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La question du Crucifix: le suicide le l'Europe

Carlota (7/11/2009)

Le Christ triomphe des idoles


Sans doute anesthésiés par l’idéologie révolutionnaire de 1789 (ou plutôt de 1793) et par les pratiques musclées en matière de laïcisme de la III ème république, notamment en 1905 (ou tout simplement parce que les plus jeunes d’entre nous n'ont jamais appris à l’école que cela a pu être différent, y compris en France, et il n’y a pas si longtemps de cela à l’échelle de l’Europe chrétienne), la sentence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEHD) ne va pas forcément faire beaucoup réagir la majorité des Français. Si ce n’est que cette sentence nous fait découvrir que cette Cour n’a rien à voir avec l’Union Européenne (Ah bon !) qui, elle, dispose d’une Cour de justice des communautés européennes ; que la CDEH représente 47 pays de la Russie à l’Islande en passant dont la Turquie, Azerbaïdjan, la Géorgie et l’Arménie ; et que nous pouvons nous interroger, sans même nous poser des questions sur la responsabilité des juges, ou tout au moins lsur le coût de toutes ces institutions qui nous semblent encore bien plus complexes que les juridictions de nos provinces de l’Ancien Régime.

Et pourtant en France si le crucifix a gêné les autorités, il ne semble pas en être actuellement de même des manifestations d’une certaine religion sur le domaine public ou semi-public (rues barrées par la police municipale pour la prière, salles aménagées sur les lieux de travail, menus adaptés parfois même imposés dans les cantines ou les prisons , etc.).

Photo ci-dessus: Une rue du Puteaux à l'heure de la prière, voir ici: http://yvesdaoudal.hautetfort.com/...

La sentence a par contre eu un retentissement important en Italie, bien sûr parce l’affaire est partie d’une ressortissante italo-finlandaise gênée par les crucifix présents dans la salle de classe d’une école publique où étudiait son fils. Rappelons-nous pour bien replacer l’affaire dans le contexte, que ces crucifix sont tout à fait « légaux » en Italie et que même lorsque les importantes possessions territoriales (près d’un tiers de la péninsule) de la papauté (dans les faits à partir de 1860) sont devenues italiennes, la présence des crucifix, dans les écoles devenues d’état, n’a aucunement été remise en question.

Cette sentence n’est pas, non plus, sans inquiéter d’autres pays où des tentatives dans ce sens ont déjà eu lieu, notamment du fait de la majorité gouvernemental au pouvoir.

C’est le cas de l’Espagne où le secrétaire général de la Conférence Épiscopale Espagnole, Monseigneur Juan Antonio Martínez Camino, évêque auxiliaire de Madrid, interrogé par des journalistes sur des thèmes d’actualité, a déclaré que c’était triste d’avoir à « incarcérer » le crucifix et qu’il espérait qu’en Espagne il y aurait une réflexion sur ce que suppose le crucifix comme symbole de dignité humaine, de liberté et de distinction entre le pouvoir civil et le pouvoir religieux. « S’il disparaît nous perdrons toutes les acquis de la culture occidentale liée à nos valeurs. La sentence du Tribunal de Strasbourg est lamentable et peu constructive pour le futur de l’Europe ». (06 nov. 2009)

José Luis Restán chroniqueur de la radio espagnole COPE a écrit quant à lui :

La question du crucifix: le suicide de l’Europe (05-11-09)
http://www.cope.es/religion/05-11-09...
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Peut-être que dans cette Europe du millénaire ne restent comme signe acceptable dans la vie publique que les citrouilles d’”Halloween”, tandis qu’on nous enlève le symbole le plus cher et le plus significatif de notre histoire, le crucifix. L’amère ironie est celle du cardial Tarcisio Bertone, interrogé sur la sentence de la Cour Européenne des Droits Humains de Strasbourg, qui a statué que la présence du crucifix dans les salles de classe viole le droit à la liberté religieuse et porte dommage au pluralisme éducatif.

Comme l’a dit Vittorio Messori, cette sentence produit amertume et tristesse, mais elle ne peut nous scandaliser à l’heure actuelle. Elle représente le distillat de l’idéologie laïciste qui a pénétré le tissu des institutions européennes, qui, ne l’oublions pas, avait conquis auparavant les universités et les médias.
Selon cette idéologie abstraite et sectaire, la laïcité consiste dans la disparition totale de l’espace public de toute expression religieuse. Seul ce vide garantit la tolérance et le pluralisme. Bon, c’est bien, mais pluralisme de quoi, une fois qu’on a décrété la disparition de l’espace publique des diverses identités ?
Il y a un motif à la sentence qu’il est nécessaire de ne pas perdre de vue. La religion est vue en tout cas comme une question uniquement privée, mais encore, elle appartient au règne de l’irrationnel y du sentimental. Ne lui revient aucune dignité publique, on ne la reconnaît pas comme facteur de culture et de civilisation. Et c’est là que ce qui est supposé idéologique se heurte frontalement avec la réalité et l’histoire.
Selon ce motif, à côté du crucifix, il faudrait éliminé du domaine public la Divine Comédie de Dante, les cathédrales gothiques, les cantates de Bach, les léproseries de Molokai, pour ne citer que quelques exemples. Mais aucune personne de bon sens, croyante ou non, serait disposé à se passer du patrimoine de civilisation qui est né de la foi chrétienne (de même du judaïsme ou de l’islam).
D’autre part, c’est pire qu’une vaine illusion que de penser que les sociétés démocratiques peuvent se maintenir dans le vide ou sur un unique consensus sans lien aucun avec la tradition. Dans le cas de l’Italie, pays touché en premier lieu par cette sentence, le christianisme (et le crucifix comme expression de synthèse), représente un élément de cohésion d’une société que ne peut se passer de sa tradition, comme l’a soutenu avec force le vice-président du parlement européen, Mario Mauro.
La présence du crucifix dans les salles de classe ne suppose aucune coercition pour les élèves qui ne sont pas chrétiens, à ceux à qui d’autre part l’État démocratique garantit pleinement la liberté. Au contraire ces élèves ont le droit de connaître les sources et les expressions de tradition culturelle, morale et spirituelle qui ont été constitutives de la société dans laquelle ils vivent. Cela vaudrait de la même façon pour un élève chrétien qui serait en Israël et contemplerait l’Étoile de David en classe, ou qui serait sous le Croissant dans un pays à majorité musulmane. Pourvu que là-bas la liberté religieuse lui soit garantie d’une manière adéquate comme cela se passe en Occident.

Mais en outre le crucifix a une signification et une valeur unique parmi tous les symboles religieux. Une signification et une valeur que peuvent reconnaître aussi les non-croyants et les fidèles des autres religions. Le crucifix représente le Dieu qui n’a pas voulu agir dans l’histoire avec une puissance supérieure mais en se livrant jusqu’à la mort pour le salut du monde. Le crucifix signifie le rachat des abandonnés et des maltraités, l’étreinte chaleureuse de Dieu pour répondre au dénuement de l’homme, son pardon même pour ceux qui le clouaient sur la croix. Il signifie la liberté de l’homme face à Dieu qui lui demande une adhésion et une reconnaissance sans contrainte et pleine d’amour. C’est lui l’origine de la culture européenne, comme l’a expliqué Benoît XVI au collège des Bernardins ; c’est lui le moteur qui a impulsé le droit, les arts, l’école pour tous, la santé et la politique comme service du bien commun.

Il y a quelques jours, le Pape s’adressait au nouveau représentant de la commission des communautés européennes auprès du Saint Siège avec cette question pressante: L’Europe peut-elle omettre le principe organique originel de ces valeurs qui ont révélé à l’homme autant son éminente dignité que le fait de sa vocation personnelle qui l’ouvre à tous les autres hommes avec lesquels il est appelé à constituer une seule famille ?
Et Benoît XVI faisait ce sévère avertissement : « Il est important que l’Europe ne permette pas que son modèle de civilisation se détruise, pan par pan ».

C’est pourtant le caractère suicidaire de la sentence de Strasbourg.

Et Cristina López Schlichting, journaliste, écrivain et directrice de l’émission “La Tarde” de la radio espagnole COPE, n’hésitait pas à faire l’éditorial - lettre ouverte suivant :

Est-ce que la tradition dont vous êtes les enfants vous offense ? (Note de moi : tout au moins pour les juges de tradition chrétienne et européen, ce qui en exclut au moins un).
Imagine-t-on un tribunal international dans un continent que ne soit pas de tradition européenne ?
L’histoire des droits humains est européenne parce que l’Europe est chrétienne et qu’il n’y a rien de plus simple pour symboliser notre passé que le crucifix. Qu’aujourd’hui vous décrétiez que la croix offense la liberté religieuse est profondément injuste. Avoir devant soit un crucifix n’oblige pas à être chrétien. Par contre, oui, il oblige à se rappeler une tradition de solidarité, miséricorde, égalité et liberté religieuse. Vous ne respectez pas la filiation de l’Europe, et par conséquent, vous vous approchez de l’intolérance. L’intolérance qui veut imposer le laïcisme obligatoire (Note de moi : et la dictature puisque une seule requérante peut obliger tout un continent à penser comme elle, alors qu’aucune loi n’a été votée dans ce sens en Italie. Et si les crucifix ont été enlevés, c’était à des périodes de funeste mémoire, sous Hitler ou dans les pays communistes, pour ne citer que quelques cas relativement récents).
Je veux que vous sachiez une chose, messieurs les magistrats de Strasbourg : j’accepte votre institution parce que je suis chrétienne, et comme chrétienne, je respecte la loi et l’état de droit. Si j’étais relativiste je ne vous accepterais pas comme juges. Car au nom de quoi le ferais-je ?

Carlota, 6 novembre 2008

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