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Le Pape harcelé

Un beau texte d'un religieux espagnol, le P. Santiago Martín, dans "La Razón", traduit par Carlota (25/3/2010)

C'était avant l'artillerie lourde de ce matin...

Carlota

Il y en a qui déversent leur bile, il y en a qui sont des hommes d’action.
Le Père Santiago, qui porte bien son prénom, est sûrement de ceux-là. Il déclare haut et fort sa fidélité au Successeur de Saint Pierre.

Le Pape harcelé,
par le P. Santiago Martín (*)
Article paru dans le journal espagnol La Razón – Texte original ici


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Cinq ans ont passé depuis la mort de Jean-Paul II et nous nous rappelons encore combien fut difficile la dernière étape de son pontificat. À l’époque, la ligne de mire de ses ennemis était sa santé. Un moment ou à un autre, de l’intérieur ou de l’extérieur de l’Église on insinuait qu’il devait démissionner, car il ne se trouvait pas dans les conditions pour gouverner une paroisse de plus d’un milliard de fidèles.

Jean-Paul II souffrait de ce harcèlement mais il se limitait à répondre que si le Christ n’était pas descendu de la Croix, lui non plus ne pouvait le faire; d’autres fois il répondait que l’Église ne se gouvernait pas avec les jambes mais avec la tête. Conscient que sa vie comme celle de n’importe qui d’autre était dans les mains de Dieu, mais aussi qu’il était à la tête de l’Église depuis beaucoup d’années et que pour cela il ne devait pas se consacrer à l’économie des minutes et qu’il n’évitait rien qui puisse l’épuiser.

Quand arriva son heure, il remit son âme à Dieu au milieu du respect universel et de l’affection profonde de la majorité des catholiques, ce qui n’aurait certainement pas été la même chose si dix ou quinze ans plus tôt, - quand avait commencé la pression pour qu’il démissionne - il avait tenu compte de ceux qui ne voulaient qu’une chose, qu’il s’en aille pour que l’Église se dirige vers d’autres chemins moins « conservateurs ».
Quelque chose du même genre peut-il arriver avec Benoît XVI?

Il y a beaucoup de différences entre l’actuel Souverain Pontife et son prédécesseur. L’une d’elles est que Jean-Paul II a été élu à 58 ans et il est mort dans sa 85 ème année. Benoît XVI est devenu Pape à 78 ans soit vingt ans de plus que Wojtyla. Hormis d’autres différences, celle-là seule permet de comprendre pourquoi les façons d’agir des deux Souverains Pontifes ont nécessairement été différentes.

Tout cela, ceux qui dès le départ se sont sentis mécontents de l’élection de Benoît XVI, ne paraissent pas en tenir compte. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église.
Pour toute personne un peu informée du conclave qui a permis que Ratzinger soit choisi, ce n’est pas un secret qu’un secteur minoritaire du collège des cardinaux a bataillé dans les jours précédents pour obtenir que ce ne soit pas lui le nouveau Pape. Ils perdirent la bataille mais ne cessèrent pas la guerre. Plus tard ils s’attaquèrent à la personne choisie par Benoît XVI pour l’aider, le cardinal Bertone, en discréditant ses capacités de gestionnaire comme Secrétaire d’État car il ne venait pas du corps diplomatique du Vatican. Cette « opposition » au Pape et à Bertone est présente jusqu’à l’intérieur de la Curie, non pas sous la forme d’un affrontement direct mais au moyen du « dilata », le retard, en se servant de tout type de subterfuges pour éviter que s’appliquent les réformes que le Souverain Pontife considère comme nécessaire, par exemple celles qui touchent le champ liturgique (ndt il n’y a pas qu’à la Curie, si l’on en juge pour notamment la France avec « l’application » du motu propio dont le « dilata » est particulièrement spectaculaire dans certains diocèses et dans d’autres plus subtiles. Parfois même le « dilata » n’est même pas encore arrivé…).

Parfois, cependant, ce noyau d’opposition trouve opportun de lancer quelque bordée plus explicite. Il a l’habitude d’utiliser des retraités (ndt, je pense qu’on peut traduire en français par émérites) qui font des déclarations délicatement blessantes en direction du Pape. La dernière est venue de celui qui était il y a encore peu, le nonce en Belgique Karl J. Rauber. Dans la revue «Il Regno», il définit le Pape comme « un intellectuel, un personnalité pure. Mais il ne s’intéresse pas aux questions administratives, qu’il laisse au cardinal Bertone. Cela ne m’étonne pas, ajoute-il. C’était déjà comme cela à Munich. Je crois qu’il connaît suffisamment la Curie et qu’il pourrait y faire une sérieuse réforme. Mais son intérêt a toujours été d’étudier et d’écrire ». Si on devait traduire ce langage, il faudrait dire que Rauber a dit que le Pape ne se préoccupe pas de diriger l’Église parce qu’il vit enfermé dans son bureau, absorbé dans ses livres. Or ce qui est sûr c’est que Monseigneur Rauber a été très ennuyé que le Pape intervienne directement dans le choix du nouvel archevêque de Bruxelles en ignorant ses recommandations, ce qui est un démenti de l’accusation antérieure, car s’il n’était pas intéressé par « les questions administratives » il ne se serait pas préoccupé de désavouer un nonce si pointilleux. (ndt j’ajoute que de dire que c’était déjà comme cela quand il était à Munich n’est pas non plus sans venin, car s’il restait enfermé avec ses livres quand il était en Bavière, il ne voyait pas ce qui se passait dans son archidiocèse).

Par ailleurs l’ex-nonce à Bruxelles, en a aussi pour son compte, puisque deux curés qu’il mit en avant avec succès, un en Suisse et un autre en Hongrie, laissèrent l’épiscopat pour s’en aller chacun avec une dame. En outre, il fut à quatre reprises dénoncé à la Secrétairerie d’État par le même Ratzinger, - quand il était préfet de la Doctrine de la Foi - pour s’être opposé au célibat des prêtres et pour avoir critiqué les évêques

Mais les attaques concernant la gestion du Pape ne viennent pas seulement de l’intérieur, mais elles ont aussi un front plus fort à l’extérieur de l’Église. Ceux qui depuis toujours avaient approuvé qu’un prêtre homosexuel soit accueilli à Munich alors que Ratzinger était archevêque de ce diocèse et que plus tard ce prêtre commit un délit (ndt je ne sais pas si dans la loi allemande c’est un délit ou un crime, et à l’époque des faits, mais le terme employé dans la version espagnole est délit) de pédérastie, en ont profité pour charger le Pape en l’accusant de complicicité dans cet acte abominable. Tant le diocèse lui même que le Vatican ont expliqué que Ratzinger n’avait rien eu à voir avec cela, et malgré tout, les critiques contre lui se sont maintenues. Tout cela a affecté le Souverain Pontife, dont tous, y compris ses ennemis, n’hésitent pas à mettre en avant la bonté et l'humilité.

Il va avoir 83 ans d’ici quelques jours, et peu de temps après, cela fera cinq ans qu’il a été choisi pour la chaire de Saint Pierre.
Il semble que l’ouverture de la chasse ait été déclarée contre lui, pour arriver à ce qu’il se trouve dans un état d’esprit tel qu’il démissionne, ou pire encore, pour agiter son cœur, lequel, selon son frère, « n’était pas très costaud ».
Il n’y a pas de doute, tout comme Wojtyla, Benoît XVI gêne ceux qui veulent une Église plus mondaine, moins spirituelle, moins religieuse. Alors comme de jeunes mâles dans les meutes de loup, qui croient voir leur heure arrivée, ils se sont jetés au cou du vieux chef.
Mais il n’est pas seul. Nous, nous sommes la majorité à l’aimer, à prier pour lui et nous continuerons à le faire.

Note

(*) Le Père Santiago Martín, curé d’une paroisse madrilène, a fondé en 1988 l’Association des Franciscains de Marie qui comprend des laïcs et des consacrés. Des associations existent maintenant dans 27 pays. Le Père produit une émission en espagnol pour ETWN, la célèbre chaîne de TV-Radio d’origine nord-américaine fondée par la Sœur Angélique. Il collabore régulièrement au journal espagnol La Razón et il dirige la revue « Eucaristía »

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