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Benoît XVI et le silence des «mauvais maîtres»

Contre les perroquets médiatiques, l'antidote Messori: il nous explique le vrai sens du "pardon" du Pape, recevant les victimes d'abus sexuels. (19/4/2010)

Hier, à Malte, dans un acte d'humilité inouïe, acceptant de se charger d'une croix qui n'est pas la sienne, le Saint-Père a rencontré des victimes d'actes de pédophilie (> Triomphe à Malte).
Il l'a fait dans la plus grande discrétion, loin des caméras, avec la délicatesse et le respect des victimes qui est sa marque, et ceux qu'il a rencontrés en ont été très émus. Il a prié avec eux, il les a écoutés, il les a bénis.
En même temps, le 19 avril, c'est le cinquième anniversaire du début de son Pontificat. Les journaux français, après avoir fait la liste de toutes ses "gaffes" (c'est-à-dire de tous ses actes de résistance, mais ces recopieurs de dépêches voudraient l'empêcher de parler) ont décidé de se focaliser uniquement sur ce thème (> Cinq ans de Pontificat... vus de France).
Avec une impudeur sans limite, car ces moralistes auraient eux-mêmes fort à faire s'ils décidaient de faire le ménage dans leurs propres écuries - travail herculéen auquel ils n'ont de toutes façons aucune envie de s'atteler - ils glosent, en accumulant les contre-vérités, comme par exemple dans ce pauvre éditorial d'un quotidien de Province sur le thème: L'Église, qui préférait laver son linge sale en famille, accepte enfin de soumettre ses pécheurs à la justice terrestre(!!!). Elle a aussi cédé en partie à la modernité : elle communique. Mais glasnost et perestroïka ne sont pas à l'ordre du jour. Pourtant il faudra plus pour restaurer l'image du Vatican..

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Pour nous changer de ces perroquets stipendiés, la honte du métier de journaliste, voici un très beau texte de Messori; après cet autre article "Messori met en cause l'ideologie libertaire 68", il creuse ce thème, et nous explique la vraie signification du "pardon" du pape.

Une douleur vraie pour rétablir la confiance
Benoît XVI et le silence des «mauvais maîtres»

Vittorio Messori
(Source: Raffaella. Ma traduction)
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Personne ne s'attend à ce que le ministre dont relèvent les internats publics rencontre les "abusés" par certains enseignants ou concierges, exprimant "tristesse et honte".
La même chose s'applique aux armateurs de navires, où le sort des jeunes mousses est connu de tous à bord. Pas plus que les dirigeants de clubs sportifs de jeunes n'expriment la moindre contrition publique, alors que les vestiaires et les douches attirent aussi, comme c'est bien connu, la faune prévisible d'adultes.
La pédophilie (ou pédérastie peut-être, la limite d'âge est incertaine et varie selon les goûts et les cultures) a toujours été présente là où il y a des hommes. Et, souvent, elle est présente de manière non clandestine, quand elle n'est pas louée et recommandée par les philosophes, comme cela s'est produit dans la Grèce antique et comme ce fut le cas dans les années soixante-huit européennes et américaines.
Le leader des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, l'ex-leader charismatique de la protestation, se vantait d'avoir non seulement encouragé, mais pratiqué le sexe avec les enfants quand il était instituteur. Mario Mieli, idéologue et fondateur du mouvement gay en Italie, dans un ouvrage culte, publié par les austères éditions Einaudi, considérait comme "œuvre rédemptrice" pour les deux les relations sexuelles entre un adulte et un très jeune. Sartre, Beauvoir, Foucault, Jack Lang, le futur ministre français, avec d'autres intellectuels signèrent un manifeste connu - au nom de la «libération sexuelle» - réclamant la dépénalisation des relations avec les mineurs, y compris les enfants.
En ces «maîtres» revivait une longue tradition européenne. Le philosophe vénéré par les Jacobins, à commencer par Robespierre et la majorité de l'élite révolutionnaire n'était certes pas le blasphèmateur Voltaire , mais plutôt l'édifiant Jean-Jacques Rousseau, l'apôtre de l'éducation de la petite enfance. Dans tous les sens du terme, car il raconta qu'il était heureux d'avoir acheté à Venise une fillette de 10 ans, qui sut le sauver de la dépression.
Pourtant, bien que les chaires dont sont issus tant de sermons soient risibles; bien que soit assourdissant le silence de ceux qui représentent des milieux amplement impliqués; malgré tout cela, Benoît XVI continue de vouloir démontrer que l'Eglise "est différente", jusqu'à s'humilier.
A Malte, il a répété le geste qu'il avait accompli en Australie et aux États-Unis: rencontrer certains de ceux qui ont été victimes, souvent il y a des décennies, des "attentions" d'éducateurs religieux. Comme il l'a fait dans la dramatique, émouvante lettre ouverte aux catholiques d'Irlande, il refuse de faire appel à des circonstances atténuantes ou de pointer d'autres du doigt, en rappelant, comme il pourrait pourtant le faire aujourd'hui, que de nombreux juges feraient mieux de garder le silence.
Le fait est que Papa Ratzinger est pleinement conscient que le péché des prêtres du Christ, a non seulement des conséquences canoniques et pénales, mais aussi métaphysique. Dans la perspective évangélique, le visage des enfants est celui-même Dieu; celui qui apporte ici le scandale, celui-là ferait mieux de se mettre une meule autour du cou et se jeter dans un puits. Paroles terribles, de l'Evangile. Le Pape sait avec quelle confiance, non seulement les parents catholiques, mais souvent aussi ceux d'autres religions et croyances, confient leurs enfants à des institutions de l'Eglise, inspirées par l'idéal de l'Évangile. La trahison de ces attentes lui paraît intolérable. Ainsi, il montre que l'Eglise, même dans la chute, n'est pas un lieu comme les autres: c'est un milieu où, dans l'institution, le péché est présent. Mais la faute est ici beaucoup plus grave que partout ailleurs, parce que l'idéal est plus élevé, les devoirs plus pressants, le Maître plus exigeant.

La douleur et la honte dont il parle viennent d'une souffrance authentique, et ne sont certes pas un mélodrame hypocrite. Pourtant, par le paradoxe de l'Evangile, son humiliation ne diminuera pas, mais au contraire augmentera sa crédibilité de guide et de gardien du christianisme.

© Copyright Corriere della Sera, le 19 avril 2010

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