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Sa lumière brille au milieu de la boue

Carlota a traduit un formidable texte de José Luis Restàn, que l'on peut désormais considérer comme l'un des invités d'honneur de ce site! Il reprend l'article de Massimo Introvigne, en le complétant d'un aspect affectif. Un bonheur à lire (15/3/2010)

Voir d'autres articles ici.

Carlota

Ci-joint un texte de José Luis Restán lu sur le site hispanophone « Páginas digitales ». Il reprend bien sûr l’article de Massimo Introvigne, mais il donne, comme à son habitude, une très belle vision du Saint Père, qui montre toute l’affection et l’admiration qui lui porte. Un engagement qui nous fait, bien évidemment, toujours très chaud au cœur et qui nous fait oublier la frilosité d’autres écrits notamment en France.

Ma traduction (texte original ici)



Benoît XVI : Sa lumière brille au milieu de la boue.

José Luis Restán 15/03/2010
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C’est peut-être le carême le plus dur pour Benoït XVI. À l’amère vérification de tout ce qu’il a dit dans cet historique Chemin de Croix de 2005 (« Combien de saleté dans l’Église ! ») s’ajoute une répugnante opération de chasse à laquelle participent depuis différents angles la presse laïciste, la dissidence type Küng et les groupes de pression des nouveaux droits. Jours de plomb et de furie dans les médias. Pierre de nouveau au milieu de la tempête.
Avec une précision d’horloger les cas parfaitement construits explosent, comme des bombes qui poursuivent leurs objectifs. Alors qu’on attend la lettre aux catholiques d’Irlande après les terribles dénonciations du Rapport Ryan, la presse dévoile des histoires déjà vieilles en Hollande, en Allemagne et en Autriche, beaucoup parmi elles jugées et archivées il y a vingt ou trente ans. Du matériau inflammable pour construire une histoire aussi sale que mensongère. Il s’agit d’installer dans l’imaginaire collectif la figure d’une Église qui n’est plus seulement un corps étrange dans la société postmoderniste, mais une espèce de monstre dont la proposition morale et dont la discipline interne débouchent pour ses membres sur l’anormalité et l’abus. Oui, c’est cette Église qui a éduqué l’Europe dans la reconnaissance de la dignité humaine, dans l’amour du travail, dans la littérature et le chant, c’est elle qui a inventé les hôpitaux et les universités, qui a forgé le droit et limité l’absolutisme…mais maintenant cela ne compte pas. Et avec la même délectation que certains s’appliquent à éliminer sa trace dans l’espace public, d’autres s’apprêtent à démolir son image.

J’entends déjà la question: Mais c’est vrai ou ce n’est pas vrai ce qu’on nous raconte?
Voyons les informations. En Allemagne, par exemple, sur 210.000 plaintes déposées pour abus sur des mineurs depuis 1995, 94 concernent des ecclésiastiques. C’est évident que 94 cas dans des paroisses et des collèges sont une énormité, ils constituent une plaie dans le corps du Christ et posent de questions très graves. C’est évident aussi que des membres de l’Église, spécialement parmi ceux qui ont la charge d’éduquer, on attend toujours plus que de la moyenne, car à qui on a beaucoup donné, on doit exiger beaucoup. Mais disons aussi très clairement que l’Église ne vit pas dans l’espace, en dehors de l’histoire. Elle est formée par des hommes faibles et pécheurs, son corps se voit pris d’assaut par des courants culturels de l’époque et les moments ne manquent pas où la conscience de beaucoup de ses membres est plus déterminée par le monde que par la tradition vivante qu’ils ont reçue.

L’horreur de ces cas ne peut être minimisée, et pour cela Benoît XVI (déjà lorsqu’il était Préfet de la Doctrine de la Foi) a mis en route un formidable travail d’assainissement dont les fruits sont même déjà quantifiables.
Mais quand la grande presse fabrique des premières pages au prix de 94 cas et se tait misérablement sur les 200 000 autres, nous sommes devant une opération répugnante qui doit être dénoncé. Les chiffres de cette catastrophe nous parlent d’une maladie morale de notre époque et réclament qu’on dirige son regard non sur le célibat des prêtres catholiques mais sur la révolution sexuel de 68, sur le relativisme et sur la pertes de la signification de la vie qui affligent les sociétés occidentales (ndt je dirais plutôt sociétés occidentales déchristianisées car je ne suis pas persuadée que dans d’autres parties du monde qui n’ont jamais connu le christianisme, le sort des enfants et des plus faibles face aux prédateurs et même des pratiques infanticides sélectives par rapport au sexe notamment, aient été exemplaires…).

Le sociologue Massimo Introvigne a publié à ce sujet un magnifique article dans lequel il explique que l’ouragan médiatique de ces dernières semaines correspond à ce qui est connu comme phénomène de « panique morale » parfaitement télécommandée depuis des centres déterminés d’influence. Comme il l’explique, il s’agit d’une « hyper - construction sociale » qui tend à créer une figure prédéterminée (le monstre dont nous parlions au début) avec des matériaux fragmentaires et dispersés dans le temps. Il existe sans aucun doute un problème réel : des prêtres (toujours trop) qui ont commis le crime odieux d’abus sur mineurs. Mais les niveaux, les époques et le contexte historique sont systématiquement altérés ou étouffés. Personne ne met ces chiffres de la honte sacerdotale en relation avec la totalité brute du problème ; personne ne dit par exemple qu’aux États-Unis, ils étaient cinq fois moins importants que les cas imputés à des pasteurs de communautés protestantes et que dans ce pays, alors que 100 prêtres ont été condamnés, ce sont 5 000 professeurs de gymnastiques et entraîneurs sportifs qui furent condamnés pour le même motif. Et personne n’a demandé de comptes à la fédération de basket-ball ! Enfin, l’information la plus terrifiante : le cadre le plus courant des abus sexuels sur mineurs est précisément celui de la famille (c’est là qu’on lieu les 2/3 des cas comptabilisés – Note de moi : ce qui me fait dire, et sans excuser bien évidemment, que si la société sexuellement permissive de l’occident post-moderniste n’arrange rien, malheureusement, j’insiste encore le pédophilie familiale ne touche pas que cette partie du monde). En conséquence qu’a à voir le célibat dans tout cela ? Laissons de côté les vieilles obsessions de Küng, son archaïque croisade pour vider l’Église de son nerf et de sa substance. Mais des journaux laïques, si pointilleux et scientistes, on devrait espérer un peu plus d’objectivité.
La semaine passé la « panique morale » télécommandée a pointé un objectif bien élevé. La chasse a visé une pièce maîtresse, Benoît XVI lui-même, le Pape qui a ouvert les fenêtres et a établi une batterie de dispositions d’une transparence maximum, collaboration avec les autorités et, surtout, soin des victimes. Il a été le Pape qui aux États-Unis et en Australie s’est trouvé face à face avec ceux qui avaient souffert de cette terrible expérience, pour leur demander pardon au nom de l’Église de laquelle ils sont les membres blessées et qui méritent une préférence totale.
Les insinuations sur le Pape Ratzinger en ce domaine, équivaudraient au simple mépris s’ils n’indiquaient quelque chose d’important de ce moment historique. Il y a un pouvoir culturel, politique et médiatique qui a mis Pierre dans sa ligne de mire, sans honte et sans dissimulation. Certes ce n’est pas la première fois et il convient de s’en souvenir. Mais la fureur et les armes de cette heure sont, si c’est possible, plus insidieuses que celles d’autres moments de l’histoire (Note de moi : il faut peut-être revenir aux premiers temps du christianisme où les rumeurs les plus infondées circulaient dans les couches populaires romaines, non sans intérêt pour les politiques de l’époque, comme quoi les chrétiens sacrifiaient leurs propres enfants, en relation sans doute avec la communion, corps et sang du Christ, et pour les assimiler aux pires des barbares).

Il est possible d’imaginer la consciente lucide avec laquelle Benoît XVI contemple cette houle et la douleur consécutive qui l’accompagne en ce moment dramatique où il s’est transformé, à l’intérieur de l’Église, en un point physique qui attire une haine irrationnelle mais non inconnue, parce que Jésus nous en a déjà parlé dans l’Évangile. Je ne sais pas si c’est avec une pointe d’ironie, au cours de l’Audience de mercredi dernier, qu’il nous laissait voir comme il veut exercer son propre ministère en ce moment de peurs, de réactions viscérales et d’angoisses variées. Il l’a fait en se regardant dans le miroir d’un de ses maîtres les plus aimés, Saint Bonaventure: « pour Saint Bonaventure, gouverner ce n’était pas simplement faire, mais c’était surtout penser et prier…son contact intime avec le Christ accompagna toujours son travail de Ministre Général, et pour cela il composa une série d’écrits théologico-mystiques, qui expriment le courage de son gouvernement et manifestent l’intention de gouverner, non seulement aux moyens d’ordres et de structures, mais aussi en guidant et illuminants les âmes, en les orientant vers le Christ ».

Au milieu de la tempête, c’est cela l’humble et ferme décision de Benoît XVI.

J.Ratzinger et le célibat des prêtres Le dernier des métiers