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L'élève du Pape

Une interviewe de Mgr Adoukonou, nouveau secrétaire du Conseil pontifical pour la culture, dans l'OR du 26 février (27/2/2010)

Un article de Zenit du 3 décembre dernier nous apprenait:
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Culture : Le P. Adoukonou nouveau secrétaire du Conseil pontifical
Pour la première fois un Africain à ce poste

ROME, Jeudi 3 décembre 2009 (ZENIT.org) - Benoît XVI a nommé secrétaire du Conseil pontifical de la culture le Rév. P. Barthélemy Adoukonou, du clergé du diocèse d'Abomey (Bénin). C'est la première fois qu'un Africain est nommé à ce poste - « numéro deux » - au dicastère de la culture.
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Ajoutons que le Révérend Adoukonou fut doctorant auprès du Professeur Ratzinger à Ratisbonne, dans les années 70.
Dans l'OR daté du 26 février, on pouvait lire une longue interviewe du prélat africain.
J'en ai traduit une grande partie, notamment celle où il raconte ses souvenirs d'élève du futur Pape.
Mais il y a bien autre chose, notamment le rôle des missionnaires, la rencontre de l'Afrique avec l'Occident, la négritude, le synode...

Texte en italien: Raffaella

Théologie et culture de l'Afrique au service de l'Eglise
Une conversation avec Mgr Barthélémy Adoukonou, secrétaire du Conseil pontifical pour la Culture

(Gianluca BICCINI, Osservatore Romano)

"Celui qui n'a pas la simplicité de recevoir n'a pas non plus le droit de donner": paroles de Joseph Ratzinger.
Telle est la leçon apprise par un jeune prêtre du Bénin, à l'école du professeur bavarois, avec qui il a étudié dans les années 70 à Ratisbonne.

Aujourd'hui, ce professeur est le pape Benoît XVI et le prêtre africain est le nouveau secrétaire du Conseil pontifical pour la Culture. Il s'appelle Barthélémy Adoukonou, descend d'une famille royale d'Abomey, et est un représentant éminent de la théologie africaine. Nous l'avons rencontré à son arrivée à Rome, la ville où il fut ordonné prêtre en 1966. Ce prélat de 68 ans a également travaillé à la Commission théologique internationale avec le futur pape. Grand connaisseur de la culture de l'Afrique de l'Ouest, il a enseigné pendant des décennies dans les séminaires et les universités. Le 3 Décembre il a reçu une nouvelle affectation, dans le dicastère dirigé par l'archevêque Gianfranco Ravasi.
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- Cet été, le cardinal Bertone a annoncé une présence accrue en Afrique au Vatican. Les décisions récentes de Benoît XVI semblent confirmer cette tendance.
" J'interprète ma nomination, et toutes les nominations africaines, dans la trajectoire de l'histoire de notre rencontre avec l'Occident: qui ne s'est pas seulement traduite dans l'action du militaire et du marchand, mais aussi celle du missionnaire. Je fais partie de ceux qui croient toujours que le missionnaire est la figure du Bon Samaritain au chevet de la chute de l'Afrique dans les mains des voleurs, qui peuvent être aussi bien les militaires que les commerçants. Dans la tragédie de la négation de l'humanité, le missionnaire est celui par qui Dieu veut rendre possible une histoire différente pour l'homme noir, l'élevant à nouveau à sa pleine dignité. Ce missionnaire a peut-être eu des doutes sur l'existence d'une culture africaine. Mais des figures de fervents évangélisateurs ont surgi, qui ont prêté attention aux semences de la Parole de Dieu, disséminées dans notre propre culture, et ont essayé de les rassembler dans l'unité du Verbe vivant. Et quand, en 1956, les prêtres noirs ont commencé à s'interroger, on a pu percevoir une première acceptation endogène, bien que critique, de l'effort de dialogue entre foi et culture, que nos prêtres missionnaires, les frères venus de l'Europe, tentaient de faire au nom de l'Afrique. Les prêtres noirs l'ont fait dans la voie du mouvement pan-africain pour la protection des valeurs culturelles de l'homme noir: la négritude".

- Mais il a fallu des années pour obtenir les premières réponses.
" A l'époque de Vatican II, le grand intellectuel catholique sénégalais Alioune Diop, avec tous les hommes de culture qui ont vécu sur le continent ou dans la diaspora des Caraïbes, avait déjà exprimé l'espoir d'un Concile africain. Et lorsque plus de trente ans après, en 1994, Jean-Paul II l'a réalisé sous la forme d'une Assemblée Spéciale du Synode des évêques, les pasteurs et théologiens noirs ont assumé la profondeur anthropologique de la culture africaine pour affirmer leur détermination à construire l'Église comme "Famille de Dieu" et "fraternité du Christ". Ce fut un grand acte d'inculturation dont nous n'avons pas encore pleinement saisi l'efficacité historique.

- Comment interprétez-vous l'appel du Pape?
" Je pense que c'est une étape décisive dans la reconnaissance que la nature humaine en Afrique a ce même dynamisme d'expression qui a été défini par le Concile Vatican II, dans Gaudium et Spes, comme culture. L'homme noir, comme tout autre, est capable de l'Evangile parce qu'il a en lui cette expression du dynamisme de la nature nommée culture dans le sens le plus profond. Avec ma nomination, un pas en avant a été fait dans la reconnaissance de la théologie africaine comme expression de la foi qui se fait culture. La foi devient culture pour empêcher la culture de l'étouffer, et donc d'étouffer l'homme. C'est l'homme de foi qui réalise l'inculturation.

- En 2009, Benoît XVI allé pour la première fois sur le continent et quelques mois après, il lui consacré un second Synode spécial. Pensez-vous qu'il y a suffisamment d'attention de l'Église pour votre pays?
" Profondément missionnaire dans son cœur, Benoît XVI aime l'Afrique. Il est dans une cordiale "complicité" avec elle sur le plan théologique.
Sa thèse de doctorat portait précisément sur l'ecclésiologie, l'Eglise comme «Peuple et maison de Dieu». Et le texte, qui remonte aux premières années après le Concile, sur l'Eglise comme fraternité, forme avec cette thèse un diptyque, qui est aussi en harmonie avec l'option prise par l'Afrique dans le premier synode, de construire l'Eglise de Dieu comme "maison et la famille Dieu","corps fraternel du Christ".
L'Église en Afrique, entrant dans l'inculturation, le fait par la voie royale de l'ecclésiologie: elle a l'opportunité, ou la grâce de le faire, quand un Pape ecclésiologue, plein de "l'âme ecclésiologique" succède à un pape lui aussi amoureux de l'Afrique, Jean-Paul II. Quelle chance, pourrait-on dire. Je préfère dire quelle grâce.
Par ailleurs Benoît XVI, en ouvrant un deuxième Synode pour le continent sur le thème des réponses pastorales à apporter aux problèmes sociaux, a traduit l'essence de ce que l'Eglise veut faire pour remplir son rôle de bon samaritain qui regarde le destin de l'Afrique, considérée comme morte. Le pape a convoqué le Synode au lendemain de l'encyclique Caritas in veritate, comme pour offrir à l'Afrique la manne de la doctrine sociale dont elle a besoin pour son engagement pour la réconciliation, la justice et la paix. La perspective personnaliste-communautaire dans les dommaines de l'économie, de la politique, de l'écologie et de la société en général, est parfaitement cohérente avec son ecclésiologie, qui est aussi celle de l'Afrique.

(...)

- Vous assistez aux réunions des anciens élèves de Joseph Ratzinger.Comment était le jeune professeur à Ratisbonne?
" Rahner et lui m'avaient impressionné au cours des années du Concile Vatican II.
Allant ensuite à Ratisbonne, j'ai découvert un théologien brillant, qui ne lisait pas la leçon qu'il avait préparée, de son bureau, mais qui paraissait la lire dans le ciel. Il avait une vision panoramique historique et synthétique profonde comme il sied à un Allemand et aussi claire, propre à un Latin. Le christocentrisme de sa pensée m'enchantait: on le retrouvait dans tous les sujets traités avec sa rare capacité d'articulalation. Il développait sa pensée sur la communion, facile à saisir, et résumait la multitude d'éléments que de nombreux professeurs, parmi lesquels peut-être moi-même, ne savent pas toujours ramener à l'unité, lassant ainsi les étudiants.

- C'étaient des années de grande effervescence?
" Je préparais mon doctorat au moment où la rigueur excessive de la méthode critico-historique faisait rage dans l'exégèse. Tout devenait fragmenté et nul ne savait quelle synthèse vivante et vitale pourrait permettre à la Parole de Dieu de nourrir les hommes. Je remercie Dieu d'avoir rencontré un maître avec un tel discernement à la fois rare et aigu. Le professeur Ratzinger était un analyste fin et un théologien capable. C'est ainsi que je l'ai connu, et c'est ainsi qu'il est resté

- Des souvenirs particuliers?
" Au départ, j'étais influencé par le courant pan-africaniste actuel, pour l'affirmation de l'homme noir et de son autonomie: une lecture basée sur la suspicion de tout ce qui était occidental. Je remettais en cause tout apport extérieur, y voyant une tentative subreptice d'impérialisme culturel ... La réponse m'est venue un jour où je dînais avec mon professeur à Pentling, quand il me dit: "Tu sais, Bartelémy, nous aussi, les Allemands après la guerre, nous avions du mal à trouver de la nourriture et il a fallu que les Américains nous aident avec le Plan Marshall. Celui qui n'a pas la simplicité de recevoir n'a pas non plus le droit de donner". Alors j'ai réalisé que la vie était un 'donner' et un 'recevoir', un partage. La pensée de communion qui s'exprimait à partir de cela, comme théologie, ne pouvait pas être impérialiste.

- Et comment était le prêtre Joseph Ratzinger?
" Un homme de foi et un humaniste, très attentif, soucieux de construire les relations avec les autres dans la vérité et je n'ai pas été surpris quand il a choisi comme devise épiscopale "Cooperatores Veritatis", et aussi que, juste avant le conclave qui devait l'élire comme Pasteur de l'Eglise Universelle, il ait fait le diagnostic le plus profond de la situation spirituelle de notre temps en parlant de la menace universelle de la "dictature du relativisme". Le continent noir, qui apparaissait comme le plus exposé, a été heureux de saluer à nouveau en lui le pasteur qui peut défendre ce qui est essentiel à l'homme: sa relation vitale avec la vérité.
(..)
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(© L'Osservatore Romano - 26 Février 2010)

Exorcisme Benoît XVI à Fatima