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Fatima et le drame de la modernité (II)

Deuxième partie de l'analyse de Massimo Intrivigne: L'histoire moderne, "un cycle de mort et de terreur" (29/5/2010)

-> Première partie ici: Fatima et le drame de la modernité (I)

Fatima

Collage "Benoit-et-moi" (cliquez)



II. L'histoire moderne: "un cycle de mort et de terreur"

"L'homme a pu déclencher un cycle de mort et la terreur, mais il ne parvient pas à l'arrêter ..." (7) . Au cœur du message de Fatima, il y a un jugement sur l'histoire, en particulier sur l'histoire moderne. Les tragédies annoncées à Fatima ne se sont pas terminées avec la fin des idéologies du XXe siècle et du communisme, auquel se réfère pourtant le message de 1917. La crise n'est pas résolue. D'un certain point de vue, elle est aujourd(hui plus sérieuse que jamais, parce que c'est avant tout une crise de la foi, donc une crise morale et sociale.

"La foi, dans de vastes régions du monde, risque de s'éteindre comme une flamme qui n'est plus alimentée [...]" (6). "Beaucoup de nos frères vivent comme s'il n'y avait pas d'Au-delà, sans se soucier de leur salut éternel" (5). Certes, Dieu continue à aller à la recherche du cœur de tout homme, même à notre époque comme à chaque époque. "Mais qui a le temps d'écouter sa parole et d'être fasciné par son amour? Qui veille, dans la nuit du doute et de l'incertitude, avec un cœur éveillé dans la prière? Qui attend l'aurore d'un jour nouveau en tenant la flamme de la foi?" (7).
À l'intérieur même de l'Eglise, l'infidélité, les malentendus, l'absence d'un réalisme sain, ne manquent pas. "Souvent, - ajoute le Pape - nous nous préoccupons fébrilement des conséquences sociales, culturelles et politiques, de la foi, en supposant que cette foi existe, ce qui pourtant est de moins en moins réaliste. On a mis une confiance peut-être excessive dans les structures et les programmes ecclésiaux, dans la répartition des pouvoirs et des fonctions; mais qu'arrivera-t-il, si le sel devient insipide?"(3).
Dans le clergé lui-même, on ne peut que mentionner "un certain affaiblissement des idéaux sacerdotaux ou le fait de se livrer à des activités qui ne sont pas entièrement en accord avec ce qui est propre à un ministre de Jésus-Christ" (5). "Certains pourraient dire : ‘l’Église a besoin de grands courants, de mouvements et de témoignages de sainteté…’ mais il n’y en a pas ! " (9).
Même si le pape répond à ces «certains» (ibid.), en rappelant la présence réconfortante et positive de mouvements et autres réalités ecclésiales, dont certaines ont justement au centre de leur action le message de Fatima, un fait qui demeure grave est la présence dans l'Eglise d'un certain fatalisme, "la tentation de nous limiter à ce que nous avons encore, ou que nous estimons avoir, de nôtre, et d’assuré : ce serait à terme une mort, quant à la présence de l’Église dans le monde" (10).

La crise de la foi est accompagnée d'une crise morale. Nous risquons tous de succomber à la "pression de la culture dominante, qui présente avec insistance un mode de vie basé sur la loi du plus fort, sur le gain facile et alléchant [...]." (8).

Même dans un pays béni par Fatima et riche de tradition catholique comme le Portugal, l'avortement a été légalisé en 2007 et, au moment de la visite du pape, le président de la République M. Anibal Cavaco Silva s'apprêtait à signer la loi qui introduit le mariage entre personnes de même sexe, ce qui est malheureusement advenu le 18 mai 2010, malgré les appels de Benoît XVI.

"J’exprime ma profonde appréciation - a dit le pape le 13 mai - pour toutes ces initiatives sociales et pastorales qui cherchent à lutter contre les mécanismes socio-économiques et culturels conduisant à l’avortement, et qui tiennent clairement compte de la défense de la vie, de la réconciliation, et de la guérison des personnes blessées par le drame de l’avortement. Les initiatives qui ont pour but de sauvegarder les valeurs essentielles et premières de la vie, dès sa conception, et de la famille, fondée sur le mariage indissoluble entre un homme et une femme, aident à répondre à certains des défis les plus insidieux et les plus dangereux qui aujourd’hui s'opposent au bien commun."(8). Pas davantage, en abordant ces questions à Fatima, le Pape n'a pensé s'éloigner du message de 1917: au contraire,"tout ceci s’intègre bien au message de la Vierge qui retentit en ce lieu [...]" (ibid.), où Marie nous parle d'une crise qui a dans les offenses publiques à la morale une composante essentielle.

La crise de la foi et de la morale s'encadre dans une crise plus générale de notre société, déchristianisée, fragmentée, à la merci de flux d'images toujours nouvelles, qui empêchent la réflexion et la vraie communion entre les personnes. Les voyants de Fatima nous ont appris que, pour recevoir vraiment le message du Seigneur et de la Vierge, "il faut une vigilance du cœur que, la plupart du temps, nous n’avons pas en raison de la forte pression de la réalité extérieure, des images et des préoccupations qui emplissent l’âme "(7). Lors de la rencontre avec les évêques du Portugal à Fatima, en réponse à Mgr Jorge Ortiga, archevêque de Braga et Président de la Conférence épiscopale portugaise, qui dans son discours avait évoqué la catégorie de la «modernité liquide» du sociologue britannique d'origine polonaise Zygmunt Bauman, Benoît XVI a rappelé "ces milieux humains où le silence de la foi est plus grand et plus profond : les hommes politiques, les intellectuels, les professionnels de la communication qui professent et promeuvent une orientation culturelle unique, en méprisant la dimension religieuse et contemplative de la vie." (5).

Mais à ce propos aussi - comme il l'a fait souvent lors du pèlerinage à Fatima, et en accord avec l'interprétation qu'il a proposée du message de la Vierge - le Pape a souligné que la crise n'est pas seulement extérieure, mais aussi dans l'Eglise: "il ne manque pas de croyants honteux de leur foi qui prêtent leur concours au sécularisme, qui fait obstacle à l’inspiration chrétienne" (ibid..) Ne sont pas non plus adéquats des programmes pastoraux et "des solutions qui répondent à la logique de l'efficacité, de l'effet visible, de la publicité " (8), ou qui dissimulent l'annonce chrétienne au nom d'un vague humanitarisme. Au contraire, dans l'Eglise, il faut une "ferme identité des institutions" (ibid.). "Maintenez vive la dimension prophétique dans l’histoire du monde actuel, afin que « la parole de Dieu ne soit pas enchaînée » (2 Tm 2,9)".(9).

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III. De Fatima, une critique de la modernité
A suivre....

Références

Ceux qui "recrutent" le Pape Fatima et le drame de la modernité (I)