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Fatima et le drame de la modernité (I)

Le voyage de Benoît XVI au Portugal vu par Massimo Introvigne. Première partie : l'Eglise converge vers Fatima. (28/5/2010)

Je lis au fur et à mesur que je traduis. Pour le moment, c'est exceptionnel!

Traduction de la première partie du long article, qui en contient quatre.
Les références sont principalement aux discours et homélies du voyage - groupées ici sur le site du Vatican.

Article original en italien ici.
Ma traduction:



Fatima

Collage "Benoit-et-moi" (cliquez)



I. L'Eglise converge vers Fatima
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Les apparitions et le message de Fatima ont une importance cruciale pour la vie de l'Eglise et pour son jugement sur l'histoire moderne. Tel est l'enseignement central du voyage apostolique que Benoît XVI a fait au Portugal du 11 au 14 mai 2010 pour marquer le dixième anniversaire de la béatification de deux des trois voyants de Fatima, Jacinta (1910-1920) et Francisco Marto (1908 - 1919). "Je suis venu à Fatima - a dit le pape - parce que vers cet endroit converge aussi l'Eglise d'aujourd'hui [...]" (7). "Lieu béni que Dieu a choisi pour rappeler à l'humanité à travers la Vierge, ses desseins d'amour et de miséricorde" (8), Fatima est la "maison" que Marie a choisie pour nous parler à nous, à l'époque moderne" (7), "s'offrant, pour transplanter dans le cœur de ceux qui ont la foi l'Amour de Dieu qui brûle dans le sien".

"Quant à l'événement qui s'est passé il y a 93 années, à savoir que le Ciel se soit ouvert justement sur le Portugal - comme une fenêtre d'espérance que Dieu ouvre quand l'homme Lui a fermé la porte - [...], il s'agit d'un dessein aimant de Dieu; il ne dépend pas du Pape, ni d'aucune autorité de l'Église: "Ce ne fut pas l'Église qui imposa Fatima - devait dire le cardinal Cerejeira Manuel [1888-1977], de mémoire bénie - mais c'est Fatima qui s'imposa à l'Eglise" (2).
Le pape affirme avec une vigueur singulière la vérité historique des apparitions, qui ne dérivent pas de la psychologie des voyants, mais fait irruption dans leur vie de l'extérieur, du ciel. À Fatima, il affirme: "trois enfants s'en sont remis à la force intérieure qui les a envahis dans les apparitions de l'Ange et de la Mère du Ciel" (6). Certes, dans toute apparition, "une impulsion surnaturelle [...] entre dans un sujet et s'exprime dans les possibilités du sujet. Le sujet est déterminé par ses conditions historique, personnelle, de tempérament, et puis traduit la grande impulsion surnaturelle dans ses possibilités de voir, d'imaginer, d'exprimer, mais dans ces expressions, formées par le sujet, se cache un contenu qui va au-delà, plus profond, et ce n'est que dans le cours de l'histoire que nous pouvons voir toute la profondeur, qui était - disons - "vêtue" dans cette vision possible à des personnes concrètes" (1).

Cette dialectique d' "impulsion surnaturelle" (ibid.) d'"expressions formées par le sujet" (ibid.) ne doit pas surprendre. Contrairement à l'Islam, qui considère le Coran comme un texte littéralement "dicté" par Dieu mot à mot et lettre par lettre, de sorte que le rôle de Mahomet (570-632) aurait été celui d'une simple feuille sur laquelle Dieu a écrit, l'Église considère la Sainte Ecriture comme "inspirée" par Dieu, non pas "dictée". Même les auteurs des livres sacrés ont traduit l'inspiration divine dans ce que le Pape, à Fatima, appelle "expression formée par le sujet" (ibid.) où sont présentes les conditions historique, personnelle, de tempérament" (ibid.) du sujet lui-même , mais en même temps, "l'impulsion surnaturelle" (ibid.) n'est pas perdue, et même fidèlement transmise. Etant entendu qu'aucune révélation privée ne peut prétendre à la même autorité que la révélation publique, il en va de même pour Fatima. La dialectique explique aussi pourquoi - contrairement à ce que pense, au sujet des Saintes Écritures, l'approche fondamentaliste typique d'un certain protestantisme - le texte exige toujours une exégèse et une interprétation. Le texte ne change pas, mais dans l'histoire l'Eglise y découvre toujours de nouveaux trésors.

Ce sont des principes qui doivent rester présents à l'esprit quand il s'agit de questions aussi délicates que le troisième secret de Fatima, ou plus exactement de la troisième partie du secret de Fatima, publiée de manière officielle en 2000 par le Saint-Siège avec un commentaire du Cardinal Joseph Ratzinger. Ici, la Vierge montre "le Saint-Père [qui] traverse une grande ville à moitié en ruines, à moitié tremblant, d'un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu'il trouvait sur son chemin; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches" (11). Le même Cardinal Ratzinger commentaire théologique du secret en 2000 (ibid.) avait mis en relation la vision de Fatima avec l'attentat dont Jean-Paul II (1978-2005) avait été victime le 13 mai 1981, jour de la fête de Notre-Dame de Fatima.
Ceux qui ont écrit que durant le voyage au Portugal, Benoît XVI avait "corrigé" le cardinal Ratzinger, c'est-à-dire lui-même, en proposant une interprétation différente de la troisième partie du secret non seulement se trompent, mais montrent une compréhension insuffisante de la façon dont l'Église catholique lit les textes qui sont à divers titres d'inspiration divine. Et ce indépendamment de la question controversée (vexata quaestio) de savoir s'il existe des textes de la voyante de Fatima ayant survécu le plus longtemps, Sœur Lucie de Jésus dos Santos (1907-2005), toujours en attente de publication; une question sur laquelle - contrairement à certaines attentes journalistiques - Benoît XVI au Portugal ne s'est pas prononcé.

Les prophéties ont toujours plus d'une signigfication. La troisième partie du secret, répéte aujourd'hui Benoît XVI, est une vision de "la grande vision de la souffrance du Pape, que nous pouvons en premier lieu rapporter au Pape Jean-Paul II" (1). Mais cette "première instance" (ibid.) interprétative, si elle garde toute son importance, n'en exclut pas d'autres. Au contraire, dans le secret, dit le Pape, "sont indiquées des réalités de l’avenir de l’Église qui au fur et à mesure se développent et se manifestent. Par conséquent, il est vrai que au-delà du moment indiqué dans la vision, on parle, on voit, la nécessité d’une passion de l’Église, qui naturellement se reflète dans la personne du Pape, mais le Pape est pour l’Église et donc ce sont des souffrances de l’Église qui sont annoncées" (ibid.) L'image centrale de la troisième partie du secret est une figuration de toutes les persécutions que les papes et l'Eglise dans l'histoire subissent continuellement. Même la trahison des prêtres pédophiles et la persécution qui s'en est suivie des médias contre le pape font partie des "balles et des flèches" du secret, que toujours, des "soldats" au service de projets idéologiques anti-chrétiens sont prêts à lancer contre le pape

"Quant aux nouveautés que nous pouvons découvrir aujourd’hui dans ce message- confirme Benoît XVI faisant allusion à la question de la pédophilie, que par ailleurs, durant le voyage au Portugal, il n'a jamais mentionné explicitement - il y a aussi le fait que les attaques contre le Pape et contre l’Église ne viennent pas seulement de l’extérieur, mais les souffrances de l’Église viennent proprement de l’intérieur de l’Église, du péché qui existe dans l’Église. Ceci s’est toujours su, mais aujourd’hui nous le voyons de façon réellement terrifiante : que la plus grande persécution de l’Église ne vient pas de ses ennemis extérieurs, mais naît du péché de l’Église[...]"(ibid.)

Plus généralement, "celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait" (7), et dans ce sens on peut dire que c'est une erreur de ne référer la troisième partie du secret qu'à l'attentat contre Jean-Paul II. En 1917, la Vierge a annoncé une "passion de l'Église" (1) qui se manifestera "de différentes manières, jusqu'à la fin du monde» (ibid.)
C'est certes la passion de Jean-Paul II frappé par l'attentat de 1981. Mais on peut légitimement penser que c'est aussi la passion de Paul VI (1963-1978), touché et attristé par les attaques inouïes de l'opposition théologique post-conciliaire après la publication d'Humanae Vitae 1968. C'est la passion de Benoît XVI, blessé tant par les crimes des prêtres pédophiles que par les calomnies de ceux qui manipulent les cas tragique de pédophilie pour attaquer directement lePontife. Ce sera la passion d'un prochain dans cinquante ou cent ans, parce que être calomnié et persécuté fait partie de la nature et de l'histoire de l'Eglise, non seulement selon la prophétie de Fatima, mais selon la parole prophétique du Seigneur Jésus lui-même: "S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi »(Jn 15, 18).

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II. L'histoire moderne: "un cycle de mort et de terreur"
A suivre...

Références

Fatima et le drame de la modernité (II) Fatima ne concerne pas que le passé