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Eglise et médias, un pacte à réécrire

Une intéressante réflexion d'une jeune journaliste italienne, Angela Ambogetti, encore à propos de la "communication" de l'Eglise (16/12/2009)

Aujourd'hui encore, lors de sa catéchèse consacré à un théologien anglais du XIIe siècle, Jean de Salisbury, le Saint-Père a évoqué la "communication", utilisant des instruments de plus en plus sophistiqués, et la nécessité corrélée de communiquer des messages doués de "sagesse", c'est-à-dire inspirés par la vérité, la bonté et la beauté.
Preuve que le sujet ne lui est pas indifférent.

Certains observateurs français se sont posés la question, même traitée dans un livre "pourquoi le Pape a t'il mauvaise presse?".
Ne faudrait-il pas inverser la proposition, et dire plutôt "pourquoi la presse est-elle mauvaise"?... Et pas uniquement contre le Pape.
Voici un article signé d'une jeune journaliste italienne, Angela Ambrogetti, rédactrice du site korazym.org, déjà rencontrée dans ces pages (et chez Raffaella) et qui tient un blog intitulé "Il Portone di bronzo".
Le billet date d'un mois, après la visite du Saint-Père à Brescia, elle fait donc allusion aux gros titres des jounaux (déjà bien oubliés! c'est dire si cette information est volatile) mais le propos reste d'actualité, et je le gardais en réserve.

Je retiens ceci: il est évident qu'à une époque où le savoir est tellement mutiple et fragmenté, l'information tellement immense, on ne peut pas être être spécialiste de tout. Je conçois assez bien qu'un journaliste "généraliste" ne puisse pas suivre l'actualité du pape d'aussi près ... que moi, ou que quelqu'un que cela passionne.
Mais est-il impensable, qu'en France, au moins dans les grands journaux, il y ait un authentique spécialiste, comme on le voit en Italie -bien sûr - mais aussi aux Etats-Unis? A moins que son absence ne soit le signe d'une intention délibérée. En vérité, je fais seulement semblant de poser la question.
Mais alors, qu'on cesse de nous bassiner avec l'ignorance des medias (comme le font systématiquement les journalistes chargés de couvrir le "fait religieux", et qui le font avec les résultats , ou les intentions, que l'on voit)... et son corollaire (ou l'inverse) le manque d'intérêt du public!!

Eglise et médias, un pacte à réécrire
Angela Ambrogetti [10/11/2009]
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En dépit des gros titres des journaux, la nouveauté n'est pas que les prêtres mariés anglicans peuvent être ordonnés dans l'Église catholique. Il s'agit en effet d'une "ancienne" règle que Paul VI a déjà écrite dans une obscure encyclique de 1967: Sacerdotalis caelibatus. Benoît XVI a été presque "forcé" d'en parler, dimanche dernier, à Brescia en rappelant quelques-uns des enseignements montiniens. Le problème est que cette simple référence à un document du Magistère n'avait pas été faite officiellement. Peut-être en imaginant que les journalistes se souvenaient du texte de l'encyclique. Mais il n'en était rien et les malentendus ont suivi.
Le rythme décidément excessif et frénétique d'une information qui vise exclusivement au scoop, au gros titre, à la gifle au visage du lecteur, s'accomode mal avec la publication de textes magistériaux. Pour les expliquer, il faut les lire, les étudier et avoir la préparation adéquate pour en saisir la nouveauté et la particularité.
Un travail qui se fait de moins dans les rédactions, pressées de demandes plus ou moins absurdes pour toujours trouver quelque chose de «politique» à un événement ecclésial. Sans parler, bien sûr, une fois identifiée la nature politique d'une déclaration, de se plaindre d'une «ingérence indue».

A Brescia, ce dimanche 8 Novembre, Benoît XVI a retracé l'enseignement de Paul VI, il a relu des phrases du Pape qui étaient en parfaite adéquation avec notre époque. Rappelant non seulement la nécessité d'une Eglise "pauvre et libre", mais relançant les thèmes de Vatican II, en particulier sur les relations de l'Eglise avec le monde extérieur. Dans les journaux, il n'en a pas été question.
"Chers amis ...comment ne pas voir que la question de l'Eglise, de sa nécessité dans le plan de salut et de sa relation avec le monde, reste aujourd'hui encore, absolument centrale? Et même, que le développement de la sécularisation, et la mondialisation l'ont rendue encore plus radicale, concernant l'oubli de Dieu, d'une part, et les relations avec les religions non chrétiennes, de l'autre?
La réflexion de Papa Montini sur l'Eglise est plus que jamais actuelle; et plus précieux encore, l'exemple de son amour pour elle, inséparable de celui du Christ. "
Ce sont des mots de Benoît XVI, prononcés lors de l'homélie de la Messe sur le parvis de la cathédrale, sous une pluie battante (Le Pape à Brescia).
Mais sur certains sites, la nouvelle de la courte prière devant la plaque commémorative des victimes de l'attentat de 1974 a été mise en évidence, comme s'il s'agissait d'un "hors-programme". Dommage que, depuis au moins une semaine, l'information avait été publiée dans la brochure d'information mise à la disposition de tous les vaticanistes.(!!)

Et personne n'a souligné la rencontre de cet après-midi avec la remise du prix Paul VI à la Collection Sources Chrétiennes. En rappelant notamment que Joseph Ratzinger avait lui aussi contribué à la collection, voulue par deux jésuites Henri de Lubac et Jean Daniélou, bien avant le Concile et qui anticipait ce "ressourcement" que Vatican II aurait décrété. Evénements immenses dans l'histoire de la pensée et de l'Eglise, relégués en marge des «nouvelles» par l'information que le sous-secrétaire Gianni Letta avait accompagné le pape en avion à Brescia. Certainement un fait intéressant pour certains commérages politiques, mais sans rapports avec l'histoire et l'Eglise.

De même, la lecture de la Constitution apostolique qui permet de guérir le schisme anglican et marque une étape historique dans la vie de l'Église catholique, sera réduite à l'autorisation, ou non, pour les hommes mariés, d'être ordonnés.
En effet, le choix d'organiser cette communion "visible", sans avoir à abandonner les traditions et la culture anglicanes apparaît significatif. Le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi a fait un parallèle avec le rite ambrosien qui est toutefois encore interne à l'Église latine.
Anglicanorum coetibus pourrait être aussi un modèle pour résoudre la question des lefevristes. Un fait d'une importance non négligeable. Ce serait le signe d'un projet précis du Pontificat de Ratzinger: ouvrir les portes de la richesse de la diversité en une église catholique unique.
Une chose qui intéresse les gens, mais pas des politiciens, et certainement pas les journaux.
De même peut-être que le discours d'ouverture intéressant et combatif du cardinal Bagnasco, lundi 9 novembre 9 à Assise, lors de l'Assemblée générale de l'épiscopat italien: les médias n'en ont retenu que la demande d'objection de conscience sur l'utilisation de la pilule abortive et le respect de l'accord pour l'enseignement la religion catholique à l'école.
Et pourtant, Mgr Bagnasco a parlé de la nouvelle colonisation en Afrique, de la figure du prêtre et de son adhésion intérieure au Christ qui ne lui fait pas rechercher «d'évasion» ou de «compensation», et la perception de la mort dans une société qui veut l'annuler ou la diaboliser. Les évêques ont élaboré une nouvelle liturgie pour les obsèques et la presse ne parle que de l'endroit où conserver les cendres après la crémation.
L'Eglise choisit d'entrer dans le cirque médiatique, elle choisit d'entrer en dialogue avec les médias, mais elle n'en maîtrise pas la dynamique qui chaque jour échappe un peu plus au contrôle de l'intelligence et de la raison en faveur de la banalité.
Le vrai «défi éducatif» doit être affronté avec la prise de conscience qu'aujourd'hui, lorsque nous utilisons le mot «culture» nous voulons tout au plus parler de «culturisme».

http://www.angelambrogetti.org/



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