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Document: interviewe du Rabbin Di Segni

Dans L'Unità (24/1/2010)

Après la visite à sa Synagogue.
L'interviewe a été publiée dans L'Unità, ex-organe du PCI, fondé par Antoine Gramsci!!!, un journal dont le moins que l'on puisse dire est que nous n'appartenons pas à la même chapelle.
Il n'empêche.
Le journaliste qui a interrogé le rabbin a fait un travail exemplaire d'information (puis-je ajouter que les considérations de BHL n'ont aucune légitimité; celles du rabbin, si, même si je ne partage décidément pas ses positions, notamment sur Pie XII, sur l'ouverture des archives, et sur l'antisémitisme catholique) .
Un témoignage à mettre en perspective avec la réflexion de Messori... pour comprendre les vraies intentions du Saint-Père.

CONVERSATION AVEC ... Riccardo Di Segni
Roberto Mopnteforte
Texte original: http://cerca.unita.it/

Ma traduction
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Il est encore agréablement surpris, le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, du relief et de l'attention "mondiale" accordés à la visite de Benoît XVI à la synagogue, dimanche dernier.

«Nous avons craint qu'elle ne se transforme en une simple visite du Pape, l'évêque de Rome, à l'une de ses paroisse, et au contraire, c'est devenu un événement planétaire".

-Satisfait?
"C'est un signe que des thèmes essentiels ont été abordés. Ce sont les thèmes d'aujourd'hui. C'est la question sur ce que les religions peuvent dire à l'homme.

- N'y avait-il pas aussi le résultat de la controverse entourant l'ouverture de la béatification de Pie XII par le pape Ratzinger?
"Nous l'avons dit clairement et nous espèrons avoir été compris. Avant la béatification de Pie XII, il faut attendre l'ouverture des archives du Vatican. Vérifier toutes les données disponibles et décider ensuite. L'attente mène à la clarification et désamorce les passions. Sur une question controversée comme celle-là, la précipitation n'aide pas. Certains disent que Pie XII était un saint, et que les archives ne feront que le confirmer. D'autres, au contraire disent qu'il s'agit d'un personnage très controversé et peut-être que les archives révèleront quelque chose en sa faveur. Dans tous les cas, l'attente est utile car elle peut désamorcer les passions "

- Comment jugez-vous les paroles prononcées par le pape Ratzinger?
"Apportons une précision à tout commentaire à la visite et, plus généralement, à la relation entre les Juifs et l'Eglise catholique. Toutes les relations entre les juifs et l'Eglise catholique ne peuvent pas être réduites à la question de Pie XII. Ce serait une erreur. C'est seulement un chapitre, même s'il est important, d'une réalité plus large et plus complexe."

- Voyons donc ces chapitres ...
" de toute façon, Pie XII signifie l'antisémitisme, la Shoah et tout le reste. Ce sont là les points que nous avons mis en discussion sur le pape Pacelli, et pas seulement sa personne. Au fond il y a la relation théologique entre les deux religions, avec leurs différences, que le dialogue ne peut en aucune manière émousser. Mais ce que nous pouvons favoriser, au contraire, c'est un climat de respect (ndt: il y a une coquille dans le texte en italien, qui peut apparaître comme un lapsus révélateur: rispetto a été remplacé par dispetto) et d'attention mutuels".

- Le Pape «théologien» a appelé à des efforts conjoints sur le Décalogue, les dix commandements, une base éthique pour toute l'humanité ...
" Il faut considérer l'aspect professoral, dogmatique, et théologique de ce pontife. Son discours a été une leçon de théologie. C'est ainsi qu'il faut le lire. Même lorsqu'il parle du Décalogue, qui est le sujet qui nous approfondissons ces dernières années lors les journées de dialogue judéo-chrétien au parcours quelque peu tourmenté. Ce n'est pas du tout un sujet facile. C'est une réflexion qui unit et sépare radicalement les Juifs et les chrétiens, parce que nous acceptons la Torah toute entière, et pas seulement les Dix Commandements "

- Que signifie accepter toute la Torah?
" C'est le problème fondamental posé par l'Apôtre Paul: la loi, la partie normative contenue dans la Torah. Nous devons l'observer en entier. Le christianisme, au contraire est né comme contestation de la loi juive, comme une révolution dans la loi de la Torah.
Cette différence doit aussi être envisagée quand on parle du discours du Pape à la synagogue. Il n'est qu'en apparence un discours sur ce qui peut unir les deux religions. En fait, il touche des sujets sur lesquels le débat a une histoire très complexe. Vous voyez que nous n'aurions absolument rien compris de cette visite si le problème se réduisait à Pie XII? Les questions à l'horizon de la relation entre les juifs et les chrétiens sont bien plus amples que cela. Et c'est à elles qu'a renvoyé le pape théologien".

- Il a également indiqué des terrains communs d'entente. De la protection de l'environnement à celui de la liberté religieuse, l'hospitalité et la solidarité envers l'étranger, le souci pour les pauvres. Le dialogue entre les religions devrait contribuer à mûrir une sensibilité sur ces questions ...
" C'est le cas. Aujourd'hui, c'est le cas. Et c'est important. Sur la liberté religieuse, c'est très différent de ce que disait l'Eglise catholique il y a un siècle".

- Aujourd'hui, l'Eglise catholique vit la persécution dans sa peau ...
" C'est vrai. De cela, de la relation avec l'islam, nous avons parlé dans notre discours de bienvenue au pape, moi et le président de la communauté juive de Rome, Pacifici.

- Vous avez remarqué que Benoît XII n'a jamais parlé d'Israël?
" Il n'a pas non plus mentionné l'Islam. Dans de nombreux autres documents, Israël a été nommé, à la fois comme Etat et comme nom. Pour l'Eglise, c'est un nom théologiquement difficile à prononcer.
Dans Nostra Aetate, l'Eglise se définit "Novus Israël". Et même, encore avant, "Verus Israël". Les implications de l'utilisation de ce nom sont nombreuses et délicates.

- Il a usé de prudence, afin d'éviter d'aborder des questions théologiques et politiques complexes?
" Je pense que l'intention du pape était d'avoir une rencontre religieuse dans un lieu religieux, entre religieux. Évitant ainsi l'aspect politique"

-Mais à la visite assistaient également le nonce apostolique en Israël et le patriarche latin de Jérusalem, les ambassadeurs...
" La dimension religieuse et la dimension politique sont deux routes parallèles qui interfèrent systématiquement l'une sur l'autre que ce soit au niveau de l'aide qu'à celui des difficultés. Un Vatican qui a de bonnes relations avec l'État d'Israël facilite sans aucun doute encore plus de bons rapports, y compris religieux, entre juifs et chrétiens. En Israël, c'est un fait palpable.

- Que sait l'homme de la rue du christianisme, sinon l'aspect historique et la relation entre le Vatican et l'État d'Israël?
L'Eglise catholique doit faire attention à son contexte local qui est fondamentalement palestinien ...
"Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, dans l'État d'Israël, il y a beaucoup plus de chrétiens que dans les territoires palestiniens (ndt: est-ce vrai? Je l'ignore). Israël est une terre d'immigrants chrétiens. Il y a les Russes, les Philippins et d'autres chrétiens immigrés. Plus de cent mille. Au contraire, dans les territoires palestiniens - personne n'a le courage de le dire - il y a l'exode des chrétiens arabes à cause de la position difficile qu'ils vivent à cause de l'intolérance de l'islam. Il y a environ quarante mille qui sont restés. Telle est la vérité, même si on préfère incriminer les juifs".

- Et sur la demande également faite par Benoît XVI de sauvegarder l'extraterritorialité de Jérusalem, lieu saint pour les trois religions monothéistes?
" C'est une demande ancienne de l'Eglise catholique, qui a tenté de soustraire la ville de Jérusalem au pouvoir politique israélien. Trouver une issue est une décision politique, mais qui a une forte connotation historique et religieuse.

- Quelle est votre évaluation de la dernière visite?
" Positive, parce qu'elle a une signification fondamentale: elle montre la volonté de continuer sur le chemin emprunté par Jean-Paul II. Son geste n'a pas été unique. Il a eu une suite. Le dialogue se poursuit. C'est le signal le plus important.
Et puis, si la visite de Papa Wojtyla a été marquée par des gestes passionnels, celle de Benoît XVI a été marquée par les paroles prononcées. Tous deux ont rapporté des choses importantes sur lesquelles nous devons maintenant réfléchir".

- Ce pape, malgré les ouvertures aux lefebvristes, a confirmé la fidélité à Vatican II et à Nostra Aetate. Cela vous rassure?
" Nostra Aetate est un document que je n'ai jamais considéré comme optimal, même s'il est positif, car il a rompu la digue de l'incompréhension et le mépris des chrétiens envers le monde juuif. Si le prix à payer pour la pacification avec les lefebvristes était d'annuler tout cela, nous en arriverions à une régression de l'histoire incompréhensible, et selon moi impossible" .

- Ne faudrait-il pas aller au-delà de la Shoah? Pour regarder vers l'avenir. Développer le pardon et dépasser les fermetures "auto-suffisantes"? C'est l'invitation de l'ambassadeur d'Israël auprès du Saint-Siège, Lewy Mordechay?
"L'ambassadeur a fait une provocation très forte, qui mérite attention et considération. En attendant, demandons-nous quelle est la fermeture du judaïsme sur ces sujets ... "

23 Janvier 2010
Pubblicato nell'edizione Nazionale (pagina 27) nella sezione "Inchiesta"

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(Merci à ce précieux site: http://www.finesettimana.org/... , qui m'a permis de découvrir ce document de première main)

Après la visite à la Synagogue La Pologne en deuil