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Sandro Magister s'exprime

Une interviewe dans "Il Sussidiario", à propos des affaires de pédophilie (16/3/2010)

Sandro Magister, qui s'est peu exprimé sur son célèbre blog depuis le début du dernier épisode des affaires de pédophilie, accorde une interviewe au journal Il Sussidiario.
Il fait partie des voix qui ont une légitimité - et une compétence vraie - pour parler sur le sujet.

Selon lui, et bien qu'il s'exprime de façon inhabituellement alambiquée, l'attaque contre l'Eglise et le Pape, "dans laquelle le circuit des médias est un élément essentiel" serait principalement "une offensive intra-catholique" de la frange progressiste de l'Eglise, qui trouverait son origine dans un discours-programme prononcé lors du Synode des évêques de 1999 par le Cardinal Martini, "centré sur les questions du mariage des prêtres, de la promotion des femmes dans l'Eglise et du renouvellement. Les thèmes classiques de la panoplie protestataire des catholiques progressistes".

A part cela, il partage l'analyse (pour moi évidente) selon laquelle les actes délictueux remontent majoritairement aux années 70: une époque culturelle où il y avait, y compris dans la hiérarchie de l'Eglise "une sensibilité très différente d'aujourd'hui en matière de relations sexuelles d'un adulte avec un mineur (...) dans une culture qui considérait la libération sexuelle et la lutte contre les inhibitions comme un impératif moral et un signe de civilisation".
Article ici: http://www.ilsussidiario.net/...
Ma traduction:

Magister: voici pourquoi ils utilisent le scandale pour attaquer l'Eglise
Mardi 16 Mars 2010

Le scandale des prêtres pédophiles met l'Eglise en difficulté. Le point culminant a été atteint quand l'évêque de Ratisbonne, Mgr Gerhard Ludwig Müller, a reconnu avoir eu connaissance de cas d'abus sexuels dans le chœur de Ratisbonne dirigé par le frère du Pape. Ce qui a déchaîné les accusations contre l'Eglise et le célibat des prêtres. Qu'en est-il? "Sur ces événements, on a vu se déclencher, au niveau international - dit Sandro Magister - un phénomène qui les instrumentalise avec un objectif clair: l'attaque frontale contre l'Eglise catholique, et en particulier le pape. "
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- L'Eglise est envahie par le scandale de la pédophilie. Et vous, quelle est votre idée?
- Je pense que ce qui se passe est basé sur des faits concrets, numériquement importants. Et d'autant plus graves qu'ils sont commis par des hommes destinés publiquement à être porteurs de valeurs morales élevées. Cependant, sur ces faits, on a vu se déclencher, au niveau international un phénomène qui les instrumentalise avec un objectif clair: l'attaque frontale contre l'Eglise catholique, et en particulier le Pape.

- "La Tolérance zéro - a déclaré Mgr Fisichella dans une interviewe parue hier dans le Corriere - n'est pas une option mais une obligation morale".
- Mgr Fisichella utilisé selon moi une expression d'une grande efficacité communicative. Je ne pense cependant pas qu'elle corresponde exactement au profil originel de l'Eglise elle-même, centrée sur le vrai rapport de l'Église et de Dieu avec les pécheurs, qui est le pardon "en échange" du repentir. Pour le reste, je demeure convaincu que nous sommes en présence d'une attaque générale dans laquelle le circuit des médias est un élément essentiel de cette bataille.

- Qui attaque l'Église?
- Désormais, depuis plusieurs années, on assiste à une répétition de formules presque identiques, que nous avons vu utilisées pour la première fois à grande échelle aux États-Unis au début des années 2000, et que nous voyons aujourd'hui à travers l'Europe. Elles ont ceci de particulier: elles ne mettent pas en cause une opposition laïciste, "externe" à l'Eglise, mais des composants à l'intérieur de l'Église elle-même.

- Expliquez-vous.
- Nous sommes en présence d'une bataille qui voit l'Eglise attaquée par ce monde qui s'identifie à la culture post-moderne de l'Occident, mais par des éléments importants de l'Eglise qui utilisent cette période de crise, en la dramatisant, à des fins qui n'ont rien à voir avec les véritables raisons de cette crise, mais qui consistent à ranimer les éléments bien connus de l'ordre du jour de la critique contre l'Église catholique.

- Est-ce un hasard si le scandale des prêtres pédophiles, au-delà de la justice qui est due aux victimes et de la réforme qu'il doit déclencher, soulève la question controversée du célibat et de l'interprétation la plus authentique du Concile?
- Bien sûr que non. La révélation fracassante que c'est bien de cela qu'il s'agit, autrement dit d'une offensive intra-catholique, se trouvait dans l'article d'Alberto Melloni (ndt: recherche en cours...) paru il y a quelques jours dans le Corriere della Sera. Après avoir déploré l'horreur des faits, il a découvert ses cartes: la vraie réponse à la crise de la pédophilie est l'organisation d'un Concile Vatican III. Melloni a rappelé le discours du Cardinal Carlo Maria Martini au synode de 1999. Ce discours s'est avéré être une sorte de programme centré sur les questions du mariage des prêtres, de la promotion des femmes dans l'Eglise et à travers cela, du renouvellement. Les thèmes classiques de la panoplie protestataire des catholiques progressistes.

- Quelles différences voyez-vous entre le scandale des années 2001-03 aux Etats-Unis et ce scandale avec son épicentre dans l'Irlande catholique et dans Bavière allemande, la terre du Pape?
- Je regarderais attentivement les dates sur lesquelles se concentre la grande majorité des actes délictueux. Ils ne sont pas récents, mis à part quelques épisodes qui ont continué jusqu'à aujourd'hui. La majorité des faits remontent aux années 70. Cela parce qu'à cette époque il y avait vraiment dans la culture de l'époque et donc aussi dans l'Eglise, et pour cette raison dans la hiérarchie elle-même, une sensibilité très différente d'aujourd'hui en matière de relations sexuelles d'un adulte avec un mineur.

- Que voulez-vous dire?
- C'étaient des années de laxisme moral extrêmement répandu. Pensons à la Lolita de Nabokov. Personne n'a songé à incriminer l'objet de ce roman comme quelque chose d'abominable. C'est juste un exemple, mais il me paraît fournir une indication. Il y eut alors l'idée que des actions comme l'acte sexuel avec un mineur, n'étaient après tout pas si perverses: elles ont même eu droit de cité dans une culture qui considérait la libération sexuelle et la lutte contre les inhibitions comme un impératif moral et un signe de civilisation. Cela a eu un impact - en particulier dans les pays très exposés à ce type de contagion culturelle - sur les moyens adoptés par la hiérarchie de l'Eglise pour faire face au problème, quand il s'est posé.

- Vous voulez dire de manière très douce?
- Oui, comme un excès accompli en famille, quelque chose qui, fondamentalement, pouvait ou devait être apaisé plutôt que tranchée de manière nexorable. C'est le pourquoi d'une si large tolérance dans la poursuite de ces faits.

- A votre avis, que représente ce scandale pour l'Eglise d'aujourd'hui?
- Un épreuve (ou une tentative?) de purification. Joseph Ratzinger, d'abord comme cardinal et ensuite comme pape, a toujours bien vu l'élément essentiel de ces fautes et comment elles doivent être abordés. Il a parlé de "saleté" dans l'église. Qui en tant que telle est encore plus grave si elle s'incarne par ceux qui revêtent l'ordre sacré du sacerdoce, et qui devraientt être persona Christi, Image du Christ vivant. La réponse la saleté est une grande purification.

- Ainsi Benoît XVI n'a pas été pris au dépourvu?
- Non, ce pape donne la preuve depuis longtemps d'une action décisive de lutte contre ces comportements, et de rappel de toute l'Eglise à une démarche pénitentielle là où ils ont eu lieu. Il accomplit un travail très énergique de réveil, dans les épiscopats nationaaux. Ils doivent prendre conscience de la gravité de ces faits, qui sont des actions imputables à des personnes spécifiques, mais qui jettent une ombre sur toute l'Église.

- Comment jugez-vous le récent discours du pape sur le sacerdoce à la conférence organisée par la Congrégation pour le clergé?
- Le pape a réaffirmé la grande valeur du célibat. Cependant, permettez-moi de souligner un fait curieux: tout ceux qui s'intéressent un peu au phénomène de la pédophilie s'accordent à dire que le célibat n'a rien à voir avec. Au point questatistiquement, le délit est commis par un nombre significativement plus élevé dd'hommes mariés ou qui ont des rapports sexuels avec des femmes.

- Au lieu de cela, chaque fois que la controverse se rallume sur ces faits, il y a une demande de reconsidérer la discipline du célibat.
- C'est un mantra (une incantation) qui se rapporte à ces instances progressistes que j'ai mentionnées. On continue de répéter que le célibat n'est pas un dogme, mais Benoît XVI le sait parfaitement. Il ne fait pas partie du dogme, c'est vrai, mais il ne vient pas non plus comme un cheveu sur la soupe. C'est quelque chose de profondément enraciné dans l'Eglise des temps apostoliques, et il est explicité dans le cours de l'histoire de l'Eglise dans des formes évidentes de continuité absolue. Le célibat, comme le Pape l'a dit, "est vraie prophétie du Royaume." Le sens du célibat augmente aux époques où il est nécessaire de mobiliser de grandes ressources spirituelles.

- Vous faites allusion à la phase actuelle de profonde déchristianisation?
- Oui. Benoît XVI et Jean-Paul II avant lui, ont parfaitement compris le drame de cette époque, et l'exigence absolue qu'il y a ait, engagés dans le monde, des pasteurs d'âmes ayant le célibat comme charisme particulier et spécifique.

- Barbara Spinelli, dans son éditorial de la Stampa intitulé "Vatican, le mal caché" a attribué le scandale au «manque d'ambition, à l'énergie éteinte de la partie censée être bonne". Dans l'Eglise d'aujourd'hui, on discute de tout, mais pas de la personne du Christ. Pour cela "au fond, il n'y a besoin de rien d'autre que des Ecritures".
- Personnellement, je ne partage en rien ce jugement. Il s'agit de la représentation, presque de manuel scolaire, d'un esprit neomo-derniste selon laquelle la seule vraie Eglise est celle spirituelle. En effet, elle cite "L'Evangile suffit" d'Alberto Melloni et Giuseppe Ruggieri. Ce sont les enfants actuels de Joachim de Flore, et ils rêvent d'un nouvel âge de l'esprit qui en finirait avec tout ce qui est institution, tradition, corps de l'Eglise. L'Eglise que nous voyons est une chappe qui emprisonne l'esprit et l'esprit est en attente d'être libéré.

- L'Eglise doit-elle laver son linge sale en famille ou se fier aux enquêtes menées par la magistrature?
- L'Eglise doit de toute façon laver son linge sale. N'oublions pas, cependant, qu'elle ne doit pas seulement se purifier de ses péchés sexuels: l'Église est le lieu du pardon de Dieu, et sa mission est de laver tous les péchés du monde. Mais le pardon de Dieu descend sur ceux qui d'une certaine façon se couvrent la tête de cendres. L'Eglise pardonne les péchés, mais en même temps, César doit faire sa part. Les victimes de ces années, de même qu'elles peuvent et doivent en dénoncer les responsables à l'Eglise, peuvent et doivent aussi les dénoncer devant le tribunal civil. Certainement, l'Eglise n'a pas d'objections à ce que cela arrive.

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