pour regarder. C'est par exemple le traité de Lisbonne, qui, comme toutes les choses qui redessinent l'histoire, qui décident de nos existences, qui livrent à des pouvoirs immenses des tranches de pouvoirs aussi immenses, n'est au centre de rien, est passé sous silence, ne trouve pas de première page ou de clameur d'aucune sorte, dans le système comme dans l'anti-système.

Pensez: nous sommes tous sur le point de devenir citoyens d'un pays immense qui n'est pas l'Italie, gouverné par des gens qui ne sont pas directement élus par nous, selon des lois imaginées par des bureaucrates mystérieux inconnus de nous, selon des principes sociaux, politiques et économiques que nous n'avons pas choisis, et nous allons être privés de la substance de tout ce que nous connaissions, comme la patrie, le parlement, la nationalité, l'auto-détermination, et bien plus encore.
C'est le traité de Lisbonne, il vous passe sous le nez, quelqu'un vous en a t'il dit quelque chose?

Eh bien, je vais procéder par étapes.
Dans la première, je dresserai un bref résumé des épisodes antérieurs, dans la seconde, je vous expliquerai le traité de Lisbonne en synthèse, et dans la troisième, j'approfondirai, pour ceux qui le souhaitent.



Les épisodes précédents
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L'Italie fait partie de l'Union européenne (UE), qui est la version moderne d'un ancien accord entre les Etats européens initié en 1957 avec le traité de Rome, qui a donné naissance à la Communauté économique européenne (CEE), devenue en 1967 la Communauté européenne (CE).
C'était une union purement commerciale et non politique, mais elle le devint très vite: en 1979 nous élûmes en effet le premier Parlement européen, et c'est là que naquit l'idée qu'après tout, cette vieille Europe pourrait devenir quelque chose comme les Etats-Unis (toujours à des fins principalement économiques).
En 1993 vint l'Union européenne avec le traité de Maastricht, qui a marqué une série impressionnante de réformes, parmi lesquelles à partir du 1er Janvier 2002, l'euro comme monnaie commune à ses membres.
En 1957, six pays étaient disposées à se lier ensemble, nous sommes aujourd'hui 27 membres dans l'UE, tous Etats souverains qui agissent de plus en plus selon des règles et principes communs. En effet, l'Union européenne a adopté depuis déjà plusieurs années une sorte de gouvernement supranational propre (qui est au-dessus des gouvernements de chacun des pays de l'Union), appelé Commission européenne, et d'un Conseil des ministres, d'un Parlement comme nous l'avons dit, et d'un organe judiciaire qui répond au nom de Cour de Justice.
L'UE a même une présidence (ndt: l'article a été écrit avant la récente désignation de van Rampuy), qui est attribué à tour de rôle aux États membres, et qui s'appelle Conseil européen.
Ainsi: cet agglomérat de nations qui ont façonné l'Europe depuis des siècles, s'est lentement transformée en une union qui a déjà un président, son gouvernement, son parlement et son système judiciaire. C'est-à-dire, presque un état selon les règles.
Jusqu'ici, tout va bien, toutefois, car chaque pays, comme l'Italie ou l'Allemagne, ou la Hollande, etc... a jusqu'à présent maintenu sa pleine souveraineté et ses citoyens étaient des Italiens, des Allemands, des Hollandais, chacun dans son propre peuple, mais ayant de plus en plus accepté un ensemble de règles au nom de l'idée d'être des européens modernes et unis.

Mais à certains, cela ne suffisait pas.
Parmi les élites politiques du vieux continent mijotait toujours l'idée selon laquelle cette Europe d'Etats souverains pouvait, et même devait, devenir les États-Unis d'Europe, autrement dit un bloc soudé de peuples sous un même drapeau, avec des lois communes, un gouvernement commun, et surtout une économie commune. Une puissance mondiale.
Mais le caractère belliqueux qui nous a toujours caractérisés comme pays, l'individualisme national, et l'attachement de chacun à ses propres règles et traditions, constituaient l'obstacle parmi les obstacles.
En fait, l'évidence du cheminement vers l'Union suggérait que, tout en s'étant adaptés à une multitude de lois européennes, règlements et décisions, chaque nation était encore solidement attachée à ses intérêts internes, et de cette façon les États-Unis d'Europe étaient impossible à réaliser. Il fallait quelque chose de fédérateur, de puissant, plus puissant que les États et leurs caprices.
Quoi?
Une Constitution européenne à part entière, avec tous les pouvoirs d'une Constitution.

Et voilà que ces messieurs importants qui font la politique entre Strasbourg, Bruxelles et Luxembourg se réunirent en 2001 dans la ville belge anonyme de Laeken, et décidèrent: nous allons rédiger une constitution pour tous les peuples de l'Europe.

Ce fut fait sous la supervision de l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, avec la participation de notre Giuliano Amato. Mais ces bureaucrates en complet-veston firent une «erreur»: ils furent ouverts et démocratiques, c'est-à-dire qu'ils permirent aux nations d'Europe de connaître le contenu de la nouvelle Charte. En 2005, alors que nous, les Italiens.., nous perdions le sommeil à cause des télévisions du Cavaliere, les Français et les Néerlandais rejetèrent la constitution lors de deux référendums, accusant les bureaucrates européens d'avoir rédigé un texte scandaleusement ignorant des questions sociales et aussi partial en faveur des grands intérêts économiques.
En d'autres termes: avec cette Constitution, les États-Unis d'Europe deviendraient un terrain de jeu des faucons milliardaires et une terre de douleur pour le peuple, pour moi et pour vous et vos enfants.

Ce fut un choc pour les complets bleu, et surtout pour leurs commanditaires dans les corporate rooms d'Europe.
Renvoyés dans leurs Mercedes blindées au son des votes français et néerlandais, ils décidèrent un retrait temporaire, mais pas de reddition. En fait, dans la matinée du 13 Décembre 2007, ..., vingt-sept chefs de gouvernement européens se réunirent à Lisbonne et décidèrent: Nous allons faire une nouvelle tentative, mais cette fois sans permettre aux citoyens d'exprimer une opinion

Ainsi est né le traité de Lisbonne, rédigé en secret, signé en secret, secret dans ses contenus qui sont pratiquement impossibles à lire, et secrètement peut-être encore pire que la défunte Constitution.

Dans le traité, notre avenir est fixé, avec des bouleversements incroyables, à en laisser bouche bée.
Ma vie et votre vie, celle de vos enfants, sont établies le long de couloirs de fer qu'il sera presque impossible de changer en cas de ratification. Mais ces couloirs, où mènent-ils? A notre bien-être? A notre intérêt personnel? A notre cohabitation pacifique? Nous l'a t'on demandé? Avons-nous eu notre mot à dire?
Non, personne ne nous l'a demandé et vous n'en savez rien.

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LE TRAITÉ DE LISBONNE EN BREF
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C'est un ensemble de règles européennes rassemblées dans un traité qui n'est pas comme nous nous l'imaginons (un texte unique), mais est constitué de milliers d'amendements à des centaines de règles déjà en place, pour un total de 2800 pages. Il a été fait ainsi dans une intention frauduleuse et antidémocratique, comme je vais l'expliquer sous peu.
S'il est ratifié par tous les Etats, il deviendra de facto une constitution qui servira de cadre pour la création d'un super-État en Europe, comme les États-Unis d'Amérique, avec une présidence, avec un gouvernement central, un Parlement, un système judiciaire.
Ce super-Etat deviendra plus fort et plus contraignant qu'aucune autre nation européenne moderne. Nous tous, Européens, deviendrons les citoyens de cet État et soumis à ses lois plus qu'à celles des parlements nationaux, tout en conservant notre citoyenneté (italienne, allemande etc.). En fait, les lois émanant de ce super-État d'Europe seront au-dessus de nos lois nationales, et seront encore plus forte que notre Constitution.
Mais contrairement aux États-Unis, ces lois ont été rédigées par des bureaucrates qui n'ont pas été élus par nous (par exemple la Commission européenne), tandis que le Parlement européen actuel, où résident nos vrais représentants, pour lesquels nous avons voté, ne pourra ni proposer de lois , ni en adopter, ni en proposer à elle seule. Elle ne pourra que les contester, mais avec des procédures complexes au point de les rendre, en fait, secondaires.

Le traité de Lisbonne, lui, donnera un pouvoir énorme à des institutions qu'aucun citoyen n'élit directement (le Conseil européen qui sera la présidence - la Commission européenne et le Conseil des ministres, qui seront l'exécutif - la Cour de justice européenne, qui sera le système judiciaire), lesquelles auront même le pouvoir de faire entrer l'Europe en guerre sans le vote de l'ONU.
Les pouvoirs dont il s'agit seront inspirés à des principes dangereusement déséquilibrée en faveur du business, sans beaucoup d'attention aux besoins sociaux des citoyens.
Tout le soi-disant chapitre social du traité de Lisbonne (emploi, santé, grève, protection, les lois sociales, emploi ...) est misérable, avec de sévères restrictions et omissions, tandis que sont affirmés avec force les principes du libre marché en faveur du monde des affaires
Vous devez garder en mémoire, en lisant ces lignes, que nous parlons d'un traité qui pourrait très vite bouleverser votre vie comme cela n'a pas été fait depuis 60 ans: nouvel Etat, nouvelle citoyenneté, nouvelles lois, nouvelles orientation de vie quotidienne même la plus banale, à coup sûr moins de démocratie, et personne ne nous a consultés.
Comment sera cette nouvelle vie? Mieux, ou avec un recul dans la qualité de la vie? Serons-nous plus libres ou plus esclaves des intérêts des élites de pouvoir?
Même dans le chapitre sur la justice, le traité pose de sérieux problèmes. Il y aura un organisme super-puissant, la Cour de justice européenne, qui émettra des jugements exécutoires sur nos droits fondamentaux et les lois qui nous gouvernent; la Cour sera supérieure au pouvoir de notre Cour suprême, à notre ministère de la Justice, mais là encore, elle sera conduite par les juges nommés par des bureaucrates qu'aucun d'entre nous n'a choisis. Comment interpréteront-ils nos droits d'hommes et de femmes? Nous ont-ils interpelé?

Et voici le point crucial.
Un traité avec le pouvoir de bouleverser notre vie de communauté de citoyens, est écrit de manière à être illisible et il a déjà été ratifié (il ne manque que la signature de l'Irlande, qui organisera un référendum le 2 Octobre) par nos gouvernement, complètement et délibérément à notre insu. Ceci parce qu'une version similaire de ce traité (la Constitution européenne) et avec des objectifs similaires a été rejetée par la France et la Hollande en 2005, précisément parce qu'outrageusement partiale en faveur des lobbies du pouvoir européen et, négligente envers les citoyens.

Echaudés par cette expérience humiliante, les quelques hommes politiques européens qui comptent (90% n'en savent rien et ont signé sans rien comprendre) ont concocté une nouvelle version de la Constitution rejetée, en l'appelant le traité de Lisbonne, et la font passer en secret derrière notre dos.

A suivre... peut-être.
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L'article se poursuit avec ce que l'auteur appelle l'approfondissemnt.
Ceux que le sujet intéresse peuvent lire sur le site, c'est un italien pas très compliqué.

Mais déjà cette partie invite à réfléchir.

Le Pape et le "Foreign Policy Magazine" La déclaration de Manhattan