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Fermeté et pardon

Nouveau très beau commentaire du grand Messori. (30/3/2010)

Dire que certains américains font la leçon aux italiens!
Un peu de modestie ne leur mesiérait point.

Je voudrais ne citer dans ces pages que les bons articles "pour". Il commence à y en avoir pas mal, et il s'agit de défenses de grande qualité, essentiellement venues de l'étranger, dans le désordre: Massimo Introvigne, Peter Seewald, George Weigel, Bruno Mastroianni, José-Luis Restàn, le Père Scalese, et bien sûr, Vittorio Messori.
J'en oublie, bien sûr.
Si je dis que les articles d'eux que j'ai traduits, ou Carlota, sont bons, ce n'est pas du parti-pris.
Ils le sont, parce qu'ils sont argumentés, et honnêtes.

Voici la dernière réflexion de Vittorio Messori, publiée dans "Il Corriere" (ma traduction).
Son prestige personnel, et l'audience internationale du grand quotidien de Milan, en font un témoignage de première importance.

http://www.et-et.it/articoli/2010/2010_03_27.html

Fermeté et pardon, c'est ainsi que l'Eglise rejette la férocité des Jacobins
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(Note: apparemment, pour l'italien Vittorio Messori, "jacobin" n'a pas le sens tordu que lui ont donné chez nous des gens soucieux d'effacer les fautes des "grands" ancêtres, responsables associés de la mort du Roi (selon wikipedia: Le jacobinisme est une doctrine politique qui défend la souveraineté populaire et l'indivisibilité de la République française). Actuellement, le "glissement sémantique" est encore plus sournois, puisque le mot jacobinisme a été entièrement "nettoyé", renvoyant simplement "à une conception centralisatrice de la République française". Mais chez Messori, il faut bel et bien comprendre dictature révolutionnaire, dictature (sanglante) de la liberté).
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Vittorio Messori

Certes, ni l'homme Joseph Ratzinger, ni le pape Benoît XVI n'ont besoin de notre défense.
L'estime et le respect dont cet homme jouit y compris parmi les laïcs témoignent qu'en lui vit au mieux cette synthèse catholique qui rejette toute forme d' "aut-aut" (ndt: idée chère à Messori, dont le blog s'intitule "et-et", c'est à dire le "et" inclusif, par opposition à l'aut-aut, c'est-à-dire le "ou" exclusif) et est régie par la "loi du et-et", et la coincidentia oppositorum, c'est-à-dire l'union des contraires.
Ceux qui le connaissent bien savent à quel point chez le professeur Ratzinger, puis le cardinal préfet, et enfin le Pontife, la sévérité cohabite avec la miséricorde, la rigueur avec la compréhension, le respect des règles avec l'attention à la situation de la personne humaine.
Il y a en lui, l'humanité des hommes d'Église d'autrefois qui, du haut de la chaire, dénonçaientt haut et fort le péché, mais, dans le confessionnal, face à face avec le pécheur réel, interprétaient généreusement l'appel du Christ à comprendre et pardonner. (ndt: Messori, relatant dans quelles circonstances il avait écrit en 1984, à Bressanone, son fameux "Rapport sur la foi", a raconté qu'à plusieurs reprises, devant cet homme, il lui était venu l'idée de lâcher le carne où il prenait ses notes, et de se confesser!)

D'une dureté inouïe, sa lettre à l'Église d'Irlande: la douleur et l'indignation face à la trahison de l'Evangile ne sont atténués par aucune hypocrisie théologiquement correcte.
Dans ces pages dramatiques, Benoît XVI n'essaie même pas d'atténuer la culpabilité, en rappelant combien sont suspectes les chaires dont émanent les sermons. Pas un mot sur l'hypocrisie des vieux apôtres soixante-huitards de la «révolution sexuelle» qui ont revêtu pour l'occasion de nouveaux habits de moralistes outrés et hargneux. Silence du Pape sur la défense des enfants par ceux qui prêchent comme un droit intangible l'élimination à volonté des encore plus petits. Pas même une mention dans la lettre, des appétits économiques qui ont conduit de grands cabinets d'avocats anglo-saxons à publier des annonces dans les médias: «Vous voulez devenir millionnaire? Mettez votre fils au séminaire pendant un an, puis passez chez nous".

La "common law" (ndt: le système juridique anglo-saxon qu'on pourrait traduire très grossièrement par "droit jurispridentiel" ) permet en effet aux avocats de partager de moitié avec leurs clients les énormes indemnités établies par les tribunaux. Des agents de cabinets d'avocats ratissent les listes de vieillards pour les convaincre de déposer des plaintes milliardaires. Tant mieux si l'accusé est mort, les évêques et les supérieurs des congrégations payent de toutes façons, pour éviter de nouveaux scandales. Le "pédéraste catholique" est depuis des années aux États-Unis, le protagoniste d'une énorme business, au point d'avoir conduit à la banqueroute des diocèses et des ordres religieux opulents.

Pourtant, Benoît XVI ne cherche aucune circonstance atténuante, même légitime et justifiée: son doigt n'est pas dirigé vers l'extérieur de l'Église, mais seulement vers ceux de ses enfants qui ont trahi. Pour eux, il a des mots terribles, qui vibrent de la colère des prophètes bibliques. Mais, après la condamnation, voilà l'espoir, voilà le rappel de la miséricorde d'un Dieu qui sait tirer un bien, même du mal, exhortant les responsables à payer le prix dû, mais à ne pas désespérer du pardon du Christ. Aucun péché n'est grand au point d'épuiser la miséricorde divine, le repentir et la pénitence peuvent ouvrir à ceux qui le veulent la voie de la réconciliation.

Chez ce fils de la vieille Bavière catholique, il y a ce qui a marqué,justement, le catholicisme authentique: le rejet de la sauvagerie «jacobine» inhumaine, le rejet de la condamnation sans appel, de la justice qui ne sait pas faire place à la compréhension, du "jus", le droit, sans la "pietas" pour la condition humaine.
Les tentatives actuelles de le traîner sur le banc des accusés, ignorent tout, parmi beaucoup d'autres erreurs et manipulations, de la sagesse qui est la marque même de l'expérience bimillénaire de l'Eglise. Une Sagesse au "visage humain", qui cependant - nous l'avons dit - suit la loi d'or du "et-et" et donc sait faire place au fouet, comme le sait bien l'Eglise en Irlande.
Et à ceux qui voudraient accuser l'ex Cardinal Préfet de la Congrégation pour la Foi d'avoir dissimulé et de s'être tu, il convient de rappeler entre autres, le "mystère douloureux" que constitue le cas de Marcial Maciel Degollado.
La Congrégation des Légionnaires du Christ, fondée par ce mexicain, était chère à Jean-Paul II: tandis que les vieilles familles religieuses s'éteignaient ou vivotaient, voici une troupe de jeunes, enthousiastes et défenseurs de l'orthodoxie. Les voix qui parvenaient à Rome sur le harcèlement sexuel des séminaristes par Don Marcial ont été examinées avec prudence par le pape Wojtyla, qui se rappelait comment, en Pologne, des allégations similaires avaient été utilisées par les communistes pour salir l'Eglise. Eh bien, parmi les premières mesures prises par Ratzinger comme pape, il y a eu la suspension a divinis du fondateur, lui imposant de se retirer dans la solitude, en consacrant le temps qui lui restait à la prière et à la pénitence.
Et pas seulement: Benoît XVI se hâta de supprimer le quatrième voeu des Légionnaires, celui dit de «discrétion», qui imposait le silence sur les supérieurs et entravait ainsi le enquêtes du Saint-Siège. au point que, parmi les légionnaires, certains soupçonnaient le pape Ratzinger d'être mal informés ou même de faire partie d'une conspiration contre la puissante Congrégation. Ainsi, l'homme accusé par l'extérieur de "n'avoir pas agi", est accusé au sein de l'Eglise "d'avoir trop fait". Et pas seulement à la Légion, mais dans beaucoup d'autres cas, dès que la suspicion d'abus sexuel devenait une certitude. Un paradoxe aussi ignoré que significatif.

© Corriere della Sera

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