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Une visite missionnaire à la Synagogue

Celle de Benoît XVI, le 17 janvier dernier. Pour répondre à quelques propos "peu charitables" de Mgr Fellay, une lettre d'un prêtre italien, don Alfredo Morselli, reproduite sur le site Messa in Latino (11/5/2010)

Nous avons lu coup sur coup une lettre de l'Abbé de Cacqueray (La papauté et le monde), et une de Mgr Fellay (Main tendue de la FSSPX vers Rome?): toutes deux, cela était évident, allaient dans le même sens: arrondir les angles avec "Rome".
Mais il y demeurait des expressions condescendantes, et "peu charitables" pour le Saint-Père, concernant les rapports avec le monde, et avec les autres religions.

Pour ce qui est des relations avec le Monde, il me semble que l'Abbé de Taouarn, s'exprimant sur un tout autre sujet (l'affaire des "infiltrés", l'émission diffusée le 27 avril dernier sur France 2, pour discréditer l'Institut du Bon Pasteur) répondait de la meilleure des façons:
http://ab2t.blogspot.com/...


Quand à l’antimodernité, Benoît XVI a une formule décisive dans Spe salvi : il parle, au paragraphe 19, d’une nécessaire autocritique de la modernité. Il est trop subtil pour tomber dans le jeu binaire du pro et de l’anti.
(..) on ne peut plus être antimoderne. C’est absurde de se vouloir antimoderne. Jacques Maritain avait lancé ce concept en 1925, mais c’est un mort né. Comment peut-on ne pas être marqué par la modernité sous tous ses aspects, technologiques, sociologiques, psychologiques et même métaphysiques ? On n’est pas face à la modernité, encore moins contre elle. On est dedans, qu’on le veuille ou non. Le traditionalisme, par exemple, est un phénomène contemporain, engendré par la modernité. Et c’est lorsque l’on a compris cela que l’on peut saisir aussi ce qui nous est demandé par Benoît XVI : une autocritique de la modernité, à la lumière de la Révolution chrétienne. Notre propre autocritique.


En ce qui concerne les reproches adressés à Benoît XVI, en particulier pour sa visite à la Synagogue de Rome, voici la réponse d'un prêtre italien modéré du diocèse de Bologne, reproduit sur le site Messa in Latino.

Don Alfredo Morselli n'est animé que par l'excellente attention de faciliter le rapprochement.
Puisse-t-il être lu!

Texte en italien ici: http://blog.messainlatino.it/...
Ma traduction.

Le voyage missionnaire de Benoît XVI à la synagogue de Rome.
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La dernière "Lettre aux amis et bienfaiteurs de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X" de Mgr Bernard Fellay, redonne sans aucun doute du courage à ceux qui attendent avec impatience le rétablissement de la pleine communion de la FSSPX avec l'Eglise. Il n'y manque pas, en effet - de la part du prélat suisse - la reconnaissance de l'action de Benoît XVI en faveur de tout ce qui tient à coeur non seulement à la FSSPX, mais à tous les bons catholiques.
Cependant il y a encore quelques expressions sans doute bien peu généreuses envers le Saint-Père.

Je pense en particulier à la phrase suivante:

"... ces efforts sont encore insuffisants pour arrêter la décadence et la crise de l’Eglise, notamment au vu d’un certain nombre d’actes qui se situent dans la regrettable ligne de son prédécesseur, comme les visites à la synagogue et au temple protestant".

Je veux mettre l'accent sur les réserves quant à la visite à la synagogue de Rome, parce qu'il semble complètement absurde qu'une partie du monde traditionaliste ne comprenne pas ce que Benoît XVI fait pour rééquilibrer la théologie catholique face à la religion juive, alors que les libéraux et les juifs eux-même le comprennent très bien .

Je cite quelques phrases (soulignements de don Morselli)

Hans Küng:
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"'Manqué la poursuite de l'accord avec les juifs' : le pape a réintroduit une prière préconciliaire pour "que Dieu illumine le cœur des juifs et qu'ils connaissent Jésus-Christ, sauveur de tous les hommes" ... et 'traite le judaïsme en simple racine du christianisme et non comme une communauté de croyance à part entière', qui suit sa propre voie vers le salut. ».

Riccardo Di Segni:
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A) sur la nouvelle prière “pro conversione Iudaeorum”

"Dans ce changement de texte 'tous les rabbins dans le monde' ont manifesté leur inquiétude, mais avec différents niveaux d'alerte "[«Ebrei e cattolici. Dialogo o conversione?» Colloquio di Lia Tagliacozzo con Riccardo Di Segni, in http://tinyurl.com/ygcrl9t ,14/3/2010].

B) sur le concept de dialogue selon Benoît XVI

- Comment entendez-vous le dialogue?
" Comme j'utilise le mot respect mutuel".

- Benoît XVI a une approche différente?
" Depuis qu'il est cardinal, Joseph Ratzinger a déclaré que le dialogue est une mission."

- C'est-à-dire?
"Pour Ratzinger, le dialogue sert à convaincre l'autre que c'est lui qui est dans l'erreur, afin de le faire passer dans leurs rangs. Déjà, les conditions historiques rendent les choses difficiles, alors si le dialogue démarre avec ces objectifs ..." [Magazine del Corriere della Sera (giovedì 6 marzo 08), intervista di Vittorio Zincone a Rav Riccardo di Segni; cf.http://tinyurl.com/333oau7, 10/05/10.].



Ces commentaires constituent une véritable probatio ex adversariis (preuve par l'adversaire) que la conduite de Benoît XVI envers les Juifs ne peut être blâmée d'un point de vue catholique.

* * *

Mais à présent, examinons le discours que le Pape a prononcé le 17 Janvier 2010, dans la synagogue de Rome.
Qu'a-t-il dit au fond?
Le pape a cité son discours à Auschwitz, où il fournissait une interprétation théologique de la Shoah:

"Au fond, ces criminels violents, au moyen de l'anéantissement de ce peuple, entendaient tuer ce Dieu qui appela Abraham, et qui, parlant sur le Sinaï, établit les critères d'orientation de l'humanité, qui demeurent éternellement valables. Si ce peuple, par le seul fait d'exister, témoigne de ce Dieu qui a parlé à l'homme et qui l'a pris en charge, alors ce Dieu devait finalement mourir et son pouvoir n'appartenir qu'à l'homme - à ceux qui se considéraient comme les puissants et qui avaient su devenir les maîtres du monde. Avec la destruction d'Israël, avec la Shoah, ils voulaient, en fin de compte, extirper également la racine sur laquelle se fonde la foi chrétienne, en la remplaçant définitivement par la foi fabriquée par soi-même, la foi dans le pouvoir de l'homme, du plus fort." (http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/)
Où le Pape s'éloigne-t-il de la vérité catholique, en rappelant dans une synagogue le discours dans lequel il a déclaré que Shoah avait été faite en haine de toute Révélation surnaturelle, en fin de compte en haine de Jésus-Christ?

Le reste du discours est un résumé de la doctrine sociale de l'Eglise provenant des dix commandements.

Il convient de noter que les dix commandements expliqués ainsi, de manière qu'aucun Juif ne puisse faire la moindre critique, sont bien plus corrects que de nombreuses interprétations rabbiniques, qui valent aussi en grande partie chez les Juifs italiens.

Prenons par exemple la question de l'avortement et de la pilule RU 486.

En Israël il y a une loi autorisant l'avortement, similaire à la loi italienne, et, selon les interprétations juives - talmudique et non - de la loi, une femme juive peut certainement avorter si sa vie est gravement menacée, et la discussion reste ouverte dans le cas d'une malformation grave du fœtus lorsque la santé de la femme est menacée (y compris sans gravité) et quand une femme conçoit après un viol. Dans ces cas, selon les paroles du rabbin Di Segni, si une femme décide d'avorter, «le plus tôt est le mieux», et, par conséquent, «ce type d'usage de drogues (RU-486) pourrait être inclus dans les solutions possibles [«L'aborto e la RU486 secondo gli ebrei: intervista a Riccardo Di Segni», Radio Radicale, 4-8-2009, ore 18.27; cf. http://tinyurl.com/2bv2jrk ,10/05/10.].

C'est dans ce contexte que le pape est allé dans une synagogue pour rappeler que:

"Les « Dix Paroles » demandent le respect, la protection de la vie, contre toute injustice ou tout abus de pouvoir, en reconnaissant la valeur de toute personne humaine, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu. Combien de fois, dans toutes les régions de la terre, proches ou lointaines, sont encore piétinés la dignité, la liberté, les droits de l'être humain! Témoigner ensemble de la valeur suprême de la vie contre tout égoïsme, c'est offrir une contribution importante à un monde où puissent régner la justice et la paix, le « shalom » appelé de leurs vœux par les législateurs, par les prophètes et par les sages d'Israël." (http://www.vatican.va/).
Et si les Juifs à la fin de la visite du Pape ont chanté un hymne de Maïmonide qui professe que le Messie est encore à venir, qui pourrait penser que l'Église catholique accepte, ou déclare possible pareille opinion?

En conclusion, la visite à la synagogue a seulement prouvé la fidélité à notre religion et l'amour au peuple juif (mais pas à ses erreurs).

Et cette attitude n'est pas un nouveauté post-conciliaire, mais fait partie de l'héritage patristique. Permettez-moi de citer quelques considérations de Saint Augustin, commentant à sa façon l'histoire des deux prostituées qui se disputaient l'enfant resté vivant devant le roi Salomon. Selon le grand docteur, la mère qui veut sauver l'enfant représente l'Eglise; voici un extrait du discours:

" Le jugement rendu par le roi dans le différend surgi entre les deux femmes nous enseignent que nous devons lutter pour la vérité, et éloigner l'hypocrisie, c'est-à-dire la fausse mère, du don spirituel de l'Eglise, c'est-à-dire de l'enfant vivant, le fils de l'autre; nous ne devons pas tolérer qu'elle fasse la loi sur la grâce accordée à d'autres, alors qu'elle n'a pas su conserver la sienne. Nous devons le faire, en nous défendant et en combattant, mais pas jusqu'au péril de la division. La décision du juge, en effet, quand il ordonna de couper l'enfant en deux, avait pour but non de briser l'unité de l'enfant, mais d'éprouver l'amour de la mère. Le nom de Salomon, en fait, tel qu'interprété par les Latins, signifie pacifique. Le roi pacifique ne dilacère pas les membres, qui renferment un esprit vital, dans leur unité leur concorde (Saint Augustin, Discours X, Traité sur le jugement de Salomon envers les deux prostituées)

Que signifient les phrases selon lesquelles nous devons éviter le danger de la division et que "le roi pacifique ne dilacère pas les membres qui renferment un esprit vital, dans leur unité, leur concorde"?
Exactement ce que fait le Saint-Père, qui, avec son enseignement défend et combat, c'est à dire exclut une voie de salut parallèle dans le judaïsme, et dans la pratique pastorale ne veut pas arracher les membres, faisant tout son possible pour atteindre ce «tout Israël» qui «finira par être sauvé», selon la prophétie de saint Paul (cf. Roma 9-11).

Prions donc afin que certains milieux traditionalistes cessent de voir des périls là où il n'y en a pas et que nous puissions bientôt saluer le jour de la pleine réconciliation de la FSSPX avec l'Eglise - rapprochement craint et combattu par les progressistes, mais souhaitée par tous les bons chrétiens.

don Alfredo Morselli, (Curé de Stiatico près de Bologne), 10 mai 2010


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