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Solvitur in excelsis (la solution est en haut)

La visite à la Synagogue, vue par Messori. Une réflexion "d'au-dessus", qui aide vraiment à comprendre (24/1/2010)

Je dois confesser que j'attendais avec une certaine impatience le commentaire de Vittorio Messori .
Je n'ai pas été déçue. C'est du grand Messori.
Il voit les choses de très haut, il remonte très loin dans le temps, et il nous explique pourquoi c'est la seule lecture possible.
Sa réflexion quitte le terrain de la polémique et du contingent, pour rejoindre celui de la "théologie de l'histoire"...
Après l'avoir lue, il me semble que j'ai mieux compris la démarche du Saint-Père... et la vacuité de la plupart des autres commentaires.

Article ici (Il Corriere della Sera).
Ma traduction.

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19 Janvier 2010:
Juifs et chrétiens, un conflit (et un mystère), en famille
Vittorio Messori
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Flots de paroles, ces jours-ci, pour la visite de Benoît XVI à la synagogue de Rome, construite sur l'emplacement du ghetto et orientée de manière à faire face, comme pour la défier, à la basilique, la plus grande du monde, qui recouvre le tombeau d'un nommé Simon. Un Juif pieux, celui-là, un obscur pêcheur sur le lac de Tibériade, rebaptisé Képhas (le nom grec de l'apôtre Pierre, ndt), Pierre, par un certain Jésus, celui qui, historiquement, n'est rien d'autre qu'un prédicateur itinérant, un juif de l'époque du Deuxième Temple, l'un des nombreux qui se disaient le Messie attendu par Israël. L'habituel exalté, à l'apparence (c'est ainsi qu'il est paru à un bureaucrate de Bénévent, de la famille de Ponzi, appelé à contrecœur à le juger ??) d'un visionnaire. Puni de la plus ignominieuse des morts, celle réservée aux esclaves. Un rêveur (utopiste) dont on aurait oublié depuis longtemps le souvenir, si ses disciples - tous circoncis, et fidèles à la Torah - n'avait pas commencé à annoncer, avec une obstination intrépide, que ce rabbin qui avait mal fini était resssuscité et était vraiment l'Oint du Seigneur annoncé par les prophètes. Ce petit groupe de Juifs réussit à convaincre d'autres Juifs, en premier lieu à Jérusalem, puis dans les synagogues de la diaspora, où ils sont allés annoncer que l'attente millénaire d'Israël avait été accomplie.
La moisson la plus ample, parmi ses coreligionaires, fut le fait d'un croyant enthousiaste, un autre fils d'Abraham, un nommé Saül dit Paul, qui, pour que les choses fussent claires, précisa tout de suite à ces coreligionaires qu'il avait été «circoncis le huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, juif, fils de juifs ". Lui aussi, comme Pierre, finira tué par les païens de Rome et sur sa tombe aussi a été construite une immense basilique.
Si, de toute l'Europe, tout au long du Moyen Age, des foules de pèlerins psalmodiants et pénitents ont convergé vers le Tibre, c'est justement pour vénérer la sépulture de ces deux "piliers de la foi": tous deux, composés de juifs jusqu'à la moëlle. A la longue, les païens ne se préoccupèrent plus de faire la distinction, divisant expéditivement les juifs en deux groupes: ceux qui avaient ajouté à leur foi ce Christ exotique et ceux qui le rejetaient: disputes ennuyeuses, querelles théologiques tant de fois vues au sein de chaque religion.

Benoît XVI, ai-je lu dans un commentaire, avait avec lui une petite Bible qu'il a posé sur le siège de la voiture, en descendant devant la synagogue. Eh bien, parmi les 73 livres qui composent ce texte sur lequel se fonde la foi de l'unique Église, seuls Luc et peut-être Marc, ne sont pas des fils d'Israël. Tant et si bien qu'on préfère désormais remplacer les indications "Ancien" et "Nouveau" Testament par "Premier" et "Second" Testament, pour souligner la continuité et l'homogénéité du message.

Pourquoi rappeler tout cela et beaucoup plus encore, que nous pourrions alléguer? Mais parce que de nombreux commentateurs, y compris ces jours-ci, semblent oublier qu'ici, il y a une histoire de famille et en même temps, un mystère religieux. C'est une histoire de foi, et uniquement de foi: le "laïc" peut seulement en entrevoir les contours externes, et souvent de manière trompeuse. C'est une confrontation entre les fils d'Abraham, que ce soit par naissance, ou par adoption. Et c'est aussi cet aspect familial qui explique les difficultés, pas uniquement d'un côté: les Actes des Apôtres et les lettres de Paul montrent combien la réaction du judaïsme officiel contre les «hérétiques» a été dure.
Qui ignore encore que les conflits les plus âpres sont ceux entre des parents proches, que les guerres les plus redoutables sont les guerres civiles?
"Fratelli, coltelli" (Frères, couteaux).
Le christianisme est, depuis deux mille ans, la croyance en un Messie d'Israël, annoncée et attendu durant les deux mille ans précédents par ce même Israël, qui ensuite en partie - mais en partie seulement - ne l'a pas reconnu.
Pour la énième fois, un grand nombre d'analyses et d'opinions de ces jours ne semblent pas conscientes que nous sommes ici au-delà des catégories de l'histoire, de la politique, de la culture.
Les relations internes au judéo-christianisme ne sont pas un "problème" que l'on peut affronter avec les catégories habituelles: ils sont, nous l'avons dit, un Mystère. Parole de Saul-Paul, et justement, aux Romains: "Je ne veux pas, en effet, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne soyiez pas présomptueux: l'endurcissement d'une partie d'Israël est en oeuvre jusqu'à ce que tous les gens soient rentrés. Alors tout Israël sera sauvé, comme il est écrit".
En tout cas, même les «endurcis», sont «aimés à cause des Pères, parce que les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables».
Foncièrement insuffisants, ici, les savoirs des politologues et des intellectuels qui ne sont pas conscients que la confrontation entre les juifs et les chrétiens appartient non à l'histoire, mais à la théologie de l'histoire. Solvitur in Excelsis (la solution est en haut, ndt): il y a ici une énigme, trop souvent douloureuse, qui ne trouve son explication que dans le ciel, pour citer le grand philosophe et en même temps grand chrétien, qu'était Jean Guitton.

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