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Benoît XVI entre Galice et Catalogne

Pour se purifier l'esprit, entre le cloaca maxima germanica, la lettre attendue de BVI et l'annonce de la visite en GB. ,un texte rafraichissant de Restán même si pas très d'actualité, traduit par Carlota (18/3/2010)

Carlota

Certes le texte qui suit a un peu perdu de son actualité factuelle, ou n’est pas encore au programme immédiat de notre très Saint Père, mais en le lisant j’y ai trouvé un tel grand vent de pureté revigorante bien utile en cette période de cloaca maxima que j’ai eu envie de vous le faire partager. Dans son style qui élève toujours le débat, José Luis Restán nous parle ainsi de la visite à venir de Benoît XVI en Espagne.

Benoît XVI entre Finisterre et la Marca (*)
11.03.2010 José Luis Restán (texte original ici: http://www.paginasdigital.es/ )

(*) L’auteur fait référence au cap Finisterre en Galice et qui rappelle fortement nos pointes du bout du monde de Bretagne et du Cotentin, et à la Marca Hispanica comme disaient les Francs pour désigner les zones frontières au sud de la Septimanie, terme parfois utilisé encore en Espagne pour parler de la Catalogne.
Ma traduction
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Surprise à Rome mais aussi en Espagne. (voir ici Le Pape en Espagne: visite confirmée)
Les 6 et 7 novembre prochains, Benoît VI visitera Compostelle et Barcelone , un voyage éclair entre le cap Finisterre et les Marches Hispaniques, entre le berceau de l’Europe chrétienne et l’épicentre de la modernité à la recherche d’un visage bien à lui. Il paraît qu’il s’agit d’une décision très personnelle du Pape, un ajout inespéré dans un agenda 2010 déjà bien chargé. Ce n’est pas la persuasion des politiques ni la simple désir de répondre à l’invitation cordiale des évêques. Le Pape a vu une opportunité de dérouler le fil d’or de son pontificat et l’a prise au vol.
Commençons par Compostelle, le but d’un chemin qui a forgé l’Europe, un chemin guidé par la recherche de la sépulture de l’Apôtre Jacques le Majeur. C’était l’objectif qui commandait le dur chemin aux milliers d’Européens de toutes les provenances; c’était cet objectif qui donnait sens, forme et soulagement à l’aspérité du chemin en le transformant en une véritable voie d’humanité. On comprend la vibration unique et inoubliable de ce discours de Jean-Paul II appelant le continent à se rencontrer de nouveau, à vivre uni depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, sur la base de l’expérience partagée d’une foi qui a généré toute une culture de vie, de travail, de solidarité et de droit. La clameur dramatique du Pape Wojtyla a marqué un moment clef dans l’histoire européenne, un moment qui a fait écrouler des murs et ouvrir des espaces, mais beaucoup d’opportunités de ce moment-là sont restées vaines, dévorées par la progression déprédatrice du nihilisme.

Il est évident que Benoît XVI se fera écho de ce discours inoubliable, mais la question n’est plus tant de se rappeler les racines chrétiennes de l’Europe que de tisser un réseau communautaire désireux de s’alimenter de sa sève et disposé à créer de nouvelles formes à partir de cette tradition vivante. Désormais la clameur du Pape ne s’orientera pas pour abattre le mur de l’idéologie mais pour remplir l’espace de la raison, pour récupérer les grandes questions humaines et ouvrir l’espace à la proposition de la foi chrétienne. Compostelle est un lieu tout particulièrement propice pour montrer que « Où est Dieu, il y a un futur », pour montrer que l’affirmation de la foi n’a pas de raison de dégénérer en fanatisme, mais que c’est un puissant facteur pour construire la maison commune des hommes de diverses provenances et cultures.

Sagrada Familia, Barcelone

Image Wikipedia

À Barcelone le Pape consacrera l’Église de la Sainte Famille, dont la figure même, encore inachevée, est une métaphore de l’histoire qu’il nous appartient de vivre. Au milieu de cette grande ville sécularisée et avec la toile de fond de l’ingénierie sociale du tripartite qui gouverne la Généralité de Catalogne (ndt: allusion à une image très souvent employée en Espagne pour parler des « expériences » des politiques catalans qui veulent construire une société de tous les « nouveaux droits » mais également sécessionniste, ultra nationaliste, et souvent aussi anticléricale sous prétexte de laïcité ou d’un catholicisme progressiste tellement éloigné du magistère qu’on peut très justement se dire qu’il n’est plus catholique), se lèvent les aiguilles dessinées par le grand Antonio Gaudí montrant l’infini.
« Beaucoup à démolir, beaucoup à construire », disait T.S. Eliot dans “les choeurs du Rocher » (ndt « Choruses from the Rock » 1934 - traduction et édition françaises ?)- . L’Église, disait le génial poète anglais, est toujours en train de se défaire et de se reconstruire, c’est quelque chose qui est palpable dans toute l’Europe mais encore plus dans la cosmopolite Cité Comtale. Dans cette ville fébrile et créative, croisée de tant de chemin et cadre de tant d’expériences culturelles, se construit encore aujourd’hui cette église forgée dans une vision pleinement chrétienne et tranquillement moderne. La vision d’un artiste chrétien, Antonio Gaudí, se greffe dans le fleuve vivant de la tradition chrétienne qui a généré en Catalogne tant d’éducateurs, de serviteurs de la charité et même de martyrs.

La foi n’est pas une pièce d’archéologie mais une vie qui bouillonne, dialogue et construit dans le présent, et la figure en construction de la Sainte Famille explique cela mieux que beaucoup de discours. C’est très possible que, se faisant écho du titre de cette merveilleuse église, Benoît parle de la famille, véritable sanctuaire de la vie. Mais il ne le fera pas pour évoquer des vérités abstraites. Comme il vient de nous le rappeler : « L’Église garde en elle-même les drames de l’homme et la consolation de Dieu, elle les tient réunis tout au long de son pèlerinage dans l’histoire », et peut-être que la Barcelone d’aujourd’hui sera un lieu spécialement approprié pour faire voir cette correspondance inconnue ou oubliée par tant de personnes. Beaucoup, trop d’Européens, n’ont plus un accès quotidien et affable au trésor de la foi chrétienne. Ils méconnaissent Dieu qui s’est fait chair dans cette famille dont la mémoire vivante protège déjà l’église de Gaudí, comme ils méconnaissent la signification de la vie dramatique qui s’écoule quotidiennement entre le vertige et l’apathie de nos contemporains, qui n’arrivent plus à mesurer la valeur du sacrifice, de la joie ou de la douleur.
De tout cela, Benoît XVI parlera, pour réchauffer les coeurs des chrétiens et étendre une piste de lumière et d’espérance, dans le brouillard qui entoure tant de personnes.

Munilla ecce homo Le prêtre et internet