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Juifs/chrétiens: l'agenda commun

et, souligné par Andrea Tornielli: à la Synagogue, le Pape n'a pas cité Israël, mais la Terre Sainte (22/1/2010)

Sur son blog (http://blog.ilgiornale.it/tornielli/.. ), à la date du 18 janvier, Andrea Tornielli revient sur la visite du Saint-Père à la Synagogue.
Pour lui, la grande nouveauté de cette rencontre, qui ressort à la fois du discours du rabbin, et de celui de Benoît XVI, est "la proposition d'un agenda commun de travail qui unisse catholiques et juifs pour relever les défis d'aujourd'hui". Autrement dit, comme il m'avait semblé le percevoir, tourner la page.
Les critiques et les remarques, dit-il, ne manqueront pas: c'est physiologique.

A ce sujet, il renvoie à un commentaire paru dans Il Giornale et signé Fiamma Nirestein, qui souligne comment, dans son discours, tout en renouvelant les condamnations pour l'antisémitisme ou l'anti-judaïsme des chrétiens, le Pape n'a jamais nommé l'Etat d'Israël, citant par contre à trois reprises la Terre Sainte.
"Rappelons, conclut Tornielli, qu'il s'agissait d'une visite à la Synagogue de Rome, en Italie, même si le Saint-Père a été accueilli par un haut représentant du gouvernement israélien. Et rappelons aussi qu'à chaque fois, sans aucune exception, même sous Jean-Paul II, après chaque discours papal concernant les juifs, quelque représentant de la communauté se plaignait d'une omission dans le texte".

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Voici donc, pour information, la tribune de Fiamma Nirenstein, qui pourrait reflèter assez bien l'opinion de ses coreligionaires modérés, et soucieux du dialogue... mais comme eux le souhaitent.

Un discours plein d'affection, mais il n'a jamais cité Israël
Fiamma Nirenstein
Il Giornale, 18 janvier

Ce fut une rencontre enthousiasmante. Reste un doute: pourquoi le Pape n'a-t-il parlé que de "Terre Sainte"?
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Ine ma tov u ma naim shevet ahim beyahad.
Comme il est beau, comme il est doux de s'asseoir ensemble comme des frères. Le psaume le dit, et hier ce n'était pas de la rhétorique: quand le rabbin Di Segni et Benoît XVI l'ont répété à la synagogue de Rome, quand le choeur l'a chanté, on a eu le sentiment qu'un changement, un retournement étaient possible, qu'on pouvait façonner l'histoire avec la volonté.
Que de blessures dans les relations entre chrétiens et juifs, et quel admirable geste d'amitié. Hier, un public dense de juifs romains a rempli la synagogue, couvrant le pape Ratzinger d'affection et de respect, et le pape Ratzinger, à son tour, a "dardé les rayons de sa sympathie", pour ce qu'on peut en juger de son sourire timide, entièrement pris dans son raisonnement, avec de nombreux regards et des marques d'affection aux anciens déportés et à Rita Levi Montalcini, et aussi à la synagogue chaleureuse, cérémonieuse, oecuménique avec les chapeaux hauts, les habits, les chants des ténors bien réglés, qui ne sont si italiens qu'à Rome.
L'antisémitisme et la Shoah ont été les protagonistes du discours du Pape; l'obstination de la mémoire qui a retracé la tragédie juive répond clairement aux polémiques au sujet des évêques lefebvristes (comme de dire «Je n'ai pas la moindre sympathie pour leur thèse); la louange pour ceux qui ont cherché à sauver les Juifs place un point de vue personnel sur la controverse sur Pie XII: take the best, forget the rest, prenons ce qui a été bon et oublions les manquements , consacrons nous ensemble à la mémoire des justes. Du reste, le beau discours du président Riccardo Pacifici de la communauté de Rome lui en avait donné l'occasion (l'offa??), d'une part en condamnant le silence coupable et de l'autre en se référant à des religieuses qui avait sauvé son père Emmanuel, alors enfant, en le cachant. Le Pape a dit en substance: «N'oubliez pas les justes, et nous nous souviendrons toujours de l'Holocauste avec volonté et détermination, et ainsi nous surmonterons l'antisémitisme."

L'histoire des chrétiens avec les juifs, difficile, tragique, ne s'est pas envolée, mais elle a travaillé, évolué, avec ses failles, mais en allant de l'avant. Hier, Juifs et Catholiques, ont posé quelques briques dans un pacte d'amitié "in progress" inauguré en 1963 par Jean XXIII: au nom des dix commandements, de l'unicité du Créateur, de l'amour pour la vie ... de bonnes raisons, il y en a eu à foison. Voir guérir une plaie multimillénaire, c'est comme redonner la vie à un animal préhistorique. C'est enthousiasmant. À juste titre, les discours des protagonistes juifs, enthousiastes et bénissant, se sont cependant montrés prudents, un peu soupçonneux. Quelque chose comme une piqûre, rappelle les Juifs de Rome (rotolati nella pece e nelle piume? roulés dans la poix et dans les plumes) tenus prisonniers dans le ghetto, rappelle la déportation sur laquelle il y eut le silence de l'Église.
Le rabbin Di Segni le dit fièrement: «Nous avons été enfermés, limités dans nos mouvements. Avec l'ère de la liberté est venue celle de l'égale dignité et du respect mutuel. Voilà la base du dialogue ».
Le discours du Pape a même été audacieux dans l'affection, dans le constat des identités et des similitudes: peut-être plus vulnérable, mais incertain et confus sur certains points clés, comme l'évangélisation et Israël. Points difficiles à délimiter théologiquement, de sorte qu'on ne comprend pas bien ce que signifie l'affirmation que les Juifs par leur formation, par leur origine, sont déjà prédisposés à la vraie religion, qui naturellement, pour un pape, ne peut être que la sienne.
Par-dessus tout, bien que diversement loué pour le grand tournant de la reconnaissance d'Israël que l'Eglise entreprit avec Jean-Paul II, et pour son voyage, le pape en a rappelé le souvenir, en nommant à quatre (?) reprises la "Terre Sainte". Il ne l'a pas fait, il n'a pas voulu prononcer le nom que les juifs aiment le plus, celui qui appartient à tous, Israël. C'est étrange: nous avions supposé qu'aujourd'hui l'Eglise, en reconnaissant Israël, comme elle l'a fait, avait renoncé à nier ce nom aux Juifs, faisant de nous le verus Israël. Nous sommes certains que le pape ne pense pas que, parce que l'Eglise a un sens, Israël ne devrait pas porter son nom.
Segni a reconnu dans un combat commun pour sauver la Terre de la ruine écologique un beau programme d'avenir. C'est une idée aimable, qui ne prête pas à la polémique; toutefois, nous avons le sentiment que l'urgence la plus claire de l'alliance entre juifs et chrétiens est de défendre la démocratie et les droits de l'homme, contre des forces grandes et dangereuses qui l'attaquent, et en premier lieu le fondamentalisme islamique, qui hait autant les chrétiens que les juifs. Chrétiens et Juifs, dit seulement le Pape, sont sur le même front dans la bataille pour la vie et pour la paix. Le mot paix, shalom, a été répétée par tous. Mais quand entendra-t-on les chefs religieux parler de ce qu'il faut faire ici, dans le monde, sur le terrain, afin que la paix ne soit pas anéantie par les forces du mal au travail? Ou le mal aurait-il été banni à notre insu?

BHL au "secours" de Benoît XVI Le Pape vu par le Rabbin