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Immigration, racisme, capitalisme...

une interviewe du Cardinal Ratzinger datant de 1997, issue du Corriere della Sera (14/1/2010)
... grâce à Raffaella.

Le 28 mars 1997, le naufrage d'un navire de boat people albanais en collision avec une vedette militaire italienne faisait 87 morts.
Cet épisode est relaté ici (c'est au moins ce que j'ai trouvé en cherchant sur Internet, avec une "correspondance" de l'Humanité).

Un journaliste du Corriere della sera a saisi l'occasion pour interviewer le cardinal Ratzinger.
En regardant son site internet, il n'est pas difficile, même si l'on ne parle pas italien, de deviner de quel bord il est:
Il est peut-être utile, mais pas indispensable (si l'on veut éviter la polémique), de savoir qui sont les autres personnalités italiennes cités dans l'article. J'ai donc simplement indiqué les liens, vers les notices en italien.
Reste l'opinion exprimée par Joseph Ratzinger, dans son jus - face à un interlocuteur qui cherchait sans doute à le mettre au pied du mur, ou à l'instrumentaliser au profit de choix politiques, et qui a donné à son article un titre réducteur. Indispensable pour comprendre les idées de l'homme-Ratzinger, même si bien sûr, le Pape ne peut plus être simplement le Cardinal. On y trouve déjà la substance de l'encyclique Caritas in veritate.
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Les récentes émeutes en Calabre remettent au devant de l'actualité les réflexions sur le "racisme" des italiens.

L'immigration, le racisme, le communisme, le capitalisme et les sectes:
Gian Antonio Stella interviewe le Cardinal Ratzinger (1997)
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(ndlr: il s'agit visiblement de la transcription d'une interviewe "audio". Le langage est du langage parlé. Mais le Cardinal a très habilement contourné tous les pièges, et c'est visiblement lui qui, à la fin mène l'entretien. Et l'on dira qu'il ne sait pas communiquer???))


Le cardinal qui dirige la Congrégation pour la Doctrine de la Foi relance le nouveau défi catholique: "L'effondrement du communisme, ne confirme pas la bonté du capitalisme "
"Ce racisme, fils de Satan": Ratzinger accuse l'égoïsme de l'Italie: les immigrés gênent votre bien-être

- Cette Italie, où une catholique comme Irène Pivetti en arrive à dire "rejetons les Albanais à la mer" ne vous donne-t-elle pas des frissons?

Joseph Ratzinger clignant des yeux avec stupéfaction: "Dans la mer?"

- C'est ce qu'elle a dit...

Silence. "Je n'ose pas juger madame Pivetti, j'ai eu peu de contacts ... Mais il serait inhumain de rejeter à la mer ces gens en fuite. Notre devoir est d'aider ces gens à rentrer chez eux et à y construire une vie digne. Cela doit être la perspective. Mais aujourd'hui, en attendant ce retour, nous devons leur offrir l'hospitalité. "

Le cardinal bavarois septuagénaire que le pape a voulu la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ex Saint-Office, est peut-être un "bouledogue" comme disent certains, mais ce dont il a le moins envie, c'est de monter la garde, et encore moins après la tragédie de vendredi» ( «Un accident très triste»), au profit d'un certain égoïsme qui ne lui plaît pas du tout.

" Le problème est qu'ici, il y a un peu la crise, mais, par rapport aux Albanais, nous vivons dans une certaine prospérité. Nous ne voulons pas être «perturbés». Il nous manque cette capacité de partager avec autrui, de les accepter, de les aider. C'est quelque chose que l'homme apprend difficilement. Je pense que la défense d'un certain égoïsme contre la présence de facteurs qui perturbent le rythme de la vie quotidienne est profondément inhérente à l'homme. Et que nous avons besoin d'une éducation permanente pour surmonter l'égoïsme, afin de faire face à des cas de ce genre. "

Donc vous êtes d'accord avec Cacciari et d'autres qui disent que les Albanais doivent être tous acceptés.

"Oui. Nous devons les accepter. Expliquant que, dès que possible avec l'aide internationale, ils devront reconstruire leur pays. Mais tant qu'ils fuient un danger immédiat pour leur vie ...".

... la fermeture des frontières serait un acte d'égoïsme.

" Nous ne pouvons pas faire cela. Bien sûr, il faut distinguer la situation des éléments criminels, qui sont justement ceux qui ont provoqué cette situation. Mais simplement fermer les frontières, on ne peut pas le faire "

Pour en revenir à la résurgence de l'égoïsme ...

" Ce sont des phénomènes très humains. Je me souviens en Allemagne après la guerre, quand sont arrivés des millions d'Allemands expulsés de l'Est. Ils étaient Allemands comme nous, il était normal de les accepter. Cependant, l'hospitalité, dans les premiers jours, n'était pas si généreuse. Et ils ont souffert, en voyant ces cœurs endurcis. D'un autre côté, nos gens disaient, nous sommes déjà si pauvres ...".

Mais alors, vous aviez faim, nous pas.

" C'est vrai. Mais la fièvre est la même. Comme je l'ai dit, il est très naturel d'avoir comme première réaction la défense de la normalité de sa propre vie. Il faut de la patience. C'est un défi important pour l'Église d'éduquer les gens à ouvrir leurs cœurs.

La patience vaut-elle seulement pour les brebis du troupeau, ou aussi pour les politiciens de la "Ligue du Nord" comme le maire de Milan qui dit "ici, aucun Albanais ne passera"?.

" Pour un Allemand, , il est difficile d'entrer dans la politique italienne. Mais la politique doit être régie par des valeurs et participer à l'éducation aux valeurs. On peut défendre le patrimoine d'un peuple mais on ne peut pas vivre dans une île qui se sépare du reste du monde. Une fermeture du type "Nous allons bien, nous ne voulons pas ceux qui vont mal" est pour moi, une politique immorale."

Bossi va plus loin, lors du congrès de la Ligue, il a hurlé que le gouvernement veut quinze millions d'immigrés en Padanie, afin de dénaturer "la race padanienne, race pure, race élue.

"Ce sont des choses qui font mal. Cette idéologie d'une race pure qui ne doit pas être polluée par d'autres est une maladie de cœur. La race pure n'existe pas. La coexistence de différentes provenances humaines est une richesse culturelle. Cette idée d'une race qu'il faut défendre me fait trop penser au passé. "

Comme allemand qui a grandi sous le nazisme, c'est une blessure de plus?

"Oui."

Jean-Paul II ramène souvent tout à un égoïsme de la riche société d'Occident, envers ceux qui n'ont rien.

"C'est un modèle qui se reproduit en pyramide à différents niveaux. L'égoïsme commence entre un individu et un autre, puis elle se propage d'un village à l'autre, d'une région à l'autre, d'un état à un autre. Mais c'est la même structure qui s'affirme à plusieurs niveaux et se présente avec des arguments qui ne sont raisonnables qu'en apparence.

Je me trompe, ou nous en revenons à votre bataille contre le marché, le libéralisme, le profit comme " pensée unique"?

"Bien sûr. La clé de la pensée ne peut être celle-là. Sinon, nous tombons dans le matérialisme et l'égoïsme qui détruisent la simple coexistence. C'est un bouleversement. Si les valeurs matérielles deviennent dominantes, nous sommes dans une culture inférieure.

Certains, comme La Malfa l'autre jour, rétorquent: «Je suis surpris que le pape tienne un tel discours après l'effondrement du communisme."

"Mais l'effondrement du communisme n'a pas confirmé la bonté du capitalisme dans toutes ses formes. Au contraire, aujourd'hui, nous voyons que le capitalisme ne résout pas les problèmes de l'humanité et que nous devons trouver des formes dans lesquelles la liberté du marché se combine avec le sens des responsabilités de l'un envers l'autre. Une "économie sociale de marché": voilà ce qui serait le défi de l'après - communisme. Trouver la synthèse entre la liberté et la responsabilité sociale. Qui ensuite donnerait vie à la vraie liberté. Faire découler de l'effondrement du communisme, qu'aujourd'hui la seule valeur est la liberté sans restriction du marché est un malentendu absolu. La critique est toujours la même: n'oubliez pas l'homme. "

Vous n'êtes pas si nombreux, aujourd'hui, à le dire.

"Les forces innées de l'égoïsme s'expriment également dans des structures économiques qui ont une grande force, et l'argument éthique est souvent faible. Il ne parvient pas à briser certains mécanismes. La recherche de nouveaux modèles pour transformer la simple loi cruelle du marché en une structure de collaboration et de partage entre riches et pauvres, cependant, commence à faire son chemin dans le monde du capital. On commence à réaliser que cela ne peut pas continuer ainsi. Au fond, le problème de l'idéologie du marché et celui des Albanais sont une même chose. On est en train de créer une division dans l'humanité qui pourrait être fatale.

Cet égoïsme de fin du millénaire a-t-il quelque chose à voir avec le millénarisme?

"Je ne pense pas que chez les masses occidentales, le millénarisme et la tentation mythologiques soient tellement fortes aujourd'hui. Bien entendu, l'accélération de l'histoire, qui crée des structures de plus en plus puissantes qui éliminent des emplois et la centralité de l'homme, font nître une crainte: Quel sera notre avenir? Je dirais que l'homme commence à avoir peur de lui-même et de son propre pouvoir, qui devient dominant sur l'homme lui-même."

Umberto Eco, sur ce thème, sort son permis de conduire, et dit " il arrive à échéance en 2004, comment puis-je avoir peur de 2000 ?"...

"Tant mieux pour lui! Mais c'est vrai, l'an 2000 en tant que tel ne fait pas peur. C'est le développement incalculable qui crée la peur. "

Il y a quelque chose qui relie cet égoïsme et les suicides de masse comme dans la secte de Marshall Applewhite?

"Ce sont des choses un peu différentes. Là, il y a la fermeture sur lui-même d'un groupe qui est séparé de tout et qui vit de ses promesses et de sa vision jusqu'au paroxysme de l'auto-destruction.Cependant... .

Il y a un fil conducteur qui unit la richesse, la peur, l'égoïsme et les sectes.

"Oui. D'une part il n'y a plus de valeurs convaincantes. Les grandes religions ne sont plus reconnues comme "la maison de mon être."
D'un autre côté, après avoir perdu une maison spirituelle, comme est et doit être l'Eglise, les gens ne peuvent pas vivre sans l'expérience d'une espérance ultérieure. Et ils cherchent des réponses aux grandes questions brisées dans une conscience qui n'a plus une vision commune de Dieu, des valeurs, de l'homme. Tout est cassé en petits morceaux. La «normalisation» du marché laisse un vide spirituel. A l'uniformité matérielle correspond une totale fragmentation spirituel."

Dites-le: selon vous, il y a la main du diable.

(rires) "Tout croyant vous dira que oui. Je ne répondrais de cette façon d'un jet, parce que cette réponse risque de paraître mythologique.

Les cornes, la queue, les oreilles pointues ...

"Voilà. Mais en réalité, il y a une force destructrice qui existe, qui est à l'oeuvre, et qui est très évidente. Elle s'exprime également à travers cette fragmentation.

Si les sectes se propagent, il s'agit aussi d'une faute de votre part.

"Certes, il y a eu des failles. Ces trois années de préparation pour l'Année Sainte sont aussi, selon la volonté du Pape, un examen de conscience: pourquoi sommes-nous si incapables de répondre aux soifs du monde?".

© Copyright Corriere della Sera, 30 Mars 1997.

Correspondance l'Humanité

L’Italie redécouvre le racisme
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« Les réfugiés albanais devraient être systématiquement rejetés en pleine mer ; quant à ceux qui osent tirer sur nos militaires, il faudrait couler leurs bateaux. » Signé Irène Pivetti, ex présidente de la chambre des députés. En écoutant Mme Pivetti, il y a de quoi s’indigner ; toutefois, il est plus grave de constater qu’une telle réaction semble devenir commune en Italie. Onze mille réfugiés albanais ont été recensés la semaine dernière, l’exode a repris depuis quelques jours, un chiffre difficile à digérer pour les habitants des régions sujettes à cette « invasion », un terme adopté désormais par certains.
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Aujourd’hui, les Italiens semblent peu enclins à l’accueil. Affirmant pour la plupart - y compris ceux ayant un penchant pour la gauche - que l’Italie n’étant pas en mesure de subvenir à ses propres besoins, ce pays ne peut accueillir les fugitifs albanais.
...
Pour en revenir au climat d’intolérance que l’on respire aujourd’hui dans la Péninsule, il suffit de rapporter quelques phrases prononcées en direct par les auditeurs sur quelques radios romaines : « Je ne suis pas raciste (…) il faut les renvoyer chez eux, ras le bol ! » L’Europe, qui se veut unie, devrait dans l’immédiat affronter la question albanaise de façon unanime et peut-être se pencher sur une solution différente de celle de l’intervention militaire.

Plaidoyer pour la tolérance Juifs/chrétiens: des larmes et du sang