Qu'a voulu dire le Pape hier dans l'avion?
Attention, certains medias sont en train de réécrire l'histoire à leur profit (merci le NYT et ses mensonges!), et commencent même à parler de "mea culpa" papal. Or le Pape fait une distinction importante entre "attaques" et "souffrances", et s'exprime d'un point de vue plus élevé. (11/5/2010, mise à jour le 12)
Voir ici: Dans l'avion vers le Portugal
Certes, je n'étais pas dans l'avion...
Mais comme chacune des conférences de presse improvisées au cours des vols vers l'étranger donne lieu à des interprétations, j'ai pensé qu'il était important de traduire le premier jet, càd la transcription par quelqu'un de confiance. Cette fois, Andrea Tornielli.
On va peut-être dire que je pinaille, mais en parcourant les comptes rendus sur Internet de la mini-conférence de presse du Pape dans l'avion vers Lisbonne, les bras me tombent.
J'avoue être quelqu'un d'assez laborieux, et je ne dois pas être particulièrement intelligente, car en traduisant les propos du saint-Père, je n'ai absolument pas compris la même chose que ce que les medias tentent de nous faire avaler, et qui est assez bien résumé dans cet article du quotidien espagnol libéral "El Païs" (ils sont parmi ceux qui reproduisent pieusement chaque déclaration de Hans Küng).
Il n'y a pas besoin de grandes connaissances en Espagnol pour comprendre ce qui est dit dans l'article:
Le pape prononce sa plus dure et claire condamnation de l'attitude de la Curie au sujet de la pédophilie.
(Ah bon? Où est-il question de la Curie dans les propos du Saint-Père?)
Un peu plus loin, on lit:
Ratzinger déclare pendant le vol vers le Portugal que la crise a été prophétisée dans le Troisième Secret de Fatima.
Pas vraiment. Le Pape disait au contraire ce que nous savons déjà, que "La chose importante est que le message, la réponse de Fatima, ne vont pas, en substance, à des situations particulières, mais la réponse de base est la conversion permanente, la pénitence, la prière et les vertus cardinales, la foi, l'espérance, la charité. "
La conclusion de l'article est encore mieux (ou pire, selon le point de vue que l'on adopte), avec cet auto-satisfecit, et l'intention avouée de diviser l'Eglise en opposant non seulement le Pape à la Curie, mais un Pape à un autre:
"Le message est la condamnation la plus radicale jamais prononcée par le Pape de la ligne d'action de son prédécesseur Karol Wojytila; il s'agit d'un exemple d'honnêteté intellectuelle qui inclut une appréciation implicite aux médias qui ont informé sur les abus en contribuant à établir la vérité et à faire le nettoyage dans la curie, qui attribuait les attaques extérieures à la mentalité de 68 et au relativisme moral. "
Or, Benoît XVI dit:
Les attaques au Pape et à l'Eglise ne viennent pas seulement de l'extérieur et l'Eglise, mais les souffrances de l'Eglise viennent justement de l'intérieur de l'Eglise, du péché qui existe dans l'Eglise.
Ses propos n'exonèrent donc en rien les medias, il distingue bien "attaques" et "souffrances": il est évident que pour le Pape, les medias ne comptent pour rien, et que s'il ne s'agissait que d'eux, cela ne lui ferait littéralement ni chaud ni froid.
Pour lui, ce qui est terrifiant, c'est que le mal ait pénétré dans l'Eglise. Et c'est pour cela qu'il invoque les secrets de Fatrima pour appeler à la purification, à la pénitence, à la conversion.
Ceux qui tentent de lire ses textes à travers une grille d'interprétation s'inscrivant uniquement dans le cadre étroit des derniers évènements, se trompent tout autant que ceux qui le voient enfermé dans des spéculations philosophiques ou théologiques sans lien avec notre présent.
-> Voir ici l'analyse (brève mais intéressante) de Magister: Benoît XVI assume les fautes d'aujourd'hui
