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Une Eglise de pécheurs, oui mais...

Carlota a traduit un article de l'écrivain espagnol Juan Manuel de Prada (3/4/2010)

Carlota

Alors que de nombreux journaux se repaissent des turpitudes du clergé catholique (En fait l’arbre qui cache la forêt de bien d’autres cas et lieux où les enfants sont les victimes) et en font leur fond de commerce, l’écrivain espagnol Juan Manuel de Prada, dans un article daté du 30 mars 2010 et paru sur Religion en libertad rappelle que l’Église a toujours était constituée de pécheurs.
Mais qu’il y a aussi l’Action de grâce, notion incompréhensible pour certains et pourtant…

Non praevalebunt (*)

par Juan Manuel de Prada (**)

Chesterton écrivait que le Christ « n’a pas choisi comme pierre de fondation ni le brillant Paul, ni le mystique Jean, mais un vaurien, un fanfaron, un lâche, en un mot, un homme. Sur cette pierre il a construit son Église ; et les portes de l’enfer n’ont pas tenu contre elle. Tous les empires et tous les royaumes ont péri à cause de leur faiblesse inhérente et continue, bien qu’ils aient été fondés par des hommes forts et sur des hommes forts. Seule l’Église chrétienne fut fondée sur un homme faible, et pour cette raison elle est indestructible ».

Il est évident que si le Christ avait voulu choisir un homme sans reproche il aurait pu le faire ; même si, en honneur à la vérité, on ne peut considérer aucun de ses apôtres comme un « homme sans reproche » : le « mystique Jean », par exemple, péchait par vanité, comme le démontre le fait qu’il sollicite sans honte d’être assis au ciel à côté du Christ ; et au « brillant Paul » on peut lui reprocher un certain attachement aux titres mondains, même après avoir suivi le Christ, il ne renonça pas à sa citoyenneté romaine. Et de ce attachement au sens strict qui était contraire au dessein du Christ qui ordonnait : «de tout abandonner », en est venu un grand bien pour l’Église, celui de la prédication aux Gentils ».

L’Église, en effet dès l’instant même de sa création a compté avec la faiblesse des hommes ; et l’action de grâce a inspiré à ces hommes faibles, même quand ils continuaient à s’obstiner dans leurs faiblesses, des missions qui ont rendu un bien énorme à l’Église.
Peut-être le cas le plus évident est celui d’Alexandre VI qu’on a toujours considéré comme le prototype du Pape corrompu, se livrant à des faiblesses scandaleuses que la littérateur anti-catholique a divulgué jusqu’à l’indigestion (ndt J’aurais l’occasion de reparler de cette légende noire qui sera sans doute abondamment reprise dans le téléfilm anglo-américain en cours de réalisation avec Jeremy Irons dans le rôle du Pape !).
Mais Alexandre VI fut l’artisan du Traité de Tordesillas, qui confia l’évangélisation du Nouveau Monde à l’Espagne et au Portugal, peut-être l’entreprise la plus glorieuse réalisée par la Chrétienté. Il semble évident qu’Alexandre VI n’était pas un « homme sans reproche » ; malgré ses défauts sur le dos, l’action de grâce a agi à travers lui, le transformant en un instrument magnifique du dessein divin.
Que l’Église soit, - mots de Saint Augustin, « sainte et prostituée » c’est une chose que n’importe quel catholique devrait savoir ; sainte par l’inspiration divine ; prostituée parce que cette inspiration s’incarne dans des hommes faibles, corrompus par des faiblesses auxquelles ils ne savent jamais renoncer. Et une telle nature inextricable acquiert un plus grand mystère quand des membres de l’Église d’une faiblesse éprouvée, mettent en œuvre des missions qui tournent au bénéfice de l’Église ; mystère dont les ennemis de l’Église ont toujours profité pour instiller le venin du découragement et de la désaffection parmi les fidèles. C’est ce qui arrive maintenant, après les révélations des faiblesses (ndt mot d’un auteur chrétien non pas pour minimiser les fautes gravissimes de l’intéressé, mais parce qu’entendu au sens général du péché) qui ont terni la vie de Marcial Maciel (ndt le fondateur des légionnaires du Christ, 1920-2008)

Que Maciel, comme Alexandre VI, n’ait pas été un «homme sans reproche» est hors de doute, mais étendre sa faute à la mission qu’il a menée serait aussi nier l’action de grâce et la nature même de l’Église, qui a été fondé sur les épaules d’ « un vaurien, un fanfaron, un lâche, en un mot un homme ». Les ennemis de l’Église qui nient son inspiration divine (parfois parce que ce sont eux qui la connaissent le mieux) prétendent que les catholiques, en cette heure de tribulation, oublient que l’action de la grâce agit aussi sur les vauriens, les fanfarons et les lâches ; en un mot sur les hommes, sur des hommes faibles qui portent une mission qui met à l’épreuve leurs forces, qui défie leurs forces, qui fréquemment excède leurs forces ; des hommes, enfin, qui parfois trahissent cette mission, dans leur actes, comme Pierre a trahi le Christ, après avoir été choisi comme pierre de fondation de son Église. Les ennemis de l’Église savent, bien sûr, comment susciter d’une manière pharisienne scandale et découragement parmi les catholiques ; ils savent comment instiller le venin de l’orgueil puritain parmi ceux qui ont été appelés, avec leurs faiblesses sur le dos, à une mission qui dépasse leurs forces. Le jour où les catholiques arrivaient à croire que la mission de l’Église dépend de sa condition d’ « hommes sans reproche », les portes de l’enfer auraient prévalu.
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Commentaire de Carlota

Je dirais en d’autres mots que les phrases du genre « les catholiques qui prêchent la morale doivent être irréprochables » ou « si Dieu existait vraiment il ne pourrait pas permettre toutes ces horreurs », est un raisonnement ou non abouti ou sciemment faussé pour des raisons qui n’ont rien d’avouable. Car si cela était cela signifierait que nous ne sommes pas libres, que nous ne disposons pas de cette liberté tant revendiquée par les anticatholiques et les athées. Non, nous ne sommes pas qu’un roseau. Notre Dieu exceptionnel et unique n’est pas un Deus ex machina venu expliquer ou supprimer la souffrance d’une humanité obligatoirement imparfaite sinon elle ne serait pas, mais au contraire venu nous accompagner en partageant nos souffrances. Par contre si l’Église n’enseignait pas les Paroles du Christ elle ne serait plus l’Église.
Aussi quand je vois comment notre très Saint Père est traité alors que le monde entier devrait le remercier pour ce qu’il fait, je me dis que, malgré mes immenses imperfections et faiblesses, j’ai vraiment de la chance d’être catholique et d’avoir un tel modèle à suivre.

Mais évidemment nous sommes une multitude à penser de même. Une petite preuve parmi beaucoup d’autres. Nous sommes à ce jour plus de 13 000 à avoir signé la lettre http://www.soutienabenoitxvi.com.
C’est magnifique de voir que sans mots d’ordre, sans grandes déclarations, nous nous sommes précipités pour témoigner notre respectueuse affection à notre Souverain Pontife, en « simples manants » du Pape.
Et nous ne pouvons que nous réjouir que des « Intellectuels, journalistes, personnalités de la société civile » notamment non chrétiens, regardent en face les choses et s’étonner du manque de déontologie de la presse (http://www.appelaverite.fr/ ). Tant mieux si l’intelligentsia française commence à se sentir motivée.

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* Ndt: La citation entière est: Super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam; et portae inferi non praevalebunt adversum eam, Vulg. (Sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l'enfer ne tiendront pas contre elle).
** Écrivain espagnol né en 1970. Certains de ses romans ont été traduites en français comme « La vie invisible » (2005) ou « Le septième voile » (2009). À l’occasion de leur sortie, L’express et le Figaro Magazine avaient consacré un article à leur auteur.

Plaidoyer pour l'Eglise Lettre ouverte à Benoît XVI