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Les droits humains face aux devoirs humains

Carlota a tradui ce texte du blogueur espagnol très connu Eduardo Arroyo, déjà rencontré dans ces pages (7/10/2009)

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Les droits humains face aux devoirs humains, c’est ainsi qu’Eduardo Arroyo, l’un des blogueurs espagnols du El Semanal digital intitulait son éditorial du 2 octobre dernier, la veille du re-référendum irlandais. Certes comme à son habitude il tempête contre bien des idées reçues sur la démocratie, la liberté individuelle, les programmes d’éducation, la création artistique, élargissant à bien d’autres domaines la phrase de Christine Sourgins que Marianne a cité avec beaucoup de justesse : "Quels que soient les prétextes esthétiques, politiques ou moraux qu'il se donne, l'art contemporain attaque en fait l'humanité même de l'homme".

Donc à quoi bon vous envoyez encore un papier d’Arroyo ? Mais ma foi, en consultant les chaînes de télé et de radio, de même que les sites internet les plus courus, j’ai aussi beaucoup d’occasion d’avoir la tête martelée des mêmes rengaines…Par contre je ne sais si, comme le fait Arroyo, y sont évoqués les devoirs humains envers Dieu. Finalement aujourd’hui une idée révolutionnaire des plus subversives !

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Prisa (1), Almodóvar (2), ou Cuéntame (2) sont quelques uns des chevaux de bataille employés par la nouvelle ingénierie sociale. La même qui prétend nous égaliser par le bas au nom des droits

(Carlota)

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Eduardo Arroyo, El Semanal digital
Traduction par Carlota

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Dans une époque supposée si rationnelle et équilibrée qu’est la nôtre, dans laquelle la science tient lieu de nouvelle religion, il existe une multitude de mots « totem » qui sont adorés sans discussion et qui ont la capacité de bloquer cette capacité d’analyse dont notre époque se targue tant. Ainsi tout organisation devra avoir un caractère « démocratique », sans que personne ne songe exactement à quoi cela correspond exactement. Est-ce que cela veut dire que les décisions se prennent à la suite d’un vote ou bien que l’on présume, - comme dans les « démocraties populaires où villégiaturent nos socialistes d’aujourd’hui (ndt : l’auteur de l’article parle de son pays bien sûr, mais les termes peuvent être sans doute élargis à d’autres familles politiques et à d’autres lieux), - qu’une oligarchie déterminée représente le « peuple » et prend les décisions unilatéralement ? Dans le cas où l’on vote même pour la décision la plus élémentaire, le scrutin est-il à la majorité simple ou qualifié, à un ou deux tours, les votes ont-ils tous la même valeur, les électeurs sont-ils de la même manière motivée par le célèbre « intérêt général » ?

Les questions se bousculent mais le fait est que sous couvert de la « démocratie », notre gouvernement est en train de mener à bien un travail d’ingénierie sociale, de ceux qui marquent son époque, en pleine cohérence avec la plus ancienne tradition de la gauche planétaire. Son inspirateur, le projet « émancipateur » qui sortirait de l’Illustration, n’est pas autre chose que la tentative d’adapter la réalité aux divagations des idéologues qui distillent leur bille dans ce sens depuis quelques trois cents ans. Si la réalité ne se range pas à la « raison », les choses se plieront, si c’est nécessaire, sous la force cœrcitive de l’État. Il existe une multitude d’exemples et peut-être le plus emblématique est celui de l’idéal égalitaire, qui aujourd’hui déjà se donne pour évident dans tout l’Occident. Loin de supposer, comme prétendu, une égalité « devant la loi », l’idéal égalitaire fait de l’égalité une valeur intrinsèquement positive, capable de polariser la société entière en quête de l’utopie. Il n’y a personne de meilleur ni de pire et toute distinction en faveur de l’excellence est considérée sous le prisme de la rancœur sociale. Ainsi le fait que des gens sans scrupules aient utilisé leur manque d’éthique pour se hisser tout en haut de l’échelle sociale rend suspect d’entrée toute différence sociale. Bien sûr, la nature même ne reste pas en marge du projet « émancipateur » et égalitaire et doit être soumise moyennant la technique. D’où découle par exemple le fondement théorique qui est à l’origine de la morale sexuelle « progressiste » : l’homme doit s’émanciper non seulement de l’ordre divin mais aussi de la nature même. Pour l’idéal Illustré seul l’homme crée des valeurs et grâce à la technique il peut décider d’avoir ou de ne pas avoir des enfants ou s’ils doivent vivre et quand.
En arrivant à l’extrême limite de ce raisonnement, -et pourquoi pas, l’homme peut même décider d’être homme ou femme. De là pour les plus « avancés », le « changement de sexe » se définie comme un « droit » tout comme l’avortement sous toutes ses formes depuis le découpage chirurgical de l’enfant ou son empoisonnement chimique jusqu’à la célèbre « pilule du lendemain ». Naturellement « l’émancipation » ne s’arrête pas aux limites imposées par la nature, - comme la protection due aux enfants ou la détermination biologique du sexe, mais à l’ordre naturel lui-même. Une expression souvent employée par les économistes modernes, comme les « ressources naturelles », évidence que la modernité comprend la nature comme une simple ressource à son service, comme un outil de plus qui doit être préservée pour favoriser le projet émancipateur du présent et du futur.

C’est celle-là et non pas une autre, la raison pour laquelle toutes les “avancées” se présentent avec les habits du « droit ». Celui qui a le « droit » d’avorter, de changer de sexe, d’avoir dix-sept amants ou de se faire castrer pour ne pas avoir d’enfants ; peut avoir « droit » à « l’éducation », mais qu’est ce que cela signifie, - comme avec ce qui arrive aux filles du président (4), ou au travail, même si son activité est nuisible au niveau social comme c’est le cas de la télévision poubelle, ou à « être tenu informé », même si Prisa, Almodóvar ou Cuéntame produisent chaque jour des tonnes de fumier mental au nom de la « liberté d’expression ». Tout cela représente des « droits » puisque Dieu, l’idée centrale de l’humanité, est en train d’être expulsée de notre vie sous mille prétextes.

Mais cette question n’est ni mineure ni sans conséquente bien que les « athées de service » s’escriment à présenter des arguments supposés érudits mais ridicules dans leurs fondements pour défendre ce qui n’est rien d’autre qu’une simple construction idéologique « émancipatrice ». L’athéisme n’existe guère plus que comme une anecdote pour les peuples non occidentaux et à nous nous revient le très douteux honneur d’avoir élevé une anecdote historique au niveau de la pierre angulaire de notre civilisation. Ce n’est pas par hasard si l’idéologie la plus extrémiste dans ce sens, le marxisme et ses dérivés, a été la plus cruelle de l’histoire, avec des centaines de millions de morts à son crédit, quoique désormais elle se recycle sous la forme du « progressisme » ou simplement en rendant silencieux les crimes avec des lois de « mémoire historique ». La raison est que sa discordance entre la réalité du monde et des hommes est si radicale qu’il a fallu beaucoup de sang pour essayer de faire cadrer la réalité et l’idéologie.

Sans Dieu, en forçant un peu les « droits » que chacun peut exiger et nous trouverons que tout ce que dans le temps nous concevions intuitivement comme un comportement « bon » ou « civilisé » disparaît comme par enchantement. L’idée de Dieu est fondamentale pour ancrer un droit quelconque car dans le fond tout droit n’est pas autre chose qu’une exigence à un tiers. Et c’est de cet Occident malade que prolifèrent les manifestations réclamant des « droits » qui ne sont d’ailleurs pas consentis aux tiers qui ne veulent céder à de telles exigences, une attitude qui cadre parfaitement avec l’individualisme pathologique du libéralisme et sur lequel repose la justification de toutes ces exigences.

Pour remédier à tant d’absurdité, il faudrait mieux considérer non pas une société de droits mais une société de devoirs. L’avantage des devoirs est que le devoir retombe sur soi-même et non pas sur n’importe quel autre. Le devoir impose à quelqu’un de remplir tout un réseau d’obligations dans lesquelles il est inséré, au lieu d’exiger de celui d’à côté ce que soi-même on décide qu’il doit faire. Ainsi par exemple, un enfant n’a pas le droit à un bon père mais le devoir du père c’est d’être effectivement bon, comme le devoir du patron c’est d’être juste avec ses ouvriers et le devoir du travailleur c’est d’être diligent et honnête.

D’une manière analogue, l’idée de « devoir » transforme la Nature en interlocutrice et non en entité exploitée au service de notre supposé « droit » à l’émancipation. On a le devoir de comprendre que la Nature n’est pas une chose quelconque, quelque chose que une simple «ressource » pour que la machine de production capitaliste produise de plus grands bénéfices. Cette référence admise, la relation de l’homme et de la Nature change automatiquement quand l’homme sent qu’il doit protéger la Nature qui est un don de Dieu.

Cependant, les devoirs ne sont pas non plus compréhensibles sans un ancrage fondamental dans le divin. L’idée kantienne d’un impératif catégorique a été peut-être la tentative la plus sérieuse d’explication dans ce sens. Kant croyait que n’importe quel comportement qui ne pourrait être élevé à la législation universelle ne pourrait être considérée comme une norme sociale. Malheureusement pour lui le temps ne lui a pas donné raison. Selon Kant si tous mentaient, disparaîtrait le fait même du dire y compris de la communication entre les personnes. Mais à l’époque de la manipulation de masses, de la « presse rose » et de « l’éducation par la citoyenneté » (5), Kant ne sert pas à grand-chose quand ce sont des millions qui font du mensonge une « législation universelle ».

Qu’est ce qui nous reste alors ? Peu de choix en fait. Entre les « droits » qui justifient et sont les fondements des génocides et les droits en eux-mêmes qui sont bien peu face aux coups de boutoirs du nihilisme généralisé, seul le devoir envers Dieu peut être le fondement du faire et du comportement des hommes. Comment y arriver ? Et bien peut-être le plus simple de tout c’est qu’en exigeant de nous ce que nous exigeons des autres, nous donnions une nouvelle orientation à notre vie, en exigeant de chacun ce que le souffle de l’Esprit demande aux hommes depuis des siècles. Un homme ainsi rénové contemple ainsi un monde de devoirs vis-à-vis des ses parents, son pays, le monde, ses enfants, et pour cela donne le meilleur de lui-même. Le reste n’est rien d’autre que décadence et corruption intellectuelle qui est à l’origine même de toutes les autres corruptions.

Notes

(1) Un des groupes principaux de presse espagnols -
Nous semblons avoir ce même genre de presse en France, où du Pèlerin, la Croix au Figaro, Monde et Nouvel Obs, les mêmes informations sont développées selon le même sens idéologique et ceux malgré les orientations éditorialistes semble-t-il officiellement affichées par ces journaux.

(2) Pedro Almodovar, cinéaste espagnol que l’auteur de cet article désigne comme étant l’un des représentants emblématiques de ceux qui prétendent transformer l’anormal en normal. Mais il n’est pas le seul dans la corporation des cinéastes qui fréquentent notamment le festival de Cannes !

(3) Série télévisée d’une chaîne publique espagnole,- titre complet « Cuéntame como pasó » (Raconte-moi comment ça s’est passé) depuis 2000 relate avec des prétentions historico – sociologiques la vie d’une famille espagnole durant les dernières années du franquisme et le début du règne de Juan Carlos. Certaines de nos télé - fictions sur le passé plus ou moins récent de la France n’ont rien à envier à Cuéntame!

(4) Arroyo évoque les filles du président du gouvernement espagnol respectivement âgées de 16 ans et 13 ans car elles ont récemment soulevé une polémique en apparaissant sur le site officiel de la maison blanche, photographiées à côtés de leurs parents et du couple Obama. Quasiment inconnues jusque là des Espagnols, elles ont ainsi été découvertes portant cheveux longs pendants, robes et bottes noires, ce qui a fait dire qu’elles étaient des « gothiques ». La photo a été très vite enlevée du site US, car en Espagne il y avait toujours eu un accord tacite pour que ces jeunes filles n’apparaissent jamais sur les différents supports médiatiques nationaux.

(5) Nouvelle matière scolaire imposée en Espagne « L’éducation pour la citoyenneté et les droits humains » (suite à un décret de décembre 2006 qui se veut dans la continuité de directives du conseil de l’Europe, elles mêmes très inspirées d’orientations de l’Unesco dont la consultation du site est redoutablement édifiante !). Un certain nombre de parents ont considéré que « Les critères et les principes de cet enseignement obligatoire étaient contraires à la morale et à la doctrine sociale de l’église (confirmé par la commission permanent de la conférence épiscopale espagnole) et ont entamé des procédures (cf site web www.objetores.org) pour empêcher leurs enfants d’assister à ces cours. J’ai l’impression que ces mêmes types de cours ont été également introduits en France mais d’une façon plus diffuse et plus progressive depuis de plusieurs années empêchant peut-être la même prise de conscience…

A propos de la lettre des évêques hongrois Saint-Michel contre Eole