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Dans la peau d'un évêque

Jeannine l'a lu et passé au crible, ainsi que la "Confession de Castelgandlfo". J'aurais dû ouvrir une rubrique: livres à ne pas lire (18/11/2009)


A propos du dernier livre de l'anonyme Pietro de Paoli, je viens de tomber sur le blog sympathique d'un jeune séminariste du diocèse de Poitiers, Julien Dupont.
Et il écrit:
Maniant avec brio la langue de Molière, ce récit n’est pas seulement à mi chemin entre la fiction et la réalité. Il permet à des lecteurs non avertis de découvrir la vie ordinaire d’un évêque et aux habitués de ces ministres ordonnés de les voir sous un nouveau jour. Car en effet, Mgr Marc Belhomme se montre à la fois sous les traits de l’évêque et du baptisé, c'est-à-dire du gestionnaire et du chercheur de Dieu.
Ce livre montre aussi
combien les préoccupations pastorales ne sont pas toujours à la hauteur de ce qu’un peuple est en droit d’attendre d’un évêque. Pour moi, un évêque ne fait pas que gérer une situation avec les moyens dont il dispose. Il est celui qui à pour mission de développer un projet pastoral d’ensemble… Et cela semble assez absent dans ce journal de bord, comme dans la réalité qui nous est donné à voir par la plupart de nos épiscopes français.

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Voici donc l'analyse aigüe - et attendue - de mon amie Jeannine:

Pour commencer, je vais vous parler des deux livres de P de Paoli.
Ils ont été présentés par la presse comme des évènements et je me demande pourquoi. Quand je pense que des lecteurs lisant ces lignes sont censés y trouver une vision actuelle de l'Eglise qui les renforcera dans leur foi je me dis que je suis nulle puisque je ne suis pas capable de sentir la profondeur des propos. Ils permettent en fait à ceux qui sont opposés à l'Eglise actuelle de se dire qu'ils ont raison puisque leurs préoccupations, leur peine, leurs souffrances sont portées au grand jour, sous le couvert de l'anonymat quand-même, par un écrivain qui ne porte pas le Pape dans son cœur et appelle de tous ses vœux la venue d'une Eglise nouvelle. Le fait que la plume soit celle d'un quidam fort en cour à Rome ou ailleurs ne fait que pimenter l'affaire.

Qui est l'auteur? je n'en sais rien.
Les précisions concernant le Pape (en particulier dans la Confession de Castelgandolfo) n'ont aucune originalité. Dans le portrait tracé à coups de plume malveillante le trait est appuyé pour amoindrir, ridiculiser, détruire la personnalité vraie de celui qui occupe le siège de Pierre. Tout au long des pages il présente notre Pape comme un vieillard à bout de souffle, isolé, prisonnier du Vatican avec un secrétaire froid, muet comme une tombe (c'est vrai), dévoué mais par devoir. La description de la vie au Vatican, de l'ambiance régnant à la Curie peut être trouvée dans les articles de Match, le Monde, le Figaro, Gala, les médias italiens et autres. Est-il besoin de faire partie du sérail pour les connaître? ma réponse est non. Le canevas a été crée en avril 2005 et depuis il sert de base aux assertions les plus fausses, les plus désobligeantes, les plus vénéneuses. J'ajouterai que toute personne ayant vécu ou travaillé dans un milieu à forte concentration féminine ou masculine connaît ces problèmes de jalousie, de nouvelles colportées avec plus ou moins de malveillance, ces rumeurs inventées, ce besoin de se mettre en valeur en critiquant férocement les autres (je parle par expérience), rien que de très ordinaire et la seule attitude valable à adopter pour se protèger : les ignorer et s'isoler.

Dans la peau d'un évêque
Dans ce journal d'un évêque (article de M. Kubler 15/10/09) quinze années se sont écoulées depuis le précédent récit . Le vent contraire à l'Eglise qui soufflait dans le journal d'un curé de campagne est devenu une bise cinglante dirigée contre Benoît XVI et l'Eglise qu'il incarne. Le ton est virulent, agressif. Il fustige "le retour en arrière", la disparition de Vatican II, la tradition qui revient au goût du jour, les tenues du Pape habillé à la Jules II (ce qualificatif vient du courrier de La Croix) ces catholiques illuminés qui soutiennent ce pontife complètement dépassé par la situation, etc, etc ..... A partir de la page 225 c'est le lynchage du Pape mais vous en avez parlé. Dans ce cas notre auteur anonyme laisse le soin à ses amis de porter l'estocade mais les entendre ainsi vitupérer ne le dérange pas: c'est humain de confier le sale travail à l'entourage et en parfait accord avec l'anonymat: se défiler voilà le maître-mot. Je n'ai pas apprécié d'avoir choisi l'éventualité d'un cancer, maladie grave et qui fait peur, pour alimenter un certain suspense et beaucoup de délayage dans ces 292 pages.
Elles ont été écrites pour rendre service à son Eglise tant aimée; qui aime bien châtie bien dit-on. Il s'est surtout fait du bien. L'homme a vieilli mais on retrouve la même fêlure dans la personnalité : que ce soit à 38 ans ou a 54 ans, un couple ami attendant un enfant ou une collaboratrice avec enfants, dans les deux cas le prêtre ou l'évêque est déstabilisé au point d'envisager l'abandon; ne faisons pas trop se fréquenter des couples et des célibataires qui doivent toujours rester en retrait de cette vie qui peut les attirer.

La confession de Castel Gandolfo : même auteur, même style mais je l'ai lue avec un autre regard, pourquoi? je ne sais. La présentation sous forme de dialogue y a certainement contribué. Deux théologiens qui se connaissent depuis longtemps se retrouvent : le plus discret, le plus pondéré est devenu pape et n'a pas laissé un bon souvenir à son collègue qui se plaint amèrement du traitement disciplinaire dont il a été l'objet. Si mes souvenirs sont bons le commentaire de H.Küng après sa visite à Castel Gandolfo n'avait pas été virulent. Il avait noté que tous deux avaient gardé leur vivacité d'esprit mais il était persuadé que Benoît XVI réfléchirait bien plus longtemps que lui avant de prendre une décision. La positon s'est radicalisée s'agissant aussi bien du personnage de roman que du véritable théologien dans un magistral et récent débordement de haine, de rancœur, ah si c'était lui qui dirigeait l'Eglise!
Le vocabulaire utilisé est choquant. Il est consternant de voir cette personne perdre à ce point tout contrôle de sa parole, de ses idées.
Je reviens au livre, les joutes oratoires sont bien menées, chacun des interlocuteurs renvoyant la balle au bond mais on retrouve toujours la même exagération, la même déformation destinée à déprécier la personne physique du pape et ses propos. Certains détails sont vrais : Benoît XVI aime Castel Gandolfo et il ne s'en cache pas, le cadre est moins imposant, plus agreste avec un climat moins pénible. L'encadrement moins visible doit créer une impression de liberté relative car il est bien évident qu'il n'est plus libre de disposer de sa personne ni de son temps. Cependant dans cette vie trop bien réglée pour moi je suis persuadée qu'il arrive à se ménager des petits espaces de détente qui correspondent vraiment à des souhaits personnels. A Castel Gandolfo les oppositions, la Curie sont loin et le lac d'Albano apporte fraîcheur et calme, tout ce que Benoît XVI aime. Rien n'échappe à la critique: la silhouette du Pontife, sa tenue vestimentaire, ses paroles, le ton de voix utilisé, ses moindres gestes, même le sourire si doux est de commande, du travail d'artiste. Ceux qui entourent le Pape reconnaissent sa discrétion, son souci de ne pas déranger; alors le voir mettre son secrétaire en position délicate pour un tire-bouchon introuvable et manifester son impatience en attendant son retour me paraît relever de la plus haute fantaisie. C'est la même personne qui à Aoste a souhaité ne pas perturber le travail du personnel médical et attendre son tour. Il en va de même pendant tout le livre. Sa sobriété quasi monastique est mise à mal lors de cette soirée émaillée d'échanges acerbes. Pour corser l'entretien les malaises du pape sont décrits avec fidélité, surtout ne pas les oublier,une fin pré-annoncée, décidément la maladie paraît être un thème favori chez l'auteur.
Je suis mauvais juge car j'ai manqué de discernement en étant acquise à la cause de notre Benoît XVI. Si je veux être honnête certaines idées de H.K ne me choquent pas mais la façon dont elle sont présentées, le vocabulaire utilisé, l'opposition permanente au pape, le désir trop bien étalé de le discréditer font que je rejette tout en bloc. J'ai ri en lisant la scène au bord de la piscine car s'est formée devant mes yeux l'image suivante : Benoît XVI en blanc bien sûr et H.K en tenue de bain, ferraillant verbalement dans ce décor fort peu protocolaire .
C'est le dénigrement systématique de Benoît XVI et de toute son action, les piques acerbes sont cesse portées. Il faut que l'Eglise change. Le Pape est un intermédiaire à supprimer: trop vieux, perdu dans ses livres, incapable de débattre avec quelqu'un (page 229 et suite).
Je pense que le petit morceau de papier glissé entre des pierres par Mgr Belhomme n'est pas arrivé sans intention ni rappel d'un autre papier glissé par Benoît XVI
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Jeannine termine sa lettre par des remarques sur l'actualité.

J'ai suivi la visite de notre pape à Brescia et j'ai apprécié le vibrant hommage rendu à Paul VI. Ce pape voyageait, c'est lui qui a initié les audiences du mercredi matin. Il a eu un parcours riche en voyages, en écrits, en théologie et il avait une classe incontestable. Le commentaire de T. Wallut pour KTO était bien fait et a permis de réaliser pour les non-avertis en histoire papale que la papauté a existé avant Jean-Paul II. Jusqu'à présent Paul VI paraissait bien oublié.
Le temps était épouvantable: pluie, vent, froid mais un point très positif : la foule joyeuse était là et a attendu malgré des conditions déplorables. A l'arrivée, notre Benoît m'a paru peu à l'aise et la voix prise. L'après-midi notre Saint-Père était plus détendu. Lorsque j'aurai eu le temps de bien savourer tous les détails que vous nous donnez je vous en parlerai.
Hans Küng persiste et signe. Rien d'étonnant à cela; il est comme les vieilles pendules qui sont restées longtemps sans sonner mais qui, une fois le ressort remonté, carillonnent à nouveau jusqu'à épuisement. Lui, qui dans le roman parle avec une certaine délectation de ses succès, de sa notoriété, se croit investi de la charge de tout réguler; quelle humilité!!
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