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Lynchage du Pape

A propos d'un article cité sur le site de "Marianne". Méfiance, donc. Mais il y a des choses intéressantes. (30/3/2010)

Philippe Bilger est cet avocat général à la Cour d'appel de Paris, qui fait régulièrement parler de lui (encore tout récemment dans "l'affaire Zemmour") pour ses prises de position prétendument iconoclastes, ou tout au moins rompant avec son devoir de réserve, dans son blog.
Je trouve à l'instant sur le site de l'hebdomadaire Marianne (une raison pour m'en méfier comme de la peste) un article de ce blog (http://www.philippebilger.com/... ), intitulé "Guillon justicier, idéologue ou frimeur ? "

Je suis loin d'approuver tout ce qui est dit. En particulier, comparer Benoît XVI à Eric Besson, même s'ils ont en commun d'être la cible du pitoyable et ordurier Guillon, relève d'une curieuse confusion des valeurs. Invoquer la "liberté d'expression pour trouver "hors de question de prétendre interdire l’inadmissible" est un signe inquiétant du conformisme que l'on prétend dénoncer. Et trouver "étincelant" un livre de l'insupportable Moix... cela commence à faire beaucoup! Sans compter l'avant dernier paragraphe, où le magistrat "anticonformiste" s'empresse courageusement de justifier, au moins partiellement, le lynchage.

Il n'empêche, certaines observations ne manquent pas de pertinence (soulignements de moi):

Interdit de défendre le pape !
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On sent bien qu’aujourd’hui, il est plus chic d’approuver Stéphane Guillon qui, à mon avis, est tout sauf un humoriste que de défendre le pape Benoît XVI qui, depuis quelques semaines, n’en finit pas d’être une cible médiatique quasiment universelle.

En effet, Stéphane Guillon se présente sous une livrée apparemment comique pour mieux faire apparaître son costume d’idéologue persiflant, ricanant toujours dans le même sens. Ses allusions honteuses au physique d’Eric Besson, grossièrement décrit, n’ont pas suscité l’indignation qu’elles auraient suscitée si elles étaient sorties, appliquées à d’autres, de la bouche, tout aussi récusable, d’un prétendu humoriste de droite.

Même si le ministre s’est défendu comme un beau diable, reprochant à Guillon ses injures « racistes » et traitant ce dernier de « lâche » pour avoir refusé une confrontation avec lui (nouvelobs.com), on ne peut pas dire que les médias ont choisi sa cause, bien au contraire, malgré l’unique et courageuse (dans un tel contexte) intervention de Jean-Luc Hees. Il est hors de question de prétendre interdire l’inadmissible - ce qui serait mal servir la liberté d’expression - mais il est clair qu’il y a des personnes sur lesquelles on a le droit de « taper » sans mesure ni tact et des agresseurs qui bénéficient d’une sympathie de principe. Ce qui renvoie non pas à une exigence de censure que je déteste mais à une obligation de décence qui concerne seulement celui qui parle ou écrit, dans le rapport entre soi et soi.

Le rapprochement entre Eric Besson et le pape ou entre Stéphane Guillon et les Guignols n’est pas absurde en l’occurrence car il m’a suffi de ne jeter qu’un coup d’oeil sur la semaine des Guignols pour être effaré par la manière nauséabonde, ordurière même, en tout cas béatement provocatrice dont Benoît XVI et ceux qui l’entouraient étaient traités à propos de la pédophilie.

Depuis des semaines d’ailleurs, on sent monter une température médiatique qui trouve son paroxysme dans de tels outrages et rêve à l’évidence d’imputer au pape non seulement d’avoir tu les activités pédophiles de tel ou tel évêque - ce qui reste à démontrer- mais même, ce qui serait le comble de la jouissance pour ce monde si acharné à la mise en pièces des incarnations catholiques et de ce vieillard de 82 ans, d’avoir été coupable d’un tel comportement. Je suis persuadé que ce sera la prochaine étape : il faudra finir le travail de destruction.

Le pape est seul en face de ce déferlement. Dénonçant « le fléau de la pédophilie », il affirme, dans un sermon, sa volonté, grâce à sa foi en Dieu, d’avoir « le courage de ne pas se laisser intimider par les jacasseries médiocres de l’opinion dominante » et déplore que « l’homme tombe parfois au plus bas et vulgaire niveau et sombre dans le marécage du péché et de la malhonnêteté » (JDD.fr). Il n’empêche que cette « opinion dominante » domine médiatiquement.

Devant le rire de moins en moins « républicain » de Stéphane Guillon et les ignominies « guignolesques » - et ce n’est pas le soutien au pape des évêques de France qui sera de nature à freiner ce processus de délégitimation : je crains même qu’il l’aggrave à cause du corporatisme religieux qu’on y verra -, je ne peux m’empêcher de songer à cette superbe pensée extraite du livre étincelant de Yann Moix sur Roman Polanski : la moquerie n’est qu’une lecture impuissante de la complexité.

En effet, si je dénonce le véritable lynchage papal qui sévit sans aucune vergogne puisqu’il est assuré du silence, du manque de courage de ceux qui naturellement devraient venir à la rescousse et d’un climat général qui se repaît du délitement des croyances, je considère que la politique qui semble avoir été menée de bonne foi par l’Eglise et le Vatican en matière de pédophilie est aberrante. Certes, j’en devine les raisons fondées sur la prudence et le privilège donné à la discrétion plus qu’à la révélation mais tout de même ! Le scandale n’est pas que la pédophilie ait malheureusement gangrené des attitudes qui auraient dû demeurer exemplaires - la faiblesse humaine et criminelle pousse ses horribles avantages partout - mais que l’institution ait parfois cherché, ici ou là, des accommodements avec la vérité, l’exclusion et les sanctions qu’elle aurait dû imposer. Une institution qu’on croit protéger de l’intérieur est défaite puisqu’on lui permet de continuer à abriter un Mal qui la corrompt peu à peu. Expulser le mal, les transactions honteuses entre l’idéal et le réel, c’est au contraire la sauver et lui redonner force et pureté. Que cette absence de rigueur et de transparence ait été assumée souvent par ceux qui avaient la charge d’édicter le ciel ouvert est un fait, un comble.

Mais faut-il pour autant applaudir sans retenue, hier contre Eric Besson, depuis longtemps contre Benoît XVI, les justiciers de l’immédiat, les violents sans risque et les iconoclastes pour la frime ?

Une campagne orchestrée En France, la polémique continue...