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Joseph Ratzinger et le 3ème secret de Fatima

Le commentaire théologique du Cardinal Ratzinger, en 2000, et une analyse de Salvatore Izzo (5/5/2010)

Le pape très attendu au Portugal

« A bientôt à Lisbonne, Fatima et Porto » a dit Benoît XVI en portugais au terme de sa catéchèse du mercredi 5 mai.
Le pape sera au Portugal la semaine prochaine, à l'occasion du 10e anniversaire de la béatification des pastoureaux Francisco et Jacinta Marto, par Jean-Paul II à Fatima, le 13 mai 2000.
(Source:
Zenit )

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Nul doute que l'on va reparler du troisième "secret" de Fatima.
Le Père Lombardi, présentant le pélerinage de Benoît XVI lors d'une conférence de presse a recommandé aux journalistes de lire attentivement le commentaire théologique du cardinal Ratzinger, lors de la publication de ce secret ultime, voulue par JP II, en 2000.

Salvatore Izzo a donc relu le commentaire pour nous.
Forcément, l'analyse d'alors du cardinal Ratzinger est légèrement dépassée par les faits, ou n'a plus tout à fait le même cadre historique, puisque dix ans plus tard, le Pape, c'est lui.
L'attaque féroce dont il est la cible aujourd'hui autorise peut-être une autre lecture. Même si, au bout du compte, le message à comprendre demeure la nécessité de la conversion (pensons à l'affaire des prêtres pédophiles).

Le Pape à Fatima: Le Troisième Secret fait comprendre la nécessité de la pénitence
(Source: Raffaella)
(Salvatore Izzo, AGI)
Vatican, le 4 mai
Ma traduction
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"Le mot-clé de ce « secret » est un triple cri : « Pénitence, Pénitence, Pénitence ! » Il nous revient à l’esprit le début de l’Évangile : « Pænitemini et credite evangelio » (Mc 1,15). Comprendre les signes des temps signifie comprendre l’urgence de la pénitence - de la conversion - de la foi. Telle est la réponse juste au moment historique, marqué par de graves dangers qui seront exprimés par les images ultérieures"

Telles sont les paroles de Joseph Ratzinger dans le commentaire théologique qu'il a écrit en 2000 pour accompagner la publication du troisième secret de Fatima, décidée par le Pape Jean Paul II, après que le contenu ait été caché pendant 80 ans par ses prédécesseurs.
Un texte que dans le "briefing" d'aujourd'hui, à la veille de quinzième voyage international de Benoît XVI, qui du 11 au 14 mai aura justement pour but Fatima et le Portugal, le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi, a invité les journalistes à lire.

Dans ce document, Ratzinger confie également "un souvenir personnel: dans une conversation avec moi, Sœur Lucie m’a affirmé qu’il lui apparaissait toujours plus clairement que le but de toutes les apparitions a été de faire croître toujours plus dans la foi, dans l’espérance et dans la charité - tout le reste entendait seulement porter à cela"

"L'ange à l'épée de feu à la gauche de la Mère de Dieu" décrit par Sœur Lucie pour le Préfet de la Doctrine de la Foi "rappelle des images similaires de l'Apocalypse. Il représente la menace du jugement, qui plane sur le monde.
La perspective que le monde pourrait être réduit en cendres dans une mer de flammes, n'apparaît désormais plus du tout comme un simple effet de l'imagination: l'homme lui-même, avec ses inventions, a préparé l'épée de feu. La vision montre ensuite la force qui s'oppose à la puissance de la destruction, la splendeur de la Mère de Dieu, et, provenant en quelque sorte de cela, l'appel à la pénitence. De cette façon, l'importance de la liberté de l'homme est soulignée: l'avenir n'est pas déterminé de manière immuable, et l'image que les enfants ont vue, n'est pas un film d'anticipation d'un futur dans lequel rien ne peut plus être changé."
La vision sur laquelle le Pape Wojtyla a souhaité que le cardinal Ratzinger fasse un commentaire officiel "parle plutôt de périls et du moyen d'être sauvé d'eux".

Dans le texte signé par le futur pape, il y a une distinction très claire entre LA révélation - qui a été complété par les Apôtres - et les révélations privées, que l'Eglise peut toutefois approuver, comme ce fut le cas avec le Troisième Secret de Fatima. "La vision intérieure - explique-t-il - n'est pas imagination, mais comporte aussi ses limites. Déjà dans la vision extérieure, le facteur subjectif est toujours impliqué; nous ne voyons pas l'objet pur, mais il vient à nous à travers le filtre de nos sens, qui doivent accomplir un processus de traduction. Ceci est encore plus évident dans la vision intérieure, surtout quand il s'agit de réalités qui en elle-même outrepassent notre horizon humain".

Après cet avertissement, le cardinal affirme que l'évêque vêtu de blanc qui dans la description de Sœur Lucie tombe sous les coups des assaillants "nous avons eu l'impression que c'était le Saint-Père qui semble précéder les autres, tremblant et souffrant pour toutes les horreurs qui l'entourent. Non seulement les maisons de la ville sont à moitié écroulées, mais son chemin passe au milieu de cadavres des morts. La marche de l’Église est ainsi décrite comme un chemin de croix, comme un chemin dans un temps de violence, de destruction et de persécutions".
Pour Ratzinger, "on peut trouver représentée dans ces images l’histoire d’un siècle entier".

Et en lisant ces mots, il est difficile de ne pas penser que tandis que le Pape Wojtyla a été frappé par des balles d'Ali Agca, son successeur a souffert ces dernières semaines des pesantes calomnies qui lui ont été adressées, mais a aussi pleuré à cause des révélations sur les crimes commis par des prêtres et des évêques.

"Dans le chemin de croix de ce siècle, la figure du Pape a un rôle spécial. Dans sa pénible montée sur la montagne, nous pouvons sans aucun doute trouver rassemblés différents Papes qui, depuis Pie X jusqu’au Pape actuel, ont partagé les souffrances de ce siècle et se sont efforcés d’avancer au milieu d’elles sur la voie qui mène à la croix".

Le sentiment que les paroles de Sœur Lucie puissent également concerner ce pontificat, est renforcé chez le lecteur qui, dix ans plus tard, reprend ce texte en mains parce que Ratzinger lui-même raisonne sur l'incohérence qu'il y a entre la vision décrite par Sœur Lucie et l'attentat sur la Place Saint-Pierre.

En fait, "dans la vision, le Pape aussi est tué sur la voie des martyrs"
"Le Saint-Père ne devait-il pas - se demande le futur successeur de Jean-Paul II - après l'attentat, du 13 mai 1981, quand il se fit apporter le texte de la troisième partie du secret, reconnaître son propre destin?
Il avait été très proche des portes de la mort et il a lui-même expliqué de la manière suivante comment il a été sauvé : « C’est une main maternelle qui guida la trajectoire de la balle et le Pape agonisant s’est arrêté au seuil de la mort » (13 mai 1994)".

Pour Ratzinger, "qu’ici une « main maternelle » ait dévié la balle mortelle montre seulement encore une fois qu’il n’existe pas de destin immuable, que la foi et la prière sont des puissances qui peuvent influer sur l’histoire et que, en définitive, la prière est plus forte que les projectiles, la foi plus puissante que les divisions", et la conclusion du secret "est une vision consolante, qui veut rendre perméable à la puissance de guérison de Dieu une histoire de sang et de larmes. Des Anges recueillent sous les bras de la croix le sang des martyrs et irriguent ainsi les âmes qui s’approchent de Dieu".

Il reste "l'exhortation à la prière comme moyen pour le salut des âmes et, également, l'appel à la pénitence et à conversion".
Et la conclusion de Joseph Ratzinger sur le sermon est celle-là:
"Depuis que Dieu lui-même a un cœur d’homme et a de ce fait tourné la liberté de l’homme vers le bien, vers Dieu, la liberté pour le mal n’a plus le dernier mot. Depuis lors, s’imposent les paroles : « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance ; moi je suis vainqueur du monde » (Jn 16,33). Le message de Fatima nous invite à nous fier à cette promesse".

© Copyright (AGI)

Le commentaire théologique du card. Ratzinger

Extraits.
Texte à lire ici en entier: http://www.missa.org/fatima.php
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Celui qui lit avec attention le texte de ce qu'on appelle le troisième «secret» de Fatima, qui, après un long temps, par une disposition du Saint-Père, est publié ci-joint dans son intégralité, sera probablement déçu ou étonné après toutes les spéculations qui ont été faites. Aucun grand mystère n'est révélé; le voile de l'avenir n'est pas déchiré. Nous voyons l'Église des martyrs du siècle qui s'achève représentée à travers une scène décrite dans un langage symbolique difficile à déchiffrer. Est-ce cela que la Mère du Seigneur voulait communiquer à la chrétienté, à l'humanité, dans une période de grands problèmes et de grandes angoisses? Cela nous est-il utile au début du nouveau millénaire? Ou bien s'agit-il seulement de projections du monde intérieur d'enfants qui ont grandi dans une ambiance de profonde piété, mais qui étaient en même temps bouleversés par la tourmente qui menaçait leur époque? Comment devons-nous comprendre la vision, que faut-il en penser?
(...)
La «vision intérieure» n'est pas une fantaisie, mais une manière véritable et précise d'opérer une vérification, comme nous l'avons dit. Mais elle comporte aussi des limites. Déjà dans les visions extérieures, il existe aussi un facteur subjectif: nous ne voyons pas l'objet pur, mais celui-ci nous parvient à travers le filtre de nos sens, qui doivent accomplir un processus de traduction. Cela est encore plus évident dans la vision intérieure, surtout lorsqu'il s'agit de réalités qui outrepassent en elles-mêmes notre horizon. Le sujet, le voyant, est engagé de manière encore plus forte. Il voit avec ses possibilités concrètes, avec les modalités représentatives et cognitives qui lui sont accessibles. Dans la vision intérieure, il s'agit encore plus largement que dans la vision extérieure d'un processus de traduction, de sorte que le sujet est de manière essentielle participant de la formation, sous mode d'images, de ce qui apparaît. L'image peut advenir seulement selon ses mesures et ses possibilités. Ces visions ne sont donc jamais de simples «photographies» de l'au-delà, mais elles portent aussi en elles-mêmes les possibilités et les limites du sujet qui perçoit.

(...)

Une tentative d'interprétation du «secret» de Fatima
(..)
Ainsi, nous arrivons finalement à la troisième partie du «secret» de Fatima, publié ici pour la première fois dans son intégralité. Comme il ressort de la documentation précédente, l'interprétation que le Cardinal Sodano a donnée dans son texte du 13 mai a, dans un premier temps, été présentée personnellement à Soeur Lucie. À ce sujet, Soeur Lucie a tout d'abord observé qu'elle avait reçu la vision, mais pas son interprétation. L'interprétation, disait-elle, ne revient pas au voyant, mais à l'Église. Toutefois, après la lecture du texte, elle a dit que cette interprétation correspondait à ce dont elle avait fait l'expérience et que, pour sa part, elle reconnaissait cette interprétation comme correcte. Donc, dans ce qui suit, on pourra seulement chercher à donner de manière approfondie un fondement à cette interprétation à partir des critères développés jusqu'ici.

Comme parole-clé de la première et de la deuxième parties du «secret», nous avons découvert celle qui dit «sauver les âmes»; de même, la parole-clé de ce «secret» est un triple cri: «Pénitence, Pénitence, Pénitence!» Il nous revient à l'esprit le début de l'Évangile: «Pænitemini et credite evangelio» (Mc 1, 15). Comprendre les signes des temps signifie comprendre l'urgence de la pénitence - de la conversion - de la foi. Telle est la réponse juste au moment historique, marqué par de graves dangers qui seront exprimés par les images ultérieures. Je me permets de rappeler ici un souvenir personnel; dans un colloque avec moi, Soeur Lucie m'a affirmé qu'il lui apparaissait toujours plus clairement que le but de toutes les apparitions a été de faire croître toujours plus dans la foi, dans l'espérance et dans la charité - tout le reste entendait seulement porter à cela.

Examinons maintenant d'un peu plus près les différentes images. L'ange avec l'épée de feu à la gauche de la Mère de Dieu rappelle des images analogues de l'Apocalypse. Il représente la menace du jugement, qui plane sur le monde. La perspective que le monde pourrait être englouti dans une mer de flammes n'apparaît absolument plus aujourd'hui comme une pure fantaisie: l'homme lui-même a préparé l'épée de feu avec ses inventions. La vision montre ensuite la force qui s'oppose au pouvoir de destruction la splendeur de la Mère de Dieu et, provenant d'une certaine manière de cette splendeur, l'appel à la pénitence. De cette manière est soulignée l'importance de la liberté de l'homme: l'avenir n'est absolument pas déterminé de manière immuable, et l'image que les enfants ont vue n'est nullement un film d'anticipation de l'avenir, auquel rien ne pourrait être changé. Toute cette vision se produit en réalité seulement pour faire apparaître la liberté et pour l'orienter dans une direction positive. Le sens de la vision n'est donc pas de montrer un film sur l'avenir irrémédiablement figé. Son sens est exactement opposé, à savoir mobiliser les forces pour tout changer en bien. Aussi sont-elles totalement fourvoyées les explications fatalistes du «secret» qui affirme par exemple que l'auteur de l'attentat du 13 mai 1981 aurait été, en définitive, un instrument du plan divin, guidé par la Providence, et qu'il n'aurait donc pas pu agir librement, ou encore d'autres idées semblables qui circulent. La vision parle plutôt de dangers et de la voie pour en être sauvegardé.

Les phrases qui suivent dans le texte montrent encore une fois très clairement le caractère symbolique de la vision: Dieu reste l'incommensurable et la lumière qui dépasse toute notre vision. Les personnes humaines apparaissent comme dans un miroir. Nous devons garder continuellement présente cette limitation interne de la vision, dont les limites sont ici visuellement indiquées. L'avenir se dévoile seulement «comme dans un miroir, de manière confuse» (cf 1 Co 13, 12). Prenons maintenant en considération les diverses images qui suivent dans le texte du «secret». Le lieu de l'action est décrit par trois symboles: une montagne escarpée, une grande ville à moitié en ruines et finalement une grande croix en troncs grossiers. La montagne et la ville symbolisent le lieu de l'histoire humaine: l'histoire comme une montée pénible vers les hauteurs, l'histoire comme lieu de la créativité et de la convivialité humaines, mais en même temps comme lieu de destructions, par lesquelles l'homme anéantit l'oeuvre de son propre travail. La ville peut être lieu de communion et de progrès, mais aussi lieu des dangers et des menaces les plus extrêmes. Sur la montagne se trouve la croix - terme et point de référence de l'histoire. Par la croix, la destruction est transformée en salut; elle se dresse comme signe de la misère de l'histoire et comme promesse pour elle.

Ici, apparaissent ensuite deux personnes humaines: l'évêque vêtu de blanc («nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père»), d'autres évêques, des prêtres, des religieux et religieuses, et enfin des hommes et des femmes de toutes classes et toutes catégories sociales. Le Pape semble précéder les autres, tremblant et souffrant à cause de toutes les horreurs qui l'entourent. Non seulement les maisons de la ville sont à moitié écroulées, mais son chemin passe au milieu de cadavres des morts. La marche de l'Église est ainsi décrite comme un chemin de croix, comme un chemin dans un temps de violence, de destruction et de persécutions. On peut trouver représentée dans ces images l'histoire d'un siècle entier. De même que les lieux de la terre sont synthétiquement représentés par les deux images de la montagne et de la ville, et sont orientés vers la croix, de même aussi les temps sont présentés de manière condensée: dans la vision, nous pouvons reconnaître le siècle écoulé comme le siècle des martyrs, comme le siècle des souffrances et des persécutions de l'Église, comme le siècle des guerres mondiales et de beaucoup de guerres locales, qui en ont rempli toute la seconde moitié et qui ont fait faire l'expérience de nouvelles formes de cruauté. Dans le «miroir» de cette vision, nous voyons passer les témoins de la foi de décennies. À ce sujet, il semble opportun de mentionner une phrase de la lettre que Soeur Lucie a écrite au Saint-Père le 12 mai 1982: «La troisième partie du "secret" se réfère aux paroles de Notre-Dame: "Sinon [la Russie] répandra ses erreurs à travers le monde, favorisant guerres et persécutions envers l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites"».

Dans le chemin de croix de ce siècle, la figure du Pape a un rôle spécial. Dans sa pénible montée sur la montagne, nous pouvons sans aucun doute trouver rassemblés différents Papes qui, depuis Pie X jusqu'au Pape actuel, ont partagé les souffrances de ce siècle et se sont efforcés d'avancer au milieu d'elles sur la voie qui mène à la croix. Dans la vision, le Pape aussi est tué sur la voie des martyrs. Lorsque, après l'attentat du 13 mai 1981, le Pape se fit apporter le texte de la troisième partie du «secret», ne devait-il pas y reconnaître son propre destin? Il a été très proche des portes de la mort et il a lui-même expliqué de la manière suivante comment il a été sauvé: «C'est une main maternelle qui guida la trajectoire de la balle et le Pape agonisant s'est arrêté au seuil de la mort» (13 mai 1994). Qu'ici une «main maternelle» ait dévié la balle mortelle montre seulement encore une fois qu'il n'existe pas de destin immuable, que la foi et la prière sont des puissances qui peuvent influer sur l'histoire et que, en définitive, la prière est plus forte que les projectiles, la foi plus puissante que les divisions.

La conclusion du «secret» rappelle des images que Soeur Lucie peut avoir vues dans des livres de piété et dont le contenu provient d'anciennes intuitions de foi. C'est une vision consolante, qui veut qu'une histoire de sang et de larmes soit perméable à la puissance de guérison de Dieu. Des Anges recueillent sous les bras de la croix le sang des martyrs et irriguent ainsi les âmes qui s'approchent de Dieu. Le sang du Christ et le sang des martyrs doivent être considérés ensemble: le sang des martyrs jaillit des bras de la croix.
(...)

Nous sommes ainsi arrivés à une ultime interrogation: que signifie dans son ensemble (dans ses trois parties) le «secret» de Fatima?
Que nous dit-il à nous?
Avant tout, nous devons affirmer avec le Cardinal Sodano: «Les situations auxquelles fait référence la troisième partie du "secret" de Fatima semblent désormais appartenir au passé». Dans la mesure où des événements particuliers sont représentés, ils appartiennent désormais au passé.
Ceux qui attendaient des révélations apocalyptiques excitantes sur la fin du monde et sur le cours futur de l'histoire seront déçus. Fatima n'offre pas de telles satisfactions à notre curiosité, comme du reste en général la foi chrétienne ne veut pas et ne peut pas être une pâture pour notre curiosité. Ce qui reste, nous l'avons vu dès le début de notre réflexion sur le texte du «secret»: l'exhortation à la prière comme chemin pour le «salut des âmes» et, dans le même sens, l'appel à la pénitence et à la conversion.

Je voudrais enfin reprendre encore une autre parole-clé du «secret» devenue célèbre à juste titre: «Mon Coeur immaculé triomphera». Qu'est-ce que cela signifie? Le Coeur ouvert à Dieu, purifié par la contemplation de Dieu, est plus fort que les fusils et que les armes de toute sorte. Le fiat de Marie, la parole de son coeur, a changé l'histoire du monde, parce qu'elle a introduit le Sauveur dans le monde car, grâce à son «oui», Dieu pouvait devenir homme dans notre monde et désormais demeurer ainsi pour toujours. Le Malin a du pouvoir sur ce monde, nous le voyons et nous en faisons continuellement l'expérience; il a du pouvoir parce que notre liberté se laisse continuellement détourner de Dieu. Mais, depuis que Dieu lui-même a un coeur d'homme et a de ce fait tourné la liberté de l'homme vers le bien, vers Dieu, la liberté pour le mal n'a plus le dernier mot. Depuis lors, s'imposent les paroles: «Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance; moi je suis vainqueur du monde» (Jn 16, 33). Le message de Fatima nous invite à nous fier à cette promesse.

JosephCard. Ratzinger
Préfet de la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi


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