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Messori met en cause l'ideologie libertaire 68

Les abus, dit-il, sont pratiqués par ceux qui les dénoncent: son témoignage personnel, dans Il Corriere della Sera du 11 mars. (12/3/2010)

Ma traduction (l'article ne reste pas en ligne, la version originale est disponible momentanément en pdf)

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Le Vatican semble le seul à faire les manchettes
Les abus sont une pratique, dans les milieux d'où viennent les dénonciations.
Vittorio Messori
Il Corriere della Sera, 11/3/2010)
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On m'excusera si je m'inspire de mon expérience personnelle. Je crois qu'elle peut ajouter une petite pièce à la mosaïque obscure des relations sexuelles des adultes avec des mineurs. Obscure pour nous aujourd'hui: beaucoup de ceux qui se donnent des airs de moralisateurs inflexibles, ont été des apôtres actifs de la "libération sexuelle" soixante-huitarde.
Ceux qui n'ont pas vécu cette époque, seront surpris par un carottage (ndt: au sens de "prélèvement") parmi beaucoup, parmi trop de textes des années 70. La liberté du sexe pour tout le monde et avec tout le monde! Y compris les enfants, et même pour ceux-ci, d'abord, les éduquer immédiatement à une perspective non répressive, à un "Eros libéré". Parmi ces défenseurs, - mais seulement aujourd'hui, il faut le répéter - du respect pour les enfants, nombreux sont ceux pour lesquels le respect pour les plus petits encore ne s'applique pas, ne doit pas s'appliquer.
Malheur, donc, à ceux qui s'en prennent aux enfants déjà nés. Mais malheur aussi à ceux qui voudraient défendre l'enfant pas encore né; non pas le défendre contre des abus, mais contre l'expulsion violente de l'utérus. Une indignation libérale, qui n'est pas la même pour tous: protection des enfants, certes, mais seulement ceux qui ont échappé au massacre.

Venons-en donc à ma petite mais peut-être significative expérience personnelle. Après l'université, et dans l'attente d'une ouverture pour m'infiltrer dans un journal ou une maison d'édition, j'ai entendu parler d'une possibilité de travail temporaire comme assistant - quelque chose entre le surveillant et le tuteur - dans des collèges qui pratiquent encore l'internat. J'ai adressé des demandes à plusieurs d'entre eux (tous laïcs, il convient de le noter, aucun religieux) et j'ai été convoqué pour des entretiens et une première expérience. Parlant avec ceux qui auraient pu devenir des collègues, j'ai entendu des discours que parfois je ne comprenais pas: Le salaire était faible, le travail dur, mais en contrepartie, il y avait des avantages, des avantages qui compensaient les sacrifices réservés. Je ne compris que lorsque, dans un pensionnat pour jeunes bourgeois fortunés, un quinquagénaire me dit avec un clin d'œil: "Viens, n'hésite pas! Tu sais, on travaille beaucoup dans la journée mais la nuit ... nos chambres sont à côté de celles des garçons" Habitué à utiliser mes nuits pour un autre type de relations, j'ai changé de direction pour ma recherche d'un emploi, même temporaire.

Les années ont passé et, en tant que correspondant d'un journal, j'ai visité de nombreux asiles d'aliénés en cours de fermeture, suite à la loi Basaglia (ndt: Franco Basaglia, 1924 -1980 est un psychiatre italien critique de l'institution asilaire. Durant les années 1960, il est l'organisateur à Trieste et à Gorizia des communautés thérapeutiques qui défendent le droit des individus psychiatrisés. Son combat est à l'origine de la Loi 180 visant la suppression des hôpitaux psychiatriques ).

Dans de nombreux établissements (*) on n'essayait même pas de nier que les pensionnaires mineurs des deux sexes étaient un «butin» ardemment désiré au point de déclencher des luttes acharnées entre les médecins et le personnel paramédical. Les syndicalistes étaient silencieux: et même, m'a-t-on dit dans une de ces maisons, ils s'étaient réservés un droit de préemption sur les pensionnaires imberbes.
Mais, puisque la vie est longue et les rencontres nombreuses, je n'ai pas oublié ce que m'a raconté un capitaine de marine qui - à table, un peu ivre, en riant - m'a raconté le sort, drôle selon lui, réservé aux garçons de 15 ans embarqués comme mousses dans les innombrables bateaux de tous pavillons qui naviguent à travers les mers.

Ce ne sont que de petites notes marginales qui s'ajoutent à ce qu'a dit l'autre jour le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi: " Certes, ce qui est pratiqué dans certains milieux religieux est particulièrement regrettable, compte tenu de la responsabilité morale et éducative de l'Eglise. Mais ceux qui sont objectifs et informés savent que la question est beaucoup plus large et concentrer uniquement les accusations contre l'Eglise fausse la perspective".
Le Père Lombardi a cité l'enquête menée en Autriche par le gouvernement: "Dix-sept cas de harcèlement ou de violence imputables à des religieux catholiques, 51 dans d'autres environnements. Ne serait-il pas juste, d'abord pour les victimes, que l'on s'occupe au moins un peu d'eux? ".
En Amérique, dans la nébuleuse des innombrables églises, petite église, sectes, communautés religieuses, il n'y en a aucune qui ne doive affronter les plaintes émanant de fidèles, hommes et femmes, pour les gestes déplacées des ministres du culte. Les institutions de la vaste et variée communauté juive américaine ne sont elle-mêmes pas exemptes de la propagation de l'infection (**).
Prêtres, pasteurs, rabbins se retrouvent souvent ensemble dans la salle d'audience. Et il en est de même pour beaucoup de ceux qui travaillent dans les milieux les plus laïques et les plus éloignées de la religion, comme je l'ai mentionné.

Pourtant, seule l'Eglise Catholique semble faire les manchettes.
Mais à bien y penser, un tel «privilège» ne devrait pas faire peur à un croyant. Si on s'indigne davantage des méfaits d'un prêtre que de ceux de n'importe qui d'autre, c'est parce qu'on le lie à un idéal élevé qui a été trahi. Si on considère les crimes «romains» plus graves que tous les autres, c'est parce qu'ils proviennent d'une Eglise dont on attendait beaucoup plus.
Beaucoup d'invectives anticléricales sont en réalité des protestations déçues. Il est inconfortable, pour les catholiques, que la cible privilégiée soit toujours et seulement «le Vatican». Mais si on en dénonce avec indignation les bassesees, c'est parce qu'on mesure la hauteur du message qui, de là, est annoncé au monde et qu'on ne voudrait jamais voir éclaboussé, que l'on soit croyant ou non.
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Note:
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(**) A propos d'affaires de pédophilie ailleurs que dans l'Eglise, en Amérique, relire ce texte de l'archevêque de NY, Mgr Nolan:
http://benoit-et-moi.fr/2009/...

(*) Cela évoque l'affaire du Coral, en France. (voir aussi: lepost.fr)

Les forces du mal sont à l'oeuvre La baudruche dégonflée