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Les bons tours de la Providence

Et si, sous la conduite d'un grand Pape, la révélation des abus commis par des membres du clergé s'avérait un bien pour l'Eglise, comme la perte du pouvoir temporel avec la fin des Etats pontificaux, en 1870? Sandro Magister cite un historien italien, Gianpaolo Romanoto. (4/5/2010)


Sur son blog "Settimo cielo", qui lui sert d'antichambre à celui, plus connu, et traduit en plusieurs langues www.chiesa, Sandro Magister donne dans son dernier billet la parole à un historien italien, Gianpaolo Romanato: évoquant un célèbre discours de Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI, à la veille de l'ouverture du Concile, celui-ci compare la situation actuelle de l'Eglise, ébranlée par la révélation des abus sexuels, à celle qu'elle avait connu en Italie, lors du Risorgimento.
A l'époque, il s'agissait pour elle, avec la perte des états pontificaux, de renoncer au pouvoir temporel. Aujourd'hui, il s'agit pour l'Eglise de se soumettre à la juridiction civile. La différence est que, dans le premier cas, l'Eglise avait subi les évènements, alors qu'aujourd'hui, sous la conduite de notre grand Pape Benoît XVI, elle les précède.
Dans les deux cas, il se peut que ce soit un grand bien, ce que Sandro Magister appelle un "bon tour" (inganno) de la Providence.

L'article suppose quelques connaissances de l'histoire italienne, un sujet dont je ne connais que les grandes lignes, mais cela suffit pour comprendre ce qui suit.
Je renvoie par exemple à Wikipedia, pour ce qui concerne la fin des Etats Pontificaux:
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Les États pontificaux (ou Etats de l'Eglise) sont les États qui étaient sous l'autorité temporelle du pape.
En 1860, le Piémont annexe une partie de ces territoires, laissant Rome au pape.
L’unification de l'Italie est achevée avec l’annexion de Rome, capitale de l’État de l’Église, le 20 septembre 1870.
Le 20 septembre 1900, le pape Léon XIII dissout officiellement les États pontificaux
Le Vatican est créé le 11 février 1929, lors des accords du Latran avec Mussolini.

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Je suppose que, si l'on devait comparer le traumatisme vécu par les catholiques d'Italie à la fin du XIXe siècle, à la situation de la France, où là aussi la plaie n'est pas totalement cicatrisée, on pourrait penser à la loi de laïcité de 1905.
L'article est à écrire.

Les attaques contre la Sainteté de l'Eglise. Un nouveau «tour» de la Providence?
http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it
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La question qui est dans le titre de ce post naît de la célèbre relecture par Giovanni Battista Montini de la perte des États pontificaux par l'Eglise. Pour les croyants de l'époque, cela paraissait une catastrophe, pour les mécréants un triomphe. En réalité, les deux ont été démentis: pour l'Eglise, ce fut le début d'un grand renouveau.

Et si les attaques incessantes d'aujourd'hui contre la sainteté de l'Eglise étaient un jeu de la Providence, dont l'Eglise pourrait sortir purifiée et vivifiée?
L'historien laïc Gianpaolo Romanato, dans une conférence tenue le 3 mai à Gênes, lors d'un séminaire de préparation à la 46e Semaine sociale des catholiques italiens (Reggio de Calabre, 14-17 Octobre 2010), a pratiquement établi ce parallèle. Notant, toutefois, une différence par rapport aux événements d'il y a un siècle et demi. Alors que l'Église de ce temps avait subi les événements, celle d'aujourd'hui, grâce à un pape comme Benoît XVI, les précède:

"Benoît XVI est en train d'imposer à l'Eglise universelle une ligne de conduite non pas de retranchement dans de sa propre compétence juridique, mais de respect total et d'adaptation aux juridictions publiques et civiles. Le tournant que ce pape imprime à l'institution ecclésiastique est une révolution qui fera date, un changement que tous n'ont pas encore compris, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Eglise. "

Certes, l'entreprise du Pape Benoît XVI est bien plus qu'un «ajustement» à la justice terrestre. Il s'emploie encore plus dans l'ordre de la grâce, dans une "reformatio Ecclesiae" qui répond à d'autres critères qui lui sont propres, tout en étant en harmonie avec les tribunaux civils. Mais le fait est que Benoît XVI s'associe à la substance de l'argument de Romanato, quand il dit, comme dans l'homélie aux Biblistes, du 15 avril:
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"Maintenant, sous les attaques du monde qui nous parlent de nos péchés, nous voyons que pouvoir faire pénitence est une grâce. Nous voyons qu’il est nécessaire de faire pénitence, c’est-à-dire de reconnaître ce qui est erroné dans notre vie, de nous ouvrir au pardon, de nous préparer au pardon, de nous laisser transformer. La souffrance de la pénitence, c’est-à-dire de la purification et de la transformation, cette souffrance est une grâce, parce qu’elle est renouvellement, parce qu’elle est œuvre de la miséricorde divine"
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Mais voici le début de la relation du professeur Romanato, dont le texte complet est ici:
La question catholique dans un monde en mutation.




Une attaque qui se révéla un gain
Gianpaolo Romanato
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[...] La réflexion ne peut que partir du fameux discours que Giovanni Battista Montini prononça au Capitole, le 10 Octobre 1962, à la veille de l'ouverture du Concile Vatican II et un an après la célébration du centenaire de l'unité italienne. [...] L'archevêque de Milan, qui moins d'un an plus tard allait devenir le Pape Paul VI, soutint que le 20 Septembre 1870 (ndt: Ce jour-là, les troupes du roi Victor-Emmanuel II rentrent dans Rome et annexent la ville à l'Italie, achevant le Risorgimento. Le 9 octobre suivant, c'est la Fin de facto des États pontificaux dont l'origine remontait à Pépin le Bref. Par plébiscite, ils sont réunis à l'Italie], la «Providence» avait trompé tout le monde, croyants et non croyants.

Elle avait trompé les croyants, qui redoutaient avec la fin du pouvoir temporel l'effondrement de l'institution ecclésiale, et elle avait trompé les non-croyants, qui, après la chute de Rome attendaient et souhaitaient cet effondrement. Ce qui s'est passé, a fait observer Montini, c'est qu'ayant perdu l'autorité «temporelle», mais acquis "l'autorité suprême dans l'Église", la papauté reprit avec une vigueur inhabituelle ses fonctions de maître de vie et de témoin de l'Evangile. Le désastre annoncé n'eut donc pas lieu - qu'il soit redouté, ou espéré - mais une saison de crédibilité renouvelée s'entr'ouvrit pour la papauté, et pour l'Église tout un chapitre de renouveau profond. [...] Un paradigme, pourrait-on dire, d'hétérogenèse des fins.

Il y a donc un résultat positif du 20 septembre, il convient de le rappeler. La papauté se libéra de l'encombrant fardeau du pouvoir temporel, et entra dans la modernité, enfin libérée d'une gêne qui faisait de l'Eglise, en pleine époque libérale, une survivance anachronique de l'ancien régime d'avant la Révolution.

Mais, en rappelant ce résultat, nous ne pouvons nous empêcher de réfléchir au fait que, ce qui l'a produit, c'est la pression des événements en Italie, c'est-à-dire un facteur externe et opposé à l'Eglise, et non pas un choix écclésial autonome. Nous ne pouvons pas non plus ignorer que ce que Montini a qualifié d'événement providentiel et libérateur, l'Église de l'époque le vécut d'une manière complètement différente: comme une tragédie aux proportions apocalyptiques qui alimenta une fracture politique et sociale dont finalement les conséquences ne sont pas encore complètement et totalement cicatrisées. Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer, enfin, dans les événements qui ont accompagné la réalisation de l'unification, un aspect contradictoire que nous avons du mal à comprendre, aujourd'hui encore, près d'un siècle et demi plus tard.

Il est vrai, pourrait-on ajouter, que le Saint-Siège n'a jamais abandonné sa dimension d'État, l'a retrouvée avec les accords de 1929 et la détient toujours fermement. Mais il est clair que cela ne peut être en aucun cas une justification a posteriori de la grande rupture du dix-neuvième siècle. Entre les États pontificaux d'avant 1870 et cet état réel et effectif, mais territorialement symbolique et pratiquement exempt de pouvoir civil, qu'est la Cité du Vatican aujourd'hui, il existe une énorme différence, qui ne peut échapper à personne.

Alors, pourquoi [...] l'Église de cette époque a-t-elle subi plutôt qu'elle ne l'a elle-même provoquée, une mutation à long terme, qui s'est avérée être un gain? Pourquoi n'a-t-elle pas renoncé d'elle-même au statut d'Etat temporel qui déjà à l'occasion de la guerre fédérale de 1848 était apparu comme un poids et une contradiction?

Je n'ai pas de réponse à cette question, qui reflète dans toute sa complexité dramatique et non résolue, le noeud difficile et toujours récurrent de la relation de l'Eglise avec le temps et l'histoire, une histoire qu'elle voudrait dominer et par laquelle cependant, il n'est pas rare, qu'elle soit dominée, pas toujours, ajouterai-je, au prix de dommages.

La pensée ne peut que revenir aux tristes événements de ces dernières semaines. Aujourd'hui encore, c'est la pression extérieure, sans doute loin d'être désintéressée, qui a fait émerger la plaie de la corruption morale d'une partie du clergé et forcé l'institution à tourner la page. Mais aujourd'hui, à la tête de l'église il y a un pontife qui, plutôt que de subir les évènements, les anticipe presque, imposant à l'Eglise universelle une ligne de conduite non pas de retranchement dans de sa propre compétence juridique, mais de respect total et d'adaptation aux juridictions publiques et civiles. Le tournant que ce pape imprime à l'institution ecclésiastique est une révolution qui fera date, un changement que tous n'ont pas encore compris, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Eglise".

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(Gianpaolo Romana est professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Padoue).

Benoît XVI à Malte L'homélie de Mgr Negri, le 19 avril